
deux premiers volumes de la morale-pratique des
j é fu i t e s , dont le doéleur Arnauld a compofé les fix
autres. On dit que M. de Pont-Chameau fit , &
même à pied, le voyage d’Efpagne, tout exprès
pour y acheter le téatro jé fu it ic o . M. de P o n t -C h a f-
teau écrivit en 1666 une lettre à M. de Péréfixe,
archevêque de Paris, en faveur de M. de Sa ci,
qui avoit été mis à la baftille; il n’eut pas de peine
à lui prouver combien cette perfécution, exercée
fur un homme paifible & vertueux, étoit abfurde
& cruelle; mais on croyoit faire beaucoup pour
M. de P o n t -C h a fle a u , en faveur de fa famille,
de ne le pas traiter avec la même rigueur.
PONTIS. ( L o u is de ) Hiß. moi. ) On con-
noît les mémoires d e Pontis en deux volumes in-12 .
On convient généralement qu’ils ne font pas de
celui dont ils portent le nom. Le P. d’Avrigny
& M. de Voltaire ont penfé que Pontis même
n’avoit pas exifté; d’autres réclament contre cette
opinion; ils oblèrvent que la famille de Pontis
étoit très-connue en Provence, que la perfonne
de Pontis l’étoit fort dans la folitude de Port- Royal
des champs, & que fa mémoire s’y étoit longtemps
confèrvée ; qu’après cinquante ans de fer-
vice fous trois rois, Henri IV , Louis X III &
Louis X IV , & dix-fept bleflures reçues , défef-
pérant de fon avancement, parce que le cardinal
de Richelieu & les minières fuivans lui furent
contraires, il ne voulut plus fervir que celui qui ne
laiffepasfansrécompenfeun verre d’eau donné pour
l’amour de lui ; il fe retira pour lors à Port-
Royal où il mourut en 1670. Il étoit né en Pro-
vence en 1583 , d’un père difünguê comme lui
par fa valeur. Ses mémoires, dont le véritable
auteur eft M. du Fofle, un des folitaires de Port-
Royal , ont été formés de tout ce qii’on a pu recueillir
à Port-Royal des converfations de M. de
Pontis.
PONTUS (Voyez G ardie la .)
P O O
POO LE , (Vo y e z Po lu s ) Hiß. litt. moi.') Le
favant Mathieu Poole né à Yorck ou à Londres
en 16 2 4 , eft principalement connu par fon ouvrage
intitulé : fynopfis criticorum. Il mourut à
Amfterdam en 1679.
P O P
POPE ( A l e x a n d r e ) ( Hiß. litt . > 1
feul dit tout, & c’eft le cas de dire :
Quis genus Æneadum , qui s T ro ja nefciat urbem ?
Virtutesque virosque & tanti incendia be lli ?
Non obtufa adéb geftamuspecfora P c en i,
Nec tam averfus equos Tyriu fo lju n g it ab,urbe.
Quel poëte a jamais été plus riche & plus fé -
fond ? quel autre a donné à fa langue plus d’harmonie
& de majefté ?
Qui ne connoît pas la forêt de Windfor, la naif-
fance du Mc f i e , la boucle de cheveux enlevée , l’épure
d'Héloïfe à Abailard, dont celle de M. Co-
lardeau , toute intéreftante qu’elle eft , n’eft qu’une
foible copie , où les plus grandes beautés de l’original
, nommément l’apparition de la Religieufe ,
morte d’amour, ne fe retrouvent pas ; fefj'ai fur
\ F homme dont nous avons tant de tradu&ions fran-
| çaifes , en profc & en vers ; teffai fur la critique ,
dont nous avons auffi des traductions en profe &
en vers : fur - tout cette admirable traduction
de l’Iliade, qui a fait ce qu’on n’a pu faire dans
aucune autre langue, qui a donné une véritable idée
de la poëfie d’Homère ? L’Angleterre fit pour cet
ouvrage une foufcription qui valut , dit - on ,
cent mille écris à l’auteur. Qui ne connoît même
cette Dunciade , monument de colère & de vengeance
contre les envieux de Pope , qui, au lieu
de s’enorgueillir d’un tel compatriote, ne cherchaient
qu’à l’infulter & à l’avilir ? Pope qui s’é-
toit permis cette fiuyre dans la violence d’un
jufte reffentiment, fe reffouvint du refpeCt qu’il
devoit à fon génie quand les autres affe&oient de
l'oublier ; il voulut détruire la Dunciade , il la jefta
au feu ; mais le doéteur Swift qui étoit préfent,
& qui aimoit la fatyre , déroba celle-ci aux flammes
; il fit plus , il rendit à Pope le mauvais office
de la publier : alors la rage de fes ennemis
ne connut plus de bornes ; il y eut contre Pope un
déchaînement univerfel , & un débordement de
fatyres , où on l’appelloit puant , laid , bojfu ,
ignorant, fou, monjlre au phyfique 6* au moral, homicide
, empoifonneur, &c.
Ilium & parentis erediderim fui
Fregijfe ervicem & penetralia
Sparfijfe nocturno cruoré
Hofpitisj ille venena colehica
P t quidquid ufquam concipitur nef as
Traclavit.
De tous ces libelles , celui auquel Pope paroît
avoir été le plus lenfible, eft celui qui a pour titre :
Relation véritable & remarquable de Vhorrible & barbare
flagellation qui vient d'être commife fu r le corps
de Me. Alexandre Pope , poète , pendant qu'il fe
promenoït innocemment à Hamwaiks , fur le bord de
la Tamife, méditant des vers pour le, bien public. Cette
flagellation a été faite par deux hommes mal intentionnés
t en dépit & vengeance de quelques chanfons
fans malice que ledit poète avoit faites conlreux. On
faifoit intervenir dans cette fcène de-la manière la
plus indécente une jeune anglaife dont M. Pope
étoit amoureux ; on les rendoit ridicules l’un par
l’autre. M. Pope eut la foibleffe d’attefter pnbli-
1 quement qu’il n’étoit pas forti de chez lui le jour
I où l’on prétendoit que cet événement, qui après
tout n’auroit été qu’un aîbffinat, étoit arrivé. Il eut
la foibleffe de donner beaucoup d’eclat à cet écrit
par fa fenfibULté ; mais n’infiftons pas fur les foi-
bleffes d’un grand homme , fongeons à tant de
chef-d’oeuvres, & refpeftons fa mémoire.
11 étoit,né à Londres en 1688 , de parensnobles
& catholiques romains. Racine , le fils , dans fon
poème de la religion , attaqua Pope , q u i, dans fon
ejjai fur Chomme, lui parut irreligieux, & que d ailleurs
il croyoit Proteftant :
S a n s d o u t e qu ’ à c e s -m o t s , d e s b o r d s d e la T a m i f e ,
Q u e l q u e a b f t r a i t r a i fo o n e u r , q u i n e fe p la in t d e r ie n ,
D a n s fo n fle gm e a n g l i c a n , r é p o n d r a : Tout eft bien.
M. de Ramfay écrivit à M. Racine pour juftifier
Pope , & celui-ci écrivit auflï à M. Racine pour fe
plaindre & pour fe juftifier, ce qui étoit témoigner
à M. Racine beaucoup d’eftime & de défir d’obtenir
fön fuffrage. Ainfi cette hoftilité- finit par des
compîimens , & quand- Racine fut que Pope étoit
catholique, il n’ofa plus le croire irréligieux. Pope
mourut en 1744.
POPELINIERE C Lancelot V oesin , feigneur
de la ) ( Hifî. Uct. modem. ) gentilhomme galcon,
d’abord calvinifte mort catholique en 1608. On
connoît fon hiftoire de France depuis 15 50 ]u(-
qn’en 15 77 , fon hiftoire des Kiftoires , & [es trois
mondes font moins connus.
POPILIUS ( B iß . rom. ) Caius Popilius Lenas
eft cet ambaftadeur romain , q u i, chargé de défendre
de la part du fénat à Antiochus, roi de
Syrie , d’envahir l’Egypte , traça fur le fable un
cercle dans lequel il enferma Antiochus, exigeant
qu’il prit fon parti, & rendît fa réponfe avant de
fortir de ce cerclé. Cette fierté preflante défarma la
Syrie & fauva l’Egypte : eodem momento , dit
Yalère Maxime , Syria regnum terrait, Egypti texit.
Mais de quel droit Rome parloit-elle aux rois avec
eet empire, & comment les rois ne fe réuni ffoiènt-
iis pas contre elle ? L ’an 170 avant J. C . , le même
Popilius. fat chargé d'aller faire publier dans toutes
les villes du Péloponnêfe un décret du fénat, pour
arrêter les vexations des officiers romains , & retenir
ces villes dans l’alliance de la république.
POPPÉE, ( B ift. rom. c’eft le nom de plu-
ftetirs femmes romaines , dont la plus célèbre ou
la plus fameufe ( Famosior ) eft Poppeea Sabina ,
fille de Titus Ollius , qui avoit été quefteur ; elle
portoit par préférence le nom de fon aïeul maternel
Poppoeus Sabinus, qui avoit répandu plus d’éclat
fur fa famille par les honneurs du confulat , &
par ceux du triomphe. Elle répandit fur cette même
femille un éclat moins eftimable , mais non moins
flatteur peut-être pour une femme de fon caraflère,
je veux dire celui qui naît de la beauté, des grâces
de i’efprit, de l’art de plaire, du talent de féduire.
On a dit que de tous les moyens de charmer il ne
lin avoit manqué que la pudeur. La coquetterie
en elle égaloit les agrémens & les augmentoit : elle
avoit été mariée d’abord à un chevalier romain ,
nommé Rufus-Crifpinus ; elle en eut un fils. Othon ,
qui fut depuis empereur, & qui étoit dés-lors
prefquc aifîi puiffant, puifqu’il étoit favori de
Néron , la v i t , l’aima , l’enleva , l’époufa du^vi-
vant de fon premier mari , & ne pouvant goûter
| en filence le bonheur de pofteder la plus belle femme
de Rome, il en parla tant à Néron qu’il alluma
en lui un défir curieux de la voir & de la con-
noître. Il eft très-vraifemblable que cette imprudence
n’en étoit pas tout-à-fait une , & qu un cour-
tifan fi adroit en avoit prévu les fuites. Néron la
v:r en effet, & en devint amoureux ; ell- réfifta
autant qu’il le fallut polir donner a une conquête
déjà fi précieuie par elle-même le plus grand prix
poffible*. L ’empereur pouvoit compter fur la corn-
plaifance d’Othon , il trouva cependant plus sûr de
. l’éloigner de Rome , fous un prétexte honorable ,
il lui donna le gouvernement de la Lufitanie., Il
oublia bientôt pour Poppée la comédienne A£ié.
qui paroît avoir été l’objet de fes premières amours;
mais s’il s’étoit flatté que le rang de fa maîtreffe pût
fuffire à l’ambition de Poppée , il s’étôit fort trompé
, il pouvoit dire :
Je connus mal cette aine infléxible & profonde»
Rien ne put la toucher que l’empire du monde.
Ce ne fut point A fié qu’elle regarda comme fa
rivale , ce fut Oâavie ; ce fut au rang d Oâavie
qu’elle voulut monter : elle parvint a la faire répudier
malgré Agrippine, Burrhus & Sénèque,
à remplir fa place ; elle la fit enfuiie exi'er , & bientôt
après elle obtint fa mort fur une fauffe accusation
d’adultère. L’impudique Poppée, accufant d’adultère
la vertiieufe Oftavie , ne pouvoit faire illu-
fion à perfonne, & n’obtint fa mort que de la
cruauté de Néron , & non pas de fa crédulité ; elle
obtint aiifli celle d’Agrippine, contre laquelle elle
ne ceffoit d’animer Néron , jugeant qu’il falloit
néceffairement, ou perdre une femblable ennemie,
ou lui être immolée ; elle donnoit beaucoup de
ridicule aux déférences de Néron pour fon gouverneur
& pour fon précepteur , elle le repréfen-
toit comme un écolier , & un enfant fur le trône.
Toutes ces perfides adreffes de Narciffe dans B ri-
tannicus , font la fidelle image de celles qu em-
ployoit Poppée pour détruire tout autre afeendant
que le fien.
Et l’hymen de lu nie en eft-il le lien;
Seigneur, lui faites-vous encore ce facrifice ? . . ; »
Agripinefeigneur » fe l’étoit bien promis.
Elle a repris fur vous fon fouverain empire......
Elle s’en eft vantée affez publiquement....
Qu’elle n’avoit qu’à vous voir un moment;
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