
D a n s c e t â g e in n o c e n t o ü j e m e m e ft ir a i s
A v e c le s m o u to n s d e m o n p è r e »
C l o v i s m 'é t o i t d é j à f i c k è r e - ,
Q u e j 'a u r o î s t o u t q u i t t é p o u r , fe s d i v in s a t t r a i t s ;
U n jo u r q u e n o u s é t io n s a flts fu r l a f o u g è r e »
J é lu i d i s q u e j e l 'a d o r a i s »
M a b o u c h e i g n o r a i t c e l a n g a g e ,
M a is m o n coe u r m e l ’ a p p r i t , m o n eoe u r le p r o n o n ç a ,
C l o r i s e n r ia n t m ’ em b r a f la :
Petit badin, tu n'es pas fage »
M e d i t c e t t e b e l l e à fo n to u r »
P e u x - t u c o n n a î t r e encor l e s effets de . l ’am o u r ?
E n f in m e v o iT à g r a n d , & m a p r e m i è r e f lam m é
T r o u b l e p lu s q u e ja m a i s l e r e p o s d e m o n am e ;
C l o r i s a im e à m e s y e u x u » r i v a l f o r t u n é »
E l l e n e fo n g e p o in t a u - to u rm e jR qui ; me
E t m o i j e - m e f o i n i e n s f a n s c e l le
O u b a i f e r q u 'e l l e m 'a d o n n é .
On a fait de cette fable paftorale une chanfon
très-connue,- où l’exprefiion eft plus foigtîée, mais
quelquefois auffi plus tournée ;
Q u e n e f u i s - j e e n c o r e u n e n f a n t !
J e n ’ a v o i s m o u to n s n i h o u l e t t e »
J e n’ a l l o i s a ir b o i s fe u lem e n t
Q u e p o u r c u e i l l i r l a v io l e t t e .
J e v i s C l o r i s , b ie n t ô t j ’ a im a i ,
A h ! q u e m o n am e e n ( f u t r a v i e !
L e p r e m i e r voeu q u e j e ? fo rm a i
F u t d e l ’ a im e r t o u t e m a ^ y i e .
A p p r e n e z -m o i , lu i dis-je u n jo u r ,
U n f e c r e t q u e m o n coe u r i g n o r e
N ’ e f t - c e p a s c e q n ’ o n n om m e am o u r
Q u ’ u n f e u q u i b r û le & ' q u i d é v o r e ?
B e l e n f a n t , m e r é p o n d C l o r i s
M é h a if a n t a v e c u n a i r t e n d r e ,
S a n s le f a v o i r tu m 'a s a p p r i s
C e q u e d e m o i t u v e u x a p p r e n d r e .
E n g r a n d i f i à n t j e p e r d s fo n coe u r ,
E l l e l ’ a r e p r i s l ’ in f id è le !
M a i s fo n b a i fe r & m o n a r d e u r
. M e r e f t e r o n t en d é p i t d ’ e lle »
M. du Perron de Caftera mourut, rèfida-nt- de
France en Pologne, le 28 août 17 5 2 , à quarante-
cinq ans. -
PER RO T , ( Nico la s , fieur d’Ablancourt)
( Hijl. lut. mod. y îradnfieur .célèbre dans, fon
temps ; on appelîo t quelques-unes de fes traductions
, les belles 'infidèles, ç\les ne font plus guères
qu infidèles. Il a traduit Thucydide, Xénophon,
Arrien , Tacite , Céf^r „ Minutjus F é lix , Fron- .
t in q u e lq u e s oraifons.de Cicéron , l’hiftoire d’A frique
de Marmol. Il avoir beaucoup d’efprit 8c !
de feu ; il a vo ir , difoit - il lu i-m êm e , quoique ;
fini pie profateur,.le feu de trois portes, 8c comme
il étoit d ailleurs fort inftruit, fa C'.mverfation étoit
du plus grand intérêt ; Pélifton dit qu’on a.uroit
defiré qu’un greffier y fût toujours prèfesit pour
écrire tout ce qu’il difoit. On a dit qu on ne
fayoit qui des morts ou des vivans perdoient le
plus a fa mort. Il s’etoit confacré à la tradu&ion,
parce que , difoit-il , les livres nouveaux n’ont
rien de nouveau & ne font que répéter les anciens.,
ce qui eft a fiez vrai dans plus d’un genre*
Ils nous ont dérobés , dérobons nos neveux.
Pat ru , Conrart 8c Chapelain étoient fes amis; Patru
3 f f v,e* Colbert l’avo t ch or fi. pour éorire
Thiftoire de Louis X IV , & il lui avoit fait donner
une penfion de mille écus ; mais n’ayant pas
cache a Louis X IV que d’Ablancourt étoit.pro-
-»eftant : Je ne yeux pas 1 répondit Louis X I V ,
d un hifiorien qui fiait d’une autre religion que moi*
On a d it, & o n a mieux dit, qu’il faudroit qu’un
hifiorien ne fut d’aucune religion ni d’aucun pays,
c’eft-à-dire, qu’on ne s’apperçût jamais-de fa
patrie ni de fa religion. D’Ablancourt gagna beaucoup
à ce refus ; il conférva la penfion, fct il fut
difpenfé- d’écrire , au lieu d’une hiftoire , un pa-
négyrique payé. Il étoit non feulement .protestant
, mais relaps ; il à voit abjuié, à dix huit ans,
le calvinifme, à la follicitation de Cyprien Perrot
fon oncle , confeiller de grand’chambre , qcii le
defiino:t à l’état eccléfiafiique. & n’ayant point
goûté cet état., il retourna ail calvinifme. Il etoit,.
né en 1606,, à Châlons-fur-Marne , d’une famille
connue dans la robe. Paul Perrot de la Salle ,
fon père, étoit homme de lettres & avoir eu quel- ‘
- (îue P3rt 3 fatyre Ménippée. D’Ablamourt fut
reçu à l’académie françoife en 15 37. Il mourut
en 1664 , retiré dans fit terre d’Abiancourt.
; P E R R Y , ( J ean ) ( Hijl. litt. mod. ) hifiorien
anglois du dernier fiéde , mort au commencement
de celui-ci ; il avoit été nvoyé en Mofcovie & il a
écrit fur cet empire fon ouvrage, qui contient
des particularités fur le règne du czar Pierre , a
été induit en François fous ce titre : Etat préhnt
de la grande Rufifie»
P ERSANNE S, Dyn a st ie s , ( Ht fi. de Perfie ) .
les auteurs perfans comptent quatre dynafties ou
races des rois de Perfes: i ° . la race des Pifchda-
diens.j-2Q. celle des Kianas; 30. celle des Efchga-
niens ; 40. celle des Schekkans,
Les Pifchdadiens ont pris leurs noms de Pïfch ,
qui en per fan fignifie premier, & de dad qui
fignifie j a fit ce, comme fi les rois de cette race
à voient ,été; les. plu,s anciens adminiftrateurs de
la jùftice. Le premier destrente-fix rois de cette
famille , eft nommé par les hiftoriens perfans
Caioumqralh ; il civilifa, difent-ils' les peuples ,
& leur fit quitter une vie fàuvage , pour bâtir
des maifons & pour cultiver'la terre.
La famille des Kianans donna neuf rois à la
Perle, dont le dernier eft nommé par les mêmes
hiftoriens Alskânder ; c’eft Alexandre le Grand,
à ce qu’ils prétendent.
La race des Efchganiens eut vingt-c’ nq rois, dont
les auteurs perfans nomment le premier Schabus,
qui eft le Sapor des Romains.
La race de Schtkkans a produit trente-un
ro is , dont le dernier s’étant fait abhorrer de fes
fujets par fon gouvernement tyrannique, fournit
aux Arabes à aux Mahométans le moyen de
Soumettre la Perfe à leur domination»
P E R SE , { AuluçPerfius F la c cu s ( Hijl. litlér. de
Rome ) né fous l ibère, & mort à vingt-huit ans
fous Néron , s’attacha dès l’âge de feize ans au
Stoïcien Cornutus ; c’eft à l’école de ce philofophe
& fur-tout dans fon commerce intime que ce
jeune chevalier Romain, puifa cet amour de lf
feéle Stoïque qui fe manifefte dans fes ouvrages.
Il confacra des - lors le refié de fes jours, trop
promptement terminés, au culte des Mufes & de
la philofophie qui furent fes premières 8c fes dernières
affeélions. Nul écrivain n’a laifte la mémoire
d’une vie plus innocente 6c plus pure que la fienne;
il s'attira chez Cornutus l’eftime 8c la bienveillance
de tous les hommes célébrés qui le voyoient.
Lùeain fur fon ami ; il connut Sénéque & ne l’aima
point; le vertueux Poe tu s Thrafeas qui avoit époufé
Arrie fa parente , lui donna des marques d’une
tendrefle particulière. Il fut chafte, quoiqu’il lui
foit échappé des vers obfcènes. Fils refpeélueux
8c frère fenfible , il partagea fes Biens avec fa
mère 8c fes foenrs : ami non moins reconnoiflaqjt,
il légua une foilime d’argent & fa bibliothèque a
Cornutus, qui n’accepta que les livres. Perfie vécut
plus avec les livres qu’avec les hommes.
Quant à fes écrits , Quintilien & Martial les
ont vantés , 8ç Boileau a dit : (eft-ce éloge ? eft-ce
blâme ? )
' P e r fe e n fe s v e r s o b fo u r s , m a i s f e r r é s & p re flfan s ,
A f fe if ta -d ’ e « f e rm e r m o in s d e m o t s q u e d e f e n s !
Cafaubon a fait fur Perse un ouvrage d’une érudition
immenfe q u i, s’il ne prouve pas le mérite
de Pèrfie, prouve, celui de Cafaubon, 8c qui a
fait dire qu’au Perjè de Cafaubon , U fiaujfie
vaut mieux que le poijjon ; mais Scaliger, Hein fin s,
le P. Rapin, le P. Vavafieùr, Bayle , 8c fur-tout
.M. du Saulx en ont penfè peu favorablement. -Il
fuffit de lire Perfie pour: fe coifvaincre de fon
obfcuritè, 8c pour dire avec un de fes détra&eurs:
puifiqud n a. pas voulu être entendu, moi je ne veux
pas l’entendre. L’obfcuritè générale des Poètes anciens
tient à des allufions, à des énigmes du temps,
dont le mot ailé à trouver alors , nous échappe
aujourd'hui. L ’obfcurité de Perfie n’eft .pas tant
dans les choies, que dans le ftÿle même; elle
confifte principalement dans l’accunrulation fatiguante
de métaphores difparates, ce qui rend fon
ftyle dur 8c forcé*
Outre le malheur’ d’être auffi obfcur qu’il a
voulu l’être, Ptpfie a encore celui de n’être pas
auffi plaifant qu’il a cru l’être, 8c Cafaubon lui-
même en convient; au refte, quand tout le mal
eft dit fur Perfie, on peut encore dire avec Quintilien
qu’il a mérité beaucoup de vraie -gloire ; il
en eft dû beaucoup fan« doute à des vers tels
que ceux-ci : : •
Magne pater divûm feevos punire tyrannot
Haud alla ratione velis.......
Virtutem yïdeant intabefcantque reliclâ.
Perfie avoit été très-bien attaqué par M. du Saulx,
tradu&eur heureux de Juvénal ; il a été depuis
très-bien défendu par M. S é lis, traducteur non
moins heureux de Perfie lui - même. C’étoit à
M. Sélis qifil appartenoit de le défendre après
l’avoir fait goûter dans fa traduction; d’aiileurs
il le juge avec impartialité, il le loue en convenant
de fes défaut.’ , il s’exprime ainft :
« Ellipfes fréquentes , allufions recherchées ,
n métaphores extraordinaires , apoftrophes muî-
» tïpliées , voilà les défauts de Perje qu’on a
» nommé pour (on obfcuritè le Lycophron Latin.
» Voici ce qui les rachète : fes fatyres refpirent
n la probité; fa morale eft févère... . fa critioue
» jufte 8c fenfée, fon ftyle imposant; moins éner-
» gique que Ju v én a l, il a plus de fehfibilité;
» ( l’énergie cependant prouve la fenfibilité) moirs
j) e njoué qu’Horace, il eft peut-être plus éloquent.
» Enfin le temps où il ofoit plaider la caufe de
jj la vertu, lui donne un nouveau droit à l’eftime
jj des leéteurs; c’étoit fous Néron.
Dans les vers dù Prologue de Peffe , qui font
tous de fix pieds , le cinquième pic cl ■ doit être
un iambe , 8c- le fixième un fpondéè. Cependant
on lit-ainfi dans prelque toutes les éditions le
■ dernier vers de ce prologue :
Cantate credas Pegafeï'um mélos.
O r , la première fyllabe de melos eft breve,
& c’eft un fpondée qu’il faut ; quelques commentateurs
vouloirnt qu’on dit mellos, en doublant
la lettre / j comme Virgile 8c d’autres ont dit
relliquias. Ange-Po!,itien avoit lu dans un ancien
commentaire, neftar, au lieu de melos, mais
M- Sélis trouve le Pegafieïum nectar, une métaphore
bien forcée. Turnebe a propofé de lire :
Cantare Pegafeïum melos credas
8c M. Selis adopte cette leçon.
I l ne croit point fur la foi d’un vieux fcho«
liafte de Perfe, que les quatre vers t
Torvd Mimalloneis , &c.
fu fient de Néron. Il obferve que Cornutus, ami
de Perfie, lui fit changer ce ve rs: