
49 3 R A M
y traînèrent le cadavre de Ramtis'.tn le bat:artt
de verges.
R,un us etolt d’une figure noble , d’une taille
avantageuse , d’un tempérament robufte : élevé
duremenr /il vécut toujours durement, ne coucha
jamais que fur la paille , ne but que de l’eau,*
parce qu’un excès de-vin qu’il aveit fait dans fa
jeu ne fie l’a voit incommodé, & ne ce fia de travailler
; fa fobriété fes moeurs , d’utiles exercices
le fauvèrent des dangers du travail & confervè-
rent fa fan té. Il aida fes écoliers de fon argent
comme de fes lum ères, il fit du bien & pendant
fa vie & après-fa mort; mais il difputa trop, &
par-là 11 alluma dès haines qui* .troublèrent fes
jours & eau fêtent fa perte.
Il a voit une éloquence qu’on jugea propre aux
grands effets & qui en produifit quelquefois; les
Reîrres de l’armée du prince de Condé refufant
de marcher , parce qu’ils n’étoient point payés ,
©n les. fit haranguer par Ramus, & ils marchèrent.
11 a écrit fur prefque tous les arts & toutes les
fciencês. On peut voir dans le P. Niceron là lifte
de fes ou1-rages. Ramus occupa rrois chaires an
collège ro y a l, celle de philofophie , celle d’éloquence
la t in e c e lle de mathématiques & il en
fonda une qu’il mit au concours & qui s’appelle
encore la chaire de Ramus. Il exécuta ainfi en
petit ce qu’il eût voulu que le gouvernement
exécutât en grand. Au moment même où la per-
lêcutîon lé chaffoit de fa patrie , fon amour pour
fa patrie & pour les fciences l’en gage oit à laiffer
par-fon teftament cinq cents livres de rente qu’il
avoir- fur"la v ille , fomme alors confidérable pour
fonder une chaire , où pendant trois ans un même
profeffeur devoir enfeigner l’arithmétique , la
mufique , la géométrie, l’optique , la méchanique,
Yaflrologi* & la géographie. Au bout des trois
ans, la chaire devoit être remife au concours ,
3e profeffeur reçu ne pouvoit conferverfia chaire
que par de nouveaux triomphes; s’il était vaincu,
la chaire paftoit au vainqueur. Tous lés profef-
feurs royaux & tous les mathématiciens reconnus
pour habiles, dévoient être les arbitres du com>
bat. Le premier préfident, l'e premier avocat-
général , le prévôt des marchands & les échevins
devaient être priés d’y afîifter. Les ennemis de
Ramus, pour le contrarier même après fa mort,
& pour écarter du collège royal cet efprit d’exa^
men & d’épreuve qui ne leur étoit pas favorable ,
parvinrent dès l’année 1 573 à faire changer la
deftination des fonds légués par Ramus; mais
comme la haine & l’ignorance ne préfidèrent
point à cet arrangement, il eut un objet utile;
©n donna les cinq cents livres à Gohorry pour
continuer l’hiftoire de France de Paul Emile. Ce
Gohorry écrivit en effet les règnes de Charles
V II I & de Louis X I I , qui font en manuferit à
la bibli -thèque du roi ; il fa voit d’ailleurs des
mathématiques, & s’il les enfeignoit, la prédilection
de Ramus jx>ur les fciences exades n’étçit
R AM
| p int trompée. En 1 6 1 1 , Louis X III ordonna
I que le teftament de Ramus feroit plus ex a élément
1 exécuté. Sa chaire a été remplie jufqu’en 1732.,
j & après quelques années d’interruption, elle l’a
| été encore. Ainfi le nom de Ramus ie mêlera toujours
à celui des rois bienfaiteurs des lettres; il a
fait plus que d’ajouter à leurs libéralités, il leur
a indiqué le moyen de s’affurer r’u mérite, & de
ne jamais proftituer leurs bienfaits. ( Foye^ l'art.
G o h o r r y . )
R.AMUSIO ou RANNUSIO ( J ean-Ba p t is t e )
Hiß, litt. mod. ) vénitien, fecrètaire du conlèil des
d ix , mort à P.-doue en 1 5 5 7 , auteur d’un traité
de NUL incremento, &. d’un recueil de voyages
maritimes.
R A N
R A N A , ou R ANNA , f. ni - {Hiß. mod. ) titre
qiie Ton donne dans l’indoftan aux princes ou
fôuverains du pays, qui defeendent des anciens
poffeffeurs de ces contrées avant que les Tarrares
en euffent fait la conquête ; cependant le mot
fous lequel on défigne ces princes le plus ordinairement,
eft celui de Rajah. ( A , R.)
R A N C , ( J e a n ) Hifl. mod.) peintre né à •
Montpellier en 16 7 4 , mort â Madrid en 1735 >
premier peintre du roi d’ f. fpagne, élève de Ri gaud
& mari de la nièce de ce grand peintre. Les arts
& les artifles ne font pas de notre département,
& nous ne parlons de celui-ci que relativement
à un fait hjllorique & littéraire; c’eft que La fable
.deda Motte , qui a pour titre : Le Portrait, n’eft
point une fable , mais une avanture arrivée réellement
an peintre dont il s’agit ic i, St dont la
morale eft la' même que celle de la fable djL >
Bouffon & du Payfan dans Phèdre ;
En hic déclarât, quales fitis judices.
Voilà de vos arrêts, meflieurs les gens de goût î
RA N G É , ( Voÿe{ B o u t h i l l i e r ( l e ) .
RANCHIN, {H iß . litt. mod. ) Un jurifconfulte
de ce nom , Etienne, mort à „Montpellier en 1583 ,
eft auteur du livre intitulé : Mifcellanea decifionum
juris. Un de fes parens ( Guillaume ) avocat du roi
à la cour des aides de Touloufe , a fait une revifion
du Concile de Trente,
Mais le plus connu de tous les écrivains de ce
nom , eft l’auteur de ce fameux triolet :
I.e premier jour du mois de mai
Fut le plus beau jour de ma vie ;
Le beau dcjfein que je formai ,
Le premier jour du mois de mail
Je vous vis & je vous aimai*
R A N
E t c e d e fle in v o u s p l u t , S ilv ie .-
L e p r e m i e r jo u r d u m o i s d e m a i
F u t le p lu s b e a u 'jo u r d e m a v i e .
Il étoit confeiller à la chambre de l’Edit, & originaire
de - Montpellier. Son triolet & des fiances
d'un père à fon fils , qui commencent ainfi:
P h ili-s , m e s b e a u x 'jo u r s fo n t p a f fê s ,
E t m o n f il s n’eft q u 'à l'on a u r o r e , & c .
ont fait toute fa réputation. Son triolet , fur-tout,
étoit cité en toute oecafion ; on l’appeUoit le roi
dès triolets. Cet opufcule_, fort joli fans doute,
n’eft cependant pas fans tache. Qu’eft-ce que ce
deffein formé d’aimer ? Aime-t’on ainfi par deffein
formé ? D ’ailleurs le vers :
J e v o u s v i s j & j e v o u s a im a i . -
qui rappelle le u tv id i, ut péril de V irgile , exclut
cette idée qe deffein & d’arrangement.
L ’à-propos des refieins , qui fait le principal
mérite des triplets, & qui doit être t e l, que les
vers'répétés foient non - feulement bien placés ,
mais néceffaires à l’endroit où on le.s répète , cet
à-propos nous paroît j>lus fin , plus parfait , plus
abondant en idées acceffoires dans un triolet-moderne
dont l’auteur, eft feu M. l’abbé Blanchet,
<jue dans celui même de Ranchin, Le triolet de
l’abbé Blanchet eft adreffé à trois foeurs :
A im a b l e s foe u r s , e n t r e v o u s t r o i s
A q u i m o n coe u r d o i t - i l fe r e n d r e ?
I l n ’ a p o in t f a i t e n c o r d e c h o ix ,
A im a b le s foe u r s , e n t r e v o u s t r o i s ;
M a i s i l fe d o n n e r o i t , j e c r o i s ,
A la m o in s ftère , à la p lu s t e n d r e ;
A im a b l e s foe u r s , e n t r e v o u s t r o i s
A q u i m o 'n coe u r d o i t - i l fe r e n d r e ?
M. de Fontenelle, juge fuprême dans le genre
galant, ingénieux & aimable, difoit qu’on ne
pouvoit pas mieux faire dans ce genre » & on ne
peut qu’être de fon avis. .
R AN CO NET, ( A i m a r d e ) Hifl. de F r .) confeiller
au parlement de Bordeaux, puis préfident
au parlement de Paris, homme jufte & malheureux
par conféquent très-intéreffanr. La,misère
l ’ a \ oit réduit à être fimple correéteur d’impri-
m . rie chez les Etienne , & fi l’on en croit Pirhou,
ce fut Ranconet qui compofa le Dictionnaire hiflor
ri que , géographique & poétique, imprimé fous le
nom de Charles-Etienne., frère de Robert. Ranconet
vit mourir fa fille fur un fumier, exécuter fon
fils pour les’affaires dû calvinifme; fa femme fut
-tuée d'un coup de tonnerrç. Le même Pithou
R A N 499
nous apprend que le cardinal de Lorraine, tous
le règne de François I I , ayant fait affembler le
parlement de Paris pour avoir fon avis fur la
punition des hérétiques, c’eft-à-dire pour l’engager
à prononcer la peine de mort contre e u x , R a n conet
fit ce que tout magifirat chrétien & humain
aurait jdû faire ; il porta à i’affenablée les oeuvres
de Sulpice Sevère, & y lut l’endroit où cet écrivain
rapporte que S. Martin de Tours, le modèle
de la charité évangélique, voulut féparer de fa
communion les évêques efpagnols Ida ce & Ithace,
qui a voient déféré à l’empereur ou au tyran
Maxime , PriÇciilien & fes difciples, & les avoienr
fait condamner à mort, & qu’il fit éclater tout
fon zèle contre les perfécuteurs qui fai foient couler
le fang hérétique. Le cardinal, qui ne confukoit
le parlement que pour qu’il lui coufeiliât des
Cruautés, fut hdigné du courage & de la vertu
de Ran con et ; il- le fit mettre à la Babille, où cet
infortuné mourut en peu de temps, (en 15 5 9 )
fiiççomhant fous Je poids de fes malheurs. On a
çle lui le Tréfor îi-e la langue f r a n ç o i j e , tant an -
ciennp que m oderne, qui a beaucoup fervi a Nicot
& à Monet pour la compofirion. de leurs diélion-
naircs. Ranconet étoit fa vaut & paffoit pour écrire
fort bien en grec & en latin.
RANNEQUIN. {Hiß.litt, mod.) C’effjenom d’un
machinifte liégeois à qui on doit la mach ne de
M a r ly , laquelle paffa dans fon temps pour un
chef-doeuvte de mécanique, & qu’on cherche
aujourd’hui à fimplifier. Cette machine , au moyen
de fes' énormes rouages, donne 5a 58 tonneaux
d’eau en vingt -quatre heures; elle a commencé
d’àgir en 1682.
R A N S . ( B e r t r a n d d e ) Hiß. de F la n d r e ) O eR ;
dit-on , le vrai nom de l’impofteur qui, vingt ans .
après la iÉort de Baudouin I , comte de Flandre
& empereur de Conftantinople , voulut fe faire
paffer pour ce prince. Voye£ l'article. BAUDOUIN.)
Bertrand de R an s étoit de Rheims, & avoir vécu
long-temps dans les forêts comme hermite. Il fut
pendu à L ille , après avoir avoué fon impofturq
; a. la queftion , •& avoir été promené par dérifion
Si par politique dans toutes les villes de la Flandre
& du Hain a u t, où il s’étoit fait un allez grand
nombre de partifans.
R A N T Z A U , ( Jo s rA S , comte d e ) Hiß, de Fr. )
maréchal de France , étoit de la maifon de R am e a u ,
illuftre dans le duché de Holftein ; il fervir d’abord
av< c fuccès & a^rec éclat dans les armées fuédoifes.
Ce ne fut qu’en 1635 , qu’étant venu en France
avec le chancelier Gxenfliern , il s’attacha au fer-
vice de Louis X I I I , qui le fit maréchal de camp.
En 16 36 , il perdit un oeil d’u.n coup de moufquet
au fiège de Dole ; ce fut lui aufli qui défendit Snint-
Jean de Loffie contre le général Galas, &. qui lui
R r r z