
O
O *,( F r a n ç o i s d’ ) {H ifl. de Fr. ) feigneur de I
Freines, de Maillebois , & c . , étoit d’une famille
illuflre de Normandie, dont il a été le perfon-
nage le plus confid'érable. Il étôit fur - intendant
des finances fous Henri III , c’eft-à-dire , qu’il
étoit l’inftrument des profufions du prince &
de la mifère dés peuples ; ce fut lui qui, à la
mort d’Henri I I I , fut chargé dé porter la parole
devant Henri IV pour tous ceux des catholiques
qui confentoient à le reconnoître , en y mettant
la condition qu’il fe feroit inftruire dans la religion
catholique , & qu’il finiroit par fembraffer.
François d’ O fut un dés chefs de ce qu’on appel-
loit le tiers-parti ou le parti des politiques, qui
fe piquoient d’être trop bons françois pour fouffrir
la domination efpagnole, & trop bons catholiques
pour fe foumettre à un prince proteftant ; en
conféqenee il fe crut obligé de travailler & de
faire travailler à la converfion du ro i, tandis
que d’un autre côté il travailloit à la fubverfion
de l’état par le défordre & la confufion qu’il
mettoit dans les finances. Il faifwit manquer, par
le défaut d’argent, toutes les affaires, toutes les
opérations militaires , tous les traités ; les Suiifes,
les Réîtres , toutes les troupes mercenaires fe dif-
perfoient faute de folde. Le r o i , dans fes plus
grands befoins , dit M. de S u lly , « ne put pas
» jouir du moins du privilège de partager fes
n propres revenus avec le fur-intendant. D’O s’em-
barraffoit fort peu de lui faire manquer une
« ville ou un gouvernement pour une fomme
» fouvent très-légère, pendant qu’il ne vouloir
n rien refufer à fes plaifîrs........ Naturellement
v porté à la diflipation, à la mollefle & à l’in-
» dolence, il avoit encore été gâté par tous les
n vices, dont on faifoit gloire à la cour d’Henri I I I ,
» le grand je u , la débauche outrée, les dépenfes
» folles, le dérangement domeftique & les pro-
» digalités de toute efpèce. Pour tout renfermer
n en un mot, d’ O avoit eu place dans le cata-
7) logue des Bellegarde , Villequier , S a in t-L ue ,
?» Maugiron , Saint-Mégrin, Livarrot, Joyeufe ,
» Epernon, la Valette, du Bouchage, Thermes.....
» & le titre de mignon étoit toute la recom-
3i mandation qu’il avoit eue pour une charge,
j» que les princes les plus inappliqués exceptent
j> pour leurs propres intérêts, de celles dont ils
» récompenfent cette forte dé ferviteurs. »
Voici ce qu’on lit fur ce fur-intendant, à
l’année 1594 du journal de l’Etoile.
« II furpaffa en excès & en prodigalité les rois
yf 8c les princes : car jufqu’à fes ioupers il fe j
» faifoit feryir des tourtes compofées de mufç & I
o
I » d’ambre , qnî revenoient à vingt-cinq écus...i^
n S’il faut, dit M. de Crillon, que chacun rende
» fes comptes là-haut, comme l’on d it, je crois
» que le pauvre d’O fe trouvera bien empêché
» à fournir de bons acquits pour les fiens..... On
» difoit qu’il mouroit fort endetté , voire de
» plus qu’il n’avoit vaillant , & qu’il y avoit
» vingt-cinq ou trente fergens à fa maifon quand
31 il mourut.
« Les tréforiers le regrétèrent merveilléufe-
n ment, & l’appelloient leur pefè0, même on
» difoit que trois d’entr’eux avoient donné cin-
» quante écus chacun à Colle t, pour lui donner
n courage de le mieux panfer. M. le Grand ,
» fon bon am i, en étoit comme défefpéré; car
» il lui bailioit tons les ans cent mille francs à
11 dépenfer. Madame ( fceur du ro i} n’y eut point
» de regret, parce qu’il la faifoit mourir de faim :
n ceux de la religion aufli peu , car il ne leur
» vouloit point de bien. Madame de Liancour
» le pleura , parce qu’elle en faifoit ce qu’elle
» vouloit, & fi rentretenoit aux bonnes grâces du
>> roi..... M. le doyen Séguier, qui lui aflifta juf*
11 qu’à la fin , comme firent aufli MM. fes frères,
» lui crioit-, comme il fe mouroit : miferere meî
11 Deus ; l’une des dernières paroles qu’il dit, fut :
* fecommandez-m©i bien au ro i, il faura mieux
.» après ma mort de quoi je lui fervois, qu’il n’a
: » fu pendant ma vie. »
IL lui fer voit à le ruiner , & cyeft en effet ce
qu’on a encore mieux fu après fa mort , quand
f. M. de Sully eut porté la lumière dans ce chaos
; de déprédations, qu’il fut diffiper à force d’économie.
Henri IV ne fe yengeôit des brigandages du
fur-intendant que par de douces plaisanteries que
d’ O pouvoit feindre de ne pas entendre.
Le Grain rapporte que ce bon roi jouant à la
paume avec M. d’O , lui fit. obferver que le marqueur
voloit leurs balles , & dit enfuite tout haut :
d’O , vous voye^ bien que tout le inonde nous
dérobé.
u Le bonheur du ro i, dit M. de S u lly , voulut
» qu’une rétention d’uriné le délivrât ( au mois
»> d’o&obre 15 9 4 ) de ce mauvais ferviteur. Ce
v qu’il y eut de Singulier dans cette mort, ajoute-
n t-il, c’eft que cet homme riche de tout l’argent
» du royaume , dont il difpofoit prefque abfolu-
n ment, plus fplendide dans fès équipages , fes
» meubles & fa table, que le roi m ême, n’étoit pas
» encore abandonné des médecins, que fes parens,
j » qu’il avoit toujours fort âffeélionnés, fes domef-
1 » tiques, & quelques autres2 à titre de créanciers,;
, le dépouillèrent comme à l’ertvl & fi parfaite*
» ment, que long-temps avant qu’il expirât, tl
j, n’y avoit que les murailles nues dans la chambre
u où il mourut, comme fi la fortune avoit cru
» devoir finir avec lu i, du moins par un aae de
9i juftice. v ;i 1 /• ' i
On vit arriver à peu près la meme choie a ta
mort du connétable de Luynes. ( Voyeç 1 article
A lb er t ) ( d ’ ) de Luynes.
Mézerai, en rapportant cette m o r t , dit dans
fon fiyle dur, mais énergique : « Au mois d’octo-
y bre enfuivant , François d’O , fur-intendant
n des finances, acheva de vivre dans fon hôtel
« à Paris, ayant l’ame & le corps egalement gates
n de toutes fortes de vilenies. Le roi fe confola
n aifémentde fa perte , parce qu’il faifoit d effroya-
i) blés diflipations, & que néanmoins il vouloit
»> le. tenir comme en tutèle. » ^ .
Le fur - intendant d’ O ne laiffa point d’enrans
de Charlotte-Catherine de Villequier, fa femme.
Il avoit été maître de la g arde-robe du roi
Henri I I I , premier gentilhomme de fa chambre,
chevalier des ordres, gouverneur de Paris & de
l’Ifle-de-France.
O A T
OATÈS. ( T itus ) {H iß . d’Angl. ) { Voyeç
l’article du doéteur A rnauld. )
O B E
O B ED , ( Hiß. facr. ) fils de Booz & de Ruth ,
père d’Ifaï & aïeul de David j Ruth, chap. 4 ,
verf. 1 7 , 2.1 , 2.2, faint Matthieu , chap. 1 ,
VeO BED-EDOM. ( Hiß. facr. ) Çe fut dans fa
maifon que David dépofa l’arche d’alliance, lorf-
qu’il la fit tranfporter de Gabaa à Jérufalem;
R o is, liv. 2 , chap. 6.
O B I
OBIZZI. ( Lucrèce de Gli Orologgi ,
femme d’Enée, marquis d’ ) ( Hifl. d’Italie. ) On
la croit la Lucrèce de l’hiftoire moderne ’ mais
elle ne put pas , comme Lucrecë , tendre compte
elle-même & demander vengeance de fon outrage;
elle fut trouvée poignardée dans fon lit pendant
l’abfence de fon mari ; fon fils âgé ale cinq ans ,
qui devoit être couché à côté d’elle , avoit été
tranfportè dans une chambre voifine. Un gentilhomme
qui s’étoit montré fort amoureux d’elle,
& qu’on avoit vu entrer ce jour-là dans la maifon ,
fut accufé de s’être varigé ainfi de fes refus : il fut
arrêté, il nia conflamment fon crime ; on ne doutoit
pas qu’il ne fût coupable, mais les preuves juridiques
paroiffant infuffifantes , on le retint quinze ans en
prifon, & enfin on lui rendit la liberté ; mais peu
jde mois après le jeune marquis d'O h i^ i, qui ayoit
alors vingt afls, fe crut obligé de venger fa mère au
défaut de la juftice, il tua d’un coup de piftolet celui
que la voix publique lui défignoit comme raflaflm
de la marquife. To-us césévènemens fe pafloient à
Padoue dans le dix-feptième fiécle , Lucrèce avoit
été tuée vers l’an 1645. Son fils pafla au fervice
de l’empereur Léopold qui le fit marquis du faint
empire, gouverneur de V ien n e , confeiller d’état
& maréchal-général de camp. Il mourut, en 17 10 ,
fous l’empereur Jofeph, après cinquante années
de fervice , pendant lesquelles il acquit la plus
grande réputation de valeur & de probité.
O B R
O B R E CH T , ( Ulric ) ( Hiß. litt, mod, ) pro-
fefteur en droit à Strasbourg, ainfi que Georges
Obrecht, fon père, lequel étoit mort luthérien
en 16 14 .
Ulric fe fit catholique , & Louis X IV , devenu
maître de Strasbourg en 16 8 1 , le fit préteur royal
en 1685. a difoit d’Obrecht qu’il parloit de
» tous les perfonnages de l’hiftoire, comme s’il
» eut été leur contemporain , de tous les pays ,
n comme s’il y eût vécu , & des différentes lo ix ,
» comme s’il les eût établies.» Boffuetl’appelloit
Epitome omnium feientiarum.
On a de lui un ouvrage en faveur des droits
de Philippe V à la couronne d’Efpagne, fous ce
titre : Excerpta hißorica de natura fuccejßonis in
monarchiâ Hifpanïtz : on a aufii le Prodromus rerum
alfaticarum ; un mémoire concernant la fûreté
publique de l’Empire ; une édition de Quintilieii ;
une verfion de la vie de Pythagore par Jambli-
que. Morten 17 0 1.
OBREGON , ( Bernardin ) ( Hifl. d’Efpag. j
inftituteur des frères infirmiers, qui prennent foin
/des malades dans les hôpitaux d’Efpagne, & qu’on
appelle , de fon nom , les Obregons. Né près de
Burgos en 15 4 0 , mort dans fon hôpital générai
de Madrid le 6 août 1599.
O B R INE , {H iß . mod.) chevalier de VObrine,
ordre militaire inftitué dans le huitième fiècle par
Conrad, duc de Mazovie & de Cujavie , que quelques
auteurs appellent aufli (lue de Poland.
Il donna d’abord à cet ordre le nom de chevaliers
de Jéfus-Chrifi. Leur premier grand maître
fut Bruno. Leur principale deftination étoit de
défendre le pays des courfes des Prufliens, qui
étoient pour lors idolâtres , & y commettoiem de
grandes cruautés.
Le duc Conrad mit ces chevaliers en poffeflïons
du fort de VObrine, d’ou ils prirent leur nouveau
nom ; & ils convinrent enfemble que toutes les
terres qu’ils envahiroient fur les Prufliens feroienc
également partagées entr’eux.
Mais les Prufliens ayant bloqué le fort de manière
qu’aucun des chevaliers n’en pouvoir fortir ,
l’ordre dont il s’agit devint inutile* & fut aufli-tô*