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« On la fit abbefle, fans que dans un âge' fi
n tendre elle sût ce qu’elle fatfolt, & la marque
i> d’une fi grave dignité fut comme un jouet entre
» fes mains ».
POUPART ( F r a n ç o i s ) {H iß . jnod.) de
l’académie des frie races, natif du Mans , vint à
Paris, où fè trouvant fans fortune, il fe chargea
de l’éducation d’un enfant pour'fubfifter ; mais cet
emploi lui enlevant tout fon tems, il aima mieux,
dit M. de Fontenelfe, étudier que fubfifter. il
étudia la médecine, la chirurgie, la botanique,
la chimie ; mais fa prédilection fut toujours pour
les in fériés & les coquillages; il a donné dans le
recueil' de l’académie des feien ces. un mémoire fur
les inferies hermaphrodites, l’hiftoire duformica-
Ico, celle du formica pulex, des obfèrvations fur
les mpules, & quelques autres moindres ouvrages,
a' peu près du même genre. On le croit aufli
auteur d’uné compilation qui a ''pour titre : la
Chirurgie complet te. Mort en 1709.
POUPÉE > ( Hiß. anc. & mod. ) Ce jouet des
enfans étoit fort- connu des romains ; leurs poupées
étoient faites d’ivoire, de plâtre OU de c ire , d’où
vient le nom de Plagimçula que leur donne Cicéron
dans fes.lettres à Açticus. Les jeunes filles nubiles,
dit Perfe , alloiënt porter aux autels de Vénus les
poupées qui leur a voient fervi d’-amufement dans
le bas âge ; Vefieri donatez à virgine puppoe. Peut-être
vouloient - elles faire entendre par certe offrande
à la déeffe des amours , de leur accorder de jolis
enfans 5 dont ces poupées é'toient l’imagé ;ou plutôt
encore cette confécration de leurs poupe« indiquoit
qu’elles quittoient ces marques de l’enfance? pour
fe dévouer aux occupations férieüfes^ du ménage.
C ’eft ainfi que les garçons, lorfqu’ils entroient
dans les fondions publiques de la fociété, dépo-
foient la robe de l’enfance, & prenoient celle de
l’adolefcence. Aufli les Romains donrioient le nom
de puppa & pupula aux jeunes filles., comme notas.
l’apprend Martial dans ce vers fatyrique
Pupp am fe dielt G allia cumfit anus.
De plus, ils enfevelïflbient leurs enfans morts,
avec leurs poupées & leurs grelots ; les chrétiens
les imitèrent, & de-la vient quôn a trouvé dans
des tombeaux des martyrs près Rome , de ces
fortes de petites figures de bois & d’ivoire parmi
des reliques & dés oflemens d’enfans baptifés.
L’ufaae des poupées a palfé jufqu’à nous; & c’eft
fi bien notre triomphe, que je ne croîs pas que
les Romains euflent de plus belles poupées que
celles dont nos Bimblotiers trafiquent. Ce font des
figures d’enfans -fi proprement habillées & coëffées
qu’on les envoyé dans les pays étrangers pour y
répandre nos modes. S. Jérôme confeilloit de
donner aux enfans pour récompenfe, outre lés
douceurs qui pouyoient flatter leur goût., dçs
POU
brillans & des poupées. Ce moyen n’eft certaine«
ment pas le meilleur à pratiquer dans la bonne
éducation; mais nolis l’avons préféré à tous les
fages confeils de Locke. Cependant un philofophe
pourroit tirer parti des poupées, toutes muettes
qu’elles font : veut-il apprendre ce qui fe pafle
dans une maifon, connaître le ton d’une famille,
la fierté des parens, & la fottife d’une gouvernante
, il lui‘ fuffira d’entendre un enfant raifonner
avec fa Poupée. ( D. J . )
POURCHOT, (E dm e ) Hiß. litt. mod.) pro-
feffeur de philofophie au collège des Graflins, puis
’ au collège Mazarin , fept fois rerieur, & quarante
ans fyndic de l’univerfité ; ami de Racine , de
Boileau, de domMabillon, de dom Montfaucon,
du dorieur Dupin, de Baillet, de Santeuil, de
Boffuet, enfin de Férié Ion, fut dans fon tem- un
novateur en philofophie, & n’efl: plus qu’au rang
des vieux philof© plies aujourd’hui abandonnés ;
cependant fes infiitutioncs philof dp hic cz foulevèrent
contre lui tout le pé-iipatétiftne , & ce fut en
partie à fon fecours que vint Boileau par l’arrêt
burlefque qui arrêta ou empêcha l’infurreriion de
l’univerfité ; dans cet arrêt les Pourchotifles ou
Purchotißes, font mis avec les Gaßendifies , les
Cartéfiens, & les Malebranchifles, au rang de ces
Quidams fans aveu que l’inconnue, nommée la
raifon, commence à introduire dans les écoles;
Pourchot avoit cependant ménagé les Péripaté-;
ticiens & les Scholaftiques, aujpoint d’avoir fait
de toutes les queftions qu’on étoit dans l’ufage
d’agiter dans les écoles , une colleriion féparée
du corps de fes i'nßitutions, fous ce titre: fériés
difputationum fcholaflicarum. C’étoit payer tribut
aux erreurs établies ; mais il s’en dédommageait
avec fes amis, en appellant cette férié fon Jottifier.
On a de lui des mémoires fur différens droits de
l’iiniverfité. qu’il défendoit en toute occafion avec
beaucoup de zélé. Les quatre vers fuivans d’un
de fes élèves confiatent & confacrent la révolution
qu!il avoit faite dans la philofophie de l’école.
I lle efiPurchotius , quofefchola principe jaclat ,
Spretïs certa fequi dôgmata Quifquiliis.
Relligionïs amans idem fophiaque magifter
Egregius , morts format & ingenium.
Grâce aux révolutions du tems & à l’accroifle-
ment des lumières , fes dogmes ne font plus aufli
au jourd’hui que des Quifquiliæ. Pourchot, né au
village dePoilly près d’Auxerre, en 16*51, mourut
à Paris en 1734.
POURPRÊTURE-, ou PORPRISE & PORPRI-
SO N, ( Hiß. mod.) du latin Purpreßura, terme fort
ufité dans beaucoup d’aries & d’ouvrages du moyen
âge, comme on le voit dans un roman manuferit
de Vacce ;
Donc ont pour pris meullent & toute la contrée.
Purpreßura
P O U
Pufpreßura ou propreflura, pourprétufe oü pour-
prifure, fe dit quand quelqu’un s’empare injufte-
ment de quelque chofe qui appartient au ro i,
comme dans fes domaines ou ailleurs, & généralement
on appelle ainfi tout ce qui fe fait au
détriment du tenement royal. On peut commettre
cette injuftice contre fon feigneur ou contre fon
voifin , & dans plufieurs de ces occafions on trouve
le même mot employé dans la même fignification
dans Mathieu Paris, dans Briflon, Jacques de V it ry ,
& plufieurs-autres.
Il femble aufli que pourprifure , dans d’autres
auteurs, fignifie les appartenances, les terres circon-
yoißnes d’un lieu., d’une maifon , la banlieue d’une
ville., comme dans le roman d’Athis manuferit:
Hors la ville à telle pourprifure
Trois grands lieues la place endure.
Dans le chartulaire de l’hôtel-dieu de Pontoife
on trouve ces mots, cum pouprifurâ eidem domut
adjacente , & dans une charte du monaftère de
Lagrei de l’an 119 5 , concejß in eleemofinam ahbati
& conventui fancli Petri Latigniacenfis... Locum
capellce cum purpuriferâ adjacente. On peut voir
<lans le giofîaire de Duçange, dans l’hifioire de
Paris des PP. D. Friifcien & Lobineau, & dans
celle ^le Bretagne , de ce dernier , les autres lignifications
de ce terme. ( A. R.)
^ POURVOYEUR , f. m. ( Hiß. mod. ) un officier
d’ une grande maifon , qui a foin de la pourvoir
cde blé & d’autres vivres qu’il achète.
Le nom de pourvoyeur du roi étoit autrefois un
terme fi odieux en Angleterre, qu’il fut changé
en celui d’acheteur, par le fiat. 3 6. e d w . 3. L’office
même de pourvoyeur fut très-limité par. le ßat. 12.
cor. 2. (A. R. )
P OUST ou PU ST , f. m. Ç Hiß. mod. ) c’efl:
ainfi que l’on nomme à la cour du grand-mogol
un breuvage , qui n’eft autre chofe que du jus
de pavot, exprimé & tnfufé pendant une nuit
dans de l ’eau. -C’eft ce breuvage que les fouverains
ou plutôt les tyrans de ce p ay s , font prendre à
leurs frères & aux princes de leur fang , lorfqu’ils
ne veulent point les faire mourir. C’efl: la première
chofe qu’on leur apporte le matin, &
on leur refufe. toute autre nourriture jufqu’à ce
qu’ils en aient avalé une dofe confidérable. Cette
potion les maigrit infenfibleffi-ent, elle leur caufe
un marafine qui finit par les faire mourir, après
les avoir rendus flupides,, & les avoir mis dans
une efpèce de léthargie. ( A. R. )
PO.UTI-SAT ou PU T SA , f. m. (Hiß. mod.)
c’eft le nom fous lequel les Siamois & quelques
autres habitans des Indes orientales défignent le
Dieu plus connu fous le nom fommona-kodom. On
Hißoire. Tome IV.
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croit q u e c’eft le même Dieu que les Chinois
nomment fo ë , & les Japonois fiaka ou xaca ;
d’autres Indiens le nomment budda ou boutta. Ce
mot fignifie le feigneur , pouti. ( A. R . )
P O Y
, PO Y E T , ( G u i l l a u m e ) H ift ..de F r .) était
fils d’un avocat d’Angers, Si lui-même il fut à
Paris un avocat célèbre. L’honneur, que lui procura
fon éloquence, de plaider la trop fameufè caufe
de la duchdfe d’Angoulême contre ie connétable
de Bourbon-, fut la fource de fa fortune. H fut
fucceflivement avocat général, préfident à mortier
& chancelier. Le talent qu’ il a vo it, ôc qu’avoit
eu Duprat, de trouver des reflources pour remplir
les coffres du roi dans les tems difficiles, 1 avoit
mis dans la plus haute faveur. Il s’étoit vu au
moment d’être premier ou principal miniftre à la
difgrace du connétable de Montmorenci & de
l’amiral de Brion - Chabot ; mais la duchefle d’E-
tampes ne lui avoit pofnt pardonné l'acharnement
vil & coupable avec lequel il avoit perfécuté l’innocence
de Chabot ; le roi lui-même en avoit ete
indigné. Si Poyet avoit mérité une difgrace , c’étoit
par fs conduire inique à l’égard de Chabot, mais
c’eft fouvent par des motifs injuftes qu’on fait des
ariions juftes; il avoit été impunément prévaricateur
& opprefleur des -foibles, ce fut fon attachement
aux règles qui le perdit.
Les femmes ne cefloient de cabaler & de folli»
citer à la cour, oubliant, félon l’ufage, tout ce qu’on
leur accordoit, & ne fe fouvenant que de ce qu’on
leur refufoit. La reine de Navarre demandoit au
chancelier la grâce d’un de fes domeftiques coupable
d’un rapt ; la duchefle d’ Etampes vouloit
qu’il fcellât des lettres d’évocation dans, un procès
qu’avoit Jean de Bari la Renaudie, gentilhomme
Périgordin, un de fes protégés , contre le fameux
du T ille t, greffier civil du parlement. Le chancelier
avoit refufé de les fceller , ne les croyant pas
juftes. La duchefle avoit renvoyé la Renaudie lui
ordonner de la part du roi & de la fienne, de les
fceller. La Renaudie ne prit que trop bien le ton de
fa commiflion iinpérieufe ; le chancelier fut indigné,
il perfifta dans fofl refus, & raya lui-même les
claufes qui lui déplaifoient dans ces lettres ; il lui
échappa même dans une occafion quelques réflexions
libres & vraies fur l’excès & l’abus du pouvoir des
femmes à la cour ; la reine de Navarre, préfente
à ce difeours, prit pour elle ce trait de fatyre,
& ne laifla pas ignorer à la duchefle d’Etampes
la part qu’elle y avoit. Dès lors la perte de Poyet
fut réfolue , il fut arrêté le 2 août 15 4 2 , à Bourges
félon Duchefne, à Argilly félon le Laboureur,
& transféré à la Baftille, puis à la conciergerie.
On dit que François I félicitant le véridique du
Chatel ou Caftellan , ( voyez fon article ) fur la
difgrace d’un homme qui s’étoit toujours montré
fon ennemi, parce qu’il Pétoit de la vérité ; du