
manger des chardons ; mais PhlUmon avoir alors
quatre-vingt-dix-fept ans. Philémen le jeune, Ton
61s , avoit auffi compofé beaucoup de comédies ;
il nous en refte des fragmens que Grotius a recueillis.
Ce dernier Philémon vivoit plus de deux
fiècles avant J . C.
Philémon eft auffi le nom d’un citoyen riche
de la ville de Coloffes, converti à la toi par un
difciple de Saint Paul > & à qui Saint Paul adrefle
une de Tes épitres.
PHILENES, (Hift. anc.) Rien de plus célèbre
que les autels àts Philènes, arm Philenorum ; mais
la célébrité des faits n’eft fouvent qu’un préjugé
légitime de leur fauffeté, car ce font les circonf-
tances merveilleufes & extraordinaires qui contribuent
le plus à la célébrité des faits. Quoi
qu’il en foit, Sallufte & Valère Maxime rapportent
que Carthage & Cyrène étant en con-
teftation au fujet de leurs limites, on convint de
les fixer au point où deux jeunes gens, partis en
même temps de chacune d s deux villes, fe ren*
contreîoient ; mais première difficulté : chacune
des deux villes avoit-elle, dans la ville rivale, des
commiffaires pour s’affurer refpeètivement.du moment
précis du départ, ou avoit-on enfin des
moyens quelconques de s’àïïùrer que les deux départs
feroîent fimultanés ? Dans ce cas, il n’a pu
y avoir de conteftation ; quant à l’inégalité de diligence
dans la marche, on avoit dû la prévoir ,
éz elle n’a pas dû non plus faire naître de dif-
pute; mais on fent combien un pareil moyen de
fixer des limites étoit greffier & défeélueux. Les
Carthaginois, c’étoient deux frères, nommés Phi-
lèncs, firent plus de diligence : les Cyréné.ens prétendirent
qu’il y avoit eu de la mauvaife fo i, &
que les Philènes étoient partis avant l’heure marquée
: conteftation impoffible, encore un coup,
fi on avoit des moyens de s’affurer du moment
du départ; mais conteftation à laquelle ori de voit
néceffairement s’attendre,fi cesmoyensmanquoient.
Mais voici à quoi on ne devoit pas s’attendre; c’eft
que les Cyrénéens consentirent de s’en tenir à l’ac-
cord,moyennant une condition, qui eft que lès Phi-
Unes confentiroient de leur côté à être enterrés vi-
vans à l’endroit où la rencontre s’étoit faite. De quel
droit impofe-t-on après-coup une pareille condition
? De quel droit deux particuliers l’impofent-
ils ? On ne nous dit point d’ailleurs f i , en l’im-
pofant, ils ofFroient de la remplir eux-mêmes à
l’endroit où ils defiroient que les bornes du territoire
de leur ville fufTent fixées. Les Philènes
s’étant dévoués à cette mort horrible, car la condition
fut acceptée & remplie, les Carthaginois
leur rendirent les honneurs divins, élevèrent
deux autels au lieu où les Philéries avoient été
enterrés, c’eft ce qu’on appelle les autels de Philènes;
& ce lieu fervit de borne à l’empire des
Carthaginois du côté de Cyréne, tandis qu’il s’é-
tendoit de l’autre côté jufqu’aux colonnes d’Hercule.
Nous croyons reconnoître, dans cette belle
hiftoire des Philènes, tous les caractères de la
fable, ou du moins d’une hiftoire altérée. Cependant
tous les hiftoriens, tant anciens que
modernes, la rapportent fans y trouver de difficulté;
tout ce qu’on peut en dire, c’eft qu’il faut
qu’il y ait eu quelque- événement glorieux aux
Philènes, qui ait donné lieu à cette dénomination
d’autels des Philènes.
PH1L E T A S , (Hift. litt, anc.) de l’iHedeCos,
grammairien & pcëte grec ; fes poéfies ne nous
font point parvenues, mais Ovide & Properce
les ont vantées ; on regardoit communément Cai-
limaque, dit Quintilien, comme le premier des
poètes dans l’élégie amoureufe quoiqu’Horace
ait placé Mimnermus au-deflùs de lui. (V o y e z
les articles Callimaque & Mimnermus ). Et on
donnoit le fécond rang à Philétas. Ptolémée So-
ter donna ce dernier pour précepteur à fon fils
Ptolémée Philadelphe.
PHILIPPE I , (H ift. anc. Hiß. de Macéd.) troi-
fième fils d’Amyntas, roi de Macédoine , & fon
fucceffeur au trône, naquit i’an du monde 362.1.
Son père, pour gage de l’obfervation des traités,
le remit aux Thébains, qui confièrent fon éducation
au fage Epaminondas. Le jeune Macédonien formé
par les leçons d’un fi grand maître , en eut tous les
talens fans en avoir les vertus. Lorfqu’il parvint à
l’empire, il eut honte de ne commander qu’à des
barbares: il entreprit d’en faire des hommes , en
leur donnant des loix & des moeurs. Les moyens
dont il fe fervit pour monter fur le trône, manifef-
tèrent qu’il en étoit digne. Appellé de Thèbcs pour
prendre la tutelle de los neveu, il profita de fon
enfance pour préparer fa grandeur. Les Macédoniens,
environnés d’ennemis, avoient jufqu’alor$
combattu fans courage & fans gloire ; & s’ils n’a-
voient point encore été fubjugués , c’eft que leurs
voifins avoient dédaigné d’en faire leur conquête.
; Philippe affe&ant une confiance que peut-être il
! n’avoit pas, releva les courages abattus. Le foldat,
fier de marcher fous un difciple d’Epaminondas, fe
fournir, fans murmurer, à une difeipline févère.
Ses manières affables & prévenantes adoucirent la
rigueur du commandement : les Macédoniens, heureux
& triomphans, le placèrent fur le trône, que
fon ambition dévoroit en fecret, & dont il affeéloit
de redouter les écueils.
Le choix de la nation fut iuftifié par les plus bril-
lans fuccès ; Philippe, âgé de 24 ans, développa
tous les talensqui (ont le fruit de l’expérience. Tous
fes concurrens au trône furent fubjugués par fes
bienfaits : il n’y eut ni de murmurateurs ni de rebelles;
fes victoires impofèrent filence aux rivaux
de fa grandeur, & firent oublier par quels degrés il ’
étoit parvenu à l’empire. Sobre & tempérant, il in-
troduifit la frugalité dans le camp ; fa cour fimple &
même auftère, *!n’offroit point cet éclat impofteut
p h 1
dont les rois indignes de l’être mafquent leur peti- |
teflî:. La févérité ae la difeipline militaire n’eut rien
de pénible, parce qu’il en donna lui-même l’exemple.
Ses foldats, honorés du titre de fes compagnons,
fe précipitoient dans tous les périls pour mériter les
diftinâions dont il récompenfoit la valeur. Ce fut lui
qui créa cette fameufe phalange qui préfentoit à
rennemi un rempart impénétrable; ce bataillon for-
moit un carré long de 400 hommes de front fur 16
de profondeur; il étoit fi ferré dans fa marche, que
le choc de l’ennemi ne pouvoit l’ébranler ni réfifter
au lien. Chaque foldat étoit armé d’une pique longue
de vingt-&-un pieds : ce fut cette phalange redoutable
qui éleva les Macédoniens à un fi haut dégré
de fplendeur.
Une armée auffi bien dji^iplinée lui infpira la pal-
fion des conquêtes; il contint la Grèce en répandant
le bruit artificieux que le monarque Perfan méditoit
d’y faire une invafion : ce fut ainfi qu’en réalifant des
dangers imaginaires, il. fe rendit l’arbitre des rivaux
de fa puiffance. LesIllyriens étoient maîtres de plu-
fieurs places dans la Macédoine, il les en chaffa; &
pour mieux les affoiblir, il porta le feu de la guerre
dans leur pays. Après leur avoir livré plufieurs combats
toujours fui vis de la viâo ire , il s’empara d’Am-
phipolis, colonie des Athéniens, que cette hoftilité
rendit fes ennemis. Philippe, fans^eur déclarer la ;
guerre, leur enleva Potidée. Son inlidieufe éloquence
leur perfuada qu’en perdant ces places ils ne per-
doient rien de leur puiffance. La plus utile de fes
conquêtes fut celle de.Cnidé, à qui il donna fon nom,
& qui devint dans la fuite célébré par la mort de
Brutus & Caffîus. Cette acquifition, fans être glo ■
rieufe à fes armes, fervit de degré à fa puiffance ; il
fit ouvrir près de cette vijle une mine d’or d’où il tira
par an trois million?. Cette fource de richeffe le mit
en état d’acheter des efpions & des traîtres qu’il entretint
dans toutes les villes allarmées de fon ambition.
Il avoit coutume de dire qu’ il n’y avoit de
villes imprenables que celles où un mulet chargé
d’or ne pouvoit entrer ; en effet, ce fut avec ce
métal plutôt qu’avec fes armes qu’il fubjugua la
Grèce.
Il eft un héroïfme domeftique que le fage feul
peut apprécier : YzmbiûeuxPhilippe, du tumulte du
camp veilloit aux devoirs d’un père de famille. Sa
femme Olympias ayant mis au monde Alexandre,
^ il n’en eut pas plutôt appris la nouvelle qu’il écrivit à
Ariftote, pouf le prier de fe charger un jour de fon
éducation, » Je vous apprends, lui d it-il, qu’il m’eft
v né un fils ; je rends grâce aux dieux moins pour
» me l’avoir donné que pour m’avoir fait ce pré-
n font de votre vivant : je me flatte que vos foins
» en feront un princedigne de fes hautes deftinées».
La guerre facrée qui embrafa la Grèce y donna
le fpeciacle de toutes les atrocités qu’enfante le zèle
religieux ; Philippe, tranquille fpeôateur de cette
fcène horrible, laiffa aux dieux le foin de venger
leur injure. Sa politique ténébreufe attifoit en fecret
le feu qui dévoroit les différentes contrées de la
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Grèce. Tandis que fes voifins s’affoibliffoient par
leurs défaires & même par leurs viéloires, il affer-
miffoit fa puiflânee dans la Thrace; il établiffoit fes
droits fur tout ce qui paroiffoit lui convenir. Ce fut
au fiège de Methone qu’un nommé After, extrêmement
adroit à tirer de l’a rc , vint s’offrir à lui : Philippe
, plein de mépris pour un fi ioifele talent, lui
dit qu’il le prendroit à fon fervice Jorfqu’il feroit la
guerre aux hirondelles. After, irrité de ce dédain,
fe jetta dans la ville afliégée, d’où il tira contre le
monarque une flèche où étoit écrit, à Pceil droit de
Philippe, dont l’oeil en effet fut crevé. Philippe renvoya
la flèche dans la ville avec cette inferiprion :
After fera pendu aufji-tôt que la ville fera prife. Cette
menace fut bientôt fuivie de l’exécution. Ce prince,
6 au-deffus du refte des hommes , fe rapprcchoic
d’eux par quelques foibleffes ; depuis qu’il avoit perdu
un oeil, "fine pouvoit entendre prononcer le nom
de cyclope fans fe fentir humilié.
Philippe, appellé par fes voifins pour être l’arbitre
de leurs querelles, en profitoit pour les affer-
vir. Les habitans de Fhères implorèrent fon fecours
contre Lycophron, beau-frere du cruel Alexandre,
dont il imitoit la tyrannie. Le monarque Macédonien
flatté du titre de protecteur d’un peuple opprimé
, remporta deux victoires fur le frère- du ty ran.
Comme ces peuples s’étoient déclarés contre
les violateurs du temple d’Apollon, Philippe, qui les
protégeoit, fut regardé comme le vengeur de la
religion. Les Grecs, acharnés à fe détruire, fe préparèrent
eux-mêmes des fers. Philippe, inftruit de
leur foibleffb, conçut le deffein de les fubjuguer :
un feul homme réprimoit les voeux de fon ambition,
c’étoit l’orateur Démofthène, dont l’éloquence lui
paroiffoit plus redoutable que toutes les flottes Sc
les armées de la Grèce. Ce fut lui qui. détermina
les Athéniens à difputer le paffage desThermopyles
à cet ambitieux , qui vouloit s’en emparer, pour
s’ouvrir l’entrée de la Grèce ; mais ne quittant que
pour un moment les feux & les fpe&acles, ils fe .
plongèrent bientôt dans leur premier fommeil.
Tandis qu’ils perdoient le tems en délibérations
ftériles , Philippe inondoit la Thrace, & fe rendoit
maître d’Olinthe, colonie Athénienne , qui fut contrainte
d’abandonner fes foyers pour errer fans patrie.
Les traîtres qui lui livrèrent la ville ne reçurent
pour falaire que les railleries des Macédoniens;
ils s’en plaignirent à Philippe : ce prince, railleu'
lui-même, leur répondit : « Les Macédoniens font
» fi groffiers, qu’ils appellent tout par leur nem »,
Cette conquête fut célébrée par des jeux & de»
; fpeâacles.
L e s Thébains, après avoir efiuyé différentes défaites
, crurent fe relever par l’appui de Philippe :
rechercher lin allié fi puiffant, c’ètoit folliciter des
fers. Leur haine contre les Phocéens égara leur
politique ; Philippe, fous le titre de libérateur , fe
vit l’arbitre de toute la Grèce , dont les Thébains
venoient de lui ouvrir les portes. Ce fut fous le
fpécieux prétexte de protéger fes nouveaux allié*
K k a