
fon habillement. On trouvoir qu’il reffe'mbloît par •’
la figure à Cicéron & par i’efprit à Rabelais-; il
reffe mbloit plus à celui-ci par la caufticitéque par
la gaité. Il mourut en 16 7 2 ; il étoit né en 10 0 1 i
entre Rouen & Beauvais. Il avoit de la littérature. :
Il eut deux fils ; Robert , médecin habile, ;
mort avant lui en 16 7 1 ; & Charles qui lui 1
fur vécut. Celui-ci né à Paris en 16 3 3 , mourut
à Padoue en 1693 , après avoir parcouru prefque
toute l’Europe. 11 oçcupoit dans cette ville une
chaire dp chirurgie. Il avoit beaucoup écrit dans
plus d’un genre & dans plus d’une langue. Outre
les divers traités de médecine , de febribus ; de
'fcorbuto, de optimâ medicorum feâta, il a écrit en
latin, en italien, en françois fur les médailles &
les monumens antiques ; il a donné des relations
de fes voyages.
Charles eut deux filles, Charlotte & Gabrielle,
fa vantes comme leurpere & leur a y e u l ,& qui
étoient ainfi que leur mère, de l’académie des Rico-
vrati de Padoue. On a de toutes les deux des
harangues & des differtations latines fur des fujets
favans. On a de la mère un recueil de réfléxions
morales & chrétiennes, imprimé en 1680.
PATISSON. ( Hiß. litt. mod. ) nom célèbre dans
l ’imprimerie , dans un temps où les imprimeurs
•étoient tous des gens de lettres & des favans.
Mamert Patijfon , mort l’an 1600 , étoit favant
dans les langues grecque & latine.
Philippe fon fils, fui vit la profeffion du père &
« ’étoit prendre d’engagement de ne pas lui céder
en connoiffance*. La Croix du Maine en parle dans
fa bibliothèque françoife.
PA T KU L ( J ean R egin ald d e ) {Hiß. du nord.)
gentilhomme Livonien , fameux fur-tout par fon
iupplice qui,paroît être une tâche à la gloire de
Charles X I I ,ro i de Suède; les droits dediverfes
puiffances du nord fur la Livonie & les droits de
la Livonie à la liberté, ou du moins fon droit de fe
choifir des maîtres, étoient alors des objets de
çonteftation fur lefquels chacun fe partageoit à
fon gré ou au gré des circonftances. Charles X I
& Charles X I I , grands,, partifans de l’autorité militaire
& abfolue , avoient anéanti les privilèges
de la Livonie. Patkul, livonien zélé, avoit efpéré
de les faire rétablir , en effàyant à la mort de
Charles X I , de livrer la Livoniè au Czar Piprre I,
ou au roi de Pologne Auguflc, éleéfeur de Saxe.
L ’infléxible Charles X II ne lui pardonna jamais
cette démarche, qu’il affeâoit de regarder comme
la trahifon d’un fujet. Patkul, attaché au fervice
du roi de Pologne , & revêtu auprès de lui du
caraâère de réfident de Moscovie en Saxe, crut
pouvoir braver la haine de Charles X II ; mais
cet indomptable lion favoit atteindre par - tout
Tes ennemis : il contraignit à force de fuccès le
roi Augufte à lui livrer Patkul qu’il fit rouer &
écarteler en 1 ^07. M. de Voltaire décrit ce fup-
plice avec tant d’énergie, ilinfpire tant d ; pitié
pour Patkul, il rend fa mort fi intéreffaîltê p£F
des rapprochemens & des contraires, par la corn-
paraifon des douceurs que lui promettôient l’amour
, le mariage & la fortune, dans le temps où
il fubit fon fupplice, que le leéleur en ce moment
hait de tout fon coeur Charles X I I , & qu®
le héros difparoît entièrement pour ne laiffer voir
que le tyran. Augufte détrôné par Charles X I I ,
étant remonté fur fon trône, raffembla en 1 7 1 3
les os du malheureux Patkul qui étoient reftés expo-
fés fur des poteaux comme ceux d’un malfaiteur.
» On les lui apporta, dit M. de Voltaire , à V a r -
» fovie dans une caffette , en préfence de Buzeval,
» envoyé de France. L e roi de Pologne montrant
» la caffette à ce miniftre : voilà, lui dit-il fimple-
» ment, les membres de Patkul, fans rien ajouter
n pour blâmer ou pour plaindre fa mémoire , ôi
» fans que perfonne de ceux qui étoient préfens,
» ofât parler fur un fujet fi délicat & fi trifte.
PATRICE. ( Hiß. litt. mod. ) plufieurs perfon-
nages de ce nom appartiennent à l’hiftoire..
1 Q. Saint Patrice , évêque & apôtre d’Irlande i
fondateur de l’églife d’Armagh , métropolitaine
de ce royaume, mort vers l’an 460. On montre
en Irlande la caverne qu’on nomme le purgatoire
ou le trou de faint Patrice. On conte que ftin t
Patrice obtint que Dieu y donnât aux Irlandois
une idée des tourmens de l’enfer ; ce qui peut
nous donner une idée des moyens qu’il employoit
pour leur converfion. On attribue à faint Patrice
des ouvrages qui ont paru à Londres en 165Ö.
iß . Pierre Patrice, ambaffadeur de l’empereur
Juftinien en 534 auprès d’Amalafonte, Reine des
Goths, & en 550 auprès de Chofroès,roi de Perfe ;
piiis maître du palais de Juftinien pour prix de
fes fervices, a laiffé une hifloire des AmbaJTadeurt
dont nous avons des fragmens dans l’hiftoire
Byzantine avec de favantes notes de Chant éclair „
qui a traduit de grec en latin l’ouvrage de Patrice
& avec d’autres notes de Henri de| Valois. Patrice
étoit né à Theffalonique.
30. André Patrice, premier évêque de Wenden
dans la Livonie , mort en 1583 , a laiffé des
harangues latines & des commentaires fur deux
oraifons de Cicéron.
40. François Patrice, Patriot, Patrhjo , en latin
Patricias , évêque de Gaète dans la terre de
Labour , mort en î 494, a laiffé des dialogues en
Italien fur la manière d’écrire 6c d’étudier l’hiftoire,
des traités ]aùüsde~ regno & regis inflitutione ; de
inflitutione reipublica; ils ont été traduits en françois;
poemata de antiquitate finarüm.
50. Un autre François Patriee, Patriot ou Pattisflo
né à Cherfo en Iftrie, mort à Rome 'en 1597 ;
a donné une édition des livres attribués à Mercure
trifmégifte, une poétique italienne; lin. ouvrage
intitulé, Parallcli Militari, c’eft un parallèle de
l’art militaire ancien & du moderne.Jofeph Scaliger
& d’autres favans parlent de cêt ôuvrage avec
-éloge. ■ H f r a g W ' l ■ ' \
P A T R IX , ( P ie r r e ) ( Hifl. litt. mod.) Sa
f>ièce qui commence par ces vers :
Je fongeois cette nuit que, de mal confumé ,
Côte à côte d’un pauvre on m’avoit inhumé , &c.
& qui a été traduite en vers latins , eft une des
premières que tout lè monde fait dès l’enfance;
& en effet elle contient une leçon affez forte
& affez naïve' fur la frivolité des diftinéliôns &
fur la fottife de l’orgueil. Les autres ouyxages du
même Auteur font bien moins connus. Les poéfies
licentieufes qu’il avoit faites dans Ta jeuneffe ,
annonçoient peut - être du talent ; mais devenu
dévot, il les fupprifna,& il ne refte guères de
lui que quelques livres de dévotion qui ne pou-
voient pas être les meilleures produirions- d’un
efprit principalement recommandable par une
fingularité piquante & plaifante. Cet efprit ne
l’abandonna pas même au bord du tombeau. Il
eut à quatre-vingts ans une grande maladie, il
pafoiffoit en revenir, il fe portoit mieux, fes
amis l ’exhortoient à faire des efforts & à fe
lever ; je trouve, Mejjïeurs, leur dit-il, que ce nefl
pas trop la peine de me r habiller. C’étoit la peine
cependant j car il avoir encore quelques années à
v iv r e ; il ne mourut qu’à quatre-vingt-huit ans
en 1672. Il fut attaché au duc d’Orléans(Gaflon)
& après fa mort, à fa v euv e , Marguerite de
Lorraine. Il étoit de Caen & la Cour fe moquoit
d e ’ fon accent Normand , mais elle étoit amufée'
Sc infimité par fa converfation.
PATRON A K A L IL , ( Hifl. des Turcs.) A l-
banois de Nation, Jamflaire de la‘ garde du Grand-
Seigneur. Dans une guerre entre les Per fes &
les T u rc s, les premiers ufant d’une de ces monf-
trueufes violences que le pur efprit de guerre
fait regarder comme un des droits de la guerre,
firent couper le néz à trois cents Janiffaires que
le fort des armes--avoir fait tomber entre leurs
mains, & ils les renvoyèrent en cet état par
mer en Turquie. Ibrahim Bacha voulant épargner
à la ville deConftantinople l’horreur de ce
fpe&a'cle, imagina un expédient qui dut paroitre
une chofe toute fimple dans un état defpotique ;
ce fut de combler ou plutôt de finir la mifère
de ces infortunés, en les faifant tous noye r; cet
expédient ne plut pas à Patrona-Kalïl ; ce n’étoit
pas un homme, vertueux , car on comptoit parmi
fes exploits quelques affaflinats ; mais il avoit de
l’énergie & de la fenfibilité: il fouleva les Janiffaires,
déjà indignés de la cruauté que le gouvernement
avoit exercée contre leurs compagnons à l’envi des ennemis : il excita la fameufe révolte
de 17 3 0 , où il'fit entrer toute la ville de
Cotiftantinople. Il envoya un détachement demander
ati Grand-Seigneur çm’ii lé tir livrât le ,
(fraad-VMir, le Gouverneur de Conftantinople 6c
l’Aga des Janiffaires. L ® Grand-Seigneur ayant
confulté le D iv an , adopta encore un expédient
familier au defpotifme, celui de faire étrangler
ces trois perfonnages & d’envoyer leurs corps
aux rebelles, fans confidérer que les rebelles les
aurôient peut-être traités avec plus d’indulgence;
Patrona-KalU ne fut pas content, il vonloit qu’on
lui accordât ce qu’il demandoit, & non pas
qu’on -allât trop au delà par humeur, ni qu’on
prétendît calmer par un a61e de defpotifme une
fédition excitée par un afte de defpotifme ; il
jugea le Sultan aufli coupable que fes miniftres:
en conféquence le Sultan fut dépofé ; on mit fur
le trône Mahmoud, Ton neveu, dont le père
avoit aufli été dépofé vingt-cinq ans auparavant.
Mahmoud qui devoit le trône à Patrona-Katil ,
en parut quelque temps reconnoifiant, mais bientôt
il trouva cet homme trop puiffant, & peut-
être P"atrona - K a lil voulut-il l’être trop ; il le
flatta, lui prodigua les grâces, les honneurs, le s
marques de confiance, •& l’ayant appelle un
jour dans-la falle d’audience comme pour lui
confier quelque projet, il le fit maffacrer par.
des gens armés qu’il y avoit fait tenir tout prêts,
comme notre Henri III avoit fait affafiîner le duç
de Güife par les- quarante-cinq.
P A T R U , ( O l i v i e r ) ( Hiß. litt.mod. ) Avo*
cat célébré, homme de lettres plus célébré
encore, dû moins de fon temps. Boileau, dans
fa fatire première fe plaint de ce pays barbare,
Oîi Pttru gagne moins qu’Huot & le‘Mazier.
Dans fa fatire neuvième, il dit par contre-vé8
rite' pour fe moquer de Pelletier;
Pelletier écrit mieux qu’Äblancourt ni Pat-ru.’
On ne citeroit plus aujourd’hui aucun de c©§
deux écrivains pour modèle.
Epître 5.
J ’eftime autant Patru , même dans Titidigence ,
Qu’un commis cngrâilTé des malheurs de la France.
Ces deux beaux v e r s , pour l’obferver en paffant^
peuvent avoir beaucoup contribué à faire faire
ces quatre autres beaux vers de Nanine :
J ’eftime ,plus un vertaeus fo.ldat,
Qui de fon fang fert le. prince. &■ l’état
Qu’un important que fa lâche induîftfie
Engraifle eu paix<du fang de la patrie.
Patru paffoit spour le meilleur . grammairien Zt
pour le critique le plus févère à la fois & . le
plûs judicieux de fon fiècle. C ’eft de lu i, à ce
qu’on prétend, que Boileau fait un portrait encore
plus beau ,dans fon art Poétique, que celui
qu’Horace dans le fisa avoit fait dè'Quintiliws ^