
peuples les. plus înftruîts poffédoient de fagefle &
de cbnnoiflancés ' utiles. Mais en rentrant dans là
patrie, il la trouva fous le joug.du tyran Polycrate;
il s’éxila volontairement '& paffa dans là Grande-
Grèce. Il s’établit à Crctorçe clans .1-â maifôn du
fameux a hlete Milpn* dont Tl f i t iu i é ( é coled e
philofophie. Avant lui, ceux' qui laj.prôfefloieht,
prenoiem ou fe laiflofent donner le'.titré un :peu
taftueux.de fages il fut ,1e. premier qui prit le titre
plus modene.de philofpphë," c’eft-à-dirë' amant de'
la Tagéfle. O vide a fait ‘Va-riachroiûrine de mettre
Nutna Pom.piUus , fécond roi de Rome , au nombre'
des difciples de Pythagore. Celui-ci étpit poftè rieur
à Numa„ il vivoit fous Serÿius,-Tullius & Tarquin
le fuperbe, vers L’an de Rppie ia o .j mais il eut
pour difciples, Zalèucus &Charondas, çes famèuxj
légiflateurs de la Grande-Grèce. Il fut aufli le
maître d?Empédocle. Ses,,leçons & fes exemples
opérèrent un tel changement dans l ’Italie & fur-
tout à Crotone, lieu de fa réfidence, qu’on n’en re-
connoifloit plus les habitans ; au lieu du luxe & de
la débauche où il ayoit trouvé les habitans. livrés ,
il fit régner par-tout la moitleftie & la fi-Ugalité;
ce font îes.dpgmes qu’Horacè étale dans la jecondé
fa tire du livre fécond:
Quse virtus & quanta bonifie vivere parvo.....
Accipe nuqc viffcus te nuis qu?ç quantaque feçtim
Afferat ; imprimis valeas bçnè , nam varias res
Ut noceànt ftomacho credas , memor illius efcx
Qux fimplex olim cibi federit, at fimul afiis . ..
Mifcueris elixa , fimul conchylia turdis,
Dalcia fe in bilem vertent ftomachoque tumultum
Lenta feret pituita. Vides uc pallidus omnis
Ccenâ defurgat dubià ; quin corpus onuftum
Hefternis vitiis anirnum quoque prxgravat unà
Atque affigir humo divinas particulam auras.
Il avoit engagé les femmes & lés jeunes gens
à renoncer à la parure ; » la véritable parure des
j> femmes, difoit-il, c’eft la pudeur, c’en la vertu,
>• non la magnificence des habits ; » ver a ornamenta
matronarum pudicitiam, non vefies ejfe. C’étoit par
le fileiice qu’il éxerçoit d’abord fes difciples , ’sûr
q u e , quand ils fauroient réfifler à la tentation de
parler , il n’y avoit point de vi&oire qu’ils ne
fùffent en état de remporter fur eux-mêmes; il
leur faifoit faire à cet égard un long noviciat ; cë
noviciat duroit au moins deux ans, $£ il"le prolongées
quelquefois jufqu’à cinq pour ceux qui
par leur goût ou leur talent pour la parole, lui
paroiffoient avoir befoin d’un plus long apprentif-
fage du filence. Caton l’ancien fait aufli de l’art
dè fe tairç, la première des veftus :
Virtutem primam efie pu ta compefcçre tinguam;
Proximus illc Deo eft , qui feit ratione tacere.
Un ancien , en parlant de ce noviciat de filenee
■ chez Ids difclplëjî de Pythagore, dit que lés,babil-
|lards ètpient punis par. l’exil dé jà parole ,!pen-
: dânt cinq ans ; loqnacïores enimvero fermé in quint
; cl uenf lluJ!1,■> y élut in exilium vocis jnittebantur. L ’a*
| rùhmétique , la géométrie , la mufique, èteden^
les fçiènqes que .Pythagore reccmmandoit & enfèi?
; gnoit avec, lé plus 'de-zèle à fes difciples.. V
ÇeUx-ci'étoient d© deux ordres' clifféfens ; les
uns, c étoierit fans, doute les ;nbyicés., ne fàifôient
les'.leçons qu’on
leur donnoit ; il ne leur étoit permis de faire ni
une quëftioh ni une objection; les autres, plus
formés & plus inrelligens , étoient admis àpropofer
leurs difficultés. Pythagore ayoit açqpis fiir les uns 8ç
fur les autres une autorité telle, qu’il ne fedoit jamais
le moindre.doiite , dès qu’il avoit parlé ; c’eft de
lui qu’on difôit pour toute preuve : {e maître Va dit ;
ôn lé refpeéloit à l’égal de la divinisé t un de fes
difciples auquel il fit un jour une .réprimandé en
préfence des autres, y fat fi.fenfible , qujl ne put y
Furvivre, & fe donna la mort;?çe fut pour Pytha*
gore , une grande leçon, de ne jamais ceniurer per-»
foiyne qu’éd particulier,
. On connjb'd le commentaire d’Hiéroclès, fur
les vers d’or pu dorés fde Pythagore t qui contiens
nent les. dogmes de ce philofophe. Il regardoit
Dieu commè une ame univèrfelle répandue dans
tout,e„la pâture , & dont les ames humain.es .étoient
iirées^.Pythagoràs cei\fuït Deum anirnum ejfe per
natu'am, rerum pmnejn intentûm & commeantem ex
quô animi no fin çape.i:entur. Virgile adopte, cettë
idée d’une àme .univ.erfélle répandue par-tout ,
& il eh donne même une partie .à fes, abeilles ,
& aux autres, animaux.
His quidam fignis atque hæc exemplà fecuti,
Efife apibus partem divin* mentis St hauftu*
Æthereos dixêre ; Deum namquè iré per omne»
Terrasque , traffusque maris, coelumauè'profundum.
Hinc pecudes , armenta , viros , genusomne ferarum
Quemque fibi tenues nafçentent arcefiere vitàs......
t. ,Géorg.dib. IV ,
Principio ccelum ac terras camposque liquèntes,
Lucentemque globtim ltinx titaniaque aftra
Spiritusintîïsalit-totamque infufa per artus
Mens agitai molem & magna fe eorporé mifeet
Indè feortiinum pecudumquè genus vitxqùe volantum,
Et quæ marmoreo fert ihon’ftra fub'æquore pontiis.
Æneid. lih. VI.
Il paroît que Pythagore, pour étendre & affermir
l’empire qu’il exerçoit fur les efprits, ne s’en
rapporta pas uniquement aiix avantages que lui
donnoient fes çonnoiflances fes lumières ; il ne
dédaigné’pas5 d’y ajouter le feecurs des preftiges ;
Porphyre & Jamblique lui attribuent des miracles;
il Te faifoit entendre & obéir des bêtes niëmés.
Une .ourfs faifant de grands ravagés dans le
pays des Dàunions, il lui ordonna de fe retirer^
p Y t
Oyiçle lui fait dire à lui-même :
P Y T
tlle difparuti; il défendit à un b oe u f de toucher à
des fèves , le boauf obéit. Il fut vu & entendu
à la fois en p u b l i e d - a n s le même temps, en
deux différentes villes firuées,, l’une dans le continent
de. lltsalie., l’autre dans rifle de Sicile. J l
prédifoit les trembiernens de terre , appaifoit les^
tempêtes, diflipoit la.pefte , guériffoit les .maladies
d’un feul mot . ou par »’attouchement. Il étoit
Apollon ,. il .avoit une cuifle d’o r , il la fit voir
& toucher -à fon difciplc Abaris , qui lui -même, au
moyen d’une, -,flèche miraculeufe fur laquelle il
étoit, porté au milieu des airs, fé tranfportoit à
Volonté , en un inftant ,, d’une extrémité de l’univers
à l'autre. Pythagore avoit fait un voyage aux
enfers, où il avoit vu l’ame d’Héfiode attachée
avec des chaînes à une colonne d’airain.
Porta adverfa, iiîgens, fôlidoque adamanre columnx,
. . Vis ut nuiia.yirum , non ipfi cxfcinderc ferro
Cxlicolæ raleant ^ ftat ferrea turris ad auras»
L ’ame d’Homère étoit pendue à un arbre &
environnée de ferpens, pour toutes les fiélions
injürîeufès à la divinité dont fes poèmes font
remplis. Pythagore ihtérëffa lès' femmes au fuccès
de fés vifions, eri affurant qu’il avoir vu dans les
enfers- beaucoup de maris rîgourèufement punis',
pour avoir maltraité leüfè fèmnfes ; & que c’étoit
le gehrë de coupables lë , m'oins ménagé dans
l’autre , vie. Les femmès furent contentes ; les
rnaris eurent peur, & fout fut cru. Il y eut encore une
eirconftahcé'qui réuflit mërvéilVèufërhént ; c’eft 'que
a« moment' de fon, retour des enfers
*& portantehcpre firr lé vifsge là pâleur ,& Teffrdi
qu’avoit du lu? càufer là vue de tant de fupplîcés1,
feybi'f. pcÿ'^itemên^ tout çe qui é'toit arrivé fur
la. terre ''pendant fore aijfehCe, & en rendit lin' très-
feon compté à la multitude étonnée.
Pythagore attribiioit aux nombres une vertu myf- ,
térièufe qui rentre dans ' lés; qualiiés ’occultes & -
à laquelle on ne‘Comprend rien. On lui fiait honneur
de Trnventioh d e 'la ruetempfycbfëIl fe
foùvdndit.dWoir'étélÆtlfalide, fils - dè: Mercure ; >
puïs Eup’hoj-bé tué 'àu fiege! de Troyë par Mené-
las ;* &• il avoit reconnu le bouclier, qu’il avoit
eù alors , ' en l'e voyant appendu dans un temple
d’Apollon' ou de Junon il avoit depuis été un
pêcheur de Délos; &: enfiluPyt/tàgorei
. . . . . Habéntqué
Tart^ra. Panîhpjden, iç.erum Orco
Dcrmfiumj, quamvis çlypeo*Tipjina rcfîxo-
, Tcmpor^, teftatus, ni])il ultrà
■ -Nctyos atque cutem morti conceflerat atrx ,.
Juilice te , non fordidus audar
ïfaturx verique, &c.
Mot. @d.i Wt, t , o d . a $ , ;
43*
Morte carent animx , femperque »priore reliftâ
. ’ Se de , nom habitant domibus , vivuntque receptx*
; Ipfe e g o , n ^m m e m i n i , T r o j a n i t em p o r e b e l l i ,
-, ^antboides Euphorbus eram; cui pcftorc quondam
, . Sedit in adverfo gravis hafta minoris Atridæ.
. • Çognovi cl y p eu m , læ væ geftamina n o f t r x t
■ M u p e r . A b a n t e i s ; t e .n ip lo Junoms i n a r g i s .
iO m n ia m u t a n t u r , n ih i l i n t e r i t ; e r r â t & i l l i n c ,
. Hue yenit j hincdlluc , & quoflibet occupât artus-
Splritus ; èquff feris humana in corpora tranfit,
X n q u e f e r a s n o f t e r , n e c t e m p o r e d é p é r i t u l lo .
Par une conféquence de ce fiftême de là métemp-
ficofe, Pythagore défendoit de fe nourrir de la
chair des animaux. Ovide eft éloquent fur cct
article :
Parcite , morta'cs, dâpibus temerarc nefandis
Corpora. Suht fruges, funt deducentia ramos
IPonderc poma fuo , tumidæqire in vitibus uvæ ;
Sunt herbæ duJces ; funt, quæ mitefccre flammâ ,
Mollirique q.ueant. Nec vobis laéteùs humor
Eripitur, nee mella thymi redolcntia floiem ;
Pr.odiga divitias alirtfentaque mitia tellus
' ^uggerit, atque epuîas, fine cæde & fanguine præbet,
Carne feræ fedant jejunia , nec tamen omnes.;...
Heu !:Quanfum feeliis eft , in vifeera vifeera condî ,
Congeftoqueavidum pinguefeere corpore corpus,
Alteriusque anima ntém aniniantis vivere letho !.
Scilicet in tantis opibus , quas optima matrum
Terra parity1 niï te nifi triftia iiianderé fæyô
Vul'riera denté jüvac , ritusqùé referre Cyclopum
Quid mertimis oves , placidum pccûs indue tuendos
■" Nâtum htirninés,-pleno qüæ fiertis in ubére neâar^
Mollia qui ‘nobis'veftras velamina lanas
Præbetis, vitaque magis quàm morte juvatis?
Quid meruere boves , animal fine fraude dolisque^
Inp.oçuum , fimplex , natum tolerarc J a bore s -
Immémoreft demiim , nee frligum munere digaus r
: Qui potiïir, çurvjjempto modo pondéré aratri
Ruricolam maftare fuum., qui t rit a labore
Ilia , quibus coties durum renovaverat arvum ,•
• Tobdederat méfies, pereuflit colla feeuri.-
Plutarque dans Emile, eft encore plus élequenî
fur le même fujet.
T u • me demandes pourquoi Pythagore
m s’abfténojt de manger de la chair des bêtes; mais
n moi / jfe te demandé -an contraire , quel courage
» -d’homme eut le premier,. qui approcha de fa
» bouche une chair meurtrie ,• qui brifa de fa dent
» les os d’une bête expirante , qui fit fervir devant
lui des cadavres & engloutit dans fon eft orna ch;
» des membres , qui le momènt d’auparavant fcê*-
» loient, mugiflbient , marchoient & voyoient^
cçmaiem fa- main put-elle enfoncer un fer dast