
M. Burette fait des recherches fur la vie & les
ouvrages de Phérécrate. Il étoit d’Athènes , c o n -•
temporain de Platon , & Arittophane Suidas dit
qu’il fit quelques campagnes fous Alexandre, mais
c’eft comme poète comique qu’il eft connu. Her-
telius dans fa Bibliothèque des anciens comiques
g re cs, dont il nous refie quelques fragmens, dit
que Phérécrate remporta le prix en ce genre. Il
a mérité un éloge qui le dillingue, & qui' le distingue
fur-tout d’Ariftophane , c’eft que, quoiqu’il
travaillât dans le temps & dans le goût de la
vieille comédie, qui mettoit fur le théâtre des
perfonnages vivans , qui les nom moit on les faill
i t connoître par des mafques reffemblans, & les
couvroit de'ridicule, ou les perçoit de tous les
traits de la fatyre , & quelquefois de la calomnie,
il fe fit une loi de n’injurier & de ne diffamer
perfonne;
Sublato jure nocendi.
Ainfi c’eft à lui qu’on, peut appliquer cet éloge
de la vieille comédie :
Suceeßit vêtus his comcedia , non fine multa
Laude,
Et l’on ne peut point ajouter:
Sed in vitium llbertas incidit, & vint
Dignam lege régi.
Il excelloit, dit^on , dans cette raillerie fine &
délicate qu’on appelloit fe l attique , urbanité attique,
atticifme ; on a nommé Phérécrate Cattique par
excellence■. M. Burette nous donne,d’après Meurfius
& Fabricius, les titres de vingt - une comédies
de ce poëte ; Athénée nous a confervé des fragmens
de prefque toütes ces pièces-.
Phérécrate fut auteur d’une forte de v e rs, appelle
de fon nom Phérécratïen’, c’eft pourtant moins
un vers particulier que la derniere moitié dun
vers hexamètre , qu’on affujettiroit a mettre un
fpondée avant le daâyle comme après; en un
mot, c’eft un dactyle entre deux fpondées. Horace
dans fon ode :
O navis.i refirent in mare te novi .
Fludus t
met un vers Phérécratien au troifième v ç r s , au lieu
d*un troifième vers Afclépiade :
Portum ; nonne vides ut
, V ix durare carina
Quamvis Pontica Pintis
F id it tu nifi ventis
Interfufa nitentes,
PHÉRÉCYDE, ( Hiß. une. ),philefophe ancien,
difciple de Pittacus & maître de Pythagore, étoit
de l’ile de Scyros, & vivoit vers l’an 560 avant
J , C. On fait remonter jufiju’à lui l’opinion que
les animaux .font de pures machines (-.voir l’arr.'
PereirA-Gomez ) ; il paffe pour le premier qul
ait écrit fur les/chofcs naturelles & fur leiience
des dieux. Son hifloire eft peu connue; on varie
fur le genre de fa mort : les uns difent qu’il mourut
tranquillement dans un âge très-avancé, entre
les bras de Pythagore fon difciple, qui lui fournit
lés fecours & les remèdes néceffaires ; les autres,
qu’il mourut manquant de tout & dévoré par la
vermine ; d’autres enfin, qu’en allant à Delphes ,
il fe précipita du haut du Mont Corycius; celt
un des premiers auteurs parmi les Grecs qui ait
écrit en profe.
Un autre Phéréçydc, furnommé l’Athénien , qui
vivoit vers l’an 456 avant J . C . avoit compofé
l’hiftoire de l’Attique, mais cet ouvrage a pep.
P H I
PH ID IA S, ( Hiß. une. ) ( Voir la dijfertationde
l'abbé Gédoyn fur Phidias dans Us mém, de ïa -
endémie des belles-lettres -, tome 9 , pag. /8p & fu iv . ,
fculpteur célèbre de l’antiquité , vivoit dans la
quatre-vinge-troifième Olympiade, environ quatre
fiècles & demi avant J . C. 11 avoit l’efprit orne
de toutes les connoiffances utiles a fon art. 11
connoiffoit fur-tout très-bien l’optique, & cette
fcience lui procura une viâoire tres-rlatteule,
non-feulement fur un rival qui lui fut oppofé,
mais encore fur les juges qui le lui avoient d a-
bord préféré. Ce rival étoit Alcamène : tous deux
furent chargés de faire une ftatue de Minerve,
pour être placée fur une colonne fort élevée ; on
devoir choifir pour cela celle qui feroit jugee la
plus belle. Celle d’Alcamène parut .parfaite &
réunit les fuffrages ; celle de Phidias n’offroutau
premier coup-d’oeil rien que de rude & de groflier.
On fut étonné qu’un artifte de cette réputation fe
! fût oublié au point de mettre au concours cette
lourde ébauche. Placeç-les, dit-il, à l endroit ou
elles doivent être; On les y plaça l’une après 1 autre.
Les traits finis & délicats de la ftatiie d Alcamene
perdirent toute ..exprefîion ; l’on n’y voyoit plus
rien; les grands & gros traits de celle de Phidias
acquéroient par l’éloignement & l’élévation , de la
noblefîe & de la majefté. Alcamène confus le promit
bien d’apprendre les règles de l’optique , &
les juges firent réparation à Phidias.
Qg fut Phidias q u i, dans fon a f t , donna 1
premier aux Grecs le goût de la Belle nature ;
il avoit aufli la connoiffance des autres *irts, &
Périclès qui ornoit Athènes de tant de beaux
édifices, le fit directeur des bâtimens de la république.
„ * , NI
Après le fameux combat de.Marathon, ou les
Perfes furent vaincus par Miltiade, on trouvé
dans le camp dés Perfes un bloc de marbre que
ces peuples, ne doutant point de la vi&oire, avoient
apporté pour ériger un trophée ; Phidias en fit
une Kéméfisi, dont la fonction eft de punir l orgueil
l’infolence, il fit placer en divers lieux beaucoup
de ftatues de Minerve & de Jupiter ;
on trouvoit qu’il excelloit fur-tout à repréfenter
les dieux. Il avoit fait pour le fameux temple
de Minerve à Athènes, une ftatue de cette déefle,
haute de trente-neuf pieds. Cicéron , Pline, Plutarque,
Paufanias, &c . en ont parlé comme d’un
des plus, beaux ouvrages qu’on eut jamais vus.
Il avoit gravé fur la partie convexe du bouclier
de Minerve, un combat des Athéniens contre
les Amazones ; fur la partie concave, le combat
des géans contre les dieux ;. fur la ch au fibre de
la déefie, le combat des Centaures ôi. des Lapithes ;
fur le piédëftal, la naiffance de Pandore.
Les envieux de Périclès & de Phidias n’ofant
pas encore attaquer le premier, attaquèrent du
moins le fécond. Ménon, un de fes élèves, l’accu
fa d’avoir détourné à fon profit, une partie
d e s . quarante-quatre talens d’or qu’il avoit dû
employer à la ftatue de Minerve ; il ne favoit
pas que Phidias, averti par. Périclès de ce que
l’envie & la calomnie pouvoient attenter contre
le mérite & le fuccès, avoit pris la précaution
dupliquer.cet or à fa ftatue, de manière qu’on
pouvoir i’en détacher & le pefer ; ce qui fut
fait , 8c on retrouva les quarante-quatre talens.
Mais indigné d’avoir vu fon innocence expofée
à de telles attaques, il s’exila d’ Athènes & fe
retira en Elide. Les Achèniens s’en confoloient
en fongeant qu’ils pofledoient fa Minerve qui
étoit regardée corn me fon chef-d’oeuvre; il voulut
fe .venger d’eux noblement, en donnant aux
Eléens un ouvrage plus parfait encore, & il fit
fon Jupiter Olympien , qui fut mis au nombre
des fept merveilles du monde, & quVrn n’avoit
pas même la préfomption de vouloir imiter;
proeter Jovem Olympium , quem nemo amulatur, dit
Piine. Quintilien dit que la majefté de l’ouvrage
cgaloit celle du Dieu , & ajoutoit à la religion
des peuples : Ejus pulchritudo adjecifife alïquid
etiam reçeptce religioni videtur , adto majeflas operis
Dei.m eequavit ! On demandoit fi le Dieu-étoit
defeendu du ciel en terre pour fe faire voir à
Phidias, pu fi Phidias avoit été tranfporté au
ciel pour contempler le Dieu. Phidias en faifoit
honneur à Homère,, & il citoit de ce poète des
vers qui l’avoient, difoit-il, infpiré. Paufanias qui
avoit .vu cette 'ftatue de Jupiter Olympien &
qui l’avoit examinée avec un foin particulier ,
en a laifle une fort belle defeription, que l’abbé
Gédoyn a inférée dans fa diflertation. Ce fut par
cette, ftatue de Jupjter olympien , que Phidias
termina, fes travaux, qu’on dit avoir été innombrables,
Les Eléens créèrent, en faveur de fes
defeendans, une charge dont toute la fonction
étoit de nettoyer cette ftatue, & de la purger
de tout ce qui pourront en ternir la beauté. On
.conferva long-temps l’attelier de Phidias , & les
voyageurs l’alloient voir par curiofité, pour rendre
hommage à une réputation que deux
Hifoiieo Tome IV*
mille ans n’ont pu ravir à ce grand ariifte.
PH ILADE LPH E , {Hiß . anc.j nom tiré du
grec amateur, & à', ahxo s , frere. Il fut
•donné comme une marque de diftinéfion par les
anciens, à quelques princes qui avoient marqué
beaucoup d’attacheinent pour leurs frères. Le plus
connu eft Ptoloinée Philadelphe, roi d’E g yp te ,
dont la mémoire ne périra jamais., tant que dureront
les lettres qu’il honora toujours d’une
. proteéHon écla ante, foit en formant la magnifique
bibliothèque d’Alexand;ie, compofée de
400000, & félon d’autres, de 700000 volumes.,
fous la direâion de Démétrius de fh a lè re , foit
en faifant traduire en grec les livres fain s , cette
traduéÜon qu’on appelle communément la verfion
des feptante, parce que ce prince y employa
foixante-dix fa vans.
Le P. Chamillard avoit une médaille d’ une
reine de Comagène, avec le titre de Philadelphe,
fans aucun autre nom, & M. Vaillant dit que
Philippe, roi de Sy rie , avoit pris le meme titre.
( A . R )
PHILELPBE, ( F r a n ç o i s ) {Hiß. litt, mod.)
Savant du quinzième fiècle, hautain , bizarre &
I querelleur, gendre du fa van grec 1 mmanuei
Chryfoloras; il apprit de Théodora fa femme,
1 la douceur & les fineffes de la langue grecque ;
I il enfeigna dans plufieurs villes de l’ïtalk ; c’eft:
. lui qu’on accufe, peut-être à tort, de nous avoir
J privés du raité de Cicéron fur 'a gloire; on a
fes oeuvres in-fol. en profe & en vers , & un
recueil de fes lettres aufli in fol. Les plus connus
& les plus cités de fes ouvrages font les traités
de mornli diJcipTwâ ; de exïlio ; de jocis & Jeriis ;
fes deux livres conyivïorum.
I On a aufli des poéfies de fon fils Marius P/ii-,
lelphe. t
PHILÉMON ( Hiß. anc.') Poë e comique grec,’
rival de Ménandre , quelquefois préféré à Ménandre
par le mauvais goût de fon fiècle, car
tous les fiècles ont manqué de goût dans l’appréciation,
foitabfolue , foit comparative des contemporains;
il n’y a de jugemens juftes que ceux
qui font confacrés par le temps; il n’y a que la
poftérité qui juge bien , parce que tous les ?.c-
ceflbires étrangers au mérite de l’ouvrage, &
qui fi fouvent déterminent lès fuffrages des contemporains,
n’exiftent plus pour elle,(Vous pouvons
regarder comme le jugement de la poftérité fur
Philémon, celui que Quintilien en a porté fi longtemps
après. I t juge que s’il étoit injufte de préférer
ou d'égaler Philémon à Ménandre, il é oit
três-jufte de le mettre au fécond rang, comme
l’y mettoit l’opinion publique. Philémon , ut p ravis
fu i temporis judiciis Menandro fàpè prcclatus efl, ità
confenfu omnium meruit credi fecundus.
Plaute a imité de Philémon la comédie du Marchand.
C ’eft ce Philémon qui mourut, dit-on, de
rire en voyant fon âne manger des figues, ce qui
jn eû pourtant guçres plus plaifant que de lui yoiç
HÜ;