
H N O N' N O R
NO NN US, ( Hijl. litt. anc. ) poète grec du
cinquième fiècle, étoit né en Egypte. On a de lui
un poème intitulé : Dionyfiaca, 6>c,
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N O O D T j ( G é r a r d ) ( Hift, litt. mod.) favant
hcllandois , profefieur en droit dans plufieurs villes
de Hollande , & dont Barbeyrac a traduit &
commenté le traité fur le pouvoir des fouverains
& la liberté de confcience. Mort en 17 25.
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NORADIN , {Hijl. mod. ) fou dan d’Alep an
douzième fièeie , devint ,par fa valeur & fes conquêtes
, un des plus puiffans princes de l’Afie. Ce
lut lui qui, par la reprife d’Edeffe & par les avantages
qu’il remporta furies chrétiens, auxquelsil
paroi fi oit prêt d’enlever toutes leurs conquêtes,
donna lieu à la fécondé croifade , prêchée par
faint Bernard , entreprife par Louis-le-Jeune , &
dans laquelle No radin fe rendit très-redoutable
aux croifés. M.. de Voltaire l’a fait père de fon
Orofmane , nom d’invention comme fon hiftoire :
C’tfb ici-le palais qu’on bâti vos aïeux ,
Du fils de Noradin c’eft le féjour profane....... ;
3e fai ois tout pour,Dieu , j’efpéroïs de lui rendre
Une jeune beauté , qu’à l’âge le plus tendre
Le cruel Noradin fit efclave avec-moi,
Lorfqué les ennemis de notre augufte fo i,
Baignant de notre fan g la Syrie enivrée ,
Surprirent Lufignan vaincu dans CéTarée.
Le cruel Norcdin n’étoit point cruel; les chrétiens
qu’il avoit battus , & qui avoient été très-
cruels à l’A fie , pouvoient 1 appeller -ainfi ; ma}s
ce n’étoit pas moins un prince plein d’humanité
qu’un général plein de valeur & de talens. Il
mourut en 117 4 .
NGRBERG ou NO RD B ERG , ( Hifl. lut. mod.')
chapelain du fameux roi de Suède Charles X II.
II avoit fuivi ce roi dans toutesfes campagnes &
avoit écrit fon hiftoire, on du moins il croyoit
l’avoir écrite, parce qu’il en avoit entaffé tonifies
a â e s , fans prendre la peine de les fondre dans
fon récit. On a voulu l’oppofer à M. de Voltaire •
car l’envie a toujours quelque auteur, qu’on ne
lit pas , à oppofer aux auteurs qu’on lit.
NORBERT , {Saint ) ( Hifi. ecc. ) fondateur de
l’ordre de Prémontré en 112 0 . Cet ordre fut
confirmé en 1 1 2 6 , par le pape Honorius II. Saint
"Norbert fut fait archevêque de Magdebo.urg ; il
étoit parent de l’empereur Henri V , & avoir vécu
à fa cour qu’il avoit quittée pour fe fanâifier dans
la retraite. Saint Norbert mourut en 113 4 . Le pape
Grégoire X III le canonifaen 1584. Dom Hu»o -
a écrit fon hiftoire & celle de l’ordre de Pré-j
montré.
Le père Norbert, capucin, dont le vrai nom étoit,
dit-on, Pierre Parifot, ce qui eft fort indifférent,
fut curé de Pondichéry: il eft principalement connu
par la haine qu’il portoit aux jéfuires, par fes con-
teffanons avec eux au fujet des rits malabars , par
fes mémoires hiftoriques furies millions des Indes,
& c . Les capucins paffoient alors pour être fort
attachés aux jéfuites ,qui avoient encore alors du
crédit. L’abbé Desfontaines, en, rendant compte
des mémoires hiftoriques de ce père Norbert fur les
rits malabars , livre où les jéfuites font traités
fans ménagement, s’exprimoit ainfi : Qu’un janfé*
» nifte parle mal de la fociété des jéfuites • qu’il
» leur attribue même aujourd’hui des maximes
» d’une morale relâchée, & leur objefte maligne-
» ment qu’ils ne font pas plus fournis, aux Indes,
” à la bulle de Benoît X IV , que les janféniftes,
” en France , à la bulle de Clément X I , on n’en eft
” point étonné ; mais qu’un capucin fe donne aufli
” cette liberté, & oublie jufqu’à ce point l’efprit
” de fon ordre, dévoué de tout temps aux jéfuites,
>» & auquel les jéfuites ne font pas moins atta-
» chés , c’eft ce qui paroît incroyable : la fociété
v pourroit dire au capucin : tu quoque , Brute. »
Nous lifons dans un livre moderne , que l’abbé
Desfontaines avoit traduit malignement & injufte-
ment ces mots connus, tu quoque, Brute, par ceux-
ci : & toiaujjî, Brute : nous ne trouvons rien de
femblable dans l’abbé Desfontaines, qui d’ailleurs
en cela auroit été plus groftîer que malin. Au
refte , on trouve toujours dans Corneille, & dans
d’autres auteurs du même temps, foit en profe,
foit en v e r s , ce mot de Brute au lieu deBrutus,
comme celui de Cajfie au lieu de Caftais; & il
faut convenir que celui de Brute , fur-tout, fait un
fort mauvais effet e n v e r s , & fur-tout dans des
vers de tragédie*
U e f t d e s a f fa f lîn s , m a i s i l n ’ e f t p lu s d e Brute.
R e g a r d e l e m a lh e u r d e Brute & d e Cafte.
\ V o u l a n t n o u s a f f r a n c h ir Brute s ’ e f t a b u fé .
J e c r o i s q u e Brute m êm e à t e l p o in t q u ’o n l e p r ï f è .
D e l a m a in d e Céfâr Brute l ’ e û t a c c e p t é e »
Le capucin Norbert rappelle le capucin Valérien ;
dont il eft parlé dans les lettres provinciales , &
qui employoit fi difeourtoifement à l'égard des
jéfuites, quand il n’étoit pas d’accord avec eux
fur les faits, cette énergique formule : mentins im-
pudenùjjime. ■
Le père Norbert étoit né à Bar-le-Duc en 1697.
Depuis fa rupture avec les jéfuites, il erra dans
prefque toutes les contrées de l’Europe, foit pour
leur iufeiter par-tout des ennemis, foit pour échapper
aux tracafferies qu’ils lui fufeitoient dans fon ordre*
Oïi dit que dans fes courfes hors de France, ayant
fait quelque féjour en Angleterre, il établit à trois
milles de Londres deux manufactures de tapifleries •,
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i’ufie d’après les gobelins, l’autre d’après celle .de i
Chaillot. Le pape lui permit, en 17 3 9 , de porter j
l ’habit féculier, & fa querelle avec les jéfuites lui j
procura des amis & des fecours : cet homme étoit !
fans doute inconftant. On peut fe faire capucin J
une fois ; mais quand on eft forti de cet état, fi j
on y rentre , il faut que ce foit pour y mourir j
comme le frère Ange de Joyeufe. Le père Norbert , J
fécularifé, rentra chez les capucins à Comrnerci, j
en refortit encore,fe mit à errer de nouveau, 8c f
mourut dans un village de Lorraine en 1770. 8
Chevrier , c’eft-à-dire , de tous les écrivains le f
moins digne de fo i, a donné, en 17 6 2 , la vie du |
père Norbert. - j
NO RD EN , ( Frédéric-Louis ) ( Hijl. litt.
mod. ) voyageur célèbre, mort en 17 4 2. Ses mé- §
moires font eftimés, Ils font très-inftruâifs fur j
ce qui concerne les antiquités de l’Egypte. On y f
voit les deflins des monumens qui fubfiftent dans I
la Thébaïde. Ces deftins ont été pris fur les lieux j
par l’auteur.
NORÈS, ( J a so n d e ) {H ijl. litt. mod.') né. à
Nicofie dans l’île de Chypre ou Cypre, dépouillé
par les Turcs en 1570 , fe confola de la perte de
fes biens par la culture des lettres; il écrivit contre
le pajlor fido du Guarini, qui lui répondit d’un
ton qui n’a rien de la douceur du pajlor fido. Norès j
a d’ailleurs beaucoup écrit fur la rhétorique, la
poétique, & la politique même, d’après Ariftote,
Horace & Cicéron ; car il étoit un peu de ces
gens qui ne penfent & n’écrivent que d’après les
autres. Mort en 1590. Il enfeignoit la philofophie
morale à Padoue, 8c étoit fort attaché aux Vénitiens,
fes fouverains, dont il donne le gouvernement
pour le modèle d’une république parfaite,
dans fon Traité de la république.
N O R T FO LC K , {V. Hovard. ) {Hifi. d'Angd)
Il y a plufieurs ducs de ‘Nortfolck de la maifon
Hovard, malheureux & célèbres dans l’hiftoire
.d’Angleterre. Catherine Hovard, cinquième femme
de Henri V I I I , étoit nièce d’un de ces ducs de f
Nortfolck. Henri V III, après l’avoir beaucoup aimée, I
lui fit trancher la tê te , & perféema fes parens ; j
il fit aufli trancher la tête au comte de Su rre y , f
coufin de cette infortunée, & fils du duc de Non-
fo lc k ; il figna l’arrêt de mort du duc ; mais la mort J
du tyran fauva la vie au duc de Nortfolck. Leur j
crime étoit d’a voir, conformément à un ancien' j
ufage autorifé par le héraut d’armes, porté les
armes d’Angleterre mêlées avec les leurs, parce j
qu’ils avoient des alliances avec la maifon royale.
On voulut regarder cette petite vanité héraldique I
comme la marque d’une prétention fecrète à la J
■ couronne. Le père & le fils avoient tous deux g
très-bien fervi l’état; mais tous deux étoient atta- j
chés au faint-fiége,, & déteftoient les violences j
de Henri V I I I , dont ils rejetoient la fuprématie. I
. ,Un autre Hoyard , ( Thomas ) -oncle de Cathe- j
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, rifle , emprifonné par Henri V I I I , pour des raifons
à peu près pareilles, fut trouvé mort dans fa prifon
le premier novembre 13 3 7 , non fans foupçon de
poifon.
Du temps de la reine EüOjbeth, le duc de Nori-'
fo lck, de la même maifon Hovard, fils du duc
de Su rre ÿ, décapité , étoit le plus grand feigneur ,
l’homme le plus puiffant , le plus populaire, le
plus aimable de tome l’Angleterre ; il avoit toujours
montré beaucoup de zèle pour ce qu'on
appel!oit la fucceffion d’Ecofl’e , c’eft-à-dire , pour
que la maifon Stuart fût déclarée héritière du
trône d’Angleterre : ce zèle fut encore échauffé
par les malheurs de Marie. Chef de la commiflion
angloife, chargée de juger, ou plutôt de ne jug r
pas la reine d’Ecofle, il fut à portée de conm îere
l’innocence de cette princeffe; fa probité s’indigna
des injuftices qu’elle éprouvoit. La compafiion lui
fiiggéra , même à l’égard de fa fouveraine, une
infidélité, qu’un tel motif peut au moins exeufer.
Il ne laifta point ignorer à Marie, que l’intention
d’Eiifab’sth étoit de ne rien prononcer fur fort
affaire, mais de la laifter dans l’état d’une accu fa-
tion non jugée, 8c cependant de publicr qu’elle
avoit entre les mains la preuye de fon crime
& que, par pitié, par égard pour une reine fa
parente, elle avoit voulu lui épargner un arrêt
fiétriffant. Nortfolck, pour rétablir Marie fur fan
trône , tenta de la réconcilier avec fon frère naturel.
& fon perfécuteur Murray ; il crut avoir szpiiè
la confiance de Murray , parce que Murray °avcit
furpris la fienne. Il ne lui cacha point qu5i! avoir
formé le deffein d’époufer la reine d’Ecofte, 8c
de marier au prince Jacques , fils de Marie’ fi*
fille unique. Murray applaudit à ce projet, & pafia
en Ecoftè pour difpofer , difoît-il , les états à
l’adopter. Il envoya d’Ecoffe un exprès annoncer
au duc de Nortfolck & à Marie, que la propofi-
tion avoit été très-bien reçue en Ecofte, & que ce
mariage ne pouvoir manquer de produire le rëta-
bhffement de Marie ; en même temps il révéloit
à la reine d’Angleterre l’indifcrétion de Nortfolck
le proj-t du double mariage , & lui envoyoit les
lettres du duc. Nortfolck fut arrêté, il avoua tout
à Elifabeth avec la plus grande candeur; il l’aftura
qu'il s’étoit toujours propofè de demander pour
ce mariage l’agrément de fa fouveraine, quand la
négociation auroit encore fait quelques progrès -
il promit de n’y plus fong,er que de lave a a’E li!
fabeth, 8c il parut être rentré en grâce; mais
les conrtifans, qui envioient fa grandeur & fi*
fortune, & les minlftres, qui redoutoiem fa popularité
, achevèrent l’ouvrage commencé par Murray.
Nortfolck étoit tolérant; on l’accufa d’êtrep a p ife .
parce que le papifme étoit, alors le plus gran j
crime en Angleterre. Il fe piquoit cependant d’être
proteftant ; & quoiqu’il defirât le rétabliffement
de Marte . il craignoit qu’elle n’en eût l’obliga-
tion aux catholiques, qui auroient pu trayerfeé
ion mariage à eaufe de fa religions