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v i f t im e s & ils forcèrent Nerva d^approlûver
publiquement leurs attentats.
Le grand défaut de Nerva, étoit la foiblefîe de
fon âge, ( car il paffoit de beaucoup foixante ans )
& peut-être àufîi celle de fon çaraâère. Il étoit au
moins d’une extrême facilité. Il avoit un jour à fa
table Junius Mauricus, qu’il avoit rappelle de l’exil
où Domitien l’avoit"envoyé fur d’injufles délations;
mais il avoit a u {fi à cette même table Fabri-
cius Véienro , perfonnage ccnfulaire, mais per-
fonnage indigne de cet honneur, & ’qui avoit
été un des pi us coupables délateurs du règne de
Domitien ; on parla d’un autre délateur plus célèbre
, Catullus Mefîalinus ,#qui ne vivait plus ;
& Nerva s’applaudiflant de ce que
Les déferts autrefois peuplés de fénateurs
N’étolent plus habités que par leurs délateurs ,
dit avec fatîsfa&ion : Que ferait maintenant ce
Catulle , s 'il vivoii encore ? Hèlas-l dit Mauricus ,
i l feroit peut-être fort tranquillement ajjîs à table
parmi nous. Voyez à l ’article d’A t t ic u s , père
d’Hérode Atticus, comment Nerva en ufa. envers
lui au fujet d’un tréfor trouvé par cet Atticus.
Le règne de Nerva, encore plus court que celui
de T itu s , ne fut que de feize mois & quelques
jours. Tacite appelle ce règne primus beaùjjimi
yfoeculi ortus, l’aurore du fiècle le plus heureux:
Nerva Ctzfar , dit-il, res olim dijfociabiles mifcuit,
principatum ac libenatçm,
XI a fu raffermir , par un accord heureux,
Des peuples & des rois les légitimes noeuds,
Et faire encor fleurir la liberté publique
Sous l’ombrage facré du pouvoir monarchique,
Nerva, en adoptant Trajan , en le nommant
Céfar , en l’affpcjant à l’empire, fit tout le contraire
de ce qui avoit été imputé à Augufte, qui
n’avoit, difoit-on , gommé Tibère pour fon fucefi-
feu r , qu’afin que le parallèle lui fût favorable,
& le fît regretter davantage. Nerva, dans le
«hoix qu’il ét , ne fongea qu’à fe rendre inutile ,
& qu’à fe faire oublier, fi l’on pouvoir oublier
un prince capable de confulter avec un foin fi
généreux les intérêts de la république, & un vieillard
qui, dans l’impuiffance de faire tout le bien
dont il a l’idée & le defir, étaye fa foiblefîe de
tontes les reffoarces que la force de l’âge & du
courage donne au plus vertueux des Romains.
Cette adoption fut la dernière a&ion de Nerva. Il
eût été difficile de mieux finir. Il mourut au mois
de janvier de l’an 98 de Jéfus-Chrift.
On g remarqué qu’il avoit été le premier
empereur romain, qui ne fût pas d’origine romaine
©u italienne.- Il étoit n é , à>la vérité, à Kami
dans l’Ombrie, mais fa famille étoit originaire de
l ’ile de Crète. On voit plufieurs Nerpa, fe? ancêtres,
dai^s la liffe d#s cosfuls.
T NESLE. [Voyer^ Ma il l y . )
1 N E SL E . ( N . . . . de) (////?. litt. mod. ) auteur
! du poëme du fanfonnet, (imitation du V er v e r t }
| & des ouvrages en profe , intitulés : CA ri flippe
| moderne ; les^préjugés du public ; les préjugés des:
J anciens & des nouveaux philofoph.es fu r l ’ame hu-
1 maine ; les préjugés du public fu r l'honneur.
I NESMOND, (Hiy?. de F r .j famille noble, ori-j
} ginaire de l’Angoumois. "
| De cette famille étoit le préfident de Nefmond
! chef du confeil du prince de Coudé , & beau-frère
! du prçmier préfident Guillaume de Lamoignon.
A la mort de Chrétien de- Lamoignon, préfident
à mortier, père du premier préfident, & beau-
père du préfident de Nefmond, arrivée en 1636 ,
, le voeu de la famille avoit été de conferver à
fon fils la charge de préfident à mortier ; &
comme ce fils; n’ayant encore que dix-huit ans,
n’éroit point en âge de l’exercer, on en demanda
, l ’agrément pour M. de Nefmond, fou beau-frère ,
qui , dans l’intention de la famille, devoir la
remettre à Guillaume de Lamoignon , à une
époque dont on convint, ou dont on crut convenir.
Le temps a rrivé, M. de Nefmond fe crut
en droit de ga rde r la charge : ne nous prefîbns
pas de le condamner ; écoutons fur ce point Guillaume
de Lamoignon lui-mêmç , c’en: - à • dire la
partie intéreffée.
« Je fuis obligé, dit-il, de rendre témoignage J
” non - feulement à l’amitié & à la liaifon très-
» étroite que j’ai avec M. le préfident de Nef*
» mondy mais encore à la pure vérité , qui efl que
» je fuis perfuadé qu’il a été toujours dans la
v bonne foi toute entière, & que notre différend
» ne venoit que de l’interprétation différente de
» nos écrits; car je crois, dans la connoiffance
» très-exa&e que j’ai de lui & de toute la conduite
” de fa v i e , qu’il ne voudroit pas retenir un
n royaume même , s’il fe croyoit obligé_par hon-
» neur oh par confcience à le rendre. »
Quant à madame de Nefmond, (A n n ed e L a î
moignon) voici le témoignage que lui rend le
même Guillaume de Lamoignon.
« J ’ai eu toute ma vie la plus haute eflime pour
» ma foeur de Nefmond., dans laquelle j’ai tou-
» jours reconnu toutes les bonnes qualités qu’on
» puiffe fouhaiter dans une femme accomplie,
yy fans que j’en aie remarqué une feule où l ’on
» puiffe dire qu’il y art des défauts ; néanmoins, fa
» conduite en cette affaire m’a paru encore plus
w admirable que dans tout le refte de fa v ie , ayant
yy 'toujours confervê toutes les mefures d’une excei-
« lente femme & dune très-bonne foeur , fans
» nulle confufion de ces différens devoirs & de
yy ces diverfes affeélions. »
C ’eft ainfi que cette refpe&able famille, au milieu
des divifions que faifoit naître dans fon feira
un objet'fi important, favoit non-feulement coa-
fçryer la déceççgj mais entretenir Vnnipq & la
paix
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paix. La difcufîion de ces grands intérêts n’étoit :
pour elle qu’une diverfité d’opinions, qui partage
fans défunir.
Cette affaire finit de la manière la plus heurenfe.
M. de Lamoignon , de fini pie maître de requêtes ,
fut fait premier préfident ; le préfident de Nefmond ■
garda fa charge , & en obtint la furvivance pour
fon fils aîné, avec la promeffe d’un évêché pour
un autre de fes fils, qui étoit dans l’état eccléfiaf-
«iqûe.
L’aîné, qui fut préfident à mortier après fon père,
•étoit un véritable magiftrat, rempli de lefprit de
fon état, & prefquè uniquement occupé de fes •
■ devoirs. C’e ff de lui qu’une femme, qui l’ auroit
mieux aimé plus frivole, difoit en parodiant un
vers d’opéra :
N'aimons jamais'ou n'aimons guères.
L’eccléfiaffique fut évêque de Montauban, puis
archevêque d’A ib i, & enfin archevêque de Tou-
loufe; en cette dernière qualité, il fut fou v en t.
chargé d e , haranguer Louis X IV au nom delà
province de I^anguedoc. Un jour en le haranguant,
il manqua de mémoire.; Louis X IV , toujours indulgent
oc obligeant, fu r-tout quand la décence
y étoit intéreffée, lui dit avec bonté : Je fuis
bien aife que vous me donniez le temps de gÿûter
des belles chofes que vous me dites.
Cet archevêque fe fit un nom dans le clergé
par^ fon éloquence, & ne fe diftingua pas moins
par fa charité .envers les pauvres, & par fa tolérance
envers les proteffans de fon diocèfe. Il fut
reçu à l’académie françoife le 30 juin 1 7 1 0 , à
la place de M. Fléchier, évêque de Nifmes. Il
cultivoit- la poéfie ; il adreffa ces vers à une jeune
femme qui fe livroit à une coquetterie dont fa
j«uneflè , dit M. d’Alembert, luicachoit le danger:
Iris , vous comprendrez un jo>r
Le tort que vous vous faites ;
Le mépris Fuit de près l’amour
Qu’infpirent les coquettes ;
Songez à vous faire.eftimer
Plus qu’ à vous rendre aimable ;
Le faux honneur de tout charmer
Détruit le véritable.
C e fermon, ajoute M. d’Alembert, en valoit bien
un autre.
Mais il y a une ehofe fingulière à remarquer au
fujet de ce couplet, c’efi: que M. d’Alembert, qui
l’attribue à M. de Nefmond dans le quatrième tome
de l’hiffoire des membres de l’académie françoife,
page 39 3 , oublie que dans le troifième tome,
page 3 5 0 , il l’a attribué à M. de Fénélon, avec
un très-léger changement d’expreffions & de
mefure. Voici celui de M. de Fénelon, qui, étant
antérieur , efl celui qui a été copié,
Hifoïre. Tome IV%
N E S S i
tris, vous co'rinoîtrcz un jour
■Quel eft le danger où vous ê:et,
Le mépris fuit de près l’amour
Que favent donner les coquettes.
Cherchez à Vous.faire eftimer ,
Bien plus qu’à vous montrer aimable j
Le Faux honneur de tout charmer
Détruit.fouvent le véritable.
Il y a de M. de Fénélon un fécond couplet. Le
voici :
Mille trompeurs -, par leurs difeours
Remplis d’une perfide adrefie ,
Chez vous s’efforcent tous les jours
De prouver leur feinte tendrefle.
Fuyez leur -charme fédufteur ,
Tôt ou tard il devient funéfte;
L ’oreille eft le chemin du coeur, .
Et toujours le cçeur l’eft du relie.,
M . àt Nefmond mourut en 162.7.
Il eut un autre frère, célèbre dans la marine
françoife, & qui remporta,.fur tout en 16 9 5 ,16 9 6
& 1697 , plufieurs avantagés fignalés fur les flottes
ennemies. Son nom figure avec éclat parmi ceux
des Châteaux-Renaud, desTourville, des d’Ëflrees,
des Pointis, des Dugué-Trouin; &c.
NESTOR IUS, ( Hifl. eccléf ) né à Germanicie
dans la Syrie , d’abord moine près d’Antioche,
évêque de Conftantinopie en 42,8,, fous l’empire
de 1 héodofe le jeune, fe fignala par un zèle ua
peu outré contre l’héréfie ; à force de difputer
contre les hérétiques, & de les fuivre dans les
fubtilités de la dialeûique , il devint hérétique
lui-même. Selon lu i, Marie étoit mère du Chrifl,
c’efl-à-dire de l’homme , mais elle n’étoit pas
mère de Dieu. Le verbe s’étoit incarné, non pas
en naiffant d’une femme, mais en s’unifiant à la
chaire du C h r ifl, qu’il avoit prife comme ua
temple pour y habiter; mais c’étoit l’homme, &
non le Dieu qui étoit mort, & c’étoit le corps
de l’homme que Dieu avoit reffufeité ; enfin Nàf-
torius féparok trop les deux natures qu’Eutychès
confondit dans la fuite. C’étoit pour éviter les difficultés
qui naiffent de la mort d’un Dieu j mais
cette union du verbe avec le C hrifl, de la divinité
avec l’humanité, laiffoit fubiifter un affez
grand myftère, & ce n’étoit pas la peine d’innover.
Neflorius trouva dans faint Cyrille , évêque
d’Alexandrie , un redoutable adverfaire, & il fut
condamné, en 4 3 1, au concile d’Ephèfe , troifième
concile oecuménique. Il fut dépofé, ce qui n’étoit
peut-être pas néceffaire ; 8c, ce qui ne l’étoit certainement
point, il fut relégué, en 4 3 2 , dans la
Thèbaïde, où il mourut dans l’opprobre & dans
la mifère, pour s’être trompé fur la diflinâioa
• des deux natures. Le père Doucin , jéfuite, a écrit
Vhifloire du Nejlorianifm.e, erreur q u i, par elle^