
pour la religion catholique, [fes liai ions avec les
pa.rtifans déclarés du catholicifme, fes rigueurs
envers les proteftàns rebelles qu’elle avoit chaffés
du ro y aum e , & qui revinrent tous ce jour même
pour la braver ouvertement ; il jo ig n it , dit on , à
tant d’outrages la menace de la tuer elle-même ;
Ma rie relia prifonniêre.
E lle recouvra promptement fa liberté , elle
regagna aifément fon mari , qui défavoüa tout
a v e c fa foibleffe ordinaire , • & qui n’ayant fu
s’attacher ni,à fa femme ni à la nation , ■ fut accablé
du mépris de l’une & de l’autre.
Marie fit punir quelques-uns des affaffins de
R i c c io , qui tombèrent entre fes mains , fit grâce
à un bien plus grand nombre en co re , car elle ne
fa vo it ni haïr ni fe venger. Plufieurs des plus
coupables fe fauvèrent en Angleterre fous la
prote&ion d’Elifabeth. L ’ affaffinàt de R ic c io eft du
9 mars 1566.
L e 19 juin B u v an t, Marfe accoucha d ’un f ils ;
ce fils fut Jacques V I , en Ecoffe , & Jacques I en
Angleterre. On dit qu’il frémiffoit à la vue d’une
épée nue, & que c’étoit l’effet de l’impreffion terrible
que fa mère étant groffe de lu i , avoit éprouvée à
l ’arrivée imprévue des afiafïjns de R ic c io .
RICCIOLI, ( Jean-Baptiste ) H ifl. litt. mod. )
Jé lu it e , né à Ferrare , en 15 9 8 , a beaucoup écrit
fu r la géographie, l’hyd rographie, l’aftronomie,
la chron ologie, & a réformé beaucoup d’erreurs
fur toutes ces fciences ; il a fait anffi ave c le père
G r im a ld i, fon con frè re , des expériences curien-
fe s fur la chute des corps. Mort en 16 7 1.
R IC C O B O N I , ( ô u J R i c o b o n i ) c’eft le nom
I® . d’un favant du feizième fié c le , ( A n to n iu s
R ic o b o n u s ') né à R o v ig o en 1 5 4 1 , difciple de
Paul Manuce, de Sigonius & de Muret, mort
en 1599 . Il a beaucoup écrit fur la rhétorique &
fu r la poétique ; il a commenté plufieurs ouvrages
d’Ariftote & de Cicéron ; il a écrit Fliifloire
de l’univerfité de Padope.
2 ° . D ’un aftear cé léb ré , & en Italie & en
Fran c e , qui a beaucoup écrit fur fon art. On
a de lui des comédies compofées pour le théâtre
Italien , mais il eft plus connu par fes pen fées
f u r la déclamation, par fon d ïfçpû rs f u r la ré f o r mation
du théâtre, fes obfervations, f u r la comédie <5*
f u r le génie de M o liè r e , fes r éflex ion s hijioriques
& critiques fu r les théâtres de l* E u r o p e , fon h ifo ir e
d u théâtre I ta lien . Il étoit de fon temps le meilleur
a â eu r de la comédie Italienne, il y étoit
connu fous le nom de L é lio .
L e nom de R iccobon i eft devenu encore plus
célèbre depuis par 1rs ouvrages d’une fem m e ,
que l’hiftoire littéraire diftinguera parmi les auteurs
d e fon fixe ; mais qui ( en 17 8 7 ) n’appartient
point encore à l’hifioiref
f R IC H A R D ,' ( de Cornouailles ) H iß . d 'A l lem
a gn e ) fils du roi d’Angleterre ( Jean fans T e r re )
& d’Ifabelle d’A n gou lêm e , fut appetlè au trône
d’Allemagne pendant les troubles qui fuivirent la
mort de Frédéric I I , & fut couronné en 1 2 5 7 ,
dans un fauxbourg de Franc fort, par les archevêques
de Mayence & de Cologne, & par le comte
Palatin du Rhin & le duc de Baviè re. Les h iflo -
riens d’Allemagne prétendent qu’ il ne parut point
dans l’empire après fon facre , dont les cérémonies
furent répétées à Aix-la -Chape lle . Mais ils
font réfutés par la chronique d’Angleterre de T h o mas
W ïk . Suivant cette chronique , R ic h a rd fit
trois vo yag e s en Allemagne , pendant lefquels
il y exerça tous les droits de fouveraineté : il
donna à O to n , roi de B oh êm e , l’inveftiture de
l’Autriche & d e là S t ir ie , & fe maria , en 12 6 9 ,
à là fille d’un baron, nommée F a lk em o r it , qu’il amena
à Londres. Les années de fon regne qui n’é to i t ,
à proprement p a rle r, qu’une anarchie , font com-
prifes dans l’interregne qui fuivit la mort de F ré déric
I I. R ich a rd mourut en 1 2 7 1 , dans fon château
de Merkftat, oublié des Allemands qui ne
l'avoient appelle .que pour le dépou lier. Il èf oit
dans la foixa n te-deuxi eine année de Ion âge & la
quatorzième de fon rè g n e , fi cependant on peut
appeller régne l’anarchie la plus tumulrueufe.
( M — Y . )
Richard eft auffi le nom de trois ducs de Normandie
, & de trois rois d’Angleterre , dont le
premier fut auffi duc de Normandie.
D u c s d e N o r m a n d i e .
10. R ich a rd - fa n s -p e u r , fils de Guillaume lit lon gue
épée , & .petit fils de R o llo n .il n’aVoit que dix
a n s , lorfque Louis d’Outrem er, roi de F ran c e ,
fomenta contre lui la révolte des Normands idolâtres
, qui vouloient contraindre leur jeune duc
de renoncer au chriftianifme. Hugues le grand
Ceçourm R ich a rd 9 & calma ces troubles. L o u is ,
moitié féduâion., moitié violence , s’ empare de la
, perfonne de R ich a rd pour s’emparer de fes états;
les Normands, après quelque réfiftancè , lai fient
enlever leur duc ; Louis parvient à leur p e jfpa-
derque cet enfant fera mieux élevé dans une cour
ennemie qu’au milieu de fes fuje ts, & il l’amène
à Laon. Bientôt le deffein eft pris de fe défaire
du jeune prince & d e fe reffaifir de la Normandie.
Au moment de l’exécution , A fm p n d , gouverneur
de R i c h a r d , l’arrache à cette cour meutrière , en
l’enveloppant dans un paquet d’herbes & le faifant
porter ainfi jufqu’à S en lis, où il le met fous la
garde du comte B e rn a rd , on pie' maternel de
l’enfant. Cependant Louis d’Outremer offre à Hugues
le grand de partager la Normandie, &
f Hugues abandonne R ich a rd . Louis fond fans o b r f ftacle fur cette province fans c h e f ; le comte
! Bernard ia délivra par une conduite également
• babils
fcabiîe & hardie ; il ofa trompe rie tfèm p e u r ,e n
l’engageant à tromper encore; il confeilla aux
Norm«nds de fe rendre au roi pour éviter la
g u e r re ; il confeilla au fo i de garder la Normandie
en tiè re , pnifqu’e lle s’étoït rendue à lui fe u l,
& de fruftrer Hugues de la part qui lui avoit été
promife. Hugues fut ' mécontent : Bernard alors
confeille à Hugues de fe venger en prenant la
prote&ion de Rich a rd. Bernard fe fe rv it de plus
pour fon deffein, d’un ch e f de nouvelles bandes.
Normandes, nommé Aigrold ,qui fe déclara hautement
le défenfeur de R ich a rd & font ma Louis
d’Outremer de mettre ce prince en liberté ; B e rnard
s’emporte contre cette infolence, affure le
roi que toute la Normandie lui eft d é vo u é e , &
que s’ il paroît en perfonne dans cette p rovince,
Aigrold lui fera livré pour recevoir le châtiment
de fa fo lie ; L o u is , auffi crédule que fourbe , s’engage
parmi fes ennemis; Aigrold feint d ’avoir
peur & demande une conférence ; elle fe tient au
village de Grefcenville fur le chemin de Lizjeux
à Çaen ; Aigrold s’ y trouve le plus fo r t , taille
en pièces l’efcorte du ro i, & l’envoie lui-même
prifonnier à Rouen ; il n’en fortit qu’ a la faveur
d’un traité par lequel il céda, comme Charles le
fim p le , Ion p è re , toute la Normandie, à la charge
de l’hommage; & ce nouveau traité fut encore
conclu à Saint-Clair fur Epte ( en <745. ) R ich a rd
s’affermit fur fon tr ô n e , & fut plus puiffant que
fon père & qüe fon aïeul. Hugues le grand , q u i,
fans feeptre , avoit régné plus de vingt ans ; fils ,
n e v e u ,• gendre , p è r e , oncle de rois, beau-frère
de trois rois , lui recommanda en mourant fes
enfans & fes vaffaux. Hugues le grand avoit été
le proteéieur de Richard ; Richard le fut de Hugues
Çapét & de fes frères.
L a conduite du roi Lorhaire à l’égard de R ich a rd
fut la même que celle de Louis d’Outrémer fon
père. Il s’ u n it, pour le p e rd re , avec tous les fei-
gneurs que le voifinage rendoit ennemis de R ich a rd .
Pour le furprendre , il feint de le confulter ; il
vouloir , difoit i l , fe gouverner par les avis de
celui à qui Hugues le grand avoit confié fes phis
chers intérêts , il le prie de fe trouver à un parlement
qui devoit fe tenir à Amiens. R ich a rd fe
mec en marche. Dans le chemin, deux inconnus
viennent à fa rencontre, & l’avertiffent qu’il eft
p e rd u , s’il entre fur les terres de France. R ich a rd
s’arrête & retourne fur fes pas. Lothaire voyant
ce piège manqué, fe hâte d’en tendre un autre:
il perfuade à Rich a rd qu’il veut perdre1 Thibaud,
comte de Chartres, voifin & ennemi de Rich a rd .
« J ’ai beïoirt pour cela de votre; fe cours, dit-il à
R ich a rd ; mais il nous faut un prétexte pour
» nous vo ir & pour traiter enfemble. Publiez que
» j ’exige l’hommage pour la Normandie, & que
» vous venez me le rendre. » Il lui indique un
jour & un lieu pour l’entrevue fur les bords de
la rivière d'Epte, limite des d eux-états; R ich a rd
iaftritit p a rle .p a ffé , prepddos précautions qu’exige
H i f o i r e . Tome IV ^
la p ru d en ce ; ayant déjà traverfe l’E p te , il envo
ie des efpions examiner ce qui fe p â lie , il
apprend que le comte Thibaud & tous fes autres
ennemis font auprès du roi qui fe difpole
à l’attaquer dès qu’ il paroîtra ; en conféquence
Richard repaffe l’Epte & fe retranche fur 1 autre
b o rd : il eft attaqué en e ffe t, & fe défend a v e c
tant de v igu eu r , qu’il force le" roi & le comte
de Chartres à la retraite. La guerre fe prolonge d un
côté , Thibaud brûle tout jufqu’à Rouen ; de l’autre
, des Danois en vo y és au fecours de Richard
par le roi de Danemarck fon p a ren t, fe répandent
jufqu’aux portes de Paris.
Hugues Capet monte fur le trône , les François
& fes Normands fo n t -am is , Richard fe rend médiateur
entre Hugues Capet & fes vaffaux. L e
petit-fils de l’affaffin de G u illaum e , duc de Norman
die , père de Richard, le comte de Flandre
chaffé de fes états .par Hugues C a p e t , cherche
un a fy le , où ? en Normandie. C e duc R ichard
jugeant qu’il feroit dangereux d’accoutumer
le nouveau r o i , fon pupille , à dépouiller ainfi les*
grands vaffaux , oblige Hugues Capet de faire.
grace au comte de F la n d re , & de lui rendre ces.
places. Richard fans-peur mourut a F é c am p , en
996 . I l régnoit depuis l’an 942.
20. Richard le bon , fon f ils , commença pourtant
par opprimer fes p eup le s; les ducs de N ormand
ie, grands princes d’ailleurs, avoient pouffé
jufqu’ à un excès infupportable la tyrannie de la
chaffe & de la p ê che ; ils s’étoient emparés d e
tous les b o is , de toutes les e a u x , de tous les
pâturages ; les payfans dépouillés de leurs tifages,
privés de toute rëffource ; fo it pour leur chauffage
, foi-t pour la nourriture de leurs beftiaux,
voyan t d’ailleurs leurs campagnes prefqu’ autantdé-:
vallées par les bêtes fauves que par les comtes de
Chartres & de Flandre , s’etoient attroupés
révoltés. Richard, courut à ces malheureux , p r i t
quelques-uns de leurs che fs, & leur fit couper
les pieds & le s .m a in s ; il eût mieux fait de. détruire
le gibier & de procurer à Tes fujets la
facilité de cultiver & de fubfifter. G u illaum e ,
comte de G ifo r s , fon frère bâtard, fe révolta contre
lui : il fut pris & enfermé cinq ans au château
de Rouen ; il le fauva de fa p r ifo n , & fe
cacha dans les b o is ; il apparut tfn jour mourant
de faim & de d ou leu r, à fon frère qui chaffoit
dans ces mêmes b o is, & qui touché d’un tel
fpèélacle , lui pardonna. Depuis ce moment il n’y
eut plus dé révolte.
Richard I I , & le roi de France R ob e rt, apres
quelque^démêlés,' vécurent dans une intimité , rare
entre les princes. Robert appelloit Richard, fo n
cher cotifin & fon bien bon ami, titres qui n’étoient
pas encore devenus d’étiquette ; on le s .voit fe
fournir l’un à l’ autre des fecours contre tous leurs
ennemis ; ce fut principalement par les armes de
Richard que Robert fournit le duché de Bourgo^
éne» à là mort de Henri fo a on d e .
8 * Bbbfe