
«les exécutions à la fuite du r o i , il eft plus que
vraifémblable que Triftan l’hermite étant m o rt, le
ro i des ribauds qui jufqu’alors a v o i t , félon B ou -
teiller , exercé fon office feus celui de prévôt des
maréchaux, paffa fous le prévôt de l’hôtel avec
des fer gens. C ’eft de-là queCarondas rapporte avoir,
v u parmi les livres & papiers de fon p è re , qui
a v o it été pendant plus de quarante ans hérault
d’ armes au titre de Champagne, un petit manuf-
crit qui traitoit des officiers de la maifon du r o i ,
dans lequel il avoit lu que le roi dès ribauds « étoit
« fous la charge du prévôt de l’hctel 8c ordinai-
» rement l’un de fes a rche r s; qu’il avoit charge
»> de chaffer les mauvais garçons de la cour ; d’em-
»> pêcher les noiies & querelles pour les tilles de
»> jo ie , 8c d’en faire un regiftre pour en rendre
» compte à fon prévôt » . L e roi des ribauds , fu i-
v an t ce man-uferit, « fe trouva par la fuite con-
® fondu parmi les archers du prévôt de l’hôtel ».
T)e-là vint l’extinétion de fon nom, 8ç en même
temps de fa charge.
Il n’en fut pas de même de fes fe rg en s, ils
fiibfiftoiem encore fous la charge de prévôt de
l ’hôtel en 14 0 4 ; car il eft parlé d’eux dans les pre-
vifion s que Charles V I I I accorda, le 14 décembre
de la même anné e , à Antoiiie de la T o u r , dit
Tu rqu e t* ch e v a lie r , fieur de C le rv aux . On y voit
trente livres affigrïées par mois au prévôt de l’hôtel
pour les lieutenans , fergens & frais de juftice.
I l eft auffi parlé d’eux dans les lettres-patentes du
avr il 14 9 7 , portant füppreflion de douze hommes
1 enfin qu’il y refta encore quelque temps jufq n'l
ce que le commandement de ces fergens ayant
été donné' à l’un des a rch e r s, le nom de roi des
ribauds fe trouva éteint 8c oublié. D ’ailleurs la
différence confidérable qu’il y avoit des gaiges
d’un archer à ceux du roi des ribauds , fait vo ir
que ceux-ci étoient regardés bien au-deffus de ces
fergens 8c de leur chef.
d ’armes qui avoient été créés, avec vingt-quatre
archers au prévôt de l’hôtel T u rq u e t , trois ans
au parav ant, par fes provitions pour l’accompagner
dans les monts. Ce s lettres-patentes réduifent à
trente archers les douze hommes d’armes & les
trente a rche r s, & pour indemnifer le p révô t de
l ’hôtel de la fuppreffion des hommes d’a rm e s,
parmi lefquels il près oit une place pour fuppléer
à une partie des dépenfes qu’il lui cohvenoit de
fa i r e , le roi lui affigna 700 liv re s tournois par an
pour les frais de juftice , c’ eft-à-dire, aux termes
de ces lettres dont Miraumont n’a donné qu’un
e x t r a it , & qui font copiées dans un vieux regiftre
man ufe rit, mais informe , qui fait partie des titres
de la charge de prévôt de l’h ô te l, pour l’entre-
tenement des douze fe rg en s, de l’exécuteur de
jiiftice & autres frais qu’il lui convenait faire à caufe
de fa charge. Quoi qu’il en foit de ceu x -c i, l’on
v o it par la commiffion donnée par le roi le 5 février
3 4 7 5 , à Pierre S ym a r t , pour faire le paiement
des trente archers que fa majefté venoit de retenir
& de mettre fous la charge du p révô t de l’h ô té l,
©n v o i t , dis-je , que ces archers ne leur ont pas
fu ç céd é , puisqu’ils furent créés dès le temps de
G u y o t de L ouz ié re s, qui eft le fécond prévôt de
l ’hôtel que nous connoiffions ; que lors de cette
création , le roi des r ib a u d s , & par conl'équent fes
fe rgens, avoient été jufqu’alors fous la charge du
pré vô t de l’hôtel depuis la mort de Triftan f termite ;
S il étoit convenable de faire une comparaifon
d’un officier a t ffi v il q u e j ’étoit ce roi des r ib a u d s ,
avec un officier auffi diftinguè que le prévôt de
l’h ô t e l, on reconnoîtroit encore plus, facilement
l’illiiiion de ceux qui font fuccéder ces charges
l ’une à l’au tre; en effet, outre la disproportion
des gages dans le temps que la jurifdiétion des
maîtres d’hôtel ( 1 ) étoit en v o g u e , le roi des ribauds
faifoit prefque toutes fes fon étions au dehors de
la maifon du ro i, 8c fes plus grandes prérogatives
ne s’étendoient qu’au dehors, au lieu que les maîtres
d’hôtel auxquels le prévôt de l ’hôtel a fs c c é d é ,
avoient toute jurifdiétion dans l'intérieur. L e roi
des ribauds ne pouvoit porter ve rg e s , ni faire aucun
aéle de juftice dans le logis du r o i , fans permiffion
du grand-maître ou des maîtres d’h ô te l, au lieu
que le prévôt de l’hôtel a de tout temps eu le
droit de porter le bâton de commandement jufque
dans la chambre du roi. Enfin le roi des rib a u d s ,
ainfi que Miraumont l ’a remarqué, eft dénommé
le dernier dans les comptes de la dépenfe de la
maifon du ro i, 8c s’y trouve employé dans le
chapitre des gens du commun ( 2 ) , au lieu que le
p ré vô t, de l’hôtel a toujours eu fon rang parmi
les premiers 8c les grands officiers de la maifon
de nqs rois.
I l eft facile de conclure de tout ce qui vient
d’être rapporté, que le roi Louis X I , après-la mort
de Triftan l’hermite, qui arriva vràifemblablement
v-ers l’an 14 7 5 » puisque depuis ce temps-là il n’eft
plus fait mention de lui dans l’h ifto ire , vo y an t
de quelle utilité il étoit pour fon .fe r v ic e ,. que le
prévôt de l’hôtel eût une force convenable en
ma in , fe détermina à faire la création de trente
archers, dont je viens de parler. Longtemps aupa
rav an t, le prévôt de l’hotel avo it, réuni en fa
perfonne un pouvoir égal à celui du p révô t des
Ci) Par les provifions de Guillaume Gua que Mirau*
mont a inférées dans fon T r a ité du prévôt de l ’hôtel r
pag. I1 8 & feq. » n voit que les prévôts de l’hôtel avoienr
raoo livres de gages. La date de ces provifions eft du i t
novembre 14g.!.
( * ) Le procureur de l’hôtel, foing & ave ne pour un
cheval , & pour toutes chofes 3 fols par jour ; le ro i des
ribauds 4 fols parifis par jour , quand il fera à. la cour *
pour toutes chofes.
Item t il plaît au roi que fa dépenfe foit payée premièrement
& avant les gaiges des maîtres des requêtes *
que l’aumofne, les dixmes & les gaiges & hoftellages des
phyficien, chirurgien du tailleur, de merlin le barbier
du tapiflier , du maréchal, du cordonnier, du roi des ribauds.
& des autres. Créais Godefroy» lot. citât, pag. 7*5.)
maréchaux; fa majefté lui avoit donné dès fon g
origine la jurifdi&ion qui avoit été jufqu’alors ex.er- j
cèe par les maîtres d’hôtel. On ne peut donc le
regarder comme prévôt fubfidiaire, puifque, dès
fon o r ig in e , Ion office exiftoit indépendamment
de celui du prévôt des m aréchaux, 8c que d’ailleurs,
au lieu de prêter le ferment devant les maréchaux ,
comme cela auroit dû fe pratiquer, s’il, leur eût
été iubordonnè-, il le prêtoit au contraire ès mains
du chancelier de F ra n c e , ainfi que le f i t , fous
Louis X I , Guillaume G u a , cinquième prévôt de
l’h ô te l, en celles de Pierre D o r io lle , chancelier
de ce roi. Miraumont en rapporte l’ aéle tout au
lo n g , daté de C h im a y ,d u 25 novembre 14 8 1 .
Guillaume de Bullion 8c fes autres fueceffeurs , quf-
qu’au (leur de Richelieu , en ufèrent de même. C e lui
ci fut le premier qui prêta ferment entre les mains
du r o i , prérogative qui a jufqu à préfent été con-
fervèe à tous fes fueceffeurs.
Ce fer oit ici le lieu de fatisfaire à la curiofité de
ceux qui defireroientde connoître la charge de grand-
pré vô t de F ran c e , qui eft jointe depuis fi long-temps
à celle de prévôt de l’hôte l, qu’elle en eft de ve nue
, pour ainfi dire , inféparable. Mais l’origine
de l’une n’eft pas moins incertaine que celle de
l’autre ; les provifionsde meflire François D upleffis,
feigneur de R ich e lieu , vingt-unième prévôt de
l ’h ô te l, nous apprennent que la charge de grand-
prévôt fut poffédée avant lui par le fieur de Chan -
d iou , qui peut-être fut le premier des grands-prév
ô t s , à moins que Louis X I n’eût créé cette
charge pour Triftan 8c pour Monterud.
: C e qui prouve que cette charge n’eft pas un
vain titre d’honneur, mais que les droits en font
auffi réels que ceux de là charge de prévôt de
l’hôtel , c’eft que ce Ghandiou , premier titulaire
que nous connoiffions*, n’étoit plus prévôt
de l’hotel. Il eft même à croire que Monterud
pofféda la charge de grand -p ré vô t, depuis qu’il
fe fut démis de celle de prévôt de l’h ô te l, jufqu’à !
fa mo rt, puiique le baron de Beaufremont qui
lui fuccéda dans c e lle -c i, ne fut jamais pourvu de
la premiè re , ainfi que l’atteftent les provifions
du fieur de Richelieu. Chandiou exerçoit la charge
de grand-prévôt dès 15 2 .4 ; il y a même apparence
qu’il la pofféda pendant que Guido de Guef-
f r e y , Marc le G ro ii g , Etienne des R u a u lx ,
Claude Genton des Broffes , François Patault de
la V o u lte , 8c Nicolas H a rd i, fieur de la T ro u ffe ,
furent pourvus de celle de prévôt de l’hôtel. Il
eft même vraifeinblable qu’il en étoit revêtu dahs
les premières années du fieur de Monterud; car
Miraumont nous apprend que le fieur de la T rouffe
fe démit en fa faveur de celle de prévôt de l’h ô te l,
ne pouvant plus l’exercer à caufe de fon âge. Cet
auteur qui avoit fans doute v u lés provifions de
ce prévôt de l’h ô te l, n’auroit pas manqué de nous
marquer qu’il étoit grand-prévôt de France en
décembre 1 5 7 0 , date de ces p ro v ifio n s , fi cette
qualité y avoit été énoncée, de même que celles
de chevalier de l ’o rdre ,■ & de confeiller au confeil
p r iv é , qu’il poffédoit auparavant. Si l’effice de
grand-prévôt lui avoit été donné avec celui de prévô
t de l ’h ô te l, comme il le fut depuis au fieur
de Richelieu, il en auroit auffi fait mention.
Comme la charge de grand-prévôt paroiffoit
éteinte à caufe qu’il n’y avoit pas été pourvu
depuis la mort de Monterud, 8c qu’aux termes
des provifions du fieur de R ichelieu, elle auroit
pu être cenfée fupprimée en vertu de quelques
édits, ordonnances, ou déclarations dont il ne nous
eft refté aucune n o tice , le r o i , par ces mêmes
lettres de p ro v ifion , la rétablit en faveur du fieur
de R ichelieu, pour la tenir conjointement a v e c
celle de prévôt de l’hôtel. C e fut en fa confidé-
ration qu’elle fut attribuée fpécialement au prévôt
de l’h ô te l, de manière que par la fuite les deux:
charges ont paru n’en faire qu’une feule. Un e
entreprife que R a p in , prévôt de la connétablie 9
fit fur les prérogatives 8c l’autorité de cette ch a rg e ,
donna lieu à l’arrêt du confeil d’état du 3 juin
1 5 8 9 , par lequel, entr’autres chofe s, fa majefté
déclara n 'a vo ir jamais entendu, 8c qu’elle n’en-.
tendoit pas qu’à l’avenir la qualité de grand-pré-
. v ô t fût attribuée à d’autre qu’au p révô t de fon
hôtel 8c grand-prévôt de France. Il fut auffi rendu
un pareil arrêt le 7 mars 16 0 9 , contre Morel ,
fucceffeur de R a p in , êc dans la fuite un troifième
contre le prévôt de la maréchauffée de Bretagne.
Ces deux premiers arrêts joints aux provifions du
fieur de R ich e lieu , fuffifent pour donner une jufte
idée des droits attachés à cette charg e , dont depuis
long-temps les prévôts de l’hôtel femblent
négliger de faire ufage. ( A . R , )
R IB E IR O ( Jean-P in to ) ( H i f l . lit t . mod. )
Jurifconfulte Portugais, mort en 1 6 9 4 ; grand
défenfeur de la fameufe révolution de 16 4 0 , en
faveur de la maifon de B agance. Ses oeuvres
ont été re cue illie s, in - fo l io , à Lisbonne en 17 2 9 .
R IB E R A , ( A nastase-Pantaleon de ) ( H i j7.
lit t . mod. ) poète Efpagnol du dix-feptième fiècle.
On l ’a comparé à notre Scarron ; il travailloit
comme lui dans le genre burlefque, genre qui
doit peu réüffir en Efpagne. R ib e ra étoit cependant
goûté à la cour de Philippe IV .
R I C
R I C A R D , ( J e a n -Ma r i i ) ( H i f î . litt. m o d .)
jurifconfulte F ran ç o is, connu 8c cité. On a de
lui un traité des donations fort eftimé, un traité d e s
fu b flitü t io n s , un commentaire f u r la coutume de-
S e n lis . I l étoit «îé à Beauvais en 1622. ; mort en
16 7 8 .
R IC A U T ( P a u l ) ( H i j l . lit t . m o d .) L e chevalier
R i c a u t , Anglois , employé long-temps fous
, les rois Charles J I , Jacques I I , 8c Guillaume IHi»