
fut indignement traité par les gardes de (a prifon ,
qui l ’éveilloient toutes les fois qu’il étoit provoqué
p a r le famineii. La Macédoine, après àvôir été
la dominatrice dés nations:, ' ne fut plus qu’une
ptovince Romaine. Cette monarchie fubfifta pen-
pendant neuf cént vingt-trois ans, depuis Caranus
jufqù’à Perfée qui en fut le dernier roi. ( T-n . )
P E R T IN A X (E lius ou He lv iu s ) , ( Hijl.
Ràrn. ) né dans un village de la Ligurie, fuc-
céda à l’empereur Commode en 193 . Son père
qui n’étoit qu’un affranchi, lui donna une belle
éducation. L ’ambition de LetuS l’éleva au trône,
moins par fentiment d’anvitiê & d’efiime, que
pour s’y frayer le chemin. Pertinax étoit vieux
& d’une vertu trop rigide pour plaire long-temps
à une milice effrénée qui faifoit & détruifoit fés
maîtres. Ce fut par ce motif que Letus employa
fon crédit pour-préparer fon élévation. Pertjkax
refufa conftamment cet honneur. 11 fallut que
lés légions employaffent les' menaces, & le
fénat fes prières pour vaincre fa réfiftance. L’opiniâtreté
de fon refus lui fit donner le nom de
Pertinax. Sa jeuneffe ayoit été confacrée à en-
feigner les belles-Ièttres dans le lieu de fa naif-
fance : il paffa de l’obfcurité de l’école dans le
tumulte du camp. Sa valeur & fa prudence lui
.méritèrent les premièrs grades que fa modération
fembloit dédaigner. On vit alors un fage préfi-
der ' au deftin de l’empire : les délateurs furent
bannis : les bouffons de Commode qui avoient
fcandalifé Rome par leurs obfcénités , furent
vendus à l’enean : la table étoir fi mal fe rv ïe ,
qu’on craignoit d’y être admis : toutes les dé-
penfcs fuperflues furent retranchées. On crut
voir revivre Trajan & les deux Ântonins qu’il
s’étoit propofé pour modèles. Il étoit fi modefte,
qu’il défendit de mettre fon nom à l’entrée du
domaine impérial, difant que ces lieux ne lui
appartenoient pas, mais à l’empire. Tous les gens
de bien, fe félicitôient de fon gouvernement. Il
n’y eut que: les' prétoriens qui parurent mécon-
te’ns. Cette foldatefque effrénée infultoit impunément
les premiers citoyens , il établit une difci^
pline févere pour la contenir. Cette réforme
devint funefte à fon auteur. Les prétoriens fe
révoltèrent , il ofa fe préfenter à ces Curieux
qui, au lieu d’être ferifiblés à fes remontrances ,
le percèrent de plufieurs'coups de poignard.' Celui
qui le frappa le premierV,lui dit: voilà ce que
les prétoriens t’envoîen*-. Sa mort fut l’ouvrage
de Letus qui l’avoit élevé à'l'empite» mais ce
meurtrier ambitieux n’en retira aucun fruit.
L e pouvoir fouverain fut déféré à Julien qu’on
foupçonne d’avoir trempé dans la conjuration,
ou du moins de l’avoir fue. La tête de Pertinax
fut apportée du camp dans Rome, pour infulter
aux habitans dont il avoit mérité l’amour ; tous
s’écrièrent : tant que Pertinax a régné ; nous avons
yécu dans la fé c u r i t é la foibleflV n’a point eu
à rèdouter-Poppreflion du plus fort. Pleurons cè
père de la patrie-, ce père du fénat & de tous
lés gens de bien. Il'ètôit âgé de 71* ans : il no
régna que trois mois. Il eut beaucoup de'chagrins
domeftiques à efîtiyer. Sa femme Fla v ie , à qui
le fénat ,avoit déféré le titre 'd ’Augüfte. brûla
d’un amour adultère pour un mufitién. SàhS
pudeur dans fa paffion, elle né prit pas même
le foin de la voiler. Pertirïax, n’ayant pu réprimer
ce fcandale, s’en vengea dans les bras d’une
courtifanne, célèbre' par fes prôftitutions. Les
feux dont iî brûla pour elle , 'imprimèrent une
tache à la mémoire. ( T—Ni') •
PERTÜIS DE LA R IV IÈ R E , ( P i e r r e d e )
{ Hiß. litt, riidd.f) Gentilhomme & militaire , mort
en i 668 , au nombre des folitaires de Port-RoyaL
Il a traduit quelques ouvrages dé Sairite-Thérèfe.
PÉRUSSEAU, ( S i l v a i n ) (Hiß. litt, mod.) C’eâ
le père Pèruffeau, Jéfnite , prédicateur & confeffeur
de Louis X V . Ses fermons, panégyriques, &c .
font imprimés. Mort en 17 5 1.
P ES
P E SAN T , ( P i e r r e l e ) ( Hiß. litt. moi. ) Sieur
de Bois Guillebert, nom fous lequel il eft le plus
connu, a traduit Herodien & Dion. Cafiîus ; on
a de lui une vie de Marie Stuart', oii connoït foii
état dé la France. Il étoit lieutenant - général au
bailliage de Rouen. Mort en 17 14 ,
P E SC A IR E , ( F erd in an d -François d’A v a -
L O S , marquis d e ) {H ifl. d’E Jp .\V n 'd e s plus
illuftres généraux de Charles - Quint dans les
guerres dltalie , s’étoit diftingué à vingt-trois ans
à la bataille de Raven ne , en 1 5 1 ? , & y avoit
été fait’ prifonnier ; il partagea depuis avec Profpef
Colonne, l’honneur de la vi&oire de la Bicoque
èn 1522 ; il eut feul l’honneur d’avoir défait lé
chevallier Bayard à la Camifade de Rebec en 152,3 5
mais fon chef - d’oeuvre fut la bataille de Pavie
en 1 525; elle fuffit pourT’immortalifer , puif-
qu’au jugement même du roi vaincu, le, principal
honneur de cette fameufe journée eft du k Pefcaire,
Ce général âimoit- l’éclat de la gloire & le fracas
des batailles, mais il ne facrifioit rien* d’éffentiel
à ce goût dominant. Dans les rencontres, dans
les fièges, dans les courfes de partis| il étonnoit
par une àftivité incroyable qui le réndoit préfent
par-tout, qui furprenoit prefque toujours l’ennemr
le plus vigilant, qui ne lui permettoit pas de fe
reconnoître pendant la chaleur de l’aciion. •
L’entrevue de Pefcaire avec François I , après
la bataille de P a v ie , a paru digne de remarque.
Ce général, à peine guéri des bleffures qu’il avoit
reçues dans la bataille, s’empreffa d’aller faire fa
cour à ce roi chevalier, & au lieu que les autres
officiers impériaux étaloient depuis la bataille .un©
magnificence înjurieufe aux François & . due en
partie à leurs - dépouilles , Pefcaire affeéta de ne
• paroître devant le roi qu’avec un fimple habit
de drap noir, comme s’il eut voulu marquer,par
cette apparence de deuil, la part qu’ilpreopit ait
malheur d’un fi grand prince; Son compliment,
afforti à cet extérieur & aux çonjonélures , fut
fimple & refpeélueux ; Pefcaite.avoit été le témoin
de la valeur du ro i, elle avoit fait naître, en liii
une tendre admiration ; le roi l’emhraffa plufieurs
.fois, le. fit affeoir à côté de lui , le combla d’éloges
, lui attribua, comme nous l’avons d it,
tout l’honneur de la viéloire, eau fa familièrement
avec lui fur les circonftances de cette affaire,
comme un grand homme s’entretient, de fon art
avec un grand homme qu’il eftime, & dont il
n’éft pointvjaloux. Pefcaire termina la çonverfation
par ces paroles :
« Je crois connoître la modération de l’empe-
» reur ; je fuis fûr qu’il ufera généré ti fe mentde
.» la vidoire. .Si pourtant il pouvoit oublier ce
» -qu’il doit à votre rang, à votre gloire, à vos
v malheurs, je ne cefferois de le lui rappeller ,
» & je perdrois le peu de crédit que mes fervices
» peuvent m’avoir acquis, ou vous feriez content
de fa conduite.
Le roi embraffa de nouveau Pefcaire, Sc lui
jura une amitié éternelle.
Lorfque le comte de Lannoi eut rendu à Charles-
Quint le ferviee de tranfporterle roi prifonnier
à Madrid, en trompant Bourbon & Pefcaire, qui
s’étoient accoutumés à regarder le roi , moins
comme le prifonnier de Charles - Quint que
comme le leur, Pefcaire furieux écrivit à l’empereur
contre Lannoi, une lettre pleine d’emportement
& de m-naces , où il accumuloit les .
reproches de lâcheté, d’incapacité , de baffeffe,
de fourberie, reproches qu’il offroit de foutenir
l’épée à la main; depuis ce temps il fe plaignoit
& s’irr:itoit de tout; fes murmures éclatèrent avec
tant de violence & d’amertume, que les puif-
fânees d’Italie, qui , allarmées de la puiffance
de l’empereur, fe liguoient alors contre lui avec
France & l’ Angleterre, commencèrent a y
faire une attention férieufe , & à croire qu’elles
jîouvoierit fonder fur le mécontentement de ce
général les plus grandes efpéranees.
Jérôme Moron , chancelier de François Sforce,
duc de Milan , ( Veye[ Partiale Moron. ) & qui
avoit entraîné fon maître dans la ligue , fe chargea
d’y attirer aufti jPe/c<zirc. Pefcaire , pour prix de fa
perfidie, devoir avoir le royaume de Naples, dont
le pape lui auroit donné l’invefiituré. Pefcaire parut
approuver le projet, feulement il montroit deis !
fcrupules, il demandoit lat permiffion de confulter !
férieufement les plus fameux jurifconfultes de j
Rome & de Milan, pour favoir s’il pouvoit en
çonfcience trahir fon maître , égorger fes foldats ,
& lui enlever un royaume. Les plus fameux ju-
rifeonfuhes de Rome 8c de Milan répondirent fk
prouvèrent qu’il Je pouvoit, qu’il le devoit même,
parce que c’êtoitpour obéir au pape, fuzerain de .
Naples.
Lés avis font partagés fur la conduite que tint
Pefcaire dans cette affaire. Les uns difent que toujours
fidèle fujet il ne feignit d’écoiiter les pro-
pofitioiîs. d e l a ligue, qù’àfin d’être mieux infftruit
de poètes'lés 'çtrcohnanees du projet, & ' de les
réVeler à foii maître avec plus de cpnnoiffance ;
il eft fur du moins que Pefcairè fe juftifia ainfi
auprès de rémpereur, mais il n’eft pas sûr qu’il lui
ait dit la vérité ; le plus grand nombre des auteurs
foutient qu’il fut ébloui par l’offre d’une couronne,
qu’il entra fincèrement dans les vues de la ligue ,
mais quWfifite doutant du fucçès , fachant qu’An-
toine de Lève , {Voye^ l ’article L èv e (d e ) &
d’autres, avoient découvert le complot, & en
avoient averti l’empereur , il Crût devoir fe faire
un mérité de fa faute, en l’avouant 8c en dégui-
fant fon motif comme on vient de .le dire.
Cette idée du double artifice de Pefcaire, qui
trahit d’abord l’empereur, & enfuite les alliés,
femble établie aujourd’hui, & il faut convenir que
le reffenriment dont Pefcaire. étoit, alors animé ,
l ’ambition dent'il fut toujours .dévo'ré , la duplicité
de caradère qu’on lui a univeffcllemént
reprochée, favorifent cette idée.
L’empereur parut croire Pefcaire & lui favoir
gré des intelligences perfides qu’il avoit entrete-;
nues avec la ligue ; il lui ordonna de les conri-J
nuer, afin de pénétrer de plus en plus au fond
de ce myftère, & lui donna le commandement
général de fes troupes en Italie ; l’a'mbition de
Pefcaire' ne fit peut-être alors que changer d’objet.
En trahiffant l’empereur, il eût pu fe faire roi de Naples;
en trahiffant les alliés, il parut vouloir mériter
l’inveftiture du Milanès. Il falloit en dépouiller
Sforce , & c’eft à quoi Pefcaire travailla ; la félonie
de Sforce qui avoit traité avec les ennemis
de l’empereur, fournit le prétexte ; Pefcaire retenu
à Novare par une maladie, fait prier Moron de
s’y rendre , pour mettre avec lui la dernière main
au traité contre l’empereur. A cette propofition ,
Moron héfite, balance, craint de fe perdre, s’il y
va , craint d’aliéner Pefcaire, s’il n’y va pas : fou
courage & fon zèle pour les intérêts de fon maître,
l’emportent, il fe rend à Novare. « Cette réfo-
» lotion, dit Guichardin , me furprit d’autant plus ,
» que Moron m’avoit affuré plufieurs fois , lorfque
» nous* faifions^ la guerre fous le Pontificat de
» Léon X , que le marquis de Pefcaire étoit l’homme
» le plus méchant 8ç le plus perfide qu’il connût
» en Italie n.
Moron arrive à Novare ; Pefcaire le reçoit avec
toutes les marques de la confiance & de l’amitié:
Moron développe tous les refforts de la ligue,
Pejcaire fe prête à tout, on convient de maffacrer
tous les Efpâgnqls fidèles à l’empereur, nommément
Antoine de Lève' qui, par la défe&ion
de Pejcaire, alloit devenir leur chef. Cette con