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N IEREM BERG, ( J ean-Eusebe de ) ( Hiß. litt,
mod.) jê fuite efpagnol, auteur d’un éloge des jé-
fujtes, de divers livres myftiques, maisauffi d’une
hißoria natura , & d’un livre intitulé, cüriofay
filofophia de las maravillas de naturale^a ; quelques
uns de fes ouvrages ont été traduits en fran-
;çois & même en arabe, mais c’eft par des jèfuites ,
& ce font fes livres myftiques. Né à Madrid en
15 9 0 , & il y mourut en 1658.
NIEUHOFF , ( J ean de ) ( Hiß. litt. mod. )
auteur hollandois du commencement du dix-fep-
tième fiècle. La relation de fon ambaffade de la
part de la compagnie orientale des Provinces- Unies
vers l'empereur de là Chine, a été traduite en fran-
çois par Jean le Carpentier.
N IEUW EN T Y T , (B ernard) [Hiß.litt, mod.)
fa van c hollandois, né dans la Nord-Hollande en'
1654 , bourg - meftre d’une petite ville , auteur:
d’un fameux ouvrage hollandois, traduit en fran-
çois par M. Noguès fous ce titre: Pexiflençe de
Dieu démontrée parles merveilles de la nature.; d’une
réfutation de Spinofa, & aufîi de quelques traités
fur le calcul différentiel & les infinis. Mort en
.17 18 .
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NIG ER ; (C. Pescennius J ustus) (Hifl. Rom.)
lorfque les foldats du prétoire eurent maffacré le
vertueux empereur Pertinax, ( l’an de J . C. 19 3.)
Iis mirent les premiers à d’indignes enchères
I/ineftiniable prix des vertus de leurs pères.
Ces enchères pour l’empire furent publiées à
haute voix dans le camp; les ambitieux vinrent
faire leurs offres; Didius Jiilianus, homme con-
fulaire, l’emporta ; ( voye\ Didius ) fon enchère,
couvrit de 623 livres toutes les autres. Il vint au
fénat dans un appareil menaçant, qui lui afïuroit
la confirmation de ce honteux marché ; mais le
peuple, plusslibrtf & plus fincère, manifeftoit fon
indignation par des outrages & des cris de vengeance,
fur-tout par un refus généreux des lar-
geffes que Didius lui promettoit pour le féduire.
Une autorité fi mal affermie étoit un frein trop
/bible pour arrêter fes coneurrens. PefcenniusNrger,
gouverneur de S y rie , fe fit proclamer à Antioche;
Sévère en Illyrie; Albin dans la Grande-Bretagne.
L ’a&ivité de. Sévère détermina la fortune en fa
faveur ; il vole à Rome, entre au fénat, fait rendre
un arrêt de mcirt contre Didius, l?envoie exécuter ;
par un tribun trompé, & défarme Albin par une
aifociarion ftauduleufe à l’empire ; & , fur de la
foibleffe de ce rival, marche à la tête d’une puil-
fante armée contre Niger, qui, par une négligence
pleine de grandeur & de témérité , s’endormoit
à l’ombre des laurier* qu’il avoit cueillis plus d’une,
fois dans la guerre ; réveillé par le" péril, & par
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l’approche de l’infatigable Sévère, il veut armer
l’Oriènt en fa faveur ; il ne trouve dans fes alliés
inquiets que froideur, vaines promeffes , ou refus
colorés c!e mauvais prétextes. Il ne lui refte enfin de
reffource.que dans fes légions & dans fon courage;
trois grandes batailles gagnées par les lieurefians de
Sévère, le Contraignent de chercher un afyle chez
les Partîtes. Il efl encore prévenu par la diligence
de fes ennemis ; des foldats envoyés à fa pour fuite
l’atteignent au paffage de l’Euphrate , le tuent * &
! portent fa tête au vainqueur, dont les cruautés fouillèrent
la gloire , fi elles affurèrent fa puiffance. Sévère,
ayant vaincu Niger & fournis l’Orient, ne fe dé-
gui fa plus ; il rompit hautement avec Albin, il lui re-
fufa le titre de Céfar que fa politique lui avoit accordé
, dans un temps où Albin étoit à craindre: l’imprudent
Albin avoir cru, fur la foi de ce vain nom,
que, dans l’expédition de Syrie , Sévère travailloit
pour la caufe commune; il fut bienrôt défabufé.
Sévère s’avançoic vers lui à grands pas, avec foutes
les forces de l’Orient & de l’Italie. Albin voulut
trop tard arrêter ce torrent dans fa courfe ; il ofa
même aller à, fa rencontre ; la bataille fe livre
entre Lyon & Trévoux; Albin eft défait, & fe
tue, Le cruel Séyère, n’ayant plus de concurrent,
fe baigne à loifir dans le fang des amis d’Albin &
de Niger. La mort de Niger eft de l’an de J . C .
19 4 ; celle d’Albin, du 19 février 197.
Niger étoit un capitaine d’un mérite difthgùé,
grand zélateur de la difciplirre militaire : Sévère
lui-même le citoit pour, modèle à cet égard, &
l’appelloit un homme néceffaire à la république.
Il vouloir faire trancher la tête à dix foldats, pour
avoir mangé une poule volée par l’un d’eux, &
il ne leur fit grâce, fur les inftances de toute l’armée,
qu’à condition de rendre dix poules .pour celle
qui avOit été volée ; il interdit l’ufage de toute
argenterie dans le camp, & ne permit §uela vaif-
felle de bois , difant qu’il ne falloir pas que les
Barbares,.s’ils venoient à s’emparer des bagages,
puffern tirer vanité d’une argenterie conquife fur
les Romains. Il ne fouffroit point de boulanger
dans l’armée; il réduifoit au fimple bifcuit & foldats
& officiers ; il avoit profcrit le vin & .rétabli
l’ancien ufage du vinaigre, mêlé avec de lïegu.
Des foldats, qui gardoient les frontières de l’Egvpte,
lui ayant demandé du vin : du vin ! s’écria-t il ,
à la vueßu N il ! Ces foldats ayant été battus, &
s’excufant fur l’épuifement de leurs forces : vos
vainqueurs, leur dit-il, ne,boivent que de l’eau.
Il avoit en horreur la flatterie. Un orateur ayant
voulu célébrer par un panégyrique la nomination de
Niger à l’empire : « Célébré£, lui dit Niger , quelque
” grand capitaine mort ; voilà ceux qu’il faut louer :
» ne voyeç-vous pas que c’éft une dérifion de louer
” un homme vivant & puiffant, parce que le motif de
» la louange eß toujours pour le moins fufpeft ? »
NIGIDIUS F IG U LU S , (Publius ) (Hiß. Rom.)
fénateur & préteur romain, qui avoit été fort utile
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à Cicéron pour diffiper la conjuration de Catilina ,
comme Cicéron le reconnoît lui-même , epift. ad
familiar. lib 4 , epift. 1 3 : Per me quondam te focio
defenfa refpublica........ quibus nos olitn adjutorïbus
ïllttd incendium txtinximus. Au 1 ugelle, Pline, Plutarque,
Macrobe, &c. ont cité plufieurs de fes
ouvrages ; il n’en refte que des fragmen-s. On fait
que’ c’étoit un très-favant homme, & o n le comparait,
à cetégard, à Varronfmais il avoit le malheur
d’être favant, fur-tout .en aftrologie judiciaire. On
dit que C. Oélavius, père d’Oétave ou Augufte,
étant venu tard au fénat, & s’étant excufé fur
les couches- de fa femme , Nigidius lui dit prophétiquement:
votre femme vient de nous donner un
maître. Ce grand aftrölogue, qui prévoyoit ou pré-
difoit de fi loin la grandeur future du. petit Oélave,
aurbit bien/dû prévoir qu’auparavant Céfar triom-
pheroit de Pompée; cependant il s’étoit attaché à
Pompée, ce qui le fit exiler par Céfar. Lucai'n
veut lui faire honneur d’avoir prévu ou prédit les
maux qui alloient naître de la divifion de ces deux
grands hommes. C’eft fur cet exil que Cicéron
lui écrit une lettre de confolation qui les honore
tous deux, & où Nigidius eft fort exalté : il l’appelle
uni omnium d<QStiffimo & fanäijßmo & maximâ
quondam gratiâ & mihi.certe amicifjimo. Il lui dit en
l’exhortant à la fermeté : quid fit fortï 6* fapienti
homine dignum , 'quid gravitas, quid altitudo anirni,
quid alla tua vita, quid fludia , quid ânes, quibus à
pue/itiâ floruifli^ à te.fiagitent, tu videbis.' Il lui fait
cependant efpérer un prompt retour , & en cela
fa prédiélion fut fauffe; car Nigidius mourut dans
fon exil, 1 an 709 de la fondation de Rome. Saint
Auguftin dk que fon furnom de Figulus vient
de ce qu il repondoit aux objeélions contre l’aftro-
îogie judiciaire par l’exemple delà roue du potier,
d ou il fort des vafes de différente forme. En effet,
no lui demandoit pourquoi la fortune de deux enfàns
jumeaux n. étoit pas là même ?
Cur alter fratrum &. ceffare & ludere & ungi
Proférât herodis palmetis pinguibus , alter
Vives & Importunus ad uinbrarn lucis ab ortu,
* Stlveßrem flammis & ferro mitiget agrum ,
Seit geniiis y natale cornes qui temperat aßrum ,
Natürce Deus human « mortalis in unum
Quodque caput , vultu mutabilis , albus 6 ater.
Mais les favans rejettent cette opinion de.faint
Auguftin ; ils obfervent que plufieurs perfonnages,
célèbres à Rome, ont porté ce furnom de Figulus,
& qu’il paroiffoit attaché particulièrement à la
famille Marcia..
A t figulus , cui cura Deos feerttaque cceli
P/ofie fu it, quem non ftellarum cegyptia Memphis -
Æquaret vifu numenfque îroventibus aflra ;
■<4wt hic errat, ait a nullâ cum lege per avum
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Mundiis, & iricet to dijcurrunt fidera motu ,
Aut fi fata movent, orbi generique paratur
Humana matùra lues.
Mais voilà bien des alternatives & des incertitudes
pour un prophète , & d’ailleurs il- falloir
prévoir le fuccès. Quoi qu’il en foit, Figulus fut
exilé au grand regret des favans & des bons citoyens.
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NIL , ( Hijl, eçcl. ) faint N i l , difciple de faint
Jean-Chryfofiôme, étoit, ainfi'que fon fils, un des
folitaires du M on t-S in aï, au cinquième ‘ fiècle.
Des Sarrafins portèrent le ravage parmi les fo-
v litaires, féparèrent le père & le fils , qui furent
réunis enfuite & tous deux ordonnés prêtres
en même temps. Au fond, leur hiftoire eft peu
connue; on a les oeuvres de faint N il en grec &
, en latin, (en deux volumes in-folio. Ce font des
oeuvres de piété. On place fa mort vers l’an
mm . . . On a d’un N i l , archimandrite , c’eft à-dire
abbé d’un monaftère grec,, à la fin du onzième
fiècle , un traité des cinq patriarchats de Rome,
d’Antioche, d’Alexandrie , de Jérufalem & de
Conftàntinople , compofé par ordre de Roger ,
roi de Sicile ;
Et d’un autre N il, archevêque deTheffalonique,
au quatorzième fiècle, un écrit contre la prirfiauté
du pape , que Saumaife fit imprimer en 1,645; chez
Elzevir, avec un autre écrit fehifmatique de Bar-,
laam. f Voyt^ l’art. B a r l a am . )
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NIMETULAHIS ou N IMETULAH IT ES , f. m.
pl. ( Hifi. mod.) forte de religieux turcs , ainfi
nommés de Nimetulahi, leur premier chef ou fondateur.
Ils s’affemblent la nuit tous les lundis pour
célébrer par des cantiques Tunité de Dieu, &
glorifier fon nom. Ceux qui veulent être reçus
dans leur ordre paffent quarante jours de fuite
renfermés dans une chambre , & réduits à trois
ou quatre onces de nourriture par jour. Pendant
cette retraite, ils s’imaginent voir Dieu face à face,
& croient que toute la gloire du paradis leur
eft révélée. Lorfqué le temps de leur folitude eft
expiré’j les autres frères les mènent dans une prairie,
où ils d'r.nfent autour d’eux , & les font auffi danfer.
Si dans cet exercice le novice a quelque vifion ,
' ce que le mouvement, joint à la foibleffe de cerveau
caufée par le jeûne, rie manque jamais d’occa-
fionner, il jette fon manteau en arrière & fe laiffe
tomber la face contre terre, comme s’il étoit frappé
de la,foudre Le fupérieur s’approche, fait quelque
prière pour lui ; & lorfque le fentiment lui
eft revenu, il fe relève , les yeux rouges- & égarés9
4 avec la contenance d’un ivrogne ou d’un infenfé,