
bras, & pouffa de grands cris lorfqu’il fallut s’cft
féparer. M. Sancke^, touché de fa douleur, & flatté
de fon attachement , demanda & obtint la per-
miflion de le garder auprès de lui; il le rendit
heureux & fut heureux de fon bonheur. Il lui a
légué par fon teftament une fomme confidérable.
M. Andry , dépofitaire des manufcrits de M. San-
cher, a écrit un précis hiftoriqüe de fa vie ; M. Vicq
d’Azyr en a fait l’éloge avec fon éloquence ordinaire
; mais voici la plus belle oraifon funèbre de
M. Sanche^ : il avoit un frère médecin, attaché aux
troupes du roi de Naples, & dont la fortune a été
long-temps très-bornée; MM. Andry & Vicq d’Azyr
s’adrefsèrent à lui pour avoir des détails fur la vie
de M. Sanchtç ; voici quelle fut fa réponfe :
« Il y a très-long-temps, que j’ai le malheur
» d’être féparé de mon frère. Il ne m’a jamais
5> parlé dans fes lettres que de fon inquiétude fur
» mon fort, & il m’a toy^ours fourni les fecours
» les plus abondans. Sa générofité m’a pourfuivi
» jufqu’au fond de la Sicile, &L il a pluneurs fois
» trouvé le moyen de me faire parvenir fes bien*
» . faits dans des lieux d’cù je ne favois moi-même
» par quelle vôie_je pouvois lui offrir les témoi-
» gnages de ma reconnoiffance
SANCHONIATHON. ( Hiß. litt. anc. ) C’eft le
plus ancien, à ce qu’on croit, de tous les écrivains
non infpirés : il étoit de Béryte en Phénicie ;
il avoit écrit en phénicien une hiftoire divifée en
neuf livres, dans laquelle il expofoit la théologie
& les antiquités de fon pays. Philon de Biblos, contemporain
de l’empereur Adrien, en avoit fait une
veriion grecque dont il nous refte des fragmens
dans Pprphyre & dans Eusèbe ; encore des favans,
tels que Dupin en France &. Dodwel en Angleterre
, rejettent-ils ces fragmens comme fuppolés,
mais on peut dirq qu’en général ils font adoptés.
Quant à Sanchoniathon, on le croit très-ancien, mais
on ne fait pas certainement en quel temps il vi-
voit. Tous les favans orthodoxes reconnoiflent qu’il
étoit poftérieur à Moyfe, & ceux qui lui donnent
le plus d’antiquité , le font remonter jufqu’au temps
de Gédéon.
SAN C R A T , f. m. (Hiß. mod.) C’eft ainfi que l’on
nomme dans le royaume de Siam les chefs ou fupé-
rieurs-généraux des talapoins ou prêtres du pays. Celui
qui préfide au couvent du palais-royal eft le plus
conlidéré ; cependant les fancrats , dont la dignité
reffemble à celle dè nos evêques, n’ont aucune •ju-
ridiâi'ôn les uns fur les autres ; mais chacun d’eux
a au-deffous de lui un fuperieur de coüvent. Il n’y a
que -les fancrats qui aient droit de confacrer les' talapoins
; ces derniers ont pour eux le plus grand refpeéf
après qu’ils les ont élus pour remplir cette place.
Leur choix tombe communément fur le plus vieux
îalapoin du couvent. (A . R .)
SANCTIUS. ( F rançois) ( Hiß. litt, mid. )
Ce noni en efpagnol eft aufli Sanche^; mais le
favant dont nous parlons eft plus connu fous cette
terminaifon latine : il l’eft beaucoup, rien de plus
célèbre parmi les grammairiens que l’ouvrage intitulé
: SanElii Mincrva. MM. de Port-Royal en
ont profité dans leur Méthode de la langue latine.
Sanhius à encore fait d’autres ouvrages fur la grammaire.
On lui prodiguoit de fon temps les titres
exagérés de père de la langue latine, &. de doEleur
de tous les gens de lettres. Il a confervé celui de fa-,
vant Grammairien. Mort en 1600.
SA N C Y , ( Voyt{ Harlay.)
SAN DA L E , f. f. ( Hiji. anc. & mod. ) forte de
chaufiùre ou pantoufle fort riche, qui étoit faite d’o r ,
de foie, ou d’autres étoffes précieufes, &. que por-
toient autrefois les dames Grecques.& Romaines; elle
confiftoit en une femelle, dont l’extrémité poftérieure
étoit creufée pour recevoir la cheville du pied, la
partie fupérieure du pied reftant découverte.
Térence dit, en parlant de cette forte de chauffure y
l/tinam tibi commitigarit fandalis cap ut.
plût à Dieu qu’elle vous cafsât la tête avec fa
fandale.
Apollon étoit quelquefois nommé; Sandaliarius9
faifeur de fandalcs. Les critiques ont été fort embar-
raffés fur la raifon pour laquelle on lui donncit ce
nom ; quelques auteurs le font venir d’une rue appelée
vicus fandalarius, qui étoit habitée principalement
par des faifeurs de fandales , & oh ce Dieu
avoit un temple ; mais d’autres font venir avec plus
de vraifemblance le nom de la rue, de celui du Dieu,
& croient qu’Apollon avoit été appelé ainfi, àcaufe
de fa parure efféminée'*, comme s’il portoit des fandales
de femme.
M. Burette, dans fes differtations fur la mufique
des anciens, dit qu’ils fe fervoient de fandales de bois-
ou de fe r, pour battre la mefüre, afin de rendre la
percuflîon rythmique plus éclatante.
Sandale lignifie aufli une efpèce de foulier ou de
pantoufle que portent le pape & les autres prélats
quand ils officient, & qui, à cç qu’on croit, eft fem-
blable à la chauffure que portoit Saint Barthélemi.
Alcuin dit qu’il y avoit quelque différence entré
les fandales des éveques & celles des prêtres & des
diacres.
Tl n’étoit permis aux moines de porter des fandales
que quand ils voyagoient, félon la remarque de Du-
cange, de Saumaife, &c.
Sandale eft encore le nom d’ une efpèce de pantoufle
ou foulier découpé par-deffus, que portent aujourd’hui
les religieux réformés de différentes congrégations
y elle confifte en une Ample femelle de
cuir , liée avec des courroies ou des boucles, par def-
fus le haut du pied, qui eft prefque entièrement 4
hn, à-pèû-près comme les peintres peignent le bas
du brodequin des anciens. Les capucins portent des
fandales, & les récollets des focles ; les fandales font
toutes de cuir , au lieu que la femelle des focles n eft
que de bois. (A . R .)
SANDERSON, ( R obert) (H iß . litt, mod.)
chapelain & hiftorien de Charles I , roi^ d^’Angleterre
, fouffrit pour fa caufe, & fut fait eveque de
Lincoln par Charles I I , après la reftauration. On
a de lui, indépendamment de l’Hiftoire de Charles I ,
logicce artis compendium ; phyficoe, fcientia compendium.
De juramenti obïigatione, &c. Né en 1587.
Mort en 1 66a.
I SANDERUS., ( Hiß. litt. m»d.) Antoine &
Nicolas , l’un flamand, l’autre anglois. Le premier,
mort en 1664 , a écrit favamment l’hiftoire de fon
pays ; le fécond a écrit avec pafiion l’hiftoire du~
fchifme d’Angleterre; il eft fuipeft même aux catholiques.
Maucroix a traduit fon ouvrage en fran-
çois. Les autres écrits de Sanderus font purement
polémiques j & fon hiftoire ne l’eft déjà que trop.
Il y a cependant un autre ouvrage de lui qui tient
encore à l’hiftoire; c’eft celui qui a ^pour titre:
de martyrio quorumdam fub Eli{abetha regina, Sc
par malheur ce titre eft jufte;pette grande reine
ne fut pas affez éclairée pour être véritablement
tolérante, & en détruifant l’ouvrage de fa foeur, elle
emprunta quelque chofe de fa violence. Sanderus
avoit été envoyé par le pape Grégoire XIII en Irlande
; fa million étoit de foulever les catholiques
de ce pays contre Elifabeth , pour éviter de
tomber entre les mains des anglois, il s’engagea
dans des forêts qu’il ne connoifloit pas, s’y égara
& y périt de faim & de misère en 1583.
SANDI-SIMODISINO, {Hiß. mod. fuperß.) c’eft
le nom que les nègres du royaume de Quoja, dans
les parties intérieures de l’Afrique donnent^ à des
jeunes filles, qui font pendant quatre mois féparées
du refte des humains , & qui vivent en communauté
fous des cabanes bâties dans les bois , pour recevoir
de l’éducation; la fupérieure de cette efpèce de communauté
, s’appelle fcguilii ; c’eft une matrone ref-
pedlable par fon âge ; les jeunes filles qui doivent être
élevées dans cette retraite, font toutes nues pendant
le temps de leur féjour dans cette école ; on les
conduit à un ruiffeau où on les baigne , on les frotte
avec de l’huile, & on leur fait ,1a cérémonie de la
circoncifion , qui confifte à leur couper le clitoris ,
opéraiion très-douloureufe,mais qui eft bientôt guéris
; l’éducation confifte à leur apprendre des danfes
fort lafeives , & à chanter des hymnes très-indécens
en l’honneur de l’idole fa n d i; quand k " t e m p s du noviciat
eft expiré , la dame fupérieure conduit fes élèves
au palais du ro i, au milieu des acclamations du
peuple, elles’ font devant fa majefté les exercices
qu’elles ont appris , après quoi on les remet à leurs
parens qui font charmés des t^lens que leurs filles
ont acquis.- '(.A . R. )
SANDRAS. {Voyti C our t ilz .)
SANG (pureté de), (Hiß. d’Efpag.) en Efpagtle on
fait preuve de pureté de fang , comme on fait preuve
en France de nobleffe pour etre chevalier de Malthe,
ou du Saint-Efprit, &c. Tous les officiers de l’inqui-
fitiôn, ceux du confeil fuprême & des autres tribunaux
doivent prouver leur pureté de fang, c’eft-à-
dire qu’il n’y a jamais eu dans leur famille ni juifs, ni
maures, ni hérétiques. Les chevaliers des ordres militaires
, & quelques chanoines font pareillement
obligés de joindre cette preuve aux autres qu’on
exige d’eux. On les difpenfe de la pureté de fang au
propre, la figurative en tient lieu (D . J . )
San g , (confeilde), (Hiß. mod.) eft un tribunal qui
fut établi en 15 .67 , dans les Pays-Bas , par le duc
d’A lb e , pour la condamnation ou juftification de
ceux qui etoient foupçonnés de s’oppofer aux volontés
du roi d’Efpagne Philippe II. Ce confeil étoit
compofé de douze perfonnes. ( A . R . )
SAN G-GR IS, f. m. terme de relation ; c’eft ainfi
que les françois nomment en Amérique, une boiffon
que les anglois ont inventée, & qui eft fort à la mode
aux îles Antilles françoifes. Cette boiffon fe fait avec
du vin de M adere, du fucre, du jus de citron, un
peu de canelle, de mufeade, & une croûte de pain
rôtie ; on paffe cette liqueur par un linge fin, & elle
eft une des plus agréables à beire. ( D. J . )
SANGUIN. ( Voyei l'art. Saint-Pa v in . )
SANJAK ou SAN G IA K , f. m. (Hiß. mod.) c’étoit
anciennement chez les Turs le titre qu’ils donnoient
à tous les gouverneurs ; aujourd’hui ils font inférieurs
aux hachas & beglerbegs, & ne font que des
intendans ou directeurs des provinces, qui ont droit
de faire porter devant eux un étendard appelé fan-
ja k , fans queue de cheval. ( A . R. )
SANLECQUE, (L o u is de) (Hiß. litt, mod. )
génovefain cpnnu par des poéfies extrêmement né-*
gligées , mais où il y a du naturel & de l’efprit. Sa
Satyre contre les dire&eurs l’empêcha d’être évêque
de Béthléem;le duc de Ne vers Pavoit nommé -,
le roi ne voulut pas que la nomination eût lieu,
fon poème fur les mauvais geftes des prédicateurs eft
fenfé quant aux idées , mais l’expreftion eft fouvert
d’une familiarité baffe & burlefque : c’étoit un
homme d’efprit, mais il n-étpit pas poète. Né en
16 5 0 , mort en 17 14 .
SANNAZAR, ( J acqu es) Aâius S Inc crus San-
na^arus ( Hiß. litt, mod. ) célèbre poète latin &
italien, naquit-à Naples en 1458. Le Duchat dit
cependant qu’il étoit éthiopien de naiffance, qu’ ayant
été fait efclave dans fa jeuneffe, il avoit été vendu
à un favânt napolitain , nommé Sanna^ar, qui
l’avoit affranchi & lui a v o i t donné fon nom. Ou le
poète Sannaçar, ou fon patron tiroit foriporiging
. d’un^ lieu nommé Saint-Nazaire , fitué entre le Fo
'§ç le T ç fin , &. de là -le nom de Sannaçar. Lû
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