
Irlande , 8c le roi d’Ecofle le remit en effet entre
les mains,des irlandois ; Perkin, avec leur Recours,
fit,une defcente en Angleterre. Un tailleur, nommé
Skelton , un notaire , nommé A ftle y , & quelques
banqueroutiers formoient Ton confeil, trois
mille Anglois fe joignirent à lu i, il voulut forcer
Exe ter, il fut repouffé avec perte , 8c après avoir
erré d’afyle en afyle , fans pouvoir en trouver de
fürs dans ce pays ennemi, il fut pris ; on le
mit à la tour de Londres , après l’avoir promené
à cheval dans toutes les rues , pour lui faire
effuyer les infultes du peuple. Le ' roi eut la cu-
rioftté de le voir d’une tenêrré, mais Perkin ne
put obtenir d'être admis en fa préfence. On lui
promit la vie fauv e, à condition d’avouer l’im-
pofture ; il en fit fa déclaration qui" fut publiée.
Dans la fuite , ayant fait quelques tentatives pour
s’échapper de fa prifon , 8c ayant entamé quelques
nouvelles intrigues, il fut pendu. L’opinion
la plus établie eft que Perkin étoit un im-
pofteur, mais ^’opinion contraire ne manque ni.
de défenfeurs ni de raifons plaufibles.
FERMEZ , f. f. ( terme de relation ) petite nacelle
en ufage à Conftantinople. Elles font faites à-peu-
près comme les gondoles de Venife , mais plus
légères. Les unes font menées par un homme qui
vogue en arrière avec deux rames; les autres
par deux , trois eu quatre bateliers, félon la :
grandeur du bateau , 8c la quantité des perfon-
nes qui font dedans. Là légèreté de ces petits
permet f iiffit pour faire juger du calme du port
de Conftantinople, 8c même de celui du Bof-
phore. Duloir. ( â . R.')
PERO TTO , ( Nic o l a s ) ( Hiß. litt. mod. ) fa-
vant Vénitien du quinzième fièclé, comblé des
faveurs des papes, gouverneur de Péroufe puis
de l’Ombrie , puis archevêque de Manfredonia.
Il a traduit du Grec en Latin les cinq premiers
livres du grec de Polybe , le Manuel d’Epiftète,
le Commentaire de Simplicius fur la phyfique
d’Ariftote. On a de lui des poéfie;s Italiennes ,*•
des Commentaires fur Stace 8c fur Martial ; un
traité de generibus Metrorum ; un autre de Horatii
Flacci, ac Severini Bo'ètii metris ; Rudimenta gram-
matices. On conte qu’étant conclavifte du cardinal.
Beflarion, au conclave tenu' après la mort du
pape Paul II , 8c ce cardinal ayant réuni les
iuffrages pour la papauté, Perotto l’empêcha d’être
pape, n’ayant jamais voulu introduire dans fa
cellule les cardinaux qui venoienr lui annoncer -
fön éle&ion 8c l’adorer , fous prétexte que le
cardinal BefTarion ne vouloit pas être interrompu
lorfqu’il étudioit. Le cardinal Bcfiarion apprenant
l’étourderie ou la fotrife de fon conclavifte, fe
contenta de lui faire ce doux reproche : Vous
m’ave^ fait perdçê. la tiare, & vous aveç perdu le
chapeau. Cette hiftoire fe'trouve p a r -to u t; 8c
n’en efl peut-être pas plus vraie. Nicolas Perotto
étoit né à SUie-Ferrato, dans l’éfât de Venife;
il fut fait archevêque en 14 5 8 , & mourut en
14 8 0 , dans une maifon de plaifance voifine du
lieu de fa naifîance. Il travailla comme tant d’autres
, 8c avec aufii peu de fruit, à la réunion de
Péglife Grecque avec l’églife Latine.
PÉROUSE , ( LAC D£ ) ( Hiß. mod. ) .lac très-
poiiSbnneux d’Italie , 3 7 milles de la ville de
même nom , du côté du couchant. Il eft prefque
rond , 8c a environ fix milles de .diamètre en tout
temps. On y voit trois île s, dont deux ont cha*
cune un boürg. ( A . R . )
PERPÉTUE ET FÉ L IC IT É , ( Hiß. eccUfiaß. )
faintes 8c martyres mentionnées dans le canon de
la méfié. On croit qu’elles ont fouffert la mort
à Carthage au commencement du troifième fiècle.
Dom Ruinart a donné les aéles de leur martyre.
PERRAULT. ( Hiß. litt. mod. ) Ce nom, tant
décrié par la fa tyre , n’eft pas refié fans gloire ,
8c en a moins obtenu encore qu’il n’én a mérité.
Les Perrault étoient quatre frères, tous quatre
hommes de mérite , élevés avec foin par.un père,
homme dé mérite lui-même ,• avocat au parlement
, & à qui les lettres n’étoient point étrangères.
Nous avons peu de chofe à dire de deux de
ces frères , Pierre 8c Nicolas. Pierre étoit receveur
général des finances 8c cultivcit les lettres.
On a de lui un traité de l’origine des Fontaines,
8c une tradu&ion françoife de h Sacchià rapitadu
Tafioni. - m
On a de Nicolas, doéîeur dé Sorbonne, jan-
fénifte , 8c attaché à Port-Royal, un l'ivre intitulé
: Théologie morale d.es défaites, qui n’en efl:
pas , comme on peut croire, l’expofition la plus
favorable.
Les deux frères les plus connus 8c les plus
célèbres font Claude 8c Charles. Claude, né à
Paris en 16 13 , fe partagea entre Galien 8c V i-
truve , entre la médecine 8c l’architeélure ; quoi
qu’en dife une épigramme fatyrique de Boileau,
il ne fut pas ignorant médecin, 8c il fut habile
archite&e ; il traduifit Vitruve ; l’Obfervatoire 8c
l’arc de triomphe du -fauxbourg Saint - Antoine
furent, élevés fur fes deflins, mai? fur - tout il
donna le deflin de cette belle , façade du Louvre ,
qui n’a rien de- fupérieur, dit M. d’Alembert ,
<<, dans les chefs-d’oeuvres de.l’Italie ancienne 8c
» moderne, 8c que l’envie a tâché d’enlever à
» fon auteur , mais qui lui eft reftée malgré
» l’envie. »
Claude Perrault eut beaucoup de part à l’éta-
blifiement de l’académie des fciences, qui d’abord
eut la même forme que l’académie françoife, 8c qui,
dit le même M. d’Alembert, auroit dû conferver
cette forme -, la feule convenable à une fociété
littéraire. Claude fut un des premiers & des plus
dignes membres de cette académie naifîante.
Outre fa traduâion de V it ru v e , un abrégé du
même Vitruve , un traité intitulé : Ordonnances
des
des cinq efpèces de colonnes félon la méthode des
anciens ; on a un recueil de plufteurs machines
de fort invention ; ©n a de lui encore des ejjais
de phyfique, des mémoires pour fervir à Thifioire
naturelle, des animaux. C’eft lui que Boileau a place
dans le quatrième livre de fon art poétique :
Dans Florence jadis vivoit un médecin,
Savant hâbleur, dit-on , & célèbre aflàffin , &ç.
Nous en fommes fâchés pour Boileau , mais aucun j
trait de ce tableau ne rappelle de près ni de loin
rhomme qu’il a voulu peindre ; 8c toute cette
allégorie n'eft fondée que fur ce que Perrault,
médecin de profeflion , fe livroit par goût à l’ar-
chitefture ; & toute cette haine vient de ce que
Perrault n’ainioit pas les fatyres 8c n’en eftimoit,
pas l’auteur. Claude Perrault mourut en 1688.
Charles Perrault, le plus jeune de fes frères,
fut encore plus particulièrement l’ennemi de Boileau
8c l’objet de fes fatyres. Indépendamment
de la vivacité que parut mettre dans cette haine
la fameufe querelle des anciens 8c des modernes,
Boileau étoit, dir-çn , fecrétement piqué de ce
q»edans le poème de Perrault, fur le fiècle de Louis
le grand , jpoëmte où on citoit jufqu’aux Cadeaux
8c aux Triftans , il n’étoit pas dit un feul mot
de lui, parce que la fatyre ne plaifoit pas plus
à Charles Perrault qu’à fon frère ; Boileau ne
parloit pas de ce filence , mais il fe plaignoit hautement
de celui qu’on obfervoit dans ce même
poème fur fon ami Racine, tandis que Corneille
y étoit exalté ; on pouvoit dire à Boileau :
Je vois votre chagrin , & que par modeftje ,
* Vous ne vous mettez point, moniteur , de la partie. •
Çj||ft contre Charles Perrault que font lancés une
multitude de traits épars dans les réflexions fur
Longin , dans l’ode fur la prife de Namur, dans
une foule d’épigrammes ; ce n’eft point par là
qu’il faut juger de Perrault, c’eft par tous les
avantages qu’il a procurés aux lettres. Tout ce
que Louis X IV 8c Colbert ont fait pour les encourager
, les illuflrer 8c les récompenfer, ils l’ont
fait à*Tinftigâtion de Perrault;.c elui-ci infpiroit
Colbert , auquel il étoit attaché, & Colbert infpiroit
Louis X IV . Perrault fut le premier fecré-
taire de ce qu’on appelloit .alors la petite académie,
8c qui eft devenue depuis cette Payante académie
des inferiptions 8c belles-lettres, l’académie
de l’hiftoire. Ce fut lui qui fit engager Louis X IV
par Colbert, à fe rendre le feul prote&eur de
Facadémie F rançoife, 8c à ne plus abandonner à
un fujet, cet honneur trop grand pour tout autre
que pour le Roi ; ce futaufli à lui que l’académie fut
principalement.redevable du logement qu’elle obtint
dans le Louvre , 8c céfut lui qui fit la devife de
la médaille frappée à cette occafion ; cette devife
étoit : Apollo Palatinus, allufion ingénieiife au
temple d’Apollon, bâti dans l’enceitote du palais ,
Hifidire. Tome IV .
d’Âugufte. Il paroît que Charles Perrault avoir
un talent 8c un bonheur particulier pour ces
devifes ; on lui en demanda une pour M. le
Dauphin qui, à quatre ans, montrait, dit-on,
un goût marqué pour la guerre, parce que tous les
enfans ont du goût pour tout ce qui fait du br.uit.
Voici la devife de Perrault qui fut préférée à’ toutes
les autres. Le corps eft un éclat de tonnerre qui
fort de la nu e, avec ce mot : E t ipfo terret in
ortu, ( il efi redoutable, même en naijfant. Cette
devife fut mife fur les enfeignes du régiment de
M. le Dauphin , 8c fur les cafaques de fes
gardes ; nous en aurions mieux aimé une qui eut
infpiré pour ce jeune prince, l’airuQur au lieu de
la crainte; c’eft la réflexion de M. d’Alembert.
Il paroît que cette idée d i goût naturel du Dauphin
pour la guerre, n’a pas peu contribué à le
faire charger en 1688 du fiège de Philisbourg ;
ce qui a fait .dire à Racine :
T u lu i d o n n e s u n f il s , p rom p t à le f é c o n d e r ,
Q u i f a i t c o m b a t t r e ..........
Ü n f i l s , c om m e lu i » f u i v i d e l a v i f t o i r e . . . - .
L ’ é t e r n e l d é f e f p o î r d e t o u s f e s e n n e m i s . .
Q u a n d fo n r o i lu i d i t : p a r s ; i l s 'é la n c e a v e c , j o i e ,
D u t o n n e r r e v e n g e u r , s ’ e n v a t o u t e m b r a f e r .
E t f i d è l e , à fe s p ie d s r e v ie n t le d é p o f e r .
On finit par reconnoître que le Dauphin n’avoit
de goût que pour la chaffe 8c pour le repos.
Charles Perrault concourut av«c Claude à procurer
l’établiflement de l’académie des fciences ;
il eut part 8c au projet & à la diftribution dés
penfions & gratifications accordées par le roi aux
hommes célèbres dans les lettres, foit en France,
foit dans les pays étrangers. Devenu controleur
des bâtimens fous Colbert, qui en étoit^ furin-
tendant, il fit inftituer les académies de Peinture,
de fculpture 8c d’architeâure. Le même talent
qu’avoient les miniftres de Louis X IV , 8c nommément
Colbert, pour perfuader à ce prince que
toutes leurs idées venoient de lu i, Perrault l’a-
v o it , pour perfuader à Colbèrt lui - même qu’il
étoit l ’auteur de toutes les fiennes.
E t d e c e t t e f a u f f e m o n n o ie
Q u e le c 'o u r t ifa n d o n n e a u r o i »
E t ’ q u e le p r in c e l u i r e n v o i e ,
C h a c u n v i t , n e fo n g e a n t q u ’ à - fo i .
Perrault ne fongeoit qu’à la gloire du Roi & qu’au
bien des lettres'; il aimoit la France 8c fon fiècle,
8c vouloit les honorer; il ne concevoit pas la
querelle d’allemand que les favans lui faifoient
fur la prééminençe des anciens , attendu qu’ils
dévoient prendre moins d’intérêt à l’antiquité qu’à
leur fiècle. Il pri-oit un jour M. de Fontenelle
de lui expliquer la colère dont l’honoroit Dacier ,
contre lequel il n’avoit jamais rien écrir. Comment
voulez-vous, lui dit Fontenelle, que M. Dacier
vous pardonne ? En attaquant Us anciâtts, vous dé+