
454 Q U I
I s a b e l l e .
I l n e f a l lo i r a v o i r p o u r m o i q u ’ un p e u d’ e ftlrç te :
.S u iv e z , M o n ite u r , fu i-ve z l ’ a r d e u r q u i v o u s a n im e ;
. R om p e z 1 attachement d o n t n o u s f û m e s c h a rm é s J
B r i f e z l e s p lu s b e a u x n oe u d s q u e l ’am o u r ait formés.
P u j f q u ’ i l v o u s p l a î t e n f in , t r a h i fie z fa n s C c ru p u le
C e s le rm e n s fi t r o m p e u r s , o ù j e f u s fi c r é d u le ;
P o r t e z a i l le u r s d e s » c e u x .q ui m 'o n t é t é fi doux., :
M a i s é p a r g n e z a u m o in s u n coeur qui fut à v o u s ;
U n coe u r q u i , t r o p c o n t e n t d e fa p r e m i è r e c h a în e ,
L a v o i t r om p r e à r e g r e t , & n 'e n f o r t q u ’ a v e c p e i n e ;
U n coe u r t r o p f a i b l e e n c o r p o u r q u i l ’ o ’f f t r a h i r #
^ t q u i n .é to it p a s f a i t e n fin p o u r v o u s h a ï r .
A C A N 7 E.
V o u s v o u le z m 'a b u f e r e n p a r la n t d e l a f o r t e :
p é b ie n , i n g r a t e , h é b ie n ! a b ü fe z -m o i , n’importe ;
Trompez-moi , s'il fe peut, l’abus m ’ en fera d o u x ;
M o n coeur m êm e e f t t o u t p r ê t à s ’ e n t e n d r e a v e c v o u s ;
M a i s f a i t e s q u e c.e coeur> d o n t j e n e f u i s p lu s maître ,
S o i t fi b ie n a b ù fé .,: .qu’i l n e p e n fe p a s l ’ ê t r e .
Quant au genre lyrique, quand on parle de l’af-
Sociation de Quinault avec L u lly , ©n fe rappelle
toujours d’abord le mot fi connu de Boileau:
E t t o u s c e s l i e u x c om m u n s d e morale- lu b r iq u e
Q u e L u l l y r é c h a u f f a d e s f o n s d e f a m u f iq u e .
Melfieurs de Voltaire, Marmontel, de la Harpe
Ç 1 opinion publique ont bien vengé Quinault
«e cette mjuftice. M . de la Harpe oppofant des
vers a des vers, a dit ayec autant de raifon que
p elprit : ^
Q U I
tendrefle, mais uniquement propre à ce genres
eux , abfolument d’énergie;
ils dénoient Lully de faire de bonne mufique fur
des paroles énergiques. L u lly , piqué de ce reproche
, court à Ion clavecin , St chante impromptu
en s’accompagnant, ces vers que dit
Uytemneftre dans l’Iphigénie-de Racine.:
Un prêtre ^environné d’une foule cruelle ,
Portera fur ma fille une main criminelle ,
Déchirera fonfein , & d’fin oeil curieux
Dans fon coeur palpitant confuirera les Dieux !
Racine le fils dit que les auditeurs fe crurent tous
préfens à cet affreux fpeéhcle , & que les tons
■ que Lully joignoit aux paroles leur faifoient dreffer
les cheveux à la tête.
Mais les gens qui faifoient ce défia Lully.n’étoiènt
juftes ni envers lui ni envers Quinaut.Lu\\y avoit
fait de la mufique , bonne pu mauvaife, mais
enfin réputée très-bonne alors, St fur des vers
très-énergiques, St ces vers étoient du doux Se
tendre Quinaut. Ce font affurément des vers
très-énergiques, que -ceux que dit Cérês d.ans
1 opéra de Projerping.
Les fuperbes géans armés contre les Dieux,
Ne nous donnent plus d’épouvante ;
Ils font enfevelis fous la maiïè pefaiite
Des monts qu’ ils entafibieet pour, attaquer les cieux.
Nous avons vu tomber leur cîief audacieux »
Sous une montagne brûlante :
Jupiter l’a contraint de vomir à nos yeux
Les reftes enflamés de fa rage mourante ;
Jupiter eft viftorieux,
Et tout cède à 'l ’effort de fa main foudroyante.
Boileau, je l’avouerai, fe trompa quelquefois;
Mais aucun intérêt ne corrompit fa voix ;
i Et s’il a tfens Atis méconnu l’art de plaire ,
Pu moins en fe trompant, fon erreur fut fincçre,
poileau crut que Lully qu’on a tant furpaffé, '
paifoit valoir Quinault qu’on n’a point effacé;
I l faHoit que le temps vengeât l’auteur d’Armide.
Ce juge des «tiens en 1a faveur décide ;
Chaque jour à fa gloire il paroît ajouter ;
Aux dépens du poète op n’entend plus vanter
Ces accords languiflans , cette foifile harmonie,
Que réchauffa Quinault du feu de fon génie.
Ces deux derniers vers retournent bien heureusement
les deux vers de Boileau. Racine le fils
çaeonte que des gens qui apparemment ne pen-
foien.t pas comme Boileau , difoient à Lully qu’il
devoir le fttccès de fes opéras à la douceur de
** fo ejje de Quittant, fi propre à exprimer la f
Et ceux que dit Pluton, dans le même opéra
& fur le même fujet ;
Les efforts d’un géant ,. qu’on crjoyoit accablé ,
Ont fait encor gémir le ciel, la terre .& l’onde,
Mon’ empire s’en eft troublé;
, Jufqu’au centre du monde
Mon trône en a tremblé.
L’affreux Typhon, avec fa vaine rage,
Trébuche enfin dans des gouffres fans fonde.
L’éclat' du jour ne s’ouvre aucun paflàge,
Pour pénétrer lés royaumes profonds
Qui me font échus en partage.
Le eiel ne craindra plus que fes fiers ennemis
Se relèvent jamais de leur cKûi«^mortelle ;
Et du monde ébranlé par leur fureur rébelle
Les fondçmens font rafermis.
Rien n’eft plus énergique que ces vers de Mé*»
dufe dans P e rfâ
Q U I
Pallas, la barbare Pallas
Fut jaloufe de mes appas
Et me rendit affreufe autant que j ’étois belle
Mais l’excès étonnant de la difformités
. _ Dont me punit fa cruau té ,
Fera cônnpî'cr'e, en dépit d’ elle ,
Quel fut l’excès de ma beauté!
•Je ne puis trop montrer fa vengeance cruelle ;
Ma tête eft, fière encor d’avoir pour ornement
Des ferpens dont le fifflemenç-
Excite une frayeur mortelle.
Je porte l’épouvante & la mort en tous lieux ,
Tout fe change en rocher,, à mon afpedt horrible ÿ
' Les traits que Jupiter lance du haut des deux ,
N’ont rien de fi terrible
Qu’un regard de mes yeux,.
Les plus grands dieux du ciel , de la terre & de l’ onde ,
Du foin de fe venger fe repofent fur- moi ;
Si je perds la douceur d’être l’amour du mondé ,
J ’ai le plaifir nouveau d-?ea devenir l’effro-i»-
Il y a beaucoup d’énergie dans le défefpoir d’Âr-
*nide ; on y retrouve même des traits de Didon
dans Virgile.. La fcène de la haine & de fa fuite
dans Armide, la menace de l’ombre d’Ardan-Ca-
nile à Arcabonne dans Amadis font énergiques
& terribles ; la fureur de Roland a une expref-
fion vigoureufe & .violente; enfin Quinaut eft ou
tendre ou énergique, fuivant le befoin de la fcène
& fuivant les*loix du goût; il n’eft rien exclu-
fivement, il eft tout ce que le goût & le génie
exigent.
Un autre mérite très-fenfible dans Quinaut, c’eft
l’à-propos des refrains q u i, comme on fait, doit
être tel, que les vers répétés foient non feulement
bien placés, mais néceffaires à l’endroit où
©n les répète. Qu’on ne regarde point ce mérite
du refrain comme frivole ; il fait le plus grand
charme de la pbéfie lyrique & chantante dans
rous les genres; c’eft celui qui donne le plus fen-
fiblement & le plus délicieufement au coeur &
à l’orei-lle l’idée de la perfeélion; qu’on en juge
par: les exemples fuivans :
Dans, le genre .doux & tendre :■
A'tys eft trop heureux ;
Souverain de fon coeur, maître de tous fes voeux,-
Sans crainte, fans mélancolie,
Ï1 jouit en repos des beaux jours de fa vie ;
Atys ne connofc point lestourmens amoureux;-
Acys efl^trop heureux.
Dans le genre v if & pafîionné r
M e R o P E_. \
Ah ! Vous aimez Perfée, il caufe vos ail armes ,,
N-’en defavouez point vos lasmes ;;
Q U I 455
Vos tendres fentimens fe font trop exprimés;
V o u s l'a im e z .
A N D R O M E D E .
V o u s l ’ a im e z :
L ’ e f p o i r d e fo n h itn en a v o i c charmé v o t r e ame ,
E t je f a i s le s p r o j e t s q u e v o u s a v ie z f o rm é s ;
J e v o i s q u e le d é p i t n ’ é t e in t p a s v o t r e f l a m m e ;
« P e r fé e eft e n p é r i l , & v o u s v o u s a i l a rm e z .
V o u s l ’ a im e z .
M E R O P E ,
V o u s l ’ a im e z .
Qu’on ne dife pas que ce n’efi-là qu’arratïger des
mots;: c’eft, par la force des mots mis en leur
place , noter tous les accens de l'aine, & donner
aux idées & aux fentimens l’exprefilon la plu»
vraie, la plus agréable & la plus heureufe.
QUINAULT. fVoyez Feesne du)
QU1N C Y , (Charles Sevin marquis de) ffi/Ta
de Fr. ) lieutenant.général d’artillerie , diflinguâ
dans ce fiècle par fa valeur, eft dé plus connu1
par nn ouvrage très-utile dans fon genre : Ä f e
'toire militaire de Louis X IV .
QUINQUAGENAIRE m . ( HIß. rom. J
c’étoit chez les anciens romains , un officier de
guerre qui commandoit une compagnie de cinquante
hommes. C’étoit encore dans la police ,!
un commiffaire qui avoit infpeélion fur cinquame
familles ou maifons; enfin on a nommé du même
nom dans les monafteres un fupérieur qui -avoit'
une cinquantaine de moines fous fa conduite.
( A / . ) .
QUINQUARBRES (vo y e z Cinq-a r b r e s .)
QUINQUENNAL , f. m. ( Hiß oire rom. ) en:
latin quinquennàlis, magiftrat dés colonies & de*
villes municipales , dans le temps de la république
romaine. Ils étoient . ainfi nommés parce*
qu^on les élifoit à chaque cinquième année, pour
préfider au cens des villes municipales, & pour
recevoir la déclaration que chaque citoyen étoir
obligé de faire de fes bienst-
QUÏNQUEVIR . f. m. ( Gouvernement romain
Il y avoit à Rome des magiftrats fubalternes
ainfi nommés parce qu’ils étoient au nombre de
cmq ,. employés aux- memes fonélions ; mais ces-
fondions éfoient fon différentes ., comme nou*
allons le prouver.
Il y avoit des quinquevirs établis"dans Rome-
deçà & delà le Tib re , pour veiller pendant lai
nuit- à la police de la- ville,, en la place des sia*-