
nitence, mais feulement pour aller au fecours de
ion frère Amaury : quel peut donc être ce prince
de la maifon d’Anjou ? Seroit-ce Foulques IV ?
Il eft vrai que ce prince détrôna Geoffroy, fon
frère aîné, 8c le mit en prifon, mais il ne le fit
pas mourir : de plus , comme le rapporte Bour-
digné, Geoffroy fut tiré de prifon par Geoffroy
;V , fon fils , dont nous avons déjà parlé.
( Il vrai que ce Foulques fit le voyage de
Jerufalem, en partie dans des vues dé pénitence ;
niais Bourdigné affure que ce fut par la crainte
des jugemens de Dieu 8c de la damnation é;er-
nelle pour la quantité de fang chrétien qu’il
avoit répandu dans ces batailles. Cet hiftorien ajoute
que Foulques fit un fécond voyage à Jérufalem ,
mais qu’il y retourna pour remercier Dieu de fes
grâces : de plus , ce Foulques ne fut jamais appelle
Plantagenete ; ainft le récit de Skinner paroît
être une fable.
Il y a encore une autre opinion, q u i, quoique
commune, n’eft guère mieux fondée : on croit
ordinairement que tous les princes de la maifon
d A n jo u , depuis Geoffroy V ,-o n t eu le nom de
Plantagenete , au lieu que ce nom. n’a été porté
que par très-peu de ces princes, qu’il fervoit à diftin-
guer des autres. Bourdigné ne le donne jamais
qu au troîfième fils de Geoffroy V , & le diftinr
güe par ce furnom des autres princes dé la même
famille ; cependant il eft certain que ce nom fut
aufli donné à Henri II , roi d’Angleterre, fon
frère aîné. ( A. R. )
PLAN T A V IT , de la Paù sè ( J ean ) Hiß. lut.
mod.), d abord calvinifte 8c miniftre à Beziers ,
erffuite catholique & évêque de L od è ve , mort
en 16 5 1 , étoit favant dans les langues orientales :
°n a de lui un dictionnaire hebreu & une Chronologie
latine des évêques de Lodève ; il étoit
entré dans la révolte du maréchal de Montrao-
renci en 1632.
P LÄN UD E S , ( Maxime ) Hiß. litt. mod. ) ,
moine de Conftantiiiople, auteur d’une vie d’ Efope
très-connue, mais qui ne mérite & n’obtient aucune
confiance , a aufli donné une édition de l’A n thologie
; il vivoit vers l’an 13 27.
PLANTIN , ( Christophe ) Hiß. litt. mod. j ,
Payant & imprimeur célébré du fi izième fiècle ,
qui fie fit par fon art une grande réputation , une
grande bibliothèque 8c une grande fortune. On
prétend qu'il empioyoit des caractères d’argent.
G’étoit à Anvers qu’il exerçoit fon art ; fes p reffe s !
étoient l’objet d’une curiofité générale , & le bâtiment
qui les renfermoif étoit un des principaux
ornemens de la ville. Né à Montlouis près de
Tours en iç 14 , mort en 1589.
PLASTRON (Tune tortue > terme de relation , on
appelle de ce nom toute l’écaille du ventre de
cet animal, fur lequel on laiffe trois où quatre j
doigts de chair avec toute la graiffe qui s’y ren~
contre. Le plaßron fe met tout entier dans le four y
& fe fert de même tout entier fur la table. Labat*
( D . / . )
s P L ATI ERE ( Imbert de la ) Hiß. de Fr. ) ,
c’eft le maréchal de Bourdillon ; il s’étoit diftingué
en 15 4 4 , à la bataille de Cerifoles, où il faifoit
fes premières armes , à la bataille de S. Quentin
e.n 1 557 9 II fauva une partie de l’armée ; il fe dif-
tingua encore au fiégè du Havre de grâce en 1565*
Il fut fait maréchal de France en 1564. Il mourut à
Fontainebleau en 1367. Il"fut employé toute fa
vie avec fùccès dans les plus importantes affaires du
royaume. Il étoit d’une ancienne maifon du Niver-
nois.
PLATINE ( Barthelemi Sa cch i) Hiß. lïtt.
mod.') dit Platine, du lieu de fa naiffance, qui
étoit un village, nommé en latin Plaiina, entre
Crémone & Mantoue ; il avoit d’abord porté les
armes, mais les fciences le réclamoient & l’occupèrent
bientôt tout entier. Le cardinal Beffa-
rion, protecteur de tous les gens de lettres, fut
particulièrement le’ fien ; parmi diverfes grâces-
qu’il lui fit accorder par le pape Pie I I , il lui
obtint l’agrément d’une charge qw’on appelloit
alors abbréviateur apoftoîiqtie. Paul I I , fucceffeur-
de Pie I I , caffa tous les abbrévi tteurs apoftoliques
fans même leur tenir compte de la finance qu’ils»
avoient payée pour leur charge. Platine écrivit
à ce pontife une lettre dans laquelle il 'lui repré
fen ta , du ton d’un-créancier fruflrè, que J . C*
n’avoit point donné' à fes vicaires le ■ privilège
de faire banqueroute, qu’il n’y avoit là-ni infaillibilité,
ni impeccabilité, qu’un banqueroutier ordinaire
peut n’étre qu’un fripon, qu’un banqueroutier
puiffant eft, de plus, un tyran. Platine, pour
toute réponfe, fut mis en prifon & chargé de-
fers j en pareil cas, il fuit de la. protection pour
voir finir ou fufpendie l’injuftice ; heureufement
Platine eut celle du cardinal de Gonzague j U fut
élargi, on lui donna Rome pour prifon , 8c le
pape, à qui des créanciers qui ofoient demander
leur dû étoient fufpeéts, le fit obferver dans-
l’intention de le trouver coupable. Sur quelques
plaintes qui échappèrent fqns doute à Platine
au fou venir de tant d’injuftices , le pape l’accu fa,
d’avoir confpiré contre lui, 8c fur ce prétexte 3.
deftitué de tout fondement, il n’eut pas honte de
le faire appliquer à la quefiion ; Platine ayant
eu la force de réfifter aux tortures, échappa au-
dernier fupplice; mais on ne fe preffa point de-
le relâcher, parce qu’iln e falloitpas paroître avoir
traité fi cruellement un homme de mérite fur des
foupçons mal fondés ; telle eft la profonde logique
des-tyrans, qui fe réduit à dire qu’il faut continuer
de faire du mal à un.- homme de mérite-
innocent, parce qu’on lui en a déjà fait. Platine
fut donc retenu en prifon pendant un an , comme ‘
fi on eût voulu fe donner le temps d’acquérir
des preuves contre lu i; enfin le pape'lui-même
»e pouvant s’empêcher de reconnôître l ’innocence
de Platine, dont nul autre que lui n’avoit jamais
douté, promit de le dédommager, 8c n en fit
rien ; il eft vrai qu’il mourut peu de temps après ,
il eft vrai encore que le cardinal Quiririi a écrit
la vie de Paul I I , pour le défendre contre les
imputations de Platine, (voyez l'art. Paul 111).
Six-'e I V , fucceffeur de Paul I I , acquitta fa pro-
meffe, il combla Platine de faveurs 8c le fit
bibliothécaire du Vatican ; ce fut lui qui fit entre
prendre à Platine Ihi.flaire des Papes par laquelle
il eft fi connu. On a encore du meme écrivain un
panégyrique.du cardinal Beffarion fon protecteur ,
une hiftoire de Mantoue 8c de la famille des
Gonzagues , un traité fur la manière de confeivcr
la fanïé, & de la fcience de la cuifine, ( la fcience
da la cuifine n’eft pas un de ces mo yens-là.)
8c beaucoup d’autres traités de morale, de politique,
8cc. Platine étoit né en 14 2 1. Il mourut
content 8c heureux après tant de traverfes, entoure
des arts, des livres 8c des favans, en 14 8 1.
P LA TO N , (Hifl. litt. Grecq.) naquit l’an 428
avant J . C.» Il fe noinmoit d’abord Arifiocles, 8c
cétoit le nom de fon ayeul ; Platon eft un furnom,
une efpèce .de fobriquet qui lui fut donne parce
qu’il avoit les épaules larges 8c quarrées; on le
fiurnomma aufli l'Abeille Attique , a caufe de la
douceur de fon éloquence *, ce qui fit inventer
après coup cette fable, qu’un jour qu’il dormoit fous
un myrthe, étant encore au maillot, un effaim
d’àbeilles fe pofa fur fes lèvres. C ’eft apparemment
à cette fiCtion qu’Horace fait allufion , lorsqu'il
invente pour lui-même une fiction à peu près
pareille :
Mefabülofce vulture in Appulo
Altricis extra limen Apulice ,
- Liido fatigatumque fomno ,
Fronde novâ puerum palttmbet
Texere , mirum quod foret omnibus
Qutcumque celfce nidum Acherontlce ,
». Saltusque JBantinos , & arvum
Pingue tenent humilis Ferenti.
Ut tuto ab atrïs eorpore viperis
Dormirem 6e urfis , ut premererfacri
JLauroque collât tique myrtho ,
Non fine D is animofus infans.
Platon avoit commencé par faire des tragédies,
il les brûla lorfqu’à vingt ans il eut entendu Socrate,
foit qu’il jugeât alors devoir tout facrifier à la phi-
lofophie, foit que prenant feulement alors l’idée
de la véritable éloquence, il apperçût mieux le
défaut de fes jeunes productions.
Pendant la jeuneffe de Platon, les trente tyrans,
établis par Lyfandre, général des Lacédémoniens,
afferviffoient Athènes; Platon étoit déjà par fes
taiens affez célèbre pour que ces trente tyrans
s’empreffaffent de l’attirer à leur parti 8c lui fiffent
part du gouvernement. Il accepta leurs offres clans
l’efpérance d’adoucir la tyrannie , mais bientôt
voyant que le mal étoit-fans remède 8c qu’il falloir
être le complice ou la viCtime des tyrans, il
s’éloigna.
Après l’expulfion des ty ran s , les affaires n’en
allant pas mieux, l’état recevant tous les jours
de nouvelles plaies, Sc Platon ayant vu Socrate,
fon maître 8c le,plus vertueux des hommes, immolé
à la rage de fes ennemis, il prit le parti de
fe retirer d’abord à Mégare ; enfuite s’éloignant
davantage , il alla jufqu’à C y rèn e , pour fe perfectionner
dans les mathématiques fous Théodore,
le plus gra»d mathématicien de fon temps ; il
vifita l’E gypte, apprit des prêtres Egyptiens leurs
plus importantes traditions ; il alla en L a lie , parcourut
la grande Grèce , y vit cet Archytas de
Tarente, qu’Horace appelle
Maris & terne numeroque carentis arence
Menforeml
8c les autres Pythagoriciens. Il paffa enfuite e»
Sicile, vit l’Etna 8c les tyrans dont les paflîons font
plus ardentes 8c plus funeftes que les feux de ce
volcan ; il eut le malheur d’en infpirer une très-
bizarre au jeûne Denys , tyran de Syracufe.
(V o y e z les articles Denys le jeune, 8cDion).
De retour dans fon pays , il acquit la maifon,
& les jardins d’un héros Athénien, nommé Aca-
dénms ; il y fonda une école de philofophie, ft
célébré fous le nom d’Académie, 1 .
Atque inter fylvas Acadcmi queerere verum.,
Tous les ouvrages de Platon font en forme de
dialogues, & ces dialogues font prefque tous également
recommandables par la force du raifonne-
ment 8c par le charme de L éloquence. .Nous avons
aufli de Platon douze lettres ou épitres. Quin-
tilien dit gue Platon lui paroît parler le langage,,
non des hommes, mais des Dieux , ut mihi non ho-
minis ingenio, fed quodam delphico videatur' oraculo
tnflinctus. Il fait très-bien fentir aufli l’art qui règne
dans les queftions 8c dans les réponfes, 8c l’en«
chaînement ingénieux des propofitions qui luivent
néceffaireinent les unes des autres, 8c forcent les
contradicteurs à l’aveu formel des vérités qu’ils
ont combattues d’abord avec une apparence de
fuccès. Adeo ƒcita funt intetrogaûones, ut chm plcrif-
que berie refpondeatur, res tandem ad id quod vult tjfc—
cereyperveniat. Platon mourut à quatre-vingt-un ans,
l*an 348 avant J . C. Speufippe, fon neveu, Xeno-
crate, Ariftote , Démofthènes, Dion , font au
nombre de fes difciples.
C’eft principalement par Platon que nous con-
noiffons la, doftrine de Socrate, dont il ne nous
refte point d’écrits. Pythagore, Socrate 8c Platon,
font les trois plus grands noms que nous offre
Phiftoire de la philofophie ancienne. Le plus ex-
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