
provinces r é v o lté e s , il fit la paix ave c le s T u r c s
en 174 6.
Enfin s'étant rendu de plus en plus odieux aux
Perfans par fes cruautés enve r s ceux dont la fidélité
lui etoit fu fp e& e , il fe forma contre lui une
confpiration fi gén é ra le , qu’ayan t été obligé de
Te fauver d’Ifpahan , & a y an t cru être plus en
fiûrete dans (on a rm é e , Tes propres troupes fe
fb u le v e ren t , & le maffacrerent dans fon camp.
I l fut affaffiné par A l i-K o u li-K a n , fon propre
n e v e u , comme l’avoit été M y r r -W e is , le premier
auteur de la révolution. Ain fi a péri cet
homme extraordinaire à l’âge d’environ çp a n s ,
après a voir occupé le trône- de Perfe pendant
i l ans.
Par la mort de cet ufurpa teur, les provinces
en le ve e s au grand - mogol lui font retournées ;
mais une nouve lle révolution a b ouleverfé l’ In-
douftan ; les princes tributaires , les. vice-rois ont
fecoué le joug ; les peuples de l'Intérieur ont
détrôné le fo u v e ra in , & l’ïnde eft encore devenue
a infi que la Perje, le théâtre de nouvelles guerres
civ ile s . Enfin tant de dévaluations confécutives
ont détruit dans la Perfe le commerce & les a rt s,
en détruifant une partie du peuple.
Plufieurs écrivains nous ont donné l’hiftoire
des dernières ré volutions de Perfe. L e P . du
Cerceau l’a fa i t e , & fon ouvrage a été imprimé
à Paris en 17 4 a . Nous avon s v u l’année fuivante
l ’h iftoire de Thamas K o u ii-K an ; mais il faut lire
le v o y a g e en Turquie & en Perle par M . Otte r
& M. F r a fe r , the hiftori o f Nadir-Shah. C e s deux
derniers ont été eux-même s dans le p a y s , ont
connu le Sh ah -N ad ir, & ont converfé pour s’infi
truire a v e c des perfonnes qui lui étoient attachées ;
ils n’ont point eftropié le s noms p e rfan s, parce
qu’ils entendoient la langue ; & quoiqu'ils ne foient
p as d ’accord en to u t , ils ne diffèrent pas néanmoins
dans les principaux faits. Il paroîr par leurs
relations , que l ’aureur de l’hiftoire de Thamas
K o u !i -K a n ,a compofé un roman d e là naiffance
de N a d ir , en le &ifant fils d’un pâtre ou d’un
marchand de troupeaux, dont il vo la une partie
à fon pè re , les v en d it , & s’affocia à une troupe
d e brigands pour piller les pèlerins de Mached.
Nadir ( Shah ) naquit dans le Khorafan. Son
p e re étoit un des principaux entre les .Afchars,
tribu T u r c om a n e ,& gouverneur du fort de K ié la t ,
dont le gouvernement avoit été héréditaire dans
Ta famille depuis long-temps. Nadir étant encore
mineur quand fon père mou ru t, fon oncle prit
poffeffion du gouvernement, & le garda. Nadir
obtint du B e gle r -B e g une compagnie de ça v a - ;
Ie r ie , & s’étant diftingué en diverfes occafions
contre les Eusbegs qu’il eut le bonheur de battre,
le B e g le r -B e g l’é le va au grade de min - bacchi, !
ou commandant de mille hommes. T e l fut le !
commencement de fa fortune. En fuite il fut e n vo y é j
contre les T u r c s , les vainquit, fût é le v é au grade
de lieuten ant-général; & au commencement de
Vannée 1 7 1 9 , îl parvint au généralat. A lc r s SfiaS
Thamas prit tant de confiance en lu i , qu’ il lui
abandonna entièrement le gouvernement de fe s
affaires militaires.
M . F ra fe r qui a demeuré plufieurs années en
P e r fc 9 & qui a été fouvent dans ,1a compagnie
du Shah N ad ir, nous a tracé fon portrait en 17 4 5 ;
& il paroît qu’il admiroit beaucoup cet homme
extraordinaire.
« L e Shah N ad ir , dit-il, eft âgé d’environ $ ç ans.
» I l a plus de fix piés de h a u t , & eft bien p ro -
* portionné , d’un tempérament t r è s - ro b u f te #
» fanguin , ave c quelque difpofition à l ’tm b o n -
” p o in t , s’il ne le prévenoit pas par les fatigues.
» Il a de beaux y e u x noirs , bien fen d us, & des
» fourcils de même couleur. Sa v o x eft e x trê -
w mement haute & forte. Il boit du vin fans excès ,
» mais il eft très-adoHné aux femmes dont il changé
» fo u v e n t , fans cependant négliger fes affaires. Il
» v a rarement chez elles aviant onze heures ou
» m in u it, & il fe le v e à cinq heures du matin. Il
» n’aime point la bonne chère ; fa nourriture
» confifte fur-tout en p illau, & autres me tsfim»
» p ie s ; & lorfque les affaires le demandent, il
n perd fes rep a s, & fe contente de quelques pois
» fecs qu’il porte toujours dans fes poches, & d’un
» v e r re d’eau. Quand il eft en fon particulier, qui
» que ce foit ne peut lui e n v o y e r de lettres ,
» de m e ffa g e s, ni obtenir hudiençe » .
H entretient par-tout des efpions. Il a de
» plus établi dans chaque v ille un miniftre nommé
» hum calant, qui eft chargé de ve ille r fur la con-
» duite du g ou v e rn eu r , de tenir regiftre de fes
» a llio n s , & de lui en en v o y e r le journal p a r
» une vo ie particulière. T rè s - r ig id e fur la dif-
» cipline m ilita ire , il punit de mort les grandes
» fau te s , & fait couper les oreilles à c^ux qui
» commettent les plus légères. Pendant qu’il
» eft en marche, il man g e , boit & dort comme
» iin fimPle fo ld a t , & accoutume fes officiers
n a la même rigueur. Il eft fi fort endurci à la
n fatigue , qu’on l’a vu fouvent dans un temps
* gelée paffer la nuit couché à »erre , en plein
» a ir , enveloppé de fon manteau , & n’a y an t
» qu’une felle pour chevet. A u foleil couchant,
» ihT e retire dans un appartement p a rticu lie r ,
» ou debarraffe de toute a ffaire, il foupe a v e c
» trois ou quatre de fes fa v o r is , & s’entretient
» familièrement ave c eu x » .
» Quelque temps après qu’il fe fut faîfi de Shah
» Thamas , des gens attachés à la famille ro y a le
» firent agir la mère de N ad ir , qui vint prier fon
» fils de rétablir ce prince , fur le s aflùrance*
» qu’elle lui donna que pour reconnoitre cet im-
» portant fervice , Shah Thamas le fèroit fon g é -
» néraliffime à v ie . Il lui demanda fi elle le c ro yoit
» férieufement ? Elle ayant répondu qu’oui : Si
» j ’étois une vieille femme, rép liqua -t-il, peiit-
» être que je le croirois auffi , mais je vous prie
» de ne vous p lus m êler d’affaires d’état. I l aépoufé
b la feeur cadette du Shah H u ffe in , dont en dit
v qu’il a une fille. Il a d’ailleurs de fes concu-
»> bines plufieurs enfans , & deux fils d’une femme
v qu’il avoit époufée dans le lemps de fon obf-
V cuiité. Quoique d’ordinaire il charge lui-même
t> à la tête de fes trou p es, il n’a jamais reçu la
w plus petite égratignure ; cependant il a eu plu-
i> fieurs chevaux tués fous lu i , & fon armure
» fouvent effleurée par des balles ».
M. F ra fe r ajoute qu’il a entendu dire & qu’il.
ä vu lui-même plufieurs autres chofes remarquables
de ce g rin ce , & propres à convaincre toute
la terre qu il y a peu de fiècles qui aient produit
un homme auffi étonnant : cela fe p eu t; mais à
K de cet homme fingulier félon les idées de
t oite ra ifo n , je ne vois en lui qu’un fcélérat
d ’une ambition fans b orne s, qui ne connoiffoit
u i humanité , ni fid é lité , ni ju ft ic e , toutes les
fo is qu’il ne pouvoit la fatisfaire. Il n’a fait ufage
d e fa b ravoure , de fon habileté & de fa conduite ,
que de concert ave c fes vue s ambitieufes. Il n’a
x e fp e â é aucun des devoirs les plus facrés pour
s ’é le ve r à quelques points de grandeur , & ce
point étoit toujours au-deffous de fes defirs. E n fin ,
il a ravagé le monde , défolé l'Inde & la Perfe
p a r les plus horribles brigandages ; & ne mettant
aucun frein à fa brutalité , - il s’eft liv ré à tous
le s mouvemens furieux de fa colère & de fa
Vengeance, dans le cas même où fa modération
jie peuvoit lui porter aucun préjudice.
J ai tracé l’hiftoire moderne des Ptrfes ; leur
hiftoire ancienne eft intimément liée a v e c celle
des M ed e s , des A ffy r ien s , des Egyptien s , des
Babiloniens , des Ju i f s , des Parthes , des Carthaginois
, des Scythes , des G re c s & des Ro-
tnains. Ç y ru s , le fondateur de l'empire des Perjes,
n ’eut point d’égal dans fon temps eu fa g e ffe ,
en valeur & en vertu. H é ro d o ie . & Xénophon
ont écrit fa v ie ; & quoiqu’il fernble que. ce dernier
ait moins voulu faire l ’hifioire de ce p rin ce ,
que donner fous fon nom l’idée d’un héros parfa
it , le fond de fon ouvrage eft hiftorique, &
mérite plus de croyance que celui d’Hérodote.
l-Ze chevalier d e J a u court ).
P E R S É E , {Hiß. anc. Hiß. de Macédoine.) fils de
Philippe , roi de Madéd oine, avoit un frère que
le droit d’aîueffe appelloit au trône avant lui. Ce
prince nommé Démétrius , s’étoit couve r^d e gloire
par le fuccès de fes négociations Ôc de fes e x ploits
militaires. Ce fut en confidération de fon
mérite que le fénat Romain accorda des conditions
avantageufes à Philippe, q u i, humilié d’être
redevable a fon fils de cette f a v e u r , ne v it en
lui qu’un ami des Romains. Perfée , ingénieux à
aigrir fa h a in e , le détermina par de fauffes ac-
eufations à condamner à la mort un fils à qui ;
l ’on ne pouvoit reprocher que fes vertus. Perfée '■
recueillit le fruit de ce parricide : devenu l’héri- ;
tier p réfomptif de l ’em pire , il fe comporta comme j
$*iî en eût été le maître. Ce cara&ère impérieux le
rendir fufpeél: à fon père qui bientôt reconnut
que féduit par fes calomnies, il avoir fait
un fils innocent, pour avoir un herbier coupai
Le monarque, déchiré, de renn rd , eut pum lenteur
de fon parricide , fi la niorr cauféc pat fes
chagrins n’etu prévenu fa vengeance
Perfée devenu poffeffeur de l’empire, trouva
dans k s trefors de fon père les moyens de faire
la guerre avec gloire. Ennemi irréconciliable des
Romains, il leur fufeita par-tout des ennemis,
& prodigue à deffein, il acheta par-tout des
alliés. Le nom des Macédoniens beaucoup plus
refpeâédans la guerre que celui des Cairhi ginois,
étoit encore dans ce temps, redoutable aux R omains.
L’importance de cette guerre le determin*
à augmenter leurs légions & à demander du rem-
fort aux Numides & à leurs autres . lliés. Te:fée ,
à la tète d’une armée de Macédoniens, accoutumé
aux fatigues de la guerre, fe croyoit invincible
, & promettpit à fes fujets de faire
renaître le règne triomphant d’Alexandre. Le
prélude de cette guerre lui fut glorieux; une
vié^oire remportée k»r le confui Sulpjcius lui fit
préfager de plus brillans fuccès : mais vojant que
les Romains étoient plus redoutables après leur
défaite qu’il ne l’étroit après fa viôoire, il adopta
un fyftême pacifique qui fut rejetié avec mépris,
Le conful vaincu lui fit des propofitions auffi dures
que s’il avoit été vainqueur. Perfée t/op fier pour
y fouferire , fit des préparatifs qui inquiétèrent
les Romains. Paul Emile , chargé de cette
guerre, la termina par une viftoire remportée
près de Pydne : il fit un carnage affreux des'Ma^
cédoniens ; vingt mille relièrent fur la place,
& onze mille furent maffaprés dans la fuite.
Polybe & Florus prétendent que P et fée , fans
attendre l’événement du combat, laiffa le commandement
à fes lieutenans, & qu’il fe réfugia
à Pydne, fous prétexte de facrifier a Heicule;
Dès qu’il eut appris la déroute de fon argaée , il
alla chercher un afyle dans le temple de Caftor
&. Pollux , adorés chez les Samothraces. La fain-
teté du lieu ne put diffiper la crainte qu’on attentât
à fa vie; il en fortit à la faveur des ténèbres
pour s’embarquer dans une chaloupe qu’un Can-
diot avoit fait équiper pour le recevoir. Ce fer-
viteur infidèle mit à la voile fans attendre fon
maître, dont il emporta toutes les richefies. Perfée
fins reffourçe rentra dans le temple qui lui reftoit
pour afyle ; accablé de fon défefpoir, il y attën-
aôit tranquillement la mort, lorfqu’ï] apprit que
le gouverneur de fes enfans les avoit livrés aux
Romains. L ’incertitude de leur deftinée réveilla
en lui 1 amour de la v ie , & voulant partager
leqr infortune, il fe rendit à Cnéïus Oâavius
qui le remit au pouvoir de Paul Emilie. Ce conful
après l’avoir fait fervir à fon triomphe, le fit jetter
dans une prifon, où il mourut par le refusxonf-
tfint de prendre des alimens. D ’autres affureot qu’il