
PORC IUS, ou PORTIUS. Malfon POR C IA ,
ou PORTIA. (V o y e zC a t o n )
PO R É E , ou PO R R É E , ( Gilbert de la ) Hiß.
eccléflafl.) Les avantages 8c les inconvèniens des
lettres 8c de la philofophie au douzième fiècle
s’offrent fenfiblement dans l’affaire de Gilbert de
la Forée, évêque de Poitiers, qui avoit profefle
pendant trente ans avec honneur la philofophie
& la théologie. La dialectique , mal appliquée à la
théologie & aux myftères de notre religion , avoit
déjà produit beaucoup d’erreurs ; elle avoit donné
lieu à des proportions hardies d’Abélard, condamnées
au concile de Soiffons en 15 2 .1, & au concile
de Sens en 1 1 4 0 , à la foilicitation de faint
Bernard ; le même abus'de la mauvaife philofophie
dû temps entraîna Gilbert de la Forée dans
de femblables écarts; faint Bernard, toujours ennemi
des erreurs, & quelquefois des errans, le
fit condamner au concile de Reims en 114 8 . Une
prompte foumiflion , pareille à celle que nos pères
ont admirée dans le digne rival de Boffuet, a non
feulement garanti l’évêque de Poitiers de la tache
de l’héréfie, mais l’a couvert d’une gloire que fes
écrits ne lui auroient jamais procurée. Mort en 115 4 .
PORÉE ( Charles ) Hiß. litt. mod. ) Jéfuite
célèbre par fon efprit & par fes vertus , le
plus habile profeffeur de rhétorique du collège
de Louis-le-Grand, & que l’Univerfité envioit
fort aux Jéfuites. M. de Voltaire avoit été fon
élève & le père Forée en entendant parler de
fes fuccès, & en l’entendant accufer d’irréligion,
difoit quelquefois: ceft ma gloire & ma honte;
c’étoit lui qui parloit dans la première partie de
ce jugement, d a n s la fécondé c’étoit fon rô le ;
mais il aimoit trop les talens & il en étoit trop
bon jug e, pour n’être pas flatté d’avoir cultivé
ceux d’un tel élève.
latena tacitum pertentant gaudia peâus.
Ses harangues, quoiqu’en latin, difoient quelque
çhofe, & parloiem à l’efprit ; auffi fcanda-
lifoient-elles un peu les pédans & les janfénifttes ,
qui d’ailleurs avoient bien réfolu d’être fcandalifés
des ouvrages d’un jéfuite ; la récréation des bons
écoliers de fainte Barbe & des autres communautés
janféniftes ou feulement univerfitaires , étoit de
s’affembler pour critiquer les harangues du père
Porée à mefure qu’elles paroiffoient, on lui reprochoit
d’avoir un peu le ftyle de Pline &
de Sénéque ; le reproche étoit honnête ; n’a pas
qui veut le ftyle de Pline 8c de Sénéque ; tous
nos infignifians latiniftes modernes, ne feroient
pas mal d’en prendre un peu , & de mettre à leur
exemple, beaucoup de fens dans leurs longues
phrafes cicéroniennes qui en font fi dépourvues.
Le père Forée a vo itfa it des tragédies ( latines
) où il y a de la fenfibiliré, parce que l’auteur
en avoit, & des comédies auffi latines, telles
qu’en peut faire un homme d’efprit, qui uniquement
& continuellement occupe des fondions
de fon état, vivoit dans Paris, comme aü fond
d’un défert, 8c n’y étoit pas plus près du monde
que s’il eût vécu au fond des Alp es, dans la
grande Chartreule. Le père Griffepa été l’édi-
1. teur de les tragédies 8c de fes comédies : l’inf-
cription mife ail bas du portrait du père Porée
eft jufte & n’a peint d’exagération : pietate an in-
genio, po'èji an eloquentiâ , modefliâ major an famâ.
M. de Voltaire adrefta au père Forée fa tragédie
d ’OEdipe ; 8c tous ceux qui avoient étudié
tous le; père Porée, confervoient pour lui une
vénération tendre 8c reconqoiftante , & lui faifoient
hommage des talens mêmes qui avoient le moins
de rapport avec fa profeffiôn. Le fameux Tri-
bou, autrefois fon élève, étant entré à l’opéra,
ne crut pas que l’exercice d’un grand talent dût
être un titre de réprobation aux yeux d’un Jé fuite
même, ami de tous les talens ; il vint voir
le père Porée l& lui avoua le parti qu’il avoit
pris; le père gémit fur cette deftinée de fon.
é lè v e , de Ion enfant, 8c l’exhorta du moins à la
vertu qui peut être de tous les états : puis, entraîné
par fon goût pour les arts , il voulut juger
par lui-même de ce que ce jeune homme da-
voit attendre du _ malheureux parti qu’il avoit
embraffé. Tribou chanta fort tendrement un air
fort tendre , le charme du talent produifit tout
fon effet fur le bon & fenfible vieillard, deux ruif-
feaux de larmes couloient de fes y e u x , il cm-
braffa Tribou en s’écriant avec un fentiment
mêlé de tendreffe, de joie 8c de douleur: oh!
malheureux ! vous ne fortireç jamais de là.
On peut croire que cet excellent homme ne
prit jamais aucune part aux intrigues, aux .cabales
dont fa fociêté étoit alors ou l’auteur ou l’ob-'
jet.L
e père Porée étoit né en 1675 , à Vendes près
de Caen ; il étoit entré chez les Jéfuites en 1692 ;
il avoit été nommé en 1708 profeffeur de rhétorique
au collège de Louis-le-Grand, & il mourut
dans cet emploi en 1741.
Il avoit un frère ( Charles-Gabriel Porée ) né
à Caen en 1685 , qui étoit auffi dans l’état ecclé-
fiaftique, mais qui refla dans le monde; il fut
chanoine & curé. Il étoit entré dans la congrégation
de l’oratoire, tandis que fon frère étoit Jé fuite
; celui-ci l’en fit fortir, mais il n’y a rien
à dire , ce fut pour le placer auprès de M. de
Fénélon, il fut fon bibliothécaire. C’étoit être dans
fon élément ; l’abbé Porée aimoit d’autant plus les livres
qu’il ne les avoit pas toujours aimés. C’eft une
particularité remarquable de fon éducation. Des
maîtres "qui n’avoient ni l’efprit ni la fenfibilité
douce du père Porée fon frè re , l’ayant dégoûte
de l’étude, il vécut jufqu’à l’âge de vingt-cinq ans
fans ouvrir un- livre. A cet â g e , il le cafta la
jambe, 8c pendant la longue inaûion où cet accîdent
le condamna , il eut recours aux livres |
comme à un moindre ennui. H vit avec étonné- l
ment qu’il avoit fallu tout le talent de fes maîtres
pour rendre odieufe une occupation fi agréable
8c fi utile, 8c fon goût pour les livres devint
une paffion; il répara très-âvantageufement le
temps perdu, fut trèsdavant ; l’académie de Caen
le pofféda pendant trente ans, 8c le regarda toujours
comme un de fes principaux ornemens. On
a de lui beaucoup de differtations lues dans cette
académie 8c imprimées dans fes mémoires ; il fit
pendant deux ou trois ans les nouvelles littéraires
de Caen, recueil de pièces en profe 8c en
vers des académiciens de - cette v ille , dans lequel
il y en à quelques - unes de lui. Il a écrit
auffi fur les fépultures dans les églifes , 8c a donné
l'hifloire du Mandarinat. de ce fou d’abbé de Saint-,
Martin , dont l’extravagance avoir, dit-on, donné
à Molière l’idée de faire recevoir M. Jourdain
Mamamouchi. L’abbé Porée mourut le 17 juin
1770.
PORLIER ( Pierre ) Hifl. mod.) feigneur de
Goupilières en Normandie , 8c maître des comptes
à Paris, voyant les. Turcs armer en 17 14 8c
1 7 1 5 , contre Malte , parce qu’ils étoient inftruits
que l’tle manquoit de poudre pour fe défendre,
vendit fa vaiflelle d’argent 8c d’autres effets, acheta
de la poudre 8c la fit paffer à Malte. Le grand-
maître Pérellos de Rocafull, lui envoya la croix
de l’ordre. . C’eft fur cet armement des Turcs que
Rouffeau fit fon ode aux princes chrétiens :
Ce n'eft donc point .aflez qae ce peuple .perfide,
De la fainte cité profanateur ftupide ,
Ait dans tout l’Orient porté fes étendards;
Et paifible tyran de la Grèce abattue ,
Partage à notre vue
La phis belle moitié du trône des Céfars.
PORPHIRE ( Hifl. anc. ) philofophe platonicien,
difciple de Longin pour l’éloquence 8c dé
Plotin pour la philofophie, fut le plus redoutable
ennemi des chrétiens, 8c c’eft contre lui que
les pères de l’églife ont le plus réuni leurs efforts. ;
Nous n’avons pas l’ouvrage où il attaquoit la re- ;
ligion, nous n’en pouvons juger que par les ré-
ponfes qu’on y a faites. Théodofe le Grand fit
brûler cerOuvrage en 388. Avant l’invention de
l’imprimerie , c’étoit faire quelque chofe, foit en
bien, foit en mpl, que de brûler des livres; c’étoit
quelquefois anéantir l’ouvrage , c’étoit au
moins le rendre rare , non-feulement en diminuant
le nombre des manuferits toujours peu nombreux
du-même ouvrage, mais fur-tout en avertifïant
les pofteflenrs de ces manuferits de les refferrer,
8c cependant on fait ce que Tacite a dit au fu-
jet des annales de Crêmutius Cor cl us,, fur ce projet
d’éteindre la mémoire des faits 8c des livres. I
Porphyre étoit né à T y r , l’an 233 de Jéfus-Chrift.
Il mourut fous l’empire de Dioclétien: on connoit
fon fameux traité de l’abftinence des viandes ; il
a été traduit en français par feu M. de Burigny
de l’académie des belles lettres.
Porphire eft auffi le nom d’un poète latin,
cfai vivoit fous l’empire de Conftantin, dit le
Grand, 8c qui fut rappelle de l’exil pour un panégyrique
de cé prince, tout plein d’acroftiches
au commencement, 8c au milieu, de vers, de chiffres
entrelacés , de figures de mathématiques 8c de
toutes ces difficultés faâices 8c puériles, toujours
bien plus aifées à vaincre que la feule difficulté
de biem faire.
PORPHYROGENETE, f. m.(Hifl. deCemp. d ’O-
rient ) c’eft-à-dire, né dans le palais de Porphyre
qui étoit l’appartement où acouchoient les impératrices.
Quand l’empire romain fut réduit à l’empire
grec, la fucceffion des empereurs fut telle-
-ment interrompue, que ce titre de Porphyrogénète.
devint un titre diftinélif, que peu de princes de
diverfes familles purent porter. Auffi n’oublia-t-on
point de le mettre dans l’occafion fur les médailles
; voye^ Porphyrogénète , Art. nu (mimât.
(E>. J . )
PORSENNA ( Hifl. rom. ) voyez les articles
Clélie, Horatius Coclès, Mutius Scævola,
T arquin).
Lars Porfenna,ro\ de Cluuum en Etrurie, étoit un
des plus puiffans rois de l’Italie,du temps de Tarquin
j le fuperbe. Lorfque Tarquin eut été chafte, l’an
de Rome 24 4, & qu’il eut perdu, l’an 24 5 , la
bataille où Arons fon fils & Brutus fe tuèrent l’un
l’autre, ce fut à Clufium qu’il fe retira implorant la
proteâion de Porfenna ; celui-ci voulant venger
ce q.u’i T regard oit comme la querelle commune
des rois, 8c s’arme rien quelque forte pour un concitoyen
, car Tarquin tiroit fon origine d’Etrurie
( ou de la Tofcane ) vint, l ’an 24 6, mettre leRiége
devant Rome , 8c prit d’aftaut le Janiculè ; il eût
pris la ville même fans la belle aftion d’Horatius
Coclès qui donna le temps de couper le pont par
où le Janiculè étoit joint à la ville : cet Horatius
Coclès defeendoit de Marcus Horatius,fi célèbre par
la défaite des trois Curiaces fous Tullus Hoftilius.
Il fallut que ce projet 8c cette efpérance d’emporter
Rome d’affaur, fe réduififlent à en former
régulièrement le fiége , qui même fut bientôt converti
en blocus. Ce fut alors que l’entreprife hardie
de Caius Mutius Scévola , en rempliffant
Porfenna d’admiration, le força de faire la paix
avec les romains. Clèlie donnée en otage de
cette paix, traverfa le Tibre à la nage fous les
traits des Etrufques 8c des foldats de Tarquin , 8c
rentra comme en triomphe dans Rome ; mais elle
fut renvoyée au roi d’Etrurie avec fes compagnons
: Tarquin qui en fut averti, fe difpo