verfation étoît entendue d’Antoine de Lève que
le marquis de Pefcaire avoir fa:t cacher derrière
une tapifferie ; Moron, en fortant de la chambre
de Pefcaire, eft arrêté & conduit au château de
Pavie. Pejcaire, de Ton complice, devenu fon
ju g e , alla l’interroger lui-même fur toutes les
vcirconftances du complot ; Moron eft forcé de tout
avouer à un homme qui favoit tout de fa propre
bouche, il chargea le duc de Milan de complicité,
c’étoit cet aveu dont on avoit befoin. Auffi-tôt
qu’on l*eut arraché, Pefcaire parut aux portes de
Milan, prêt à y forcer le duc, & le preffant
avec toute la violence que lui infpiroient fon ambition
& le defir d’expier une perfidie dangereufe
par une perfidie utile ; en vain Sforce demandoit
juftice à l’Empereur, fecours & vengeance à fes
alliés, tout 1 abandonna, un événement imprévu
le fauva , Pefcaire mourut à trente-fix ans, en 15 25.
Ce jeune héros venoit de ternir fa réputation
par l’affaire de Novare , & par la conduite au-
moins équivoque , qu’il avoit tenue à l’égard de
la ligue. Tant d’artifice étoit trop au-deffous d’un
^ graqd homme ; on vôyoit trop le principe inté-
reüé de cette baffeffe politique. Dans les autres
occafions , Pefcaire avoit toujours déployé une
ame fiere, faite pour le, commandement, peu
capable d’obeiffance. Ami fincère du mérite ,
pourvu que la concurrence ne l’en rendît point
jaloux, il l’honora dans Rayard , il l’admira dans
François I , il le perfécuta dans Profper Colonne,
il Tinfulta dans le connétable de Bourbon. Ses
talens militaires, oppofés en tout à ceux deProfper-
Cojonne *, mais éminens dans leur genre, s’étoient
déjà mûris par une étude affidue & par une
prompte expérience. Haï des Italiens fes compatriotes
(c a r la maifon d’Avalos étoit originaire
de Cata'ogne, mais les ancêtres de Pefcaire s’étoient
établis dans le royaume de Naples, fous
Alphonfe le Magnanime, au commencement du
quinzième fiècle) il étoit chéri des Efpagnols.
L ’infanterie Efpagnole, dont il étoit le capitaine-
général , avoit pour lui une affeâion fans bornes.
Il laiffa pour héritier de fes biens & de fes
talens, Alphonfe d’Avalos , marquis du £n a ft ,
fon coufin , ( Voye{ G u a s t ) (d u ) auquel il *e-
Çommanda en mourant fes foldats Efpagnols, &
Viâoire Colonne , fa femme. ( Voyeç C o l o n n e )
qu’il avoit tant aimée, à laquelle il avoit été fi
cher, & à laquelle il avoit dédié un livre de
tendreffe , pendant fa prifon , après la bataille de
Ravenne. Il femble que fon attachement pour
cette femme, auroit du lui infpirer plus d’égards
pour Profper Colonne», dont elle étoit la nièce
a la mode de Bretagne. L’empereur parut moins
redoutable à toute l’europe, lorfqu’il eut perdu
F E v .R les malades ^ é to it anciennement en A n gleterre
une coutume de guérir les enfans malades,
«n les pefant au tombeau de quelque faint, en
mettant, pbur les contrebalancer, dans l’autre
côté de la balance, de l’argent, du pain de froment
Oü quelqu’autre chofe que les parens avoient
la volonté de donner à D ieu , à fes faints ou à
l’églife.
Mais c’étoit toujours une fomihe d’argent qui
devoir faire partie du contrepoids ; on venoit à
bout de les guérir par ce moyen, ad fepulchrun
fanÜi nummo fe ponderabat.
Suppofé que cette coutume fût reçue en Angleterre
, elle approche de celle que la pieufe
crédulité des fidèles a introduite dans différentes
provinces de France, dé vouer leurs enfans malades
aux faints fur les tombeaux, ou fur leurs autels,
de les y faire affeoir, de leur faire boire de l’eau
des fontaines qui coulent près de leurs reliques
oudeséglifeS qui leur font dédiées. ( A . R . )
P E SSE L IER , ( C h a r l e s È t i e n n é ) ( Hiß. litta
moi.) bel-efprit & citoyen eftimable, aiitèur de
trois comédies, de la mâfcaràde du Parnajfe, de
VEcoll du temps, d'Èfope au Parnaffe, & de quelques
autres ouvrages qui annoncent plus d’efprit
& de facilité que de véritable talent. Il y a dans
fes comédies des morceaux agréables; on a encore
de M. Peffelier des fables & des lettres fur
l’éducation , &c. Il avoit un emploi dans les fermes,
& il a écrit fur les finances ; il étoit de plufieurs
académies, tant nationales qu’étrangères. Né ^
Paris en 1 7 1 2 , mort en 1763.
P E S T E , f. f. ( Hiß. anc. 6» mod. )
V o i là c e m a l q u i r é p a n d l à t e r r e u r ,
M a l q$ie le c i e l e n i a fu r e u r
I n v e n t a p o u r p u n i r l e s c r im e s d e l a te r r e *
J e ne peindrai pas les rigueurs de ces climats^
où cette cruelle fille de la déeffe Néirtéfis def-
cend fur les villes infortunées. Cette grande défi
truârice eft née des bois empoifonnés de P &
thiopie des matières impures du grand Caire»
& des champs empuantis par des armées de fau<r
terelles, entâffées & putréfiées en nombre innonH
brable. Les animaux échappent à fa terrible rage,'
tandis que l’homme feul lui fert de proie. E ll$
attire ua nuage de mort fur fa coupable demeure
que des vents tempérés & bienfaifans ont aban-*
donnée. Tout äjors n’eft que défaftre. La fagefte
majefiueufe détourne fon oeil vigilant ; l’épée &
la balance tombent des mains de là juftice fans
fondions ; le commerce ne porte plus fes ieçours
utiles ; l’herbe croît dans les rues dépeuplées ;
les demeures des hommes fe changent en des
lieux pires que les déferts fauvages ; perforine
ne fe montre , fi C e n’eft quelque malheureux
frappé de phrénéfie qui brife fes liens & qui
s’échappe de la maifon fatale, féjour fimefte de
l’horreur. La pôrte qui n’eft pas encore infedéej
> ù’ofé tourner fur fes gonds, elle craint la fociéfé ;
Tes-amis, lès parens, les enfans mêmes de la
maifon. L ’amour éteint-'par le malheur, oublie
le rendre lien & le doux engagement du coeur
Tenfible;le firmament & Pair qui animent tout.;
font iflfedés iiés traits de la mort';; chacun -en
eft frappé à fon tour , - fans recevoir mi foins ni
derniers adieux , 8c-fans que perfonne ordonne
fon trifte -cercueil: aînfi le -nok défefpoir étend
fpn afiëTiinèbre- fur les villes terraflees, tandis
que pour achever la fcène de défolation- ,-les
gardes inexorables difperfés tout autour ,-refufent
toute retraite , ■ & donnent une mort plus douce
au malheureux qui< la fuit.
Les annales de l’liiftoire font mention de deux
pejles à jamais mémorables, & qui ravagèrent
ie, monde; Tune 4 3 1 ans avant Jéfus-Chrift, &
l’autre dans le quatorzième fiècle de l’è re . chrétienne.
Thucydide, Diodore de Sicile 8cPlutarque.,
vous inftruiront fort au long-de la première qui
parcourut une vafte étendue de p ay s , -& dépeupla
• la Grèce fur fon paffage , Tous le règne d’A-r-
; taxerxès.’Longue-main ; cette pefie.. commença en
Ethiopie* d’où elle defeendit e n L y b ie e n Egypte,
en Judée-y eu-Phénicie , en : Syrie , -dans tout
.Pempire de Perte , •& fondit enfuite dans TAttique,
, & particulièrement fur Athènes* Thucydide qui
en fut attaqué lui-même , en a décrit expreffé-
ment les ei-r confiances &. les fymptômes, afin ,
dit-il, qu’une relation exa&e de cette affreufe
maladie puifte. fer-vir d’inftru&ion à la pofiérité, ■
fi un pareil , malheur arrivoit une fécondé fois.
« Premièrement, dit cet hiftorien ( lïv. J I de
» la guerre duPMaponcfc) , cette-année fut exempte.'
» de toute .autre maladie , & lorfqu’il en arrivoit
quelqu’une, elle dégénéroit en.celle-ci; à ceux
.» qui fe portoient bien,.elle prenoit fubitement
» par un grand-mal de tê te , .avec.jdes yeux rouges'
.■s» & enflammés, la langue & le gofier fanglans,
» une haleine .infcâe ., une, refpiration difficile , .
-5» fuivie d’éternuemens & d’urie voix rauque.
De-là defçendant jdans.la ppitrine, elle qxci-
» toit une toux violente : quand elle attaquoit
» 4‘éôomac, elle le faifoit foule ver, & caufoit
» des vomiflèmens de toute forte de<bile.^avec
.« beaucoup de fatigue. La plupart des maladès
».avoient un hoquet fuivi de ccnvulfions qui
î» s’appaifoient aux uns pendant la maladie, aux
autres long-temps après. Le corps rougeâtre
»- fk livide étoit couvert de pufiulesi,«& ne pa-
», roiflbit pas fort chaud au toucher, mais brûloit
,-3j. tellement .au.dedans, qu’on ne pouvoit fouf-.
» frir aucune couverture, fi bien qu’il falloir
.» demeurer ntid. On prenoit un plaifir infini à
w fe.plonger.dans.fi’eau froide., & plufieurs qu’on
.» n’avoit pas.eu foin de garder ,-fe précipitèrent
» -da,ns : des puits , preffés d’une foif qu’on ne*
»: pouvoit éteindre foit qulon bût p eu . ou ?beau-
»' coup. - - - -
» Çes. fymptômes. étoient -fuivis-de veilles &
d^igkarions confinueUes 9 fins que l e -corps
jHiffoir.e. Tome IP ,
» s’affoiblît, tant que la maladie -étoit dans fa
» force; la plupart m ou r oient au feptième 8c
» -au-neuvième jour de l’ardelir qui les brûloir,
» fans queleurs forces fuflent beaucoup diminuées.
» Si l’on paffoit ce terme, la maladie defeen-
» doit, dans le has-ventre, & ulcérant les intef-
»» -tins , caufoit une diarrhée immodérée qui faifoit
» • mourir les malades d’épuifement ; car la maladie
» attaquoit fucceflivement toutes les parties du
» ;cor-ps, -commençant par la tête, & fe portant,
» f i on éohappoit, -aux extrémités. Le mal -fe
» jettoit tantôt fur les bourfes , -tantôt fur les
» doigts des pieds & des mains ; plufieurs n’en
» guérirent qu’en -perdant l’ufage de ces parties ,
» & quelques-uns même celui de la vue : quei-
» quefois revenant en fanté, on perdoit la
» - mémoire jufqù’à - fe méconnoître foi-même &
» fes amis. 0 ' ’ ’ 1 •''' * i f " ?
■ -» La maladie donc, ajoute-t-il peu après,
>5 laiffant à part beaucoup d’accidens extraordi-
» n a ires , différens dans les différens fujets ,
'» étoit en général accompagnée, des fymptômes
j* dont nous -venons-de faire l’hiftoire. Quelques-
» uns périrent, faute de fecours, *& .d’autres
» quoiqu’on en eût beaucoup «Je foin ; on ne
»-trouva point de remède.qui pût les foulager,
» çar ce qui-faifoit du bien aux uns nuifoit au«.
» autres ; enfin la contagion gagnoït ceux qui
» affiftoient les malades, & c ’eft.ce qui pçoduifit
» le plus grand défaftre ».
Hippocrate-qui s’y dévoua noblement, -a . fait
de fon côté une . courte defeription de .cette, pejie
en médecin , 5c Lucrèce en grand poète. Artaxer-
xès avoit invité Hippocrate de venir dans Tes
états, traiter ceux qui étoient attaqués.de cette
cruelle maladie. Ce prince y joignit les offres
les plus avantageufes , -ne mettant du coté de
l’intér-êt aucune borne à fes récompenfes, & du
côté de l’honneur promettant de l’égaler à ce
qu’il y avoit de perfonnes le plus confidérables à
fa cour; mais tout l’éclat de l’or & des.dignités
■ ne fit pas la moindreimpreflion fur l’a me d’Hippocrate..
Sa réponfe fut qu’il étoit fans befoins &
•fans defirs, qu’il devoit fes foins à fes concitoyens,
& qu’il ne devoit rien aux barbares, ennemis déclarés
des Grecs.
•En e ffet, dès qifil fut mandé à Athènes, i*.
s’y rendit, & ne fortit point de la ville que la
pefle ne im ceflee. Il fe-confacra tout entier au
ferviee des malades , & pour fe multiplier en
-quelque forte, il envoya plufieurs de fes éleves
dans tout le .pays., après les avoir inftruits de
la manière dont ils dévoient traiter les pefti-
férés. Un zèle fi généreux-pénétra les Athéniens
de la reconnoiffance ia plus vive. .Ils ordonnèrent
par un .décret public , qu’Hippocrate feroit initié
aux grands myftères, de la même manière que
l!avoit été Hercule, le fils de Jupiter ; qu’on lui
donneroit une couronne d’or de la valeur de
i mille .ffatèfcs., & .que le décret qui la lui ,acq