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liers. Ce même Rofclus Othon, préteur en 689 ,
entrant au théâtre, fut reçu du peuple avec des
huées que les chevaliers s’efforcèrent d’étouffer par
des applaudiffemens & des battemens de mains. Il
s’éleva une véritable querelle , on en vint aux
injures, & il étoit à craindre qu’on n’allât plus loin.
Cicéron alors conful , averti de ce tumulte,
convoque auffi-tôt le peuple dans le temple de
Bellone, & par fon éloquence change tellement
la difpofition des efprits, que le peuple en rentrant
au théâtre, s’empreffe défaire à Rofcius ,
par les applaudiffemens les plus marqués, toutes
les réparations convenables & de lui prodiguer les
témoignages de l’eftime & du refpeâ. Ç’eft à
cette loi de Rofcius Othon qù’Horace fait illuffon
dans fon ode contre Vulteius Ménas, affranchi du
grand Pompée , & parvenu au rang de chevalier
contre les intentions de ce tribun ;
Ssdilibafjue n\agmts in primis eques
Othone eontempto fedet.
ROSCOMMON , ( W entworth D il lo n ,
comte de ) Hiß. int. mod. ) de l’illuftre mai fön de
Dillon en Irlande, eft auffi au nombre des plus
illuftres poètes anglois. Pope en fait l’éloge dans
fon eflai fu t-la critique; fa traduction J e - Part
poétique d’Horace en vers anglais , & fon poème
fur la manière de traduire en vers , font imprimés
avec les poëlies du comte de Rochefter. Il étoit
ami de Dryden & des autres beaux génies de
l ’Angleterre. Le duc d’Ormond, viceroi d’Irlande,
l’a voit fait capitaine de fes gardes. Il lui arriva en
Irlande une aventure dont il femble que M. de
Marivaux ait voulu faire ufagè dans fon roman du
Pay fan parvenu. La pafîion pour le jeu ,. dont
Rofcommon n’étoit pas exempt, l’ayant retenu fort
tard dans un quartier écarté & dangereux , il fut
attaqué par trois voleurs; il fe défendit vaillamment
& fut fecouru par un pauvre officier réformé
, qui dans cette occafion fut fon libérateur.
Rofcommon ne crut pouvoir lui témoigner dignement
fa reconnoiffanee qu’en fe défaifant en
fa faveur delà charge de capitaine des gardes. Cet
officier étant mort trois ans après , le vice - roi
rétablit Rofcommon dans l’emploi dont fa généreufe
reconnöiflance l’ävoit dépouillé. Rofcommon fut
dans la fuite écuyer de la ducheffe d’Yorck ; il joi-
gnoit à fes talens, une grande connoiffance de Fanti-
quité ; il avoit étudié à Caen fous le favant Bo-
chart, & il avoit obfervé les monumens en Italie.
On difoit du comte de Rofcommon 81 du duc de
Buckingham ,- comme lui un des plus beaux efprits
de la cour de Charles I I , que le duc tiroit vanité
de n’être pas favant, & qne le comte étoit
favant fans en tirer vanité, Rofcommon mourut
en 1684.
ROSE , ( G u i l l l a u m e ) Hiß. de France ) évêque
de Senlis & grand-maître de Navarre $ fa-
tpieux ligueur dont il eft tant parlé dans la fa-
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tyre Mémppée, à l’occafion de la proceffion ée
la Ligue, ne ceffii de déclamer en chaire contre Henri
III K: contre Henri IV. Le premier fignala fin-
guhèrement fa clémence envers ce prédicateur
factieux. Rofe ayant prêché contre lui avec beaucoup
de violence , Henri lui fit un préfent de cinq
cents écus, en l’exhortant à employer cette femme
en remèdes & en potions qui ccrrigeaffent
l’âcretè de fes humeurs. C’étoit bien là la clémence
d’un diffipateur tel que Henri III. Rofe
ayant prêché de nouveau centre lu i, parce que
Henri avoit été au bal en mafque une nuit de carnaval
, Henri le fit venir, & lui dit: u Je vous
>* lai fie courir les rues jour & nuit, tant qu’il vous
» plaît, fans m’informer de ce que vous faites;
» laiffez - moi au moins la liberté de m’amufer
«une feule fois, & encore au carnaval. Puis, à caille
de la récidive , il. a jouta : allons, il eß temps que
vous devenie{ fage. Il ne devint point fage , & le
parlement fut moins indulgent envers lui que ne
l’avoit été Henri III. Il condamna Rofe à faire
amende honorable. I lia fit le .2.5 feprembre 1598»
à la grand’chambre , 'avec fes habits pontificaux
qu’il ne- voulut pas quitter. On lui attribue un
livre féditieux , intitulé ; De juftd reipublicat chrif-
tiantz in reges impios auäorit&te,. Il mourut en 1602,’
Rose blanche , R ose r ou ge . ( Hiß. drAnglet.
) On a donné le nom de rofe blanche & de
rofe rouge, aux deux maifons d’Yorck & de Lan--
caftre. Ces noms font fana eux par les guerres entre
ces deux maifons, par la quantité de fanganglois
qu’elles ont fait répandre , & qui aboutit à la-ruine
entière de la maifon de Lancaftre.-
Il finit donc fe rappeller que fous le régne d’Henri
V I, en 1453 » i y avoit en Angleterre un dépendant
d’Edouard I I I , de qui même la branche étoit
plus près d’un degré de la fouche commune que
là branche régnante. Ce prince étoit un duc d’Yorck.-
Ii portoir fur fon écu une rofe blanèhe, & le roi-
Henri V I , de la maifon de Lancaftre, porroit une
rofe rouge. G’eft de-la que vinrent ces noms cé—/
lêbres confaerés à la guerre civile. La bataille
de Bolfworth donnée en 1485 , & dans laquelle
périt Richard I I I , mit fin aux déflations dont
la rofe rouge & la rofe blanche avoient rempli l’Angleterre.
Le trône toujours enfanglanté & ren-
v e rfé , fut enfin ferme & tranquille ; les malheurs
qui avoient perfécuté la famille d’Edouard I I I ;
ceffèrent; Hemi V I I , en époufant une fille
.d’Edouard V, réunit les droits cîesLancaftres & des
Yorcks en fa perfonne. Ayant fu vaincre, il fut
gou verner. Son régne, qui fut de '24 ans , & ptefque
toujours paifible, humanifa un peu les moeurs de
là nation. Les parlemens qu’il aiïembla & qu’il
ménagea, firent defages lois. La juftice diftribu-
tive rentra dans tous fes droits; le commerce qui
avoit commencé à fleurir fous te grand Edouard „
& qui avoit été ruiné pendant les guerres civiles
3 fe rétablit, & fe ranima pour profpérer enp
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tore davantage fous Henri V I I I , & fous la reine
Elifaberh. ( D /. )
R ose- CROIX , fociété des frères de la ( Hifoire des
impofiires humaines ) fociéré imaginaire , & jaéa-n—
moins célèbre par les fauffes cdnjedures qu’elle a
fait naître.
Ce fut en 1 6 1 0 qu’on commença à entendre
parler de cette fociétè chimérique, dont on n’a
découvert ni trace ni veftige. Ce qu’il y a de plai-
fanr, c’eft que dès-lors les Paracelfiftcs , les À i-
chymiftes, & autres gens de cer ordre, prétendirent
en être , parce qu’il s’agiffoit des fciences occultes
& cabahftiques : & chacun d’eux attribuoit aux
frères de la rofe-croix fes opinions particulières.
Les éloges _ qu’ils firent dés frères de la rofe-croix
aigrirent quelques hommes pieux, & les portèrent
à intenter tôutes fortes d’accufations contre cette
fociété, de l’exîftence de laquelle ils auroient dû
préalablement s’affurer.
Cependant on débitoit hautement qu’il paroif-
foit une illuftre fociété, jufques-là cachée , & qui
devoit fon origine à Chriftian Rofencreuz. On
ajoutoit que cet homme né en 13S7,,ayant fait
le voyage de la Terre-Sainte , pour vifiter le tombeau
de J. C ., avoit eu à Damas des conférences
avec les fages Chaldéens, defquels il. avoit appris
les fciences occultes, entr’aütres la magie & la cabale
; qu’il avoit perfectionné fes connoiffances en
continuant fes voyages en Egypte & en Lybie ;
que de retour dans fa patrie, il avoit conçu le
généreux deflein de réformer les fciences; que
pour réuffir dans ce projet , il avoit inftitué une
fociété fecrette, compofée d’un petit nombre de
membres, auxquels il s’étoit ouvert fur les profonds
myftères qui lui étoient connus, après les avoir
engagés fous ferment à lui garder le fecret, & leur
avoir enjoint de tranfmettre fes myftères de la même
manière à la poftérité.
Pour donner plus de poids à cette fable , on mit
au jour deux petits ouvrages, contenant les myftères
de la fociété. L’un à pour titre : fama fra-
ternitatïs, id eft, deteftio fraternitatis laudabilis or-
dinis rofeoe-crucis ; l’autre intitulé : confejjio fraterni-
taùs, parut en allemand & en latin.
Dans ces deux ouvrages , ©n attribuoit à cette
fociété : i° . Une révélation particulière que Dieu
avoit accordée à chacun des frères, par le moyen
de laquelle ils avoient acquis la connoiffance d’un
grand nombre de fciences, & qu’en qualité de
vrais théofophes, ils étoient en état d’éclairer la
raifon humaine par le fecours de la grâce, a 9. On
recommandoit, outre la leéfure de l’écriture fainte,
celle des écrits de Taulerus, & de la théologie
germanique. On affuroit que les illuftres frères
fe propofoient de faire une réforme générale des
fciences , & en particulier de la médecine & de
la philofophie. 40. On apprenoit au public que
lefdits frères poffédoient la gi.erre philofophale , &
que par ce moyeu ils avoient acquis la médecine
^niverfelle, l’art de tranfmuer les métaux, & de
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prolonger la v ie ; enfin , on annonçoit qu’il alloit
venir un fiecle- d’o r , qui procureroit toute forte de
bonheur fur la terre.
Sur le bruit que firent ces deux ouvrages, chacun
jugea de la fociété de la rofe-croix , félon fes préjugés,
& chacun crut avoir trouvé la clef de l’énigme.
Plufieurs théologiens prévenus déjà contre
l’école de Paracelle, penfèrent qu’on en vouloir à
la fo i , & qu’une feéle fanatique fe cachoit fous ce
mafque. Chriftophorus Nigrinus prétendit démontrer
que les frères étoient des difciples de Calvin.
Mais ce qui détruifit l’une & l’autre de ces con-
jeélurès, c’étoient quelques endroits des deux livres
dont nous avons parlé , qui prouvaient que les
frères étoient fortement attachés au luthéranifme,
En conféquence, quelques luthériens défendirent
avec zèle l’orthodoxie de la fociété.
Les plus éclairés conje&uroient que tout cela n’étoit
qu’une fable forgée par des chymiftes, comme
l’indiquoient affez les connoiffances chymiques
dont cette fociété fe vantoir. Ils ajoutoient pour
nouvelle preuve, que le nom même de rofe-cru^
étoit chymique, _& qu’il fignifioit un philofophe
qui fait de For. Telle a été l’opinion de Mosheim.
Il y eut auffi des gens qui crurent bonnement
que Dieu , par une grâce fpéciale , s’étoit révélé
à quelques hommes pieux, pour réformer les
fciences, & découvrir au genre-humain des myftères
inconnus.
Mais comme on ne découvroit en aucun endroit
ni cette focié té ,'ni perfonne qui en fut
membre, les gens d’efprit fe convainquirent de
plus en plus , qu’elle n’exifloit point en réalité,,
qu’elle n’avoit jamais exifté, & que tout ce qu’on
débitoit de fon auteur, étoit un conte fait à plaifir,
inventé pour fe divertir des gens crédules, ou
pour mieux connoitre ce que le public penfoit de
la doârine de Paracelfe & des chymiftes.
Le dénouement de la pièce fu t, qu’on 11’enten-
dit plus parler de la fociété , depuis que ceux qui
Favoient mife fur le tapis gardèrent le filence, &
n’écrivirent plus. On a foupçonné fortement Jean-
Valentin Andréa , théologien de Wirtemberg ,
homme favant & de génie, d’avoir été, finon le
premier auteur, du moins un des aâeurs de cette
comédie.
Quoi qu’il en.foit , le nom de frères de la
rofe-croix eft refté aux difciples de Paracelfe , aux
alchymiftes, & gens de cet ordre , qui ont formé
un corps affez nombreux, & dont on appelle
le fyftême Théofophie. ( D. J . )
R ose d’or. ( H i f . de la cour de Rome ) C ’eft ainfi
qu’on nomme par excellence, une rofe de ce métal
faite par un orfèvre italien , enrichie de carats,
& bénie par le pape le quatrième dimanche du
carême , pour en /aire préfent en certaines con-
jonétures à quelque églife , prince ou princtffe.
La coutume qu’a le pape de confacrer une rofe.
d'or le dimanche Icetare Jerufalem, n’a pris fçuj