mais fes lois lui ont furvécu ; & fes peuples
heureux par lu i , même après fa mort, bénif-
foient fa mémoire, & obéiffoient à fa 'p o s térité..
S ’il eft vrai pourtant, qu’à fa mort, tandis
que d’un, côté il îéguoit cent livres d’or aux
églifes de Normandie, de l’autre il faifoit couper
la tête à cent prifonniers en l’honneur des
dieux de fon pays , il faut avouer que ce grand
prince n’étoit encore ni chrétien ni humain,
8c qu’en général c’étoient d’étranges chrétiens*
que ces Normands convertis,
R O M
ROM A G N E S !, ( Hiß. litt. mod. ) aéïeur célèbre
de la comédie italienne, 8c même auteur
connu. Ses meilleures pièces ont été recueillies
en deux volumes in 8° ; les autres fe trouvent
dans le nouveau théâtre italien. Mort en 1742.
ROMAIN A R G Y R E , ( Hiß* du bas Empire. )
que Conftamin V III avoit créé céfar en lui
faifant éponfer fa fille , monta fur le trône de
Conftantinople après la mort de fon beau-père ,
en 1028 , quoiqu’il eût des talens & des vertus,
fon régne fut agité de tempêtes domeftiques qui
lui firent regretter la vie privée, Théodora,
foeur de Z o é , confpira avec le fils du roi des
Bulgares pour lui ôter l’empire & la vie ; leur
complot fut découvert, & Théodora fut condamnée
à prendre l’habit monaftique : cette
confpiration éteinte fut fuivie d’une autre
plus dangereufe. Coriftantin Diogène, neveu de
Romain, fe fit proclamer empereur , mais il fut
trahi & livré par ceux mêmes qui l’avoient voulu
élever à l’empire : il fut enfermé dans une prifon
©ù il continua d’entretenir des intelligences criminelles
avec tous les méconrens, & fur-tout
avec Théodora qui lui promit & fa main &
l’empire. Un évêque qui étoit leur complice,
en eut des remords, & il fut leur dénonciateur.
Diogène fe Tentant indigne de la clémence de
fon oncle, fe précipita du haut d’une tou r,
pour prévenir la honte de trahir fes complices
dont on exigeoit qu’il déclarât les noms pour
obtenir fa grâce. Les troubles intérieurs étant
appaifés, Romain eut des ennemis étrangers à
combattre ; les Sarrazins exercèrent de nouvelles
hoftilités fur les terres de l’empire , ils égorgèrent
les garnifons de toutes lés- villes dont ils fe
rendirent les maîtres. Romain, fe mit à la tête
d'une armée puiffante pour réprimer leurs brigandages
: il les joignit près d’Antioche. Mais
à peine eut-il donné le lignai du combat, que
fes foldats., failis d’une terreur panique, fe précipitèrent
dans leur fuite. Il ne fut redevable de
fa vie 8c de fa liberté qu’à la valeur de fes
gardes qui, fouténant avec intrépidité les efi
forts des barbares , le conduifirent à Antioche?
Romain fe dégoûta de Zoé. Cette princefle qui
fut la plus lafcive de fon fiècle, fe confola des
dédains de fon mari avec un banquier nommé
Michel, dont le frère étoit le premier eunuque
du palais , où il avoit une grande autorité. Zoé
fatisfaite de fon amant, le jugea digne du trône
comme il l’étoit de fon coeur. L’eunuque fe
chargea de la débarraffer de fon n\ai-i par un
breuvage empoifonné, dont le vomiffement prévint
les ravages. Romain tomba dans la langueur
8c le dépériffement. Zoé impatiente de
régner avec fon amant, le fit étouffer dans le
bain, & Michel fut auflî-tôt proclamé empereur
s pour régner conjointement avec elle. Rom
main lut un prince éclairé & bienfaifant ; il
réforma plufieurs abus , mais il ne put réfor*
mer fa femme qui fut impudique jufqu’à 70 ans.
Il mourut en 1034. ( T.—N . )
R o m a i n D i o g è n e , d’une famille patricienne ;
dut fon élévation à l’empire, à l’amour qu’il inf-.
pira à l’impératrice Eüdocie, Cette princefle
nommée par le tellament de fon mari Conf-
tantin Ducas , pour régner conjointement avec
fes fils , s’étoit engagée par ferment & par écrit
de renoncer au gouvernement fi elle contra&oit
un nouveau mariage. Romain Diogene , qui étoit
le plus grand capitaine de fon fiécle , fut humilié
d’obéir à une femme & à desenfans;il forma
le projet de les faire defcendre du trône pour
s’y placer; fon complot fut découvert, & on le
condamna à la mort. Eudocie eut la curiofité de
le voir avant qu’il fubît fon arrêt ; il étoit le
plus bel. homme de l’empire: l’impératrice frappée
de fa beauté, commua fa peine en un exil
dont il fut bientôt rappellé, fous prétexte de le
mettre à la tête de l’armée qui devoir s’oppo-
fer. aux progrès des Mufulmans. Eudocie, pour
mieux s’affurer de la fidélité d’un général à qui
elle confioit toutes les forces de l’état, lui donna
fon coeur & fa main. Ce mariage • fouleva tous
les efprits ; le peuple & les grands refusèrent
de le reconnoître pour empereur ; la fédition ne
fut appaifée que par les fils d’Eudocie, cpürpro»
teflèrent que leur mère ]ne s’étoit remafiée que
par condescendance pour eux, Romain fignala ies
premiers jours de fon règne par des vidoires fur
les Turcs ; il fut heureufement fécondé dans toutes
fes entreprifes par un gentilhomme Normand,
nommé Grépin ,q u i , comme tous ceux de fa nation
, -alloit chercher la gloire & la fortune chez
l’étranger. Cet avanturier qui avoit toutes les
qualités qui font les conquérans, fut par-tout
triomphant: après avoir été comb léhonneurs
par Romain, il en eflùya quelque mépris : fa fierté
• humiliée en fit un rebelle. Crépin trop foible
reconnut bientôt l’imprudence de fon entreprife ;
il eut tant de confiance dans la générofité de
fon maître, qu’il fe préfenta devant lui défaf-
rné ; fa faute fut oubliée*,' & Romain ne fe fou-
yint que de fa valeur St de fes fervices; mais
fon efprit inquiet & toujours mécontent le rendirent
bientôt coupable ou du moins fufpeâ. Il
fut dépouillé de tous fes emplois : fa dégradation
excita de nouveaux troubles. Les François
& les Normands, accoutumés à vaincre fous fes
ordres, vengèrent fes outrages en pillant la Mé-
fopotamie.- C ’eft de ce.héros avanturier que descendent
les barons du Bec-Crépin 8c les marquis
de Ya rd es , dont les noms font inferits dans les
plus anciens faites de la Normandie. Romain , après
avoir pacifié l’intérieur de l’empire , marcha contre
les Turcs qu’il obligea de fe retirer dans leur
p ay s , il les pourfuiy.it jufqnes dans la Perfe, ©ù
ils lui demandèrent la paix , qui leur fut refu-
fée avec une hauteur infukame. Romain , enivré
daine fuite de fuccès*fan$ mélange de diîgraces ,
crut que pour vaincre il lui liifluoitde combattre.
Cette confiance préfompmeulc ne lui permit pas
d’attendrè un corps de troupes qui s’avançoit
pour le joindre ; il livra une bataille où il fut,
vaincu 8c fait prifonnier. Le fuit an modéré dans
fa vi&oire , le traita avec humanité. Sa détention
finit par un traité de paix; il fe fournit à
pàyèr un fubfide annuel aux Tu rc s, & de rendre
tous les mufulmans qu'il retenoit captifs dans
fes états. Le fultan , de lbn côté , s’obligea de
rendre tous les prifonniers chrétiens , & de ne
plus faire de courfes fur les terres de l’empire.
La détention de Romain donna naiffance aux fac- ~
tiens qui agitèrent Conftantinople. Les uns vou-
loient que Z o é , conformée dans les affaires , ;
régnât fans collègue ; d’autres étaient d’avis de :
lui afîocier fes fils. La faftion la plus nombreufe
fe déclara poHr Michel ; elle prévalut ; les frères ;
& la mère furent exclus du gouvernement. Romain !
dégradé revendiqua fes droits les armes à la
main, mais il fût vaincu par Andronic Ducas,
qui l’obligea de chercher une retraite dans la
Cilicie. Le timide Michel craignant qu’il ne fe relevât
de fa chûte, lui offrit de partager l’empire.
Romain vaincu rèjetta cette offre avec autant de
mépris que s’il eût été vainqueur ; il leva urte
nouvelle armée , mais il fut trahi par fes foldats,
qui le forcèrent d’abdiquer & de s’enfevelir dans
l’©b feu rite d’un cloître, Michel le fit aflurer qu’il
ne lui feroit aucun mal, & il étoit bien réfohi
de tenir fa promefle ; mais fon oncle Jean Ducas
qui voyoit dans' Romain défarmé un ennemi toujours
redoutable, lui fit crever les yeux; il ne
furvécut pas long-temps à fon malheur: l’impé-
-ratBÎce Eudocie, qui l’a voit accompagné dans fon
e x il, lai rendit les honneurs de la lêpuUure j il
avoir régné environ quatre ans. Les Turcs,.fous
prétexte de venger fa mort, ravagèrent toute ,
TAfie. ( T - n . )
ROMAIN EMPIRE. Gouvernement des Ro~ *
Bifioire. Tome VE
Mains} La république romaine avoit eng-cuti toutes
les autres républiques, 8c avoit anéanti tous les
rois qui reftoient encore , quand elle s’affaiffa
fous le poids, de fa grandeur & de fa puiflance.
Les Romains en détruifanr tous les peuples, fe
détruifoient eux-mêmes; fans cefle dans l'adion,
l’effort, & la violence , ils s’usèrent comme s’ufe
une arme dont on fe fert toujours. Enfin, les
difeordes civiles , les triumvirats , les proferip-
tions , contribuèrent àaffoiblir Rome , plus encore
que toutes fes guerres précédentes.
Les réglemens qu’ils firent pour remédier à
de tels maux, eurent leur effet pendant que la
république, dans la force de fon inftitution , n’eut
à réparer que les pertes qu’elle faifoit par fon
courage, par fon audace, par fa fermeté, &
par fon amour pour la gloire. Mais dans la fuite-,
toutes les lois ne purent é tablir ce qu’une république
mourante, ce qu’unè anarchie générale,
ce qu’un gouvernement militaire , ce qu’un empire
dur , ce qu’un defpotifme fuperbe , ce qu’une
monarchie foible, ce qu’une cour ftupide , idiote &
fuperftitieufe, abattirent fuccf Hivernent. On eût
dit qu’ils n’a voient conquis le monde que pour
l’affoiblir, êc le livrer fans défenfe aux Barbares?
les nations Gotlies , Gothiques, Sarrazines, &
Ta-rtares , les accablèrent tour-à-tour. Bientôt les
peuples barbares n’eurent à détruire que des peuples
barbares; ainfi dans le temps des fables*
après les inondations 8c les déluges, il fortit de
la terre des hommes armés erui s’exterminèrent
les uns les autres. Parcourons , d’après M. de
Montefquieu, tous ces événemens d’un oeil rapide
; l’aine s’élève , l ’efprit s’étend, en s’accoutumant
à confidérer les grands objets.
11 étoit tellement impoffible que la république*
pût fe relever après la tyrannie de C éfa r, qu’il
arriva à fa mort ce qu’on n’a voit point encore vu r
qu’il h’y eut plus de tyrans, & qu’il n’y eut pas
de liberté; caries caufes qui l’avdient détruite*
fubfifloient toujours.
Sextus Pompée tenoit la Sicile 8c la Sardaigne ;
il étoit, maître de la me r, 8c il avoit avec lui
une infinité de fugitifs 8c de proferits , qui coin-
battoient pour leurs dernières efpérances. O&ave
lui fit deux guerres três-laborieufes; 8c après
bien des mauvais fuccès, il le vainquit par l’habileté
d’Agrippa. Il gagna les foldats de Lépidus ,
8c le dépouillant^de la puiflance du triumvirat*
il lui envia même la confola tien de mener une
vieobfcure, 8c le força defe trouverxomme homme
privé dans les aflemblées du peuple. Enfuirela bataille
d’Aclium fe donna, 8c Cléopâtre en fuyant ,
entraîna Antoine avec elle. Tant de capitaines
8c tant de rois , qu’Antoine avoit faits ou aggran-*
dis, lui manquèrent ; 8c comme fi la générofité
avoit été liée à l’efclavage , une fimple troupe
de gladiateurs lui conferva une fidélité héroïque.
Augi’.fte , c’eft l s nom que la flatterie donna à
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