en 1 5 1 7 , Ils trouvèrent un grand chemin de Çèô
lieues de Cufco jufqu’à Quito, avec des relais
d'hommes fixés de lieue en lieue, pour porter les
ordres de l’Inca dans tout Ton empire. (D. /.)
POSTES de la Chine. (H iß . de U Chine) Les pofles
font réglées dans tout l’empire de la Chine, l’empereur
feul en fait la dépenfe, & il entretient
pour cela une infinité de chevaux. Les couriers
partent de Peking pour les capitales des provinces.
Le viceroi qui'reçoit les dépêches de la cour,
les communique incontinent par d’autres couriers |
aux villes du premier ordre; celles-ci les envoyent j
aux villes du fécond ordre qui font de leur dépendance
; & de celles du fécond ordre aux villes
du troifième ; ainfi toutes les provinces & toutes
les villes ont communication les unes avec les
antres. Quoique ees poßes ne 1 oient pas qtablies
pour les particuliers, on ne laiffe pas de s’en fervir
en donnant quelque chofe au maître du bureau,
& tous les millionnaires en ufent avec autant de
fureté, & avec beaucoup moins de dépenfe qu’ils
ne font en Europe.
Comme il eft d’une extrême importance que
les couriers arrivent à tems , les mandarins ont
foin de tenir tous les chemins en état ; & l’empereur
, pour les y obliger plus efficacement, fait
quelquefois courir le bruit qu’il doit lui-même
-vifner certaines provinces. Alors leurs gouverne-
mens n’épargnent rien pour en réparer les chemins
; pa&e qu’il y va ordinairement de leur
fortune , 8c quelquefois de leur v ie , s’ils fc négli-
geoient fur ce point. Mais quelque foin que les :
Chinois fe donnent pour diminuer la peine des
voyageurs, on y fouffre néanmoins prefque toujours
uae incommodité très-confidérable, à laquelle
ils ne peuvent remédier.
Les terres qui font très-légères Sc toujours
battues par une infinité de gens qui vont 8c viennent
à pié 8c à cheval, fur des chameaux, dans
des litières 8c fur des chariots , deviennent en
été un amas prodigieux de pouffière très-fine,
qui étant élevée par les paffans 8c pouflee par le
v en t, feroit quelquefois capable d’aveugler, fi on
ne prenoit des mafques ou des voiles. Ce font des
nuages épais , au travers defquels il faut continuellement
marcher , 8c quon refpire au lien d’air
pendant des journées entières. Quand la chaleur
eft grande & le vent contraire, il n’y a que les
■ cens du pays qni puiffent y réfifter. {D. /.)
P o s t e s du Japon. ( H iß . du Japonj Pour la commodité
des voyageurs, il y a dans tous les principaux
villages & hameaux du Japon une jo fle ,
qui appartient au feigneur du Heu, oii l’on peut
trouver en tous tems, à de certains prix réglés,
uh nombre fuffifant de chevaux, de porteurs, de
valets, 8c en un mot, de tout ce dont on peut
avoir befoin pour pourfuivre fon voyage en diligence*
L ’on y change auffi de chevaux 8c de valets,
quand Ils fe trouvent haraffés du chemin, ou qu’on
ne les a pas loués pour aller plus loin. Les voyageurs
de tout rang 8c de toute condition fe rendent
à ces pojles , appellées par les JaponoisyZ/j/c«.,
à caufe de la commodité qu’ils ont d’y trouver
prêt tout ce dont ils peuvent avoir befoin. Elles
font à la dïftance les unes des autres d’un mille
8c demi, 8c au-deffus, jüfqu’à quatre milles. Ces
maifons ne font pas proprement bâties pour loger
du monde, mais fimplement pour établir lés ehe-
vaux ; 8c pour empêcher qu’en les changeant ils
n’embaraffent les rues, il y a une cour fpacieufe
pour chacune. Le prix de tout ce qu’on peut louer
à ces pojles eft réglé par tout Fempire, non-feulement
fuivant la diftancè des lieux, mais encore
fuivant que les chemins font bons ou mauvais,
que les vivres ou le fourage font plus ou moins
chers, 8c autreschofes femblables.
A toutes les pojles--il y a jour 8c nuit des mef-
fagers établis pour porter les lettres, les édits , les
déclarations, &c. de l’empereur 8c des princes de
l’empire, qu’ils prennent au moment qu’on lé sa
délivrées, 8c qu’ils portent en diligence à la pojle
prochaine. Ces lettres, &c. font renfermées dans
une petite boîte vernie de noir, fur laquelle il y
a les armes de l’empereur, 8c le meffager la porte
fur fes épaules attachée à un petit bâton. 11 y a
toujours deux de ces meftagers qui courent en-
femble, afin qu’au cas qu’il arrivât quelque accident
à celui qui porte la boîte , l’autre pût prendre
fa place 8c remettre le paquet au prochain finku.
Tous les voyageurs.de quelque rang qu’ils foient,
meme les princes de l’empire 8c leur fuite, doivent
fortir du chemin 8c laiffer un paffage libre
à ces meftagers, qui prennent foin de les en
avertir à une diftancè convenable, par le moyen
d’une petite cloche qu’ils ionnent & qu’ils portent
pour cet effet toujours avec eux. (D . J . )
POSTEL , ( G u i l l a u m e ) ( H i jl . l i a . m o i. )
enfeigna au collège royal les mathématiques 8t les
langues orientales. Il y a en lui deux hommes à
diftinguer, le favant 8c l’homme bizarre. Le favant
fit l’admiration des favans mêmes; jamais on n’a
tant vanté dans aucun homme de lettres Funiver-
falité des connoiffances. Maurice Breflieu, un de
fes collègues, difoit : « Mithridate ne favoit pas plus
» de langues; théologie, philofophie, mathémati-
n ques, 8cc. il fait tout. » D’autres célèbrent fa facilité
à communiquer fes lumière? 8c à partager fa
fortune.
François I , qui lui donna deux chaires à la fois
au collège royal, l’avoit chargé d’aller chercher
des manuferits dans le Levant ; il en rapporta
plufieurs , il voyagea autant qu’il étudia, il écrivit
beaucoup. On peut voir la lifte de fes ouvrages
dans M. de Sallengre,dans le P . Niceren, dans Chauf-
fepié.
Voici l’homme fîngulier. Nous joindrons la fin-
gularité de? aventures à celle du caraftère, ces
deux fingularités pouvant être réciproquement la
caufe l’une de l’autre.
Pojlel, né en 1 5 1 0 , dans le diocefe dAvran-
cîies, perdit à huit ans fon. père & fa mère ,
morts tous deux d’une maladie peftilentielle. A
quatorze ans , on le voit maître d’école au village
de Say près de Pontoife. Il vient à Paris, il s’af-
focie , pour diminuer la dépenfe en la partageant,
avec des inconnus qui-le volent ; il fe rerire à
l’hôpital, la mifère 8c la maladie l’y retiennent
deux ans. Il en fort enfin 8c quitte Paris à caufe
d’une cherté extraordinaire ; il va paffer le tems
de la moiffon dans les plaines de la B eau c e , où il
gagne la vie à glaner. Il revient à Paris , fe
met au fervice de quelques régens dans un^ collège
; ' bientôt il devient le maître de fes maîtres,
8c acquiert la réputation d’un favant wniverfel.
Il voyage, il étend fes connoiffances, il obtient
les places dûes à fon mérite; mais fon favoir l’é-.
gare, il fe plonge dans les rêveries des Rabbins,
il devient lui-même Rabbin 8c rêveur ; il a des
vifions : l’ange Raziel lui révèle les fecréts du
ciel ; Pojlel veut ramener tous les peuples à la religion
chrétienne; il fait imprimer un livre de la
concorde du monde ; ce projet l’occupa tout le refte ;
de fa v ie ; il va trouver François I , il lui promet :
la monarchie univerfelle, mais il y met une con-i
dition , c’eft que. le "roi commencera par réformer
fa cour, fa mai fo n , léglife & les UTL'-VerJites toutes
déréglées, mais fur-tout la jujlice, Le roi promit
tout, du moins Pojlèl l’affûre, 8c en effet tous ces
objets pouvoient avoir befoin de réforme.
Pour réunir Funiyers dans la foi. chrétienne, il
falloit être dans la capitale du monde chrétien»
Pojlel court à Rome & s’y fait jéfuite ; mais toujours
plein de grandes vues , il prétendoit bien
moins s’affujettir au nouvel inftirut des jéfuites
que les attirer eux-mêmes à fon inftiturion de la
concorde. Saint Ignace condamna fes chimères
8c les fouffrit. Laynez ne voulut pas les fouffrir
8c chaffa pojlel. >
Celui-ci prétend que les jéfuites étoient trop
efpagnols, pour lui pardonner la promefte qu’il
-fàifoit à François I de 1 « monarchie univerfelle,
& trop italiens , pour lui paffer la' fupériorité
qu’il aecorcloit au concile fur le pape ; fans ces'
deux articles;, il aurait voulu toujours vivre avec
eux , à caufe que leur manière de procéder ejl la plus
parfaite après les apôtres , qui onq fut au monde. '
. Pojlel fe retire à Vernie; Là , une petite vieille
femmelette , de Page de cinquante ans , vient le trouver
& le prie de la prendre fous fa direéfion ,
mais ce fut elle qui le prit fous la fienne ; elle
pouffa bien plus loin que lui le fiftême de la
concorde ; elle illumina tant fon direâeur, que
celui-rd écrivit fous la diftée du faint efprit le
livre : de vinculo mitndi, le livre de la, mère Jeanne,
OU des ‘très-merveilleufes vifloires des femmes, & le
livre dellk vergine veneta ou le prime nuove de Pal-
■ tro mundo% Les femmes dey oient obtenir la victoire
<$» règne du monde univerfel ; la rai Ion , qùi efi la
partie inférieure de la nature humaine , alloit s’élever
avec e lle s, le renouvellement commençoit
en 15 4 7 , par le triomphe de la raifon de la mère
Jeanne,opà. alloit faire vaincre 8c regner les femmes,
La mère Jeanne étoit la vieille, 8c lui il eteit fori
iremier né, Caïn, Jean Caïn , 8c quelquefois par
îumilité, Caïn, Coré & Judas le traître. Tout cela
prouve que la raifon étoit devenue en effet une
partie bien inférieure chez Guillaume Poßel.^ Il
revint à Paris , 8c fe retira au monaftère de Saint*
Martin des Champs, ou, félon d’autres, on F y enferma.
Il y mouiut le 6 feptembre 1 5 8 1 , exemple
mémorable de la grandeur 8c de la petiteffe de
Fefprit humain.
POSTUME, ( M a r c u s C a s s iu s ) {Hiß. Rom.)
fut le premier des trente tyrans qui fe rendirent
indépendans dans les provinces particulières de
l’empire dont ils avoient le gouvernement. La
réputation de fes talens 8c de fes vertus lui mérita
la faveur de Valérien , qui lui confia l’éducation
de fon petit-fils Salonine. Le jeune prince,
pour fe former dans le grand art de gouverner,
fut envoyé dans les Gaules avec Pofiume, qui
fut chargé de l’inftruire de la fcience de là guerre
& de la politique. Il s’acquitta de ce devoir arec
une exa&itude qui lui mérita tous les fuffrages.
Sa modeftië mit un nouveau prix à fes talens. Il
attribuoit au jeune prince toute la gloire des fuc-
cès, & jamais les Gaules ne furent plus à couvert
des incurfions de l’étranger. L’habitude de commander
le rendit fenfible aux promeffes de l’ambition.
On le foupçonna d’avoir fait affaffiner Salonine
par la- foldatefque, dont il avoit excité
le mécontentement. Cet injufte foupçoa n’affefîra
que les envieux de fa gloire , 8c fut démenti par
la pureté de fes moeurs, 8c par la modération qu’il
conferva dans fa plus grande profpérité. Il eft- plus
vraifemblable que les légions des Gaules, mécontentes
dé Valérien 8c de Galien fon fils, punirent
Salonine d’être formé de leur fang. Ce jeune
prince prépara lui-même fa ruine, après fes victoires
fur les Allemands. Ses foldats étoient revenus
chargés de butin; il eut l’imprudence de
vouloir fe 1 approprier , & préféra les confeils de
fes flatteurs, à ceux de Poßutne, qui fit des efforts
inutiles pour réprimer cette avarice. Les légions,
indignées de ce qu’ on leur enkvoit des dépouilles
achetées au prix de leur fang, le maffacrèrent,
8c proclamèrent Pofiimc empereur , en 261. C e
choix fut applaudi de tons les peuplés de la Gaule.
La tranquillité 8c l’abondance femblèrent renaître
dans les provinces; la drfeipline reprit une nouvelle
vigueur dans les armées. Les Germains,
accoutumés à faire des incurfions dans les Gaules,
furent refferrés dans leurs anciennes poffeffions;
8c ch .que fois qu’ils renouvellèrent leurs heftilités,
. ils en furent punis par de fanglantes défaites,
j Qalien, qui lui imputoit eu public le meurtre «te