
ce bonheur ineffable dans une efpèce d’ode ,
dont l’enthoufiafme reffemble affez au délire de
Pirreffe.
Pugnavimus enßbus ;
Hoc ridere me facit Jemper,
Qubd Otkinï fcamma
Parata fcio in àul4.
Hibernas cerevifiam brevi
E x concavis craterïkus cïaniorum*
A cette idée tin plus violent tranfport de joie
îe laifit; il fe croit déjà arrivé à ce doux moment
de la mort;, il entend la voix d’Oc/in qui l’appelle
, il voit les portes du palais s’o u v r i rd e s
nymphes s’avancer pour le recevoir en lui pr-é-
fentant proprement, dans les crânes de fes ennemis
, cette boiffon délicieufi?..
C ’eft dommage que cette boiffon délicieufe ne
fbit que de la bière , & ne foitpas le fang même
de ces ennemis. Il manquoit ce trait à la félicité
fuprême du paradis d'Odin ; d’ailleurs Odin ravit
tous les hommages réfervés autrefois au dieu dont,
il-avoit pris le nom ; ce fut lui qu’on adora’ &
que toutes lès mythologies peignirent fous les
traits d ’un dieu terrible & fe vè re ,- père du car-
nage, dépopulatèur, incendiaire, agile , bruyant,
difpenfàteur du courage-, de la viâoiré & de la
mort. On imploroit fon fecours dans toutes les
guerres : c’étoit à lui que les voeux des dèux
partis s’adreffoiènt ; on croyoit qu’il venoit fou-
vent lui-même dans la mêlée , ranimer la' fureur
des combattans, frapper ceux qu’il deftinoit f i
périr , & emporter'leurs âmes dans lès demeures-
celeftes , où il lès ddmettoit au banquet éternel &
délicieux qu’il leur avoit promis. De là1,, comme
dit Lucain
In ferrum mens prona viris »
Anima que capaces
Mortis, & ignavum redituree parure vitte.
L a femme d'Odin , nommée Frigga ou Fréa
partageoit avec lui les honneurs divins : après-
avoir été dans l’origine la terre-mère & la mère
des dieux , elle devint la déeffe de l’amour & de
la débauche, la. Vénus du Nord; on la prenoir
auffi quelquefois pour la Lune.
O D O
; ODON •( Sa in t ) ( Hiß. Ecctéf. ) fécond
abbé de Cluny , en 92.7. On a de lui dans la col-
! leftion intitulée : Bibliotheca Cluniacenfis /, ( voye%
j l’article Od il o n ) (-feint) des hymnes en l’hon-
! neur de faint Martin , trois livres du facerdoce,
| la vie de feint Gérard, comte d’Aurillac, &c. &
on trouve dans ce même recueil la vie de fair.r
O don., lui- même, écrite par un de fes dilciples ,
nommé Jean. Saint Odon mourut en 942.
O D Ö Ä C R E , ( Hiß. rom. ) roi des Hérules ,
deftruéteur de l’empire d’Occident, & fondateur
du royaume d’Italie ou des Hérules, qui ne dura
que dix-fept ans, depuis l’an 4 7 6 , jufqu’en 493', ;
Théodoric, après l’avoir vaincu , lui promit la
v ie , & le ma ffa e ra en traître , dans, un 'feftin.
Odoacrc en avoit ufé- avec plus d’humanité à
l ’égard d’Augtfftule qu’il avoit détrôné. ( ' Voyeç
d’article A ugvstuiæ. )
Il y avoit dans le onzième fiècle un autre Odon.
bu Eudes, moins feint, mais non moins célèbre,
frère utérin de Guillaume le conquérant , roi d’Angleterre
& duc de Normandie, qui le fit évêque
de Bayeux & comte de Kent, & qui lui confia-
Fadminiftratlon de l’Angleterre pendant fon ab~
fe-nce. Il auroit pu lui confier auffi le commandement
des armées-, c a r , à la batailled’Haftings,.
dn 14 oéfobre 10 66 , qui décida de la conquête
de l’Angleterre , Odon avoit rallié les Normands
& contribué à la viéloire. Ce prélat, enrichi par
les bienfaits du roi fon frè re , voulut s?en fervir
pour acheter la. tiare qu’un aftrologue lui avoit
promife ; il commençoit à faire paffer fes richeffes
en Italie , prêt à y paffer lui-même y ce tranfport
de l’argent de l’Angleterre à Rome déplut, avec
raifon, à Guillaume , qui voulut faire arrêter
Odon y les- immunités eecléfiaftiques s’oppofoient
à ce projet ; les officiers du roi défobéirent, non
par efprit de ré volte , mais par fuperftition : Guillaume
alla lui même arrêter fon frère ; Odon voulut
parler de franchife & de' privilèges : «• Ce n’eft
» point l’évêque de Bayeux que j’arrête, lui dit
» Guillaume j.c ’èff le comte de Kent.» Le pape
Grégoire V I I , quoique les vues & les efpérances
dyOdon duffent peu lé flatter, intercéda pour lui
menaça même , car c’étoit l’ufage des papes alors *
& e’étoit l’ufege particulier de Grégoire : il n’obtint
rien ; Odon refta prifonnier en Normandie
pendant tout le règne de Guillaume. Robert v
fils aîné de Guillaume;, & qui, quoique bon &
vertueux , avoit été Fennemi de fon père,- prit
, Odon pour fon principal miniffre & ne s’en trouva-
pas bien. Lorfqu’en 1096 Robert partit pour la
première çroifade , Odon l’y fu iv it, & mourut
en chemin l’année fuivarite, à Palerme en Sicile.
CE B A
(E B A R E S , ( Hiß. anc. ) étoit le nom dé cet
écuyer de Darius, qui procura la couronne à fon
maître, en faifant hennir fon cheval le premier ,
Si credere dlgnum ejl '..
C M l’article D a r iu s . )
( E C O
(ECOLAMPADE. ( J e a n ) ( Hiß. ecclèj. ) Ce
nom 'grec fignifie lumière domeßique; le Véritable;
nom d'(Ecolàmpade étoit HauJJchein , qui a la 1
même lignification en affènrand : ce feétaire ,
miniffre à Baffe, étoit le difciple & le lieutenant
de Zuingle, comme Mélanchton l’étoit de Luther ;
chacun de ces lieutenans avoit plus de modération
& de fageffe que fon c h e f: leurs chefs avoient
fur eux l’afcendant qui entraîne , & Ils avoient
fur leurs chefs l’afceiïdant qui règle & qui tempère.
G£colampa.de & Mélanchton éroient amis,, ils au-
rorent defîré que leurs maîtres le fuffent, mais
l’autbrifé ne fouffre guère départagé: Luther ne
vouloit point d’égal ; Z'uihgle âü moins ne vouloit
pas de fupérieur.
OEcolampude 8t Mélanchton eurent toujours au-
deffus de ces deux hommes le mérite de fevoir fe
contenter du fécond rang.
(Scolampade avoir été moine comme Luther,
& , comme lu i, ils ’étoit marié depuis la réforme.
u Tous ces grands mouvemenS, difolt Eràfme,
» aboutiffent a defroquer quelques moines & à
» marier quelques prêtres. La réforme n’eft qu’un
» drame tragi-comique, dont l’éxpofitibn eft im-
» pofante, le noeud fang lant,& le dénouement.,
» heureux. Tout finit par un mariage. »'
Le premier décembre 1 5 3 1 j le diable, félon
Luther, étrangla (Ecolampade, ce qui ne fignifioit ,
rien autre chpfe alors , finon qu’ç>n étoit mort
a apoplexie ; félon d’aiures , ce Mélanchton du
parti facramentaire, mourut de'douleur en voyant
les triffes fruits' de la réfoune.
( E L I
<ELIEN. ( Voye^ E l i e n . )
(E N O
(ENOMÀUS, ( Hijl. lut. ) philofophe & orateur
grec du fécond fiecle de Téglifè'; Eusèbe, dans
fa préparation évangélique , nous a confervé. une
partie confidérable d’un traité êHGZnomaus , contenant
le recueil des menfonges de l’oracle de
^Delphes.
O F A
O F À V A I ; {H ijl. mod. fupcrjihi'oh) c’èff ainfi
<jue 1 on nomme au Japon une petite boîte longue
d un pied & d’environ deux pouces dé largeur,
remplie de bâtons; fort menus, autour desquels
on entortille des papiers découpés -: ce mot fignifie
grande punjlcatïon , ou rémijfion totale des péchés,
parce que: les' canu'fis, ou deffèrvans des" temples,
de la province d’Is je , donnent ces fortes de boîtes
aux pèlerins qui font venus faire leurs dévotions "
dans les temples de cette province, refpe&és par
tous les Japonois qui profèffent la religion du
.Sintos. Ces pèlerins reçoivent cette boîte avec
la plus profonde vénération ; & lorfqn’ils font
de retour chez e u x i l s là conferveiit fôigheûïe- |
ment dans line biche faite exprès, quoique leurs
vertus" foient limitées au terme d’une année-,
parce qu’il eff de ; Fintérêt des canufis que- l’on
recommence fouvent des- péieritrages , dont us
reconnoiffent mieux que personne l’utilité. { A . R-)
O F F
O F FA , { Hiß. d’Anglerre. ) roi de Mercie a«
temps dfe i’H'eptarchie , vers le milieu du huitième
fiècle, affaffina Ethelbert, roi d’Eftanglie ,
fon gendre, prit fon royaume, & , pour expiation,
fournit fes états' tfû' 'dénier de 'faint Pierre,
en coniervant ce qu’il avoit pris. Le romefeot, ou ;
denier de feint Pierre , n’étoit d’abord qu’une
fomme dèffinée à l’entretien d’un collège anglois
fondé .à Rome par Öjßi ; cette impofition fe leva
en fui te ' fur toute l’An glete'r rev : C’étoit un don
d’un feul roi de l’H'eptarciiie', ce fut un tribut de
la nation entière. Il fut aboli par Henri V I I I ,
lorfque ce pVince fe fépâra de la communion romaine.
Offlà mourut l’an1 796.
O F F IC IE R , f. m. ( Hiß. mod. ) homme qui po£»
fècle un office , qui eft revêtu d’une charge. ( Voyeg
C feice dans le' diéfionfiairë de jurifprudence. )
Les grands officiers de la couronne ou de l’ètàt
font en Angleterre Te' grand maître - d’h ôte l, le
chancelier , le grand tieforier, le prèfident du
confeil, le gardé du fceau privé , le grand chambellan
, le grand connétable., lé comte-maréchal
& le grand amiral.
En France on a une notiôti très-vague de ce
qu’on nomme les grands officiers , & d’ailleurs tout
;CëIà change perpét uëllemént. On s’imagine'naturellement
qûê'" ce-fôiit^ceûx'à qiii leurs charges
donnent le.titre de grand -, comme grand écuyer,
gfànd' éehanfôn; mais le connétable, les maréchaux'
'dé France , le 1 chahceliér , font grand«
officiers , & n’ont point le titre de grand , &
d’autres qui l’o n t, ne font point réputés grands
officiers. Les capitaines des- gardas ,, les premiers
gentîlshommès’t dé, la chambré , font devenus
réellement dé grands officiers , & ne font pas
comptés pour tels pafr le père An félin e. En un
mot , rien n’efî décidé fur leur nombre , leur rang
& leurs prérogatives.
Lés grands officiers de la couronne n’étoîent
autrefois qu'officiers de la maifon du roi. Ils
étoient élus le plus fouvent par ferutin fous le
règne de Charles V , & dans, le bas, âge de Charles
V I ,- par les princès, & foigneurs , à la pluralité
dés voix. Les pairs,n’en vouloient point fouâfrir
avant le règne de Louis V III , qui régla qu’ils'
auroient féance parmi eux. Son arrêt, donné folera-
nellemënt a Paris en 12.24, dans fe cour dés pairs ,
porte , que fuivant l’ancien ufage & les coutumes
obfervéès dès long-temps, les grands officiers de
Ta ^couronne favoir, le. chancelier , le bouteü-
le r , le"chambrier, &c , dévoient fe trouver aux
K z