
eau (es de 1a chiite de la-première race. On ref-
peda encore la perfonnç du roi , mais moins par
amour que par une ancienne habitude. On comme*
ça à haïr la royauté ; on aima la mairie, on
la regarda.comme un frein qui cîevoit arrêter la.
marche des rois, & l’on fe plut à la vo r armée
du fouverain pouvoir; Pépin mourut clans là troi-
iième ■ a.nuée de fon nouveau mioiftère, adoré des
grands &Pil avoir fu flatter du peuple, envers
qui il s\ toit montré jufte. Grimoalde, (bn fils ,
héritier de fes fenrimens ,- adopra le. même plan ,
& le déploya avec trop de vivacité. Une lot
d’état avouée par une fage politique , ne permet-
toit pas à un fils de poïTéder lea grandes charges
, lorfqne fon père les avoit pofîedêes. Oton,
teune feigneur Auflrafien, briguoit la mairie, &
jnvoquoit cette loi pour éloigner Grimoalde, qui,
voyant que ce jeune feigneur allpit lui être préféré
, termina la difputç, & le fit. affaffiner. Ce
fut par ce çrimç que cet ambitieux s’approcha de
Sigebert ; il changea bientôt les fentiir.ens de çe
jeune monarque , dont le règne avoit été marqué
par d’heureux préfages ; an lieu dejfiévelop-'
per i n lui les ralens d’un, ro i, il le plongea dans
Kexcès de la dévotion : c’étoit alors la fureur
des fondations reiigie.ufes ; Sigéberï ne put échapper
à la conta g’on ; Grimoalde eut foin de lui fournir
l’argent que ces fortes de dépenfes exigent.
Ce miqiftre lé rendoit très-cher à certaines pgr-
fonnes qui ai m oient moins le monarque que la
main qui le dirigepit. Sigebert regardoit comme
pn homme très-précieux , un miniùre qui rujno.it .
ipn tréfor aux dépens du publie. On prétend
que Sigebert, pénétré de reçonnpiflànceadopta
pour héritier , par fon teftament, Childebert, fils
du miniftre qui lui fourniffoit les moyens de faire
tant de bonnes oeuvres. Ce fut fur ce teftament,
faux ou véritable , qu’après la mort de Sigeberr
ÏT } Grimoalde .s’appuya pour mettre la couronne
fur la tête de Childebert, fon fils; il fit flifpa-
rpître prefqu‘anffi-r6t Dagobert I I , §t le relégua
en fc cpfle. Ce nouveau crime étoit néceffaire.,
Je teftament ne pouvant avoir fon effet qu’au
défaut de poftèrité mafculine. Plufieurs chofes
favorifoterçt cette révolution ; les Auftrafiens nç
y o y oient plus parmi eux de roi de l’ancienne
race , ils ne voulaient plus fopffrjr que le royaume
fqt réuni à celui de Neuftrie ; foit par un motif
de gloire nationale ? foit que par cettè réunion
on fupprimât les grandes charges que les feignenrs
étoieùt bien- aïfe de çonferyer-; elle ne s’accomplit
cepend-.nt pas. Childebert fut détrôné, & Çri- \
jnoalde fut .obligé de paroitre en criminel devant
Clovis XI, qui le punit de fon attentat. Dév.è-
loppons , s’il eft poffibTe, la çaufe de là cataftro-
phe de ces pfùrpateurs ; djfons comment il fijç-
çomba dans une entreprise qui réuffit à Pépin le
pref"g arrière-petit-fils de fa foçur Begga ; nous
jeu aprerçevons plufieurs ; d’abord on doit pré-
'fWW (WS îfs fri$ d’ïiïi^içhilde çonfrp Igi uç i
furent point impulffans : une reine n’èft jamais
fans counifans on fans amis : heuretifes “celles
qui favent préférer le petit nombre de ceux-ci à
la tourbe des autres ! Ii eft bien difficile d’abufer
line mère, rarement on trompe fa vigilance, fa
fo U ici tu de ; on ne voit pas qu’Imnichilde a it, été
dupe de l’éclipfe de Dagobert ; il eft certain que
l’on favoit en Neuftrie que ce prince exifloit en
EcofTe ; le teftament de Sigebert H pafToit même
potïr une fable : le couronnement de Childebert
ne pou voit donc être regardé nue comme une
ufurpation, & les François fe croyaient toujours
liés, par leur ferment à l’ancienne race ; ils ne
croyoient pas qu’il leur fût permis , dans aucun
c a s, de renoncer à l’obéi fiance envers leur roi.
On verra par la conduiré de Pépin % que ce préjugé
, ou plutôt cette utile vérité , fut un des
principaux obftacles que rencontra fon ambition ;
il lui fallut , pour le vaincre , faire parler le mi-
niftre d’un dieu. A. ces caufes , dont quelques-
unes fe font prèfeïitées à certains écrivains , fer?
vais ajouter une' qui me paroît plus puiftante ;
elle eft échappée à tous .les h iftoriensmême à
tous les critiques. M. l’abbé de Mabli, ce lavant
fi plein de notre hiftôire , ne l’a- point apperçue,
ou il a négligé de nous en faire part. Si Childebert
eût été mvitenu fur le trône, la charge
de maire aurait été infailliblement fupprimee ;
alors les ,grands qui commençoient à • la regarder
comm? un bouclier c.ohire les entreprifes des.
rois , fe trouvoient fans défenfeurs & fans appui ;
ils alloient trembler fous un - prince, qui allai*
réunir la royauté êc la mairie, qu’ils étoient pai>
venus à faire regarder pomme deux dignités,
rivales , l’autorité de. l’une balançant celle
de l’autre. Il n’étoit nullement à préfnmer que
Childebert eût lajïfé fubfifter une charge qui lui
avoit fervi de degré pour monter fur le. trône
de fes maîtres, & les en précipiter. Les grands ne
dévoient pas être tranqttiU.es .fur l’ambition de
Grimoalde : c’étoit par un crime qu’il avoit acquis
la mairie ; c’étoit par un autre crime qu’il avoit
placé la couronne fur la tête de fon fils. L’hifi,
tpire ne nous a point dévoilé fes autres excès ;
mais il faut croire que ceux que nous venons
d’expofer ne. furent pas les feuls, L ’auteur des
Qbfervaùops fu r l’ hiftôire, écrivain inappréciable,
mais dont j’oie ici combattre le fentiment, fem-
ble louer la modération d’Erchinoalde pu Archamr
haut 9 maire du palais de Neuftrie, qui, fuivant
lu i, èut la généroftté de punir l’ufurpateur , quoi- .
qu’il fût de' l’intérêt <Je fon ambition de le favor
rifer-, & que fou fu.ccès.en Auftrafie fût devenu
un titre pour lui en Neuftrie, On voit que,cet
auteur, donf. je fens d’ailleurs »ont le mérite,
regarde le fupplice de Grimoalde comme l'ouvrage
d?Àrchambaut, fon collègue ; & l’hiftoire
attefte que ce fut celui des grands du royaume
d’Àuftrafie. S’il y contribua , ce ne fut pas volop-
tgir.emeijt , S à ÿ feulement parce qu’il eût été
dangers u#
daugen&sdpde ne pas fe déclarer dans une con- |
jonàure aufti importante : il ne. faut pas croire j
•qu’il fût libre d’ambition : plus fage que fon collègue
, il attendoit le fucces pour fe décider. Ses
vues intérefiees ne tardèrent point à fe inanifef-
ter r en e ffet, au lieu d’ordonner le retour de
Dagobert, il le tint toujours dans fon exil , &
fe réferva la mairie d’Auftrafie, qu’il eût fallu
rétablir fi ce prince eût remonté fur le trône :
on ne m’obje&era pas qu’il fut retenu par Clovis.
Ce monarque, toujours occupé de fa dévotion,
avoit bien peu d’influence dans l’état ; rarement
il fortoit de fon oratoire , où il ne s’occupoit que
du foin de décorer quelque relique. Mais ce qui
achevé de dévoiler ce maire , c’eft le mariage
qu’il fit contra&er à Clovis ; il lui fit époufer
Batilde, une efclave par qui il s’étoit fait fervir
à table : voilà quelle fut la femme que ce traître
ne craignit pas de faire époufer à fon roi. Ne
connoifloit-il pas mieux les convenances? &
croira-t-on qu’il agifioit fans intérêt ? Quelle re-
connoiflancé ne devoit-il pas fe promettre de la
part d’une princefle dont il étoit le créateur ? Dagobert
II fut cependant rappellé, non par l’infpi-
ration du maire, mais par Chrideric I I , qui lui
rendit la couronne d’Auftrafie. La mairie de ce
royaume fut rétablie , & c’eft: ce qui prouve ou
que les ro's étoient fans autorité , ou qu’ils étoient
abfolument dépourvus de politique. Cette charge
fortit un inftant de la 'famille de Pépin. Mais
avant de quitter l’article de Grimoalde , obfervons
un trait qui attefte fon génie ; ce fut cette attention
de donner à fon fils un nom que plufieurs rois
avoient porté ; ainfi fi la famille de l’ufurpateur
étoit nouvelle , fon nom ne l’étoit pas. Un nommé
Vulfoade fut fait maire du palais de Dagobert,
mais après fa mort, elle pafia à Anfegifile , mari
de Begga , foeur de Grimoalde : ce nouveau maire
eut un règne bien court, il périt aflafliné par un
ennemi domeftique qu’il avoit fait élever avec
ù& foin domeftique. Pépin , fon fils , que l’on
diftingue par le furnom d'Hérïftal, vengea fa
mort : il tua l’aflaffin au milieu d’une foule de
complices. Cette intrépidité lui capiivant l’efprit
des feigneurs, on lui confia à lui & à Martin
fon coufin, le gouvernement d’Auftrafie, qu’ils
pofledèrent l’un & l’autre conjointement, non-
fêulement avec le titre de maire, mais encore avec
celui de prince ou de duc. Les feignenrs leur
Æfufèrent le titre de r o i, fans doute pour con-
ferver le droit de recourir à celui de Neuftrie ,
s’il leur prenoit envie de leur impofer des devoirs
qu’ ils ne jugeôient point à propos de remplir.
C’eft ainfi que les feigneurs tenoiest dans
une efpèce de dépendance, les deux princes
qu’ils avoient jugé â propos de fe donner. Pépin
& fon collègue adoptèrent le plan que Pépin le
vieux leur avoit tracé: c’ étoit de captiver l’efprit
des peuples ,en afte&ant l’extérieur des ve rtus,
&. en déployant tout le fafte des talens. Leurs
Hiftôire. Tome IV ,
prédécefieurs étoient parvenus h avilir la per-
fonne des rois qui ne fortoiem plus de i’enceinte
de leur palais , & à faire redouter la royauté ; ils
feulèrent de nouveaux germes de difeorde entre
les Neullriens & les Auftrafiens, dont ils crai-
gnoient toujours la réunion; ils avoient bien prevu
qu’on . leur contefteroit à la cour de Thierri
la qualité de princes : ils décrièrent les moeurs
d’Ebroin , fon maire , qui travaiüoir à raffermir
la puiftance des ro is , & qui par conféquent ne
devoit point-être aimé. Us accordèrent aux A u ftrafiens
une liberté voifine de la licence, & qui
ne pouvoir manquer d’être enviée de la part des
Neuftriens. Les feigneurs quittoient à l’en vi la cour
de Thierri , où régnoit une éternelle difeorde*
Pépin & Martin fe croyant fupérieurs en force ,
déployèrent l’étendart de la guerre, & menacèrent
la Neuftrie ; ils fe promettoient l’entière
i conquête d’un, royaume qui renfermoit dans foa
fein le germe d’une chute prochaine. Cette première
guerre ne leur réuffit cependant pas ; le
génie & la valeur d’E b ro inm a ire du palais de
T h ie rri, firent échouer leurs brigues, ou du moins
retardèrent le fruit que les Auftrafiens s’en étoient
promis. Pépin voyoit fes efpérances prefque détruites;
il avoit perdu une grande bataille , & foa
collègue, affiégè dans Laon , avoit été obligé de fe
rendre à Ebroin, qui le punit comme fèaitieux.
Thierri, fon vainqueur , faifoit des préparatifs
pour entrer en Auftrafie. Défefpérant de l’arrêter
les armes à la main, il fit afiaffiiier Ebroin par
un feigneur nommé Hermenfro\, L ’hiftoire ne
l’accûfe pas direâement d’avoir ordonné ce
meurtre, mais eft certain qu’il l’autorifa par le
favorable accueiL qu’il fit à Hermenfroi, qui fut
comblé de fes bienfaits. Délivré de ce r iv a l, auquel
il attribuoit le fuccès de la bataille qu’il
avoit perdue , Pepin^ employa les négociations
dont le feu des guerres avoit retardé l’adivité :
un traité de paix qu’il conclut avec Varaton ranima
fon efpoir. Les otages qu’il confentit de donner
font une preuve que l’état de fes affaires n’étoit
pas avantageux; & la paix qu’on lui accordoit
dans un temps où les Allemands & tous les
peuples d’au-aelà du Rhin fe révoltoient contre
la domination Auftrafienne, & où la perte d’une
bataille rendoit fa ruine inévitable, démontre l’intelligence
des feigneurs de Neuftrie & de Varaton
lui-même avec cet ambitieux. Les fadions
continuoient à la cour de T h ie r r i, & la déchi-
roient avec fureur. Varaton tint une conduite op*
pofée à celle d’Ebroin ; il vouloit fe faire aimer,
i l ne put réuffir à l’être. Son miniftère pacifique
ne put écarter la haine qui s’attachoit au trône &
à tout ce qui Papprochoit ; fa modération ne fervit
qu’à accélérer la chûte de fes maîtres. Sa mort
ouvrit la porte à de nouvelles brigues ; fa veuve
I appuyoit de fon crédit Bertier , fon gendre. Pépin
qui avoit intérêt de l’éloigner , après n’avoir fu
le gagner, appuya fes concurrens &. s’appliqua i
D d