
tir que c’étoit une chofe difficile & prefque im-
poffible , lui prepofa de fe charger du ifein de Tes
finances, ce qui lui procureroit le moyen de Te
rembourser peu à peu par Tes mains. Rabirius
.prit ce parti dans la crainte de tout perdre ;
Ptolémée feifit un prétexte pour le faire arrêter ,
& Rabirius fut trop heureux de fe fauver de pri-
fon & de quitter l’E g ypte , plus pauvre qu’il n’y
étoir venu. A fon retour , il fut accule à Rome
d’avoir fourni à Ptolémée des moyens de corruption
, ce qui n’étoit pas fans quelque fondement ;
d’avoir avili la qualité de chevalier romain par
l ’emploi qu’il avoit accepté en Egypte ; enfin d’avoir
partagé avec Gabinius l’argent fourni par
Ptolémée pour fon rétablilTement. Le difcours que
Cicéron fit pour défendre Rabirius , diffame à
jamais Ptolémée - Aulète. Le rétabliffement de ce
prince fur le trône , eft à-peu-près de l’an 56
avant Jéfus-Chrift. On ne fait plus rien de fon
hiftoire. Il mourut environ quatre ans après être
rentré dans fes états.
1 2.9. Ptolémée X I I , fiis de Ptolémée-Aulète , fut le
'dernier Ptolémée qui régna dans Aléxandrie ; c’eft
celui qui fit périr Pompée & qui voulut faire périr
Céfar, les deux bienfaiteurs de fon père ; c’eft
celui que Corneille a- peint avec beaucoup de vérité
dans la tragédie de Pompée.
T o u t e s Ces a f t io n s o n t f e n t i l a b a lte tlp «
J ’ e n a i r o u g i m o i-m êm e , & m e f u i s p la in t à m o t
D e v o i r l à Ptolémée, & n y v o i r p o in t d e r o i .
Ptolimïe- Aulète avoit lailTè Jeux fils.Sc deux filles;
par fon teftament, il donnoit la couronne ? l’ajné
des fil s, c’eft notre Ptolémée X II, &àlVmée des filles,
ç’eft ceue fameufe Cléopâtre, dont la deftinée fut
de fubjuguer les maîtres du monde , qui en fubjq-
gua deux, qui efpéra & tenta de fubjuguer le troi-
fième , & qui fe fit piquer par un afpic pour n’être
pas menée en triomphe à Rome,
Aufa & jacentem vifere réglam
Vnltu fereno fojrtis , & afperas
TrnBare fer pentes u t atruin
' Çorpore combibêret venenunu
D eiiberatâ morte ferocior,
Sct'/is Liburais fcilicet invidens
P rivât a dcduci J'uperbo
Non humilie mulier triumpho.
Voyez l’article Cléopâtre»
Ptolémce-AiAète a.voit ordonné que , félon feu-
fage de fon pays & de fa maifon , Ptolémie épou-
feroit Cléopâtre & qu’ils gojiverneroient conjointement
; 8c comme ils étoient tous deux fort jeunes,
Cléopâtre n’ayant que dix-feptan»& Piottmii treize,
leur père les mît fous la tutelle du fénat romain }
& ce fut Pompée qui fut nommé tuteur du jeune
roi par l’ordre duquel il fut affaffiné.
L’eunuque Pothin ou Photin, que Cléopâtre dans
Pompée traite avec tant de hauteur & de mépris, fu t
l’inflituteur&leminiftre de Ptolémée & fon tuteuren
Egypte ; Achillas étoit fon général d’armée & fu t
un des affaffins de Pompée, avec Septime, Septimius,
officier Romain au fervice du roi d’E gypte,£ qui
Céfar fait un fi jufte & fi févère accueil,
A l l e z , S e p t im e , ' a l l e z v e r s v o t r e m a î t r e ,
C é f a r n e p e u t fd ü f f r i r la p ié f e n c e d 'u n t r a î t r e ,
D 'u n R o m a in lâ c h e a fle z p o u r f e r v i r fo u s un. r o i »
A p r è s a v o i r f e r v i fo u s P om p é e & fo u s m o i .
Un autre miniftre qu’on ne pouvoif pas faire
paroître dans la tragédie, parce qu’il n’eût cté qu’une
répétition de Photin , Théodore., précepteur du
jeune ro i, fut celui dont les ftniftres confeils contribuèrent
le plus à la mort de Pompée. On n’a
pas pu y faire entrer non plus Ganymède, autre
eunuque du palais, chargé de l’éducation d’Arfi-
noë , fceür cadette de Cléopâtre, qui, plus méchant
& plus vicieux que tous les autres, enleva la jeune
princeffe confiée à fes foins & la fit proclamer reine j
pour l’oppofer à Cléopâtre & a Céfar; qui voulant
fupplanter Achillas , le fie périr fur uoeffauffe accu-
fation & fe mit en fa p’ace; qui en gâtant toute l’eau
douce du quartier de Céfar dans Aléxandrie, fut
près de le faire périr avec fa foible armée. Çéfar
avoit trop compté fur fa fortune, en abordant fur
le rivage de l’Egypte avec peu de foldats ; auffi ne
fe vit il jamais expofé à tant de dangers fans ceffe
renaiffans , que pendant fon féjour en Egypte ; ce
fut-rlà fur-tout qu’il eut befoin & qu’il fut le fervir
des reffources inépuifables de fon génie. Ce qui
lui donna fur-tout beaucoup d’avantage dans les
occasions même les plus périlleufes , ce fut d’avoir
Ptolémée en fa puiffance. Les Egyptiens ne pou*
vant venir à bout d’accabler la petite t oupe de Céfar
, & Tachant qu’il fai foi t venir du renfort de
tous côtés »parurent defirer la paix ; ils fe bornèrent
à demander la liberté de leur ro i, affurant
Céfar que par cette feule grâce il verroinout pacifié;
Céfa r, fans les croire 8c fans les craindre, voulut
les mettre entièrement dans leur tort & leur accorda
leur demande. Ici le jeune Ptolémée manifeftant
tous les vices de fon cara&ère, 6c de fon éducation
, 8c pouffant la diffimulation jufqu’à un degré
qui la rendoittrop groifière ; pourquoi, dit-il à Céfar
les larmes aux y eux , pourquoi nous féparer ?pour-
quoi me priver de votre préfence ? elle m’eft plus
chère que l’avantage fidefiré de régner ; je me for*
mois auprès de vous & pour la guerre & pour
l’empire; attendez que vous ayez achevé votre ou-
vrage.Céfar,fans être touché de cette faufie tendreffe,
tînt parole aux Alexandrins : le premier ufiige qfie
Ptulémic fit dé la liberté fut de ranimer la guerre
avec plus de violence que jamais. Ce ne fut pour
Céfar 8c pour les Romains qu’une foui ce de nouvelles
victoires ; Ptolémée battu de tous côtés 84 fur
terre & fur mer , fe noya dans le Nil en voulant
fe fauver en bateau. Céfar donna la couronné
d’Egypte à Cléopâtre, à qui fon frère avoit voulu
enlever, la part qu’elle y .avoit par le .teftament
d’Aulète ; & .pour paroître fe conformer à l’efprit
dece teftament, iüui affocia le dernier de le s frères ;•
mais c’étoit la nommer feule reine , car cet autre frère
n’a voit qu’onze ans, & jajoufe en effet de regner
feule, quand ce frère eut quinze ans, elle l’empoi-
fonna. PtoléméeX I I périt l’an' 47 avant J * C &
X III, fi l’on veut le compter, l’an 43. Celui-ci avoit
auffi été nommé roi'de Cypre par Cefar, avec A rfinoé
fa jeune foeur. Ce fut fous Ptolémee Xll^ oc
dans le cours des guerres de Céfar en Egypte qu un
incendie ^onfuma la bibliothèque d Aléxandrie ,
compofée alors de quatre cents mille volumes.
13 ° . Nous avons renvoyé ici l’article ùe Ptolémée
Céraunus ou le foudre, fils aîné de Ptolémée-
Sotfer & d’Eurydice fa première femme. Lorfque
Bérénice, fécondé femme du même ptolemée-Soiex
l ’eût engagé-à faire couronner Ptolémée-?hiladd-
phe , fils de Bérénice , au préjudice de Céraunus ,,
celui-ci fe retira mécontent à la cour.de Lyu-
maqué, roi de Thràce & d’une partie de 1 A-
fie. Agathocle, fils cîe Lyfimaque, etoit beau-frère
de Céraunus, ayant époufé Ly fendra , fille , -comme
lu i, de P tolém ée-Sotex & d’Eurydice. Après
avoir conclu ce mariage, Lyfimaque avoit auffi
époufé line foeur de Céraunus Sc de Lyfaudra,
mais d’une autre mère qui étoit cette Bérénice ,
mère de Philadelphe, 8c il avoit eu plufieurs enfans
de cette fécondé femme, nommée Arfinoé. Les intérêts
divers des deux feeurs Lyfaudra 8c Arfinoe
& de leurs enfans , remplifîoient d intrigues &
de Cabales I-a cour du vieux Lyfimaque , 1 arrivée
de Céràiinus fortifioit le parti de Lyfendra, mais
la jeune femme d’un vieux roi... ëft toujours la
plus puiffante ; les jaloufies politiques dont Ar-
finoé remplit l’efprit de Lyfimaque , le portèrent
à faire périr Agathocle fon fils en prifi^i. Lyfendra
s’enfuit alors avec fes enfans , & Céraunus
ion frère & Aléxândre , autre fils de L y f i m a q u e ,
qui craïgnoit pour lui lé même fort ; ils fe réfugièrent
à la cour de Seleucus Nicator, roî de S y rie
, qui n’étant jamais las de vaincre , fut ailé—
ment déterminé par eux à entrer en guerre avec
Lyfimaque. Cette guerre fut henreufe pour Sé-
lcucus , Lyfimaque tué dans une bataille livrée en
Phrygie , le laiffa màître de prefque tous fes
états ; Séleucus comblé de joie & de gloire, fe
difpofoit à en p endre poffeffion , iorfqu’il fut
affaffiné par Céraunus lui-même , qui paroiffant
alors le vengeur dé Lyfimaque , eut un parti dans
les états de ce prince; il feint alors d’être afnou-
jreux d’Arfinoé fa foeur, & il la demande en raa-
ffifleire. Tome IV ,
riage , félon l’ufege des Egyptiens. Il la trempe
par les fermens les plus lolemnels , il arrache,
il force fon confeatement, les nôces fe célèbrent
avec de grandes rr-arcpiesde joie & de tendrefle.,
Arfinoé invite fon nouvel époux à venir faire fon
entrée dans <2;ffandrie fa ville principale ; elle
pj end les devans & lui prépare une fête magnifique'
; temples, places publiques, rnaifonsparticulières
, par fes foins tout eft orné , les autels
dreffés , les viclimes préparées ; elle ordonne à fes
fils Lyfimaque & Philippe , enfans d’une rare
beauté , d’un air déjà majeftiieux, d’aller au de*
vant de Céraunus avec des couronnes fur la tête.
Céraunus les prend dans fes bras , les tient
étroitement ferrés , & ces enfans femblent avoir
retrouvé leur père. Céraunus entre avec eux dans
la.ville. Soudain la fcène change, il s’empare de
la citadelle, & ordonne d’égorger les deux princes
; ces enfans effrayés fe'réfugient entre les bras
de leur mère qui les couvre de fon corps & fe
jette au devant des meurtriers ; perces de coups,
ces enfans exhalent leurs innocentes âmes dans
le fein dé leur mère défefpérée ; on l’entraîne
elle-même , les habits déchirés » les cheveux épars ;
elle eft réléguée eà $amothrace ; malheureufe ,
mais juftement punie d’avoir fait immoler 1 innocent
Agathocle par un père aveugle 8c trompé.
Si cette- hiftoire des fucceffeius d’Alexandre offre
beaucoup de crimes,elle en montre prefque toujours
le châtiment; ce n’eft pas que la providence
qui gouverne l’uni vers,fe foit fait une loi de pun-r des
ce monde tous les crimes, mais il eft dans^ la
naturesdès-chofes que les crimes ne pùiüent guères
être commis, fans être eu connus eu du moins foup-
çonnés, 8c il eft également dans la nature des
chofes que, dans .Ces deux c a s, ilsfoient fouv?nt
punis. Ceux de Céraunus le furent auffi ; les Gaulois
ayant chez eux trop d’habitans , envoyèrent
de nombreuses colonies - chercher fortune dans la
Pannonie, dans la Thrace , dans. l’Illyrie , dans
la Macédoine. Céraunus alla au-devant de ces
étrangers avec un petit nombre de foldats mal
difciplinès , comme s’il étoit, dit Juftin, auffi.
facile de bien faire la guerre que de commettre
des crimes , quajî bêliez non dijficilius quam feelera
patrarentur. Les Gaulois lui offrirent la paix s il
v-onloit l’acheter. Sa réponfe fut qu’il confentiroit
à la leur accorder s’ils lui livroient leurs armes,
& s’ils lui donnoient leurs principaux chefs pour
otages. Cette fierté fit rire les Gaulois ; on ea
vint aux armes, Cérauiius fut défait & tué- l’an
279 ayant J . C.
Ce nom de Ptolomée ou Ptolémée, qui étoit
le nom générique des rois d’Egypte Lagides ,
c’efl-à-dire , defeendus de La gus 8c de Ptolémée-
Sofer,fon fils , fut auffi celui de deux rois de
C ypre , de la même racé des Lagides, l’un frère
de Ptolémée-Aulète , 8c l’autre fon fils.
Le premier étoit d’une avarice fordide , & ce
fut ce qui le perdit. Clodius qui commandoit une
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