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SATRAPE 5 P. m. .(Hiß. a n c .) terme qui fignifioit
autrefois chez les Pçrfes, le gouverneur d’une province.
Le royaume de Perfe étoit divifé. en fatràpies ou
jûrifdi&iç>ns de fa t râpes.
Ce mot eft originairement perfàn ; il fignifie à la
lettre % amiral ou chef d’une armée navale : mais on
l ’ a appliqué par la fuite à tous les gouverneurs des
provinces indifféremment. Ces fatrapes avoient chacun
dans leur département une autorité prefqne fou-
vtrame, & étoient, à proprement parler, dés vice-
rois* On leur fourniffoit un nombre' de troupes fuffi-
ftnt pour ladéfenfe du pays. Ils en nommoient tous
les officiers, donnoient le gouvernement des places ,
rece voient, les tributs-& les envoyoient au roi. Us
avoient pouvoir de faire de nouvelles levées ; de traiter
avec les états voifms, & même ayec les généraux
ennemis ; & quoiqu’ils fervifïent un même maître , .
ils etoient indcpendans les uns des autres. Une autorité
fi peu limitée les.portoit quelquefois à la ré- 4
yolte. Au refie , quand le roi les appeloit pourfer-
r ir fous lu i, ils commandoient les troupes qu*ils
♦ voient amenées de leur gouvernement. Quelques
auteurs comptent jufqu’à cent vingt- fept fatrapes dans ;
fles provinces des anc-iens Peifes. Cyrus les avoit obli- és de rendre compte à trois grands fatrapes qui
toient comme des lecrétaires d’état..Si les Grecs empruntèrent
ce nom des Perfes pour s’en fervir dans
le même fens, ce. ne fut que depuis les conquêtes
d’Alexandre.
On trouve aufli ce mot dans quelques anciennes
Chartres angloifes du roi Ethe'red , dans lefquelles
les feigneurs ou lords, qui ont ligné immédiatement
%près Tes ducsprennent le titre de fatrapes du roi.
Ducange prétend que ce mot lignifie en cet endroit,
miniftre du roi. ( A . R .)
SA T T E A U , f. m. (termede relation) efpèce de barque
ou greffe chaloupe., dont on le fett au baftiôndé
P rance, fur là côte de Barbarie, pour la pêche du
çorail. (D . J. )
SATURNIN. ( Hiß. Rom. ) Il y a eu deux em»
j^ere^rs romains de ce nom; mais ils ne font pas au
«ombre des empereurs, -parce qu’ils ne réufiircnt
pas. L ' premier ( Publlus Sempronius Saturninus)
dent 1’ -mpereur Valérien avoit fait fon général,
fut pro lamé empereur lui même par fes foldats
l ’an il>y. Compagnons , leur dit-il , déun général,
peut-être aJJ'e^ bon , vous allez faire un prince aßêç
médiocre; quatre ans après ils le tuèrent, parce
qu’ils le trouvoient trop févère.
Le fécond ( S ex tus Julius Saturninus') gaulois de
naiffance, qu’Aurélien regardent comme le plus
habile de fes généraux, fut falué empereur par le
peuple d’Alexandrie l’an 280 , la quatrième année
ce l’empire de Probus : il reftifà la poupre, & en
fut revêtu malgré lui; çe qu’il ayoit prévui & qui
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rsndoif fon refus très-fincère, arriva. Probus marche
en forces contre lui, & le fchifme de _ l'empire finit
par la mort de Saturnin, qui fut tué peu de temps
après fon éleélion.
Il ÿ a un faint du nom de Saturnin , dont on -a
fait par corruption & par-contradiction faint S'ernin ,
c’eft l’apôtre de Touloufe; il en fut fait'évêque
l’an 2.50 ; il étoit venu avec Saint Dénis prêcher
l’évangile dans les Gaules, vers l’an 245. Il foufErit
le martyre l’an 257.
SAVARON, ( Jean ) ( Hiß. Litt. Mod. ) lieutenant
général de Clermont en Auvergne fa patrie,
habile & favant homme , fe diltingua- aux États-
Généraux de 16 14 . Sa chronologie des états-g:néraux
eft célèbre : c’elt l’auteur qui a le mieux écrit fur cet
objet importknt de notre droit public. Le tiers-état lui
paroît aufli ancien que la Monarchie, & il le voit admis
dans- les affemblées nationales dès les premiers
temps de notre hifteire, idée contraire à l’opinion reçue
qui fixe à l’an 13 0 2 , fous Phihppe-le-Bel’, l’admif-
fion du tiers-état à l’aflemblée, & qui ne fait remon?
ter l’exiftencemême du tiers-état qu'à l’affranchilTe-
rhent des ferfs & à Péfabliffement des communes,
dont Louis- le- gros_eft le premier auteur.' Cependant
cette idée , quoique contraire aux idées communes,
n’eft pas de celles qn’on peut rejetter fans
difcùfiion-, l’auteur' a . de quoi faire valoir fes
opinions, êi en .général il fait autorité fur ce
qui concerne les états - généraux en France. -
On lui doit encore l’édition des oeuvres de Sidoine
Apollinaire, les origines de Clermont, un traité de
la. foitveraintti du R o i & de fon Royaume. Il a
écrit aufli contre les duels. Il eft mort en 1622.
SAVAR Y. ( Hiß. d e Fr. ) ( Savary - Lan-
c d s m e , e t S a v a r y d e B r è v e s ) eft le nom
d’une très-ancienne & très-illuftre famille, origÈ-
; naire de Touraine. Les Savary étoient seigneurs
de l’isle Savary fur l’Indre, près Pàluaih L ’abbé
de Marolles,. dans fes mémoires, cite des titres
de cette maifon qui remontent à l’an 1 200 , & qu’ü
avoit trouvés clans une abbaye qu’il poffédoit
depuis 47 ans. On voit vers le-même temps
divers chevaliers de cette même famille, employés
par Philippe Augufte dans des affaires importantes.
La plupart des feigneurs > françois fe par-
• tageoient alors félon leurs intérêts ou leurs inclinations,
ou félon les loix de la féodalité entre le
roi de France & le roi d'Angleterre, qui poffé-
doit alors en France de grandes & riombreufes
provinces* Nous voyons vers le même temps un
läge confeilîer un grand capitaine de la fairill^
des Savary , Guillaume Savary- de MauLon , fervir
avee beaucoup de zèle & de fidélité le roi
d’Angleterre Jean fans terre, défendre auprès de
lui les droits de l’humanité , le défendre 1 i même
de fes propres fureurs* Jean-fans-Terre , contre
lequel les barons Anglais étoient alors foulevés,
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ayant ‘J pris Rochefter en 12 15 * vôuîoit paner
route la garnifon au fil de l’épée , quoique le gouverneur
Guillaume d’Albin et eût empêché un
de fes arbalétriers de le tuer. Savary de. Mauléon
n’eut pas péu de peine à faire fentir à ce Roi
infenfé-, que cette cruauté inutile en fercit com- .
mettre d’autres à fes ennemis alors plus puiftans
que lui. En 1224, fous le règne d’Henri ï i l , fils
de Jean-fans-Terre, & pendant fa' minorité, le-
même Savary de Mauléon défendit vaillamment
contre Louis VIII. la ville de la Rochelle , qui
étoit reftée- aux Anglois en- Fpnçe ; il-y foutint
un long fiége, demandant toujours du fecourÿ &•
n’en . obtenant point ; il demanda au moins de
l’argent pour payer fa garnifon mercenaire qui
refufoit de fervir. Les miniftres de Henri par
une ■ dérifion abfurde , lui envoyèrent un coffre
plein de ferraille. Savary rendit la Rochelle...
B a r t h d em i Savary , lire de Montbazon , eut
l'honneur" de' s’ allier à la maifon royale, il epoafa
Marie ou Marguerite de Dreux, de la branche-
des feigneurs de Beu.
,Barthdemi Sa vary, fécond du nom , fon fils,
fut une des cautions de notre -Roi' Jean,, pour
la reftifutiôn ou la ceflion qui .fut faite le 24'
d.âobre- 13 6 0 , à Edouard III , Roi d’Angleterre,
de la viliè d’Angoùlê'me & de la province d’An-
gourneis, en vercu cfir traité de Brétigny. .
Jean Savary y un des arrière-petits-neveux des
deux- préue'dens., fut confeilîer & chambellan- des
rois Charles V I I , Louis X I , & Charles VIII.
Plufieurs autres Savary ont ' eu des emplois d’é-
chanfon, de panefief, d’écuyer , &<?. dans la
maifon ou des rois ou des reines.
D'Honoré Savary, feigneur cîe .Lancofme, qui
vivoit fous le régné de Louis X I I ,, & dont le
dô.ntrat de mariage avec Une Savary, eft du 1 0 '
février 15 0 7 , font nés les chefs'deS'deux branches
vde cette famille âéhiellement exiftantes :• lavoir,
Claude-Savary, tige dès Savary-Lancofnc, branché
aînée, quia produit' quantité debravès militaires,
entriautres , deux frères', dont l’un Capitaine de
grenadiers au régiment de Richelieu, a été' tue'
au fiége de' Philisbourg' en 1734 ; l’autre , fous-
lieutenant Me grenadiers aii régiment des gardes,
a eu le bras droit emporté au même fiege.
IJeriis Savary, fécond fils d3Honoré, époiifa le
P9 décembre 1544 , Françoife de'Damas, dame de-
Brèves , par laquelle cette terre de Brèves a paffé
dans la maifon de Savary. Denis a été la tige de la-
branche de Savary-Brèves, & le père de François
Sa vary , feigneur de Brèves, ambaflVadeür à Gorif-
tantinople & à Rome, leperfennagê;lé plus célèbre
de fon nom., & diftingué parmi les plus habiles négociateurs
qu’ait eu§ notre nation.
Il n’avoit que vingt-deux ans, lorfque Jacques
de Savary - Lancofme, fon oncle à la mode .de
Bretagne , nommé en 1 J 8-2 , par le Rcfi
Henri I I I , ambafladeur à la Porte, l’emmena avec
lu i, d’abord pour le former; bientôt il le jugea
digne 'd’être initié à tous les fecrets de fes négociations,
& il le garda comme un adjoint né-
ceffaîre fans les conlèils & i’entremife duquel il
r.e fajfoit rien,, & clans' les talens duquel il trouvait
des reffoùrcés-toujours'sûres & toujours prêtes.
Cet- amba.ffideur étant mort à. Conftàntînople ,
en 15 91 , dé Brèves en donna àufti-tôt avis à fa
cour-, & demanda dés lettres de créance pour lnj
fuccédèf. On' lui màndà- de travailler en qualité de
réfident jufqu’à l’arrivée d’ un nouvel ambàffadéiVr.
Un mémoire hiftprique -fur M. de Brèves, inféré
dans le quatrième tome des nouveaux mémoires
d’hiftoire , de. critique & de littérature., de l’abbé
d’Artigny, nous apprend qu’il répondît fièrement
y> qu’aucun homme de fa maifon n’avoit jamais
» pris de qualification pareille ; qu’il a.lloit revenir
» en France avec les traités fecrets conclus à la
y> Porte , & qu’ainfi l’on perdroit un travail de
y> plufieurs années ». O11 ne voulut pas le mécontenter
; il eut le titre d’ambaffadeur. Cette ambaf-
fade eft' marquée par plufieurs fervices qui font
époque dans l’hiftoire des négociations" de la France
avec la- Porté.
Malgré lés vi&oires remportées par Henri IV
âpxl batailles d’Arques & d’Yvry , la ligue étoit
encore très^pniffante , & Philippe I I , roi d’Efpagne
l’appuyoit fortement. Le grand-feigneur , à la fol-
licitation de de Brèves , commença par faine une
diverfion utile à Henri XV, en tenant l’Efpagie en
échec, en menaçant d’envahir la Sicile, ou d’attaquer
la branche'allemande d’Autriche dii côté de
la Hongrie', ce- qui tendpit toujours à affoibiir les
efforts de la maifon d’Autriche contre la France.
De Brèves fit plus; il engagea encore Amurat III
; a étendre fon influence jufque ' far l’intérieur de
la France. Amurat écrivît, en 1593 , aux Mar-
feillois une lettre fort curieufe , pour les engager
à fe foumettre à Henri IV , ne leur promettant
j qu’à ce prix la proteétion de la Porte contre les
pirateries des barbarefques. «Non-feulement, dit-il,
f » vous avez refufè de lui obéir, mais encore vo^»«
» vous êtes unis avec fes ennemis & les nôtres-
» Voilà .pourquoi les Levantins & d’autres cor fai res
‘ » ont pris vos vaiflèaux par-tout où ils les trou-
33 voient, & fait efclaves ceux qui les montoient.
» Nous. vous invitons , ou phitôt nous vous enjoi-
: 33 gnons.... d’incliner vos chefs, & de rendre obéit
: 33 lance au magnanime entre les grands, & très-’
33 puiftant feignent Henri, roi de Navarre , à pré-
pa lent empereur de France, comme vous-avez fait
33 aux autres empereurs, fes prédéceffeurs ; & fi
» vous perfiftez dans votre finiftre obftination,
/a nous vous ^déclarons que vos vaiflèaux & leurs
* 33 cargaifons feroQt confisqués , & les homjnes faits