
hanteufe fureté. On la v it peuplée d’ambaffadeurs |
.qui venoient de toutes parts réclamer fa protec- j
t io n , & qui la no mm oi ent le commun a jy le des j
nations. L ’art de bien dire devint fon p a rtage , & j
elle n’eut point de maître pour la finefîe & la dé- j
licateffe du goût.
Mais comme les richefles & les beaux arts mènent
à la corruption , Athènes fe corrompit fort
promptement, & marcha à grands pas à fa ruine.
On ne fauroit croire combien e lle étoit déchue
de fes anciennes moeurs -du temps d’Efchine &
de Démofthène. I l n’y avoit déjà plus chez les
Athéniens d’amour pour la patrie , & l’on ne
v o y o it que dé (ordres dans leurs affemblées & dans
le s allions juridiques. A y a n t perdu contre Philippe,
la bataille de Chéronée , elle fut obi gée de
plier fous la puiffance de ce roi de Ma cédo in e , &
fous celle de fon fils Alexandre.
E lle fe releva néanmoins de la tyrannie de D é -
métrius par la valeur d’Olympiodore. L a vaillance
de fes habitass reprit alors les premières fo r c e s ,
& fit fentir aux Gaulois la puiffance de leurs
armes. L ’athénien Callippi s empêcha le paffage
des ïh e rm o p y le s à la nombreufe armée de Bren-
n u s , & la contraignit d’aller fe répand; e ailleurs.
I l eft vra i que ce fat-là le dernier Triomphe d’A th è n
e s. Ariftion , l’ un de fes capitaines, qui s e n étoit
fait le tyran , ne put défendre cette v ille contre
les Romains. S y lla prit A th è n e s , & l’abandonna
au pillage. L e pirée fut d é truit, & n’a point été
rétabli depuis.
A p rè s le fac de S y l la , Athènes eût été pour
toujours un affreux d é fe r t , fi le favoir de fes
philofophes n’y eût encore attiré une multitude
d e gens avides de profiter de leurs lumières.
Pompée lu i-m ême difcontinua la pourfuite des
pirates pour s’y rendre , & le peuple, par recon-
no iffan ce , combattit en fa faveur à la bataille de
Pharfale. Cependant Cé fa r fit gloire de lui pardonner
après fa v i& o i r e , & dit ce^ beau mot :
„ J e devrois punir les Athéniens d aujourd h u i,
s, mais c’eft au mérite des morts que j ’accorde la
» grâce aux vivans ».
Augufte laiffa aux Athéniens leurs anciennes
lois , & ne leur ôta que quelques îles qui leur
a voient été données par Antoine. L empereur
Ad r ien fe fit gloire d’être le reftaurateur de fes
plus beaux édifices, & d’y remettre en ufage les
lois de Solon. Son inclination pour Athènes paffa
à Antonius Plus fon fu c ce ffeu r, qui la tranfmit à
V e ru s . L ’empereur Valérien en fit auffi rétablir
le s murailles ; mais cet avantage ne put empêcher
que fous l’empire de Claude , fucceffeur de Gal-
Uen, e lle ne fût rav agée par les Scythes. Enfin ,
14 0 ans après , fous l’empire d’Honorius , elle
fut prife par A la r ic , à la follicitation de Stilicon.
T o u t le monde fait les nouvelles vieillitudes
q u e lle éprouva dep uis. D u temps de la fureur
des croifsdes, elle devint la proie du premier o c cupant.,
F ran ç o is , Aragonois , Florentins ,
mais les Francs fe virent forcés de l'abandonner;
en 1 4 5 5 , aux armes vi&orieufes de Mahomet i l ,
le plus redoutable des empereurs ottomans.
Depuis ce:te fatale ép o que , les Turcs en font
reftés les m a ître s, & ont bâti des mofqtiées fu r
les ruines des temples des dieux. Les Janiffiures
foulent aux pieds les cendres des orateurs Ephial-
t é s , Ifocrate & L ycu rgu e , les tombeaux d’Hip-
p o ly t e , fils de T h e fé e , de M iltiade , de Thémifi-
to c le , de C im o n , de T h ucydide , & c . L e palais
d’Adrien leur fert de cimetière ; la place céramique
, où étoit un autel dédié à la Miféricorde ,
eft leur bazar. L e quartier du cad y étoit celui
d ’E fchine , riva l de Démofthène : les enfans de
ce quartier y ' commençoient à parler plus tôt
qu’ailleurs L e palais de Thémiftocle étoit dans ce
quartier. Epicure 8c Phocion y demeuroient. I l
y avoit auffi trois fuperbes temples é le vé s en
l’honneur des grands hommes. L ’églife archiépif- •
copale des G re c s étoit le temple de Vulcain , dé-
; prit par Paufanias. Je renvoie le le â e tir au même
i hiftorien pour la defeription de toutes les autres
merveilles de cette v ille célèbre ; mais je dois dire
quelque choie de fon gouvernement.
Athènes ayant été compofée par Solon , de dix
tr ib u s, on nomma par chaque tribu fix vingt citoy
en s des plus riches pour fournir à la dépenfe
des arméniens : ce qui formoit le nombre de douze
cents hommes divifés en vingt ciaffes. Chacune
de ces vingt ciaffes étoit compofée de foixante
hommes , & fubdivifée en cinq p arties, dont chacune
étoit de douze hommes.
Solon établit que l’on nommerait par choix à
tous les emplois militaires , 8c que les fénateurs
& les juges feroient élus par le fort. 11 voulur auifi
que l’on donnât par choix les magiftratures c iv ile
s , qui exigeoient une grande dépènfe , & que
les autres fufferit données par le fort. Mais pour
corriger le fo r t , il régla qu’on ne pourroit élire
que dans le nombre de ceux qui fe préfenteroienr;
que celui qui auroit été élu , feroit examiné par
des ju g e s ; & que chacun pourroit l’accufer d’en
être indigne ; cela tenoit en même temps du fort
& du choix.
Cependant fi l’on pouvott douter de la capacité
naturelle qu’a le peuple pour difeerner le mérite
, il n’y auroit qu’ à jetter les y eu x fur cette
fuite continuelle de choix étonnans que firent les
Athéniens & les R om a in s , ce qu’on n’ attribuera
pas fans doute au hafard. On fait qu’à Rorfïe ,
quoique le peuple fe fut donné le droit d’é le ve r
, aux charges les p lébéiens, il ne pouvoit fe ré foudre
à les élire ; & quoiqu’à Athènes on pût
par la loi d’Ariftide tirer les magiftrats de toutes
les ciaffes , il n’arri va jamais , dit X énophon, que
le bas-peuple demandât celles qui pouvoient in-
téreffer fon falut ou fa gloire.
Les divers genres de magiltrats de la république
d’Athènes fe p euvent réduire à trois ciaffes ;
i ° . de ceux qui choifis dans certaines oceaftons par
pxr une tribu d’Ath èn e s, ou par une bourgade de •
l’Attiq ue , étoient chargés de quelque emploi particulier
, fans droit de jurifüiéÜon ; 2,?. de ceux
qui étoient tirés au fort par les Thefmotètes.,'
dans i le-temple de T h é fé e , tels * étoient les A r chontes,;
le peuple défignoit les candidats entre
lefquels le fort devoir- décider ; 3 01. de ceux que
fur la propofition des Thefmotètes , le peuple
affemblé élifoit à la pluralité des v o ix dans le
bnyce ; ces deux dernières efpèces de magiilratsv
étoient obligés à rendre des compteSv; mais ceux
qui étôienf choifispar une tribu ou par unè bourg
a d e , & qui çempofoient le bas étage de la ma-
giftra ture , nétoient pas comptables. (
R É P U B L IQ U E RO M A IN E . { G o u v e m . de
Rome ) Tout le monde fait par coeur l’hiftoire de
cette république. Porrons nos. regaïds avec M . ‘
de Montefquieu. fur les caufes de là grandeur &
de fà décadence , & traçons ici le précis de fes ,
admirables réflexions fur un fi beau fujet.
A peine Rome commençoit à exifter-, qu’on
commençoit déjà à bâdr la ville éternelle ; fa
\grandeur parut bientôt dans fes édifices publics ;
le s ouvrages qui ont donné1 & qui donnent encore
aujourd’hui la plus haute idée *de fa puiffance ,
ont été faits fous fe s rois. D en is d’Halicarnaffe
n’a pu s’ empêcher de marquer fon étonnement
fur les égoûts faits par Tarquin , 8c ces égoûts
fubfiftent encore.
Romulus & fes fùcceffeurs furent p re fq u e toujo
u r s en guerre ave c leu rs v o ifin s, pour a voir
des c ito y e n s , des femmes ou des terres : ils
revenoienc dans la v ille ave c les dépouilles des
p euples va in cus; c’étoient des gerbés de bled 8c
des troup eaux } ce pillage y caufoit une grande
joie . V o ilà l’origine des tr iomphes, qui furent
dans la fuite la principale caufe de la grandeur
où. cette v ille parvint.
Rome accrut beaucoup fes forces par fon union
a v e c les S a b in s , peuples durs 8c b e lliq u eu x ,
comme les Lacédémoniens dont ils étoient d e s cendus.
Romulus prit leur bouclier qui étoit large,
au lieu du petit bouclier argien dont il s’étoit
fe rv i jufqu’a lo r s ': & on doit remarquer que ce
qui a ie plus contribué à rendre les Romains les
maîtres du monde., c’ eft qu’ayant combattu fu c -
cefiivement contre tous le s peup le s, ils ont toujours
renoncé à leurs u fa g e s, fitôt qu’ils en ont
trouvé de meilleurs.
Un e troifième c au fe de l’élévation de Rome*
.c’eft que fe s rois furent tous de grands perfon-
nages. On ne trouve point ailleurs dans les h istoires
une fuiie non-interrompue de tels hommes
d’é ta t , 8c de tels capitaines.
Tarquin s’avifa de prendre la couronne fans
être élu par le fénat ni par le peuple. L e pouv
o ir devenoit héréditaire:; il le rendit abfolu.
C e s deux révolutions furent fuiv ies d’une troisième.
Son fils S e x tu s , en violant L u c rè c e , fit
U ifioire• Tonte JF *
une cliôfe qui a prefque toujours fait chaffer les
tyrans d’une v ille où ils ont comman dé; car le
p eu p le , à qui une aélion pareille fait’ fi bien fentir
fa fe rv ittld e , prend volon tiers • une rélolurion
extrême.
Il eft pourtant vrai que l a mort de L ucrèce
ne fut que l’occafion de la révolution ; car un
peuple fie r , entreprenant, h a rd i, & renfermé
dans fes murailles, doit néceffairement fecouer
le jo u g , ou adoucir fes moeurs. I l de vôit donc
arriver de deux chofes l’une ; ou que R ome
changeront fon gouve rnement, ou qu’elle refteroit
une petite & pauvre monarchie e lle - changea fon
gouvernement. Servius T u lliu s avoit étendu les
privilèges du -peuple, pour abaiffer le fé n a t , mais
ie peuple enhardi par fon courage , renverfa l’autorité
du fé n a t , & ne voulut p lu s ‘de monarchie.
Rome ayant chafféTes rôis, établit des confub
an n u e ls, & ce fut une nouvelle fburce de la
grandeur ù laquelle elle s’é le v a . Les princes ont
dans leur v ie des périodes d’ambition ; -après quoi,
d’autres pallions 8c l’oifiveté même fuccèd ent;
mais la république a ja n t des chefs qui changeoient
tous les ans^ & qui cherchoient à fignaler leur
magiftrdture pour en obtenir de n o u v e lle s , il
n’ y avoit pas un moTnent de perdu pour l’ambition
: ils engageoient le fénat à propofer au peuple
la g u e r re , 8c lui montfoient tous les jours
de nouveaux ennemis.
C e corps y-'étoit déjà dffez porté d e lui-même.'
Farigué fans ceffe par les plaintes & les demandes1
du peuple-, il cherchoit à le diftraire 'de fes inquiétudes
, & à l’occuper au-dehors. O r la guerre
étoit prefque toujours agréable au peuple ; parcê
q u e , par la fagé diftribution du butin-, on avoit
trouvé le -moyen de la lui rendre utile. R om e
étant une v ille fans commerce , & prefque fans
arts , le pillage étoit le feul moyen que les particuliers
euffent pour s’enrichir.
On avoit donc établi de la difeipline dans la
manière de p ille r , & on y o b fe rv o it, à-peu-près,
le même ordre qui fe pratique aujourd’hui chez
les petits T ar tare s . L e butin étoit mis en commun
, & on le diftribuoit aux foldats : rien n’é -
toit perdu , parce qu’avant que de partir , chacun
a vo it juré qu’il ne détournerait rien à fon profit*
O r les Romains étoient le peuple du monde le
plus religieux fur le fe rm en t, qui fut toujours
le n e r f de leur difeipline militaire. E n f in , le s
citoyens qui réftotent dans la v ille , jouiffoient
auffi des fruits d e là vi&oire. On confifquoit une
pa.rtie des terres du peuple va in cu , dont on
faifoit deux parts : l’une fe vendoit au profit du
public ; Taiitre étoit diftribuée aux pauvres c itoy
en s , fou s la charge dHtne retite en faveur dé
l’é tat.
L e s ‘confuls ne pouvant obtenir l ’honneur du
triomphe que par une conquête ou une v ifto ire,
faifoient la guerre ave c un courage & une img