
» cepter de fa main un prieuré vacant à fa nc-
» mination en B re tagn e , pays d’obédience ».
A fon paffage à F lo ren c e , le grand duc de Tof-
cane lui fit aulîi beaucoup d’a c cu e il, 6c l’académie
de la Crufca s’empreffa de l’adopter. I l s’ acquitta
envers le pape & le grand duc par des
dédicaces de fes ouvrages.
A fon arrivé e en F ran c e , il trouva de grands
changemens dans l’académie des- uifcriptions &
b elles-lettres; il l’avoit b iffé e compofée de huit
académiciens feulement , il trouva ce nombre
porté jufqu’à quarante, 6c les travaux de cette académie
devenus continuels & plus confidèrables.
<c 11 fu t , dit encore le fecré ta ire , un des anciens
» qui accepta le plus volontiers la ré fo rme , 6c
» un des plus exaéls à remplir dans la fuite fes
» devoirs imprévus ».
Ses mémoires fur l’ongîne de, la fphère & de
l’ aflronomie, fur l’origine des lettres grecques 6c
le s divers changemens arrivés dans leur conformation
, leur niage & leur valeur ; fon explication
d’inferiptions trouvées à P almyre & à Héliop
o lis, font des ornemens dés premiers volumes
de cette fa van te académie , 6c prouvent qu’il n’ étoit
pas moins v e r fé dans l'érudition, profane que dans
l’érudition ecçïéfiaftique. En l y 18 , parut l’on dernier
ouvrage fous Te titre <X anciennes rela tions des
In d e s & de La Chine,, d e d eux vo ya g eu rs Mahomé-
tan s q u i y allèrent dans le neuvième Jîè c le . Après
le s a vo ir traduites' de l’arabe , il y ajouta une
préface hiftorique, des notes 6c des differtations
fu r les moeurs , la p o lic e , la philofophie, les
antiquités & la religion des Chinois. En g é n é r a l,
il n’eft point favorable à cette nation ; il ne re -
connoît en e lle aucune fupériorité dans les fciences
huma ine s, & félon lu i, elle n’ a guères d’efprit
qu’ au bout des doigts.
I l mourut le premier feptembre 17 2 0 .
R E N É © ’A N JO U , ( H i f l . de F ra n c e . ) roi de
Sicile & comte de P ro v e n c e , roi titulaire de
Jé ru fa lem , roi titulaire d’A r ra g o n , ayant des droits
à to u t , portant les titres de tout 6c ne poffédant
r i e n , eft ce roi R e n é , fameux par fa b o n té ,
par fes malheurs , par fa foibleffe , par fon
goût potjr les arts & pa'r l’honneur qu’il eut d ’être
le père de cette courageufe Marguerite d’A n jo u ,
laquelle avoit dans l’ame & dans l’efprit toutes
le s reffources qui manquoient à René. I l étoit
fils de Louis I I , duc d’Anjou & roi de N ap le s,
de la fécondé maifon d’An jou & frère puîné de
L ou is I I I ; fur les événemens politiques 6c militaires
qui le con c ern en t, fur fes tentatives mal-
heurssfes à l’égard & de la Sicile & de la L o r ra
in e , v o y e z les articles A n jo u 6c L o rra in e. On
çonnoît les poëfies. paft orales que le goût de la
bergerie infpiroit à ce bon roi René , lorfque ,
; défabufé des conquêtes qu’il n’avoit pu faire &
las des grandeurs dont il ne lui reftoit que les
; j ; r ç s ? il gardolt les troupeaux d^QS les C ^ î ip s
de Pro vence avec la reine Jeanne de L a v a l, fa
L e on de femme. L e roi R en é étoit peintre auffi
bien que pocte 6c berger ; Aix , Avignon , Ma rie
il le , L y c n confervent quelques-uns de fes
tableaux. Il mettoic quelquefois dans le choix de
fes fujets un mélange bizarre de dévotion 6c
d’am ou r, de tendrefle &t d’h o rreu r; témoin fon
tableau des Céieftins d’Avignon , qui repréfente
le fquele.te de fa maître f f e , fortant du tombeau ,
tout rongé de vers. I l aimoit les cérémonies ex traordinaires,
& le mélange de la fuperftition avec
la religion lui é u it fur-tout familier. I l eût l’inventeur
de cette fameufe proceffion d’A ix , chef-
d’oeuvre de ridicule en ce genre. Il inftitua en
14 3 8 à An gers l’ordre du Çroiffant. 11 rétablit en
Provence la cour d 'am ou r , tombée depuis un
fiée l e & il refte encore à A ix des veftiges de
cette fingulière inftitution.
L e roi René étoit né à An ge r s en 14 0 8 ; il
avoit époufé en 14 2 0 Ifabelle de L o r ra in e , par
laquelle lui venoieat les droits qu’il réclamoit au
duché de L o rra in e , & qui paffèrent à R en é I J ,
fon petit fils , par Ifabelle fa f ille , qui confondit
par fon mariage fes droits à la Lorraine avec ceux
de la branche de V aud emon t, rivale du roi Ren é ,
C e R en é I I réunit tous les d roits, comme en
Angleterre Henri V I I I , Lancaflre par fon ère ,
Y o r c k par fa mère, a réuni les deux R ofes. L e
roi R en é avoit eu un fils , due de C a lab re , qui
fit la dernière tentative de la fécondé maifon
d’A n jou fur le royaume de Naples. Il m o u ru t,
ai 11 fi que Nicolas d’Anjou fon f i l s , avant le roi
R e n é , qui fe v o y an t fans en fans m â le s, tran finit
fes droits fur le royaume de Naples à Charles'
d’Anjou , comte du Maine , fon neveu , au préjudice
de. R en é I I de L o rra in e , fon p e t i t - f i l s ,
& le comte du Maine tranfmit ces mêmes droits
à la France. L e roi R e n é mourut à A ix en 1480.
R E N E A U L M E , ( P a u l -A l e x a n d r e d e ) H iß ,
litt, mod. ) chanoine régulier de Sainte-Geneviève ,
étoit pofTeffeur d’une des plus belles bibliothèques
qu’un particulier ait poffédées . il vouloit en faire
un digne ufage. Il avoit publié en 17 4 0 un p ro je t
de bibliothèque universelle p o u r r'affemkler dans un
même corps d ’o u v ra g e , p a r 01 dre alphabétique & chron
ologique , le nçm de tous le s auteurs q u i ont écrit
en quelque langue que ce f o i t , le titre de leurs ouv
ra g e s , tant manufonts qu'imprim és, fu jffam m e n t
étendu p o u r en donner une idée en form e d 'a n a ly fe ,
le nombre des é d it io n s , des traductions, & c . un précis
des fa i t s ejfentlels de la v ie des a u teu r s , &c. en un-
mot , c’étoit une bibliographie univerfelle ; un
pareil ouvrage eût fans doute été toujours incomp
le t; mais malgré cet in convénient, de quelle
utilité n’auroit-il pas été pour indiquer au moins
les principales fources à confulter fur chaque
matière ? L e père Reneaulme ne put exécuter fon
proje t j il mpurut e» x749 > i f bibliothèque
fes ma'nufc'rîts ont p a f f é à la maifon des chanoines
réguliers de Sa int-Je an à Chartres.
R E N É E D E F R A N C E , ducheffe de F e r ra r e ,
{H iß . m o d .) femme d’Mercule d’E f t , duc de
Fe rra re , étoit fille du roi Louis X I I , & foe u r puînée
de la princefle Claude , première femme de F ran çois
premier,- Renée haïfioit la mémoire du pape
Ju le s II qui avoit perféenté Louis X I I , & elle
rfairnoit guères les fucceffeurs de Ju le s ; ce fut
auprès d’elle que Calvin alla chercher un afyle
contre la perfécution qu’il-comm.-nçoit à éprouver
en France. La ducheffe de Ferrare avoit puifé à
la cour de François p remier, fon b e au-frère, le
goût des lettres qui entraînait au moins l’indulgence
pour les opinions nouvelles ; elle avoitécouté
le s luthériens , elle écouta Calvin , elle s’attacha
Ma rot , elle attira les favans, elle recueillit les
hérétiques e x ilé s ; elle avoit la philofophie & la
bienfaifance de la reine de N a v a r r e , foeur de
François p remier, avec laquelle elle étoit encore
plus unie par l’amitié que par le fang. Inflruire
comme e lle , elle favoit des mathématiques, de
l ’aftronomie, elle avoit des notions de la philofophie
de fon temps & vouloit en a voir de la
théologie ; elle fe déclara plus hautement encore
que la reine de N a v a r re , p a r l e s nouvelles opinions
, & Ca lv in la fixa dans fa fecie. L e roi
Henri I I fon n e v eu , qui furpaffoit François premier
en zèle outré, contre l’ héréfie, invita le duc
de Ferrare à perfécuter Ren é e ; il vouloit qu’on
l ’enfermât dans fon appartement, fans lui permettre
de vo ir perfonne ; je m’étonne qu’il ne propofât
point de brûler fa tante. Ap rè s 4a mort de Henri I I
& du duc de F e r r a r e , elle revint en France &
tint fa cour à Montargis , où le fouvenir de fes
bienfaits v it encore ; il eft vrai qu’e lle les répan-
doit fur le s fe&aires par p ré fé ren c e , mais fans
exclu fion.
An ne d E f t , fa fille , époufa le grand duc de
Lorraine François ; elle étoit à Amboife a v e c
toute la cour dans le temps de la fatale confpi-
ration de 15 6 0 . Toute s les femmes de cette cour
barbare de Médicis virent d’un oeil fec les fupplices
qu entraîna cette confpiration ; la ducheffe de
G u i f e , catholique z é lé e , mais femme d’une vertu
douce & d’une piété ten d re , fut la feule qui
ne put retenir fes larmes à cet affreux fpeétacle.
L e duc de G uife indigné de vo ir fa belle-mère
lui dérober quelques viclimes en les recueillant
dans fon chiteau de M o n ta rg is , la fit fommer
de I esr iv re r ‘ u he ne les liv re ra i p o in t, d it-e lle , v oc f i vous m affiegez dans mon château, vous
« me trouverez la première fur la brèche ; je
» verrai fi vous aurez la hardieffe de tder la fille
» d un de vo s rois & l’ indignité de tuer la mère
» de vo tre femme ». E lle parla auffi très-fortement
en faveur du prince de C o n d é , lorfqu’on
le mit en pr/fon & qu’on lui fit fon p ro cè s/E lle
mourut en 15 7 5 dans fon château de Montargis;
elle étoit née dans celui de Blois en i f r o . E lle
avoit été promife à Charles d’Autriche ( depuis
l’empereur Charles-Quint ) & a » roi d’Angleterre
Henri V I I I ; mais des raifons d’é ta t , relatives à
(es présentions & aux vues qu’An ne de Bretagne
fa mère avoit eues pour e lle au fujet de fon
duché, firent préférer à ces grands potentats un
petit prince d’Italie fans puiffance & fans autre
appui que celui de la France même.
R É P U B L IQ U E D’A T H È N E S . ( G ou ve rn . A th é n
ie n ) L e leéleur doit permettre qu’on s’étende
dans cet ouvrage fur les républiques d 'A th è n è s , de
Rome & de L acédémone, parce que par leur conf-
titution elles fe font élevées au-deffus de tous les
empires du monde.
Il n’eft pas furprenant que les A th én ien s , ainfi
que beaucoup d’autres p eu p le s, ayent porté la
gloire de leur origine jufqti’à la ch im è re , & qu’ils
fe foient dits enfans de la terre ; cependant il eft:
affez vraifemblable , au jugement de quelques
hiftorien-s, qu’ils defeendoierat d’une colonie de
S'aïte s, peuples d’E g yp te . I !s furent d’abord fous
la puiffance des rois , & enfuite ils élurent pour
les gouverner , des magiftrats perpétuels qu’ils
nommèrent archontes. L a magiftrature perpétuelle
ayant encore paru à ce peuple amoureux de l’indépendance,
une image trop v iv e de la ro y a u té ,
il rendit les archontes décennaux , 6c finalement
annuels. E n fu ite , comme on ne s’accordoit p o in t,
ni fur la religion, ni fur le gouvernement, & que
les fa&ions renaiftoient fans ce fie , ils reçurent
d eD ra c en ces lois célèbres qu’on difoit a voir été
écrites ave c du fan g , à caufe de leur e x ce fîive
rigueur Auffi furent-elles fupprimées vingt-quatre
ans après par S o lo n , qui en donna de plus douces
6c d ; plus convenables aux moeurs athéniennes.
Les fages lois de ce grand légiflateur établirent
line pure démocratie , que Pififtrate rompit en
ufurpant la fouveraineté d’A thènes , qu’il laiffa à
fes fils Hipparque & Hippias. L e premier fut iu é ;
6c le fécond ayant pris la fu ite , fe joignit aux
P e r fe s , que les Athéniens commandés par M ii-
tiade défirent à Marathon.
On fait combien ils contribuèrent aux vi&oires
de M y c a le , de Platée & de Salamine. Ces vi&oires
e levèren t A thènes au plus haut point de fplendeur
ou elle ait jamais été fous un corps de répub lique.
E lle tint auffi dans la G rè c e le premier rang pendant
l’efpace de 7 0 ans. C e fut dans cet intervalle
que parurent fes plus grands capitaines, fes p lus,
célèbres philofbphes , fes premiers orateurs , &
fes plus habiles artiftes.
E lle étoit en poffeffion de combattre pour la
"prééminence & pour la gloire. E lle feule facrifia
plus d’hommes & plus d’argent à l’ avantage commun
des G r e c s , que nul autre peuple de la terre
n en facrifia jamais à fes avantages particuliers.
T an t qu’elle fut floriffante. elle aima mieux affronter
de glorieux hafards que de jouir d’une