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à ce fujet avoîent été fameux, & le font devenus y
encore-plus par les difputes du feizièmq & du dix- !
feptlème fiécles.Cesdeux moines de Corbie avoient
le mérite quels tempscomportoit.Ils font auteurs
de beaucoup d’autres ouvrages théologiques &
hi doriques. Pafchitfe- a écrit la vie de Vala &
d’Adélard, fes prédèceffeurs dans la dignité d’abbé
de Corbie, princes dit lang de Charlemagne ; ils
étoient fils du comte Bernard , lequel étoit fils .
naturel de Charles Martel. Chaffés de la cour
par Louis le Débonnaire au commencement de
ton regne, ils finirent par le gouverner Si avec
lui le "royaume. Pafihafe Rutbsrt traite Adélard
de Suint-, cet Adélard adminiflra les finances du
Royaume Si ne les adminiflra pas faintementjil
joignit à tous les fléaux politiques qui affligèrent
le regne de Louis le Débonnaire, ce grand fléau
de la diflipation des finances , qui les confient
tous, & qui oblige de recourir dans les defaftres
publics à ces moyens violens que Tacite n’a pas
balancé à nommer des crimes: f i ambiùonc xra-
rïurn cxhauferimus, per f id e n fupplendum erit. Tacit.
annal, lib. z, cap. 38, . . .
On trouve dans L colleélion de dom Martene
l’édition la plus exafte du traité de Pafihafe Ratbert
de corpore Chrifti, Si dans le tome la du fptei-
lége de dom Luc d’Achery , fon traité de partu
Virginis.
PA SQ UIER , ( E t i e n n e ) (Hiß. litt, mod.) Ce
inagiftrat favant & célébré,fut d’abord avocat au
parlement ; il y fut reçu en 15 2 8 , & fe fit fur-
tout connoître par fon plaidoyer pour l’univerli-
té contre les Jéfuites, qui lui attira la haine de
la fociété & les injures du P. Garafle. Il con-
cluoit dans fon plaidoyer que la fociété des Jé fuites
, au lieu d’être aggrégée au corps de l’üni-
Verfitè , devoit être entièrement chaffée & exterminée
de France. Il ’ Ihî faifoit dès-lors tous les reproches
que les Janfémftes lui ont faits dans la
fuite. Il -gagna pour lors une partie de fon procès
; les Jéfuites ne furent point aggrégés à Puni*
v e r fité , & un fiécle & demi après fa mort, il
a gagné la totalité de ce même procès. Tout
le reffentiment des Jéfuites ne put empêcher
Henri Ht de rècohTpenfer fes talens & fes fer-
vices par le don d’une charge d’avocat-général de
la chambre des comptes. On connoit fes recherches
de la France, c’cft fon meilleur ouvrage, c’eft même
le feul par lequel il foit connu aujourd’h ui; les
Janféniftes mêmes ont oublie fa fatire intitulée :
Le Ccitéehifine des Jéfuites. Son exhortation aux
princes pour obvier aux Jéditions qui femblent nous
menacer pour le fait de la religion ; ouvrage dont
l’objet eft de prouver. l’avantage & la néçeflité
de l’exercice libre des deux religions, catholique
& proteftante, a été inférée à la fin du premier
volume des Mémoires de Condé.
On a de Pafquier des vers latins , épigram-
e ie s , portraits, & c . dent on a fait quelque cas;
ofl a suffi de lui des poéfies françoifes, entîe^
rement oubliées, mais qui firent beaucoup de
bruit dans leur temps. La puce & la" main furent
de grands évènemens, 8c appartiennent encore a
l’hifioire littéraire du feizième fiécle.
Pafquier ayant apperçu une puce fur le fein
de mademoifelle dés Roches, ( voye{ l’article
R o c h e s (d e s ) fit des vers fur la puce & fur le
fein;cefut un fignal donné à tous les poètes,ils firent
tous des vers fur la puce, furie fe in ,& fur les vers
que Pafquier avoit faits à cette occafion ; & comme
c’étoit à Poitiers pendant la tenue des grands-jours
que cette fureur épidémique de vers fur un fi
petit fujet tournoit toutes les jtêtes, on fit de
tous ces vers un recueil intitulé : La puce des
grands-jours ' de Poitiers.
Pendant les mêmes grands-jours de Poitiers
Pafquier fe fit peindre : le peintre , foit à deffein ,
foit par. hazard, ne lui fit point de mains. Nouveau
débordement de vers à la louange de Pa fquier
fur ce qu’il n’avoit point de main«, & cet
autre recueil s’appella la main de Pafquier. Ofl
voit encore à la tête de fes recherches fon por^
trait fans mains, avec ces deux vers'latins ;
Huila hîc Pcifchafio manus e j l> lex Cincia quippl
Caujidicos nullas fanxit habere manus.
Long-temps après l’établiffement de la vénalité
des charges de magiftrâture, & du temps ou P a fquier
écrivoit, on avoit confervé l’ufage de faire
prêter ferment aux récipiendaires de n’avoir rien
payé pour leurs offices, ce qui fait dire a Pafquier:
De cette belle ancienneté ne nous refle que
le parjure dont nous “faluons quelquefois la compagnie
, avant que dé entrer en léexercice de nos états.
C’eft ( dit-il dans iirye épigramme qu’il compofa
fur cette contradiéfion ) c’eft l’expreffion des^ re-
n grets de la Magiftrature, & du defir qu’elle
» conferve de voir renaître l’ancienne gratuité
» des offices:
Connivet tacitis eculis amplifjîmus or do
Qubd Jibi refiitui tempora prifea velit.
h Mais, ajoûte-t-il, voyez ce qu’on doit attendre
» d’un ju g e , dont la première démarche eft de
» fe parjurer.
Afpice quid fperes a judice , limine in ipfo -
Quem non ulla D el vox metuenda ferit.
Tout cela eft trop fort, il n’y a point de par-*
jure , où l’on ne veut tromper perfonne, mais
l’ufagc de ce ferment étoit abfùrde & l’on a bien
fait de le fupprimer. Pafquier vit cette fuppreffion
qui fut l’ouvrage du procureur - général la Guefle.
Sébaftien Chauvelin eft’ le premier qui ait été
difpenfé de ce ferment à fa réception dans une
charge de confcillér au parlement, le 7 février
15^7*
C’eft à l’occafion de la vénalité des charges.»
qu’en 1522. François I , félon. Pafquier, mit fus
le tréfqrier des parties cafuelles, inconnu à tous fes
prédèceffeurs.
Etienne Pafquier mourut en 1 7 1 5 , à quatre-
vingMept ans ; il laiffa trois fils ; on a du fécond
(Nicolas) un volume de lettres pleines de particularités
hiftoriques ; Théodore, l’aîné, fut, comme
fon p è re , avocat-général de la chambre
des comptes ; Nicolas étoit maître des requêtes ;
G u i, le troifièrrfe, fut auditeur des comptes.
PASENDA , ( Hiß. mod. ) c’eft le nom que l’on
donne parmi les Indiens à une feéle de bramines
ou de prêtres qui fait profeffion d’incrédulité.
Ce feétaires regardent le vedam, le shafler & le
pouran , c’eft-à-dire les livres qui contiennent la
foi indienne , comme de pures rêveries ; ils nient
l’immortalité de Tarne & la vie future ; ils fe
livrent> dit-on, à toutes fortes d’excès; commettent
fans fcrupule les inceftes & les impuretés
les plus abominables, & fe mettent au-defîùs
de l’opinion des hommes : ce font-là les couleurs
fous lefquelles les ennemis des pafendas les re-
préfentent. De leur côté, ils traitent d’hypocrites
les partifans des feéfes les. plus auAères , & prétendent
qu’ils ne cherchent qu’à fe faire applaudir
& confidérer par leur conduite févère; cependant
ils font obligés de cacher leurs fenrimens,
de peür d’exciter le zèle fougueux des bramines
leurs adverfaires, qui en plufieurs occafions ont
fait faire main-baffe fur les feâaires dom nous
parlons. ( A . R . )
PA SQ UIN, f. m. ( Hiß. mod. ) eft une ftatue
mutilée qu’on voit à Rome dans une encoignure
du palais des Urfins ; elle tire fon nom d’un
favetier de cette ville , fameux par fes railleries
& fes lardons , dont la boutique étoit le réceptacle
d’un grand nombre de fainéans qui fe di-
vertiffoient à railler les paffaps.
.Après la mort de Pafquin , en creufant devant
fa boutique, on trouva une ftatue d’un ancien
gladiateur bien taillée , mais mutilée de la moitié
de fes membres: ou Texpofa à la même place
où on Tavoit trouvée, au coin de la boutique
de Pafquin , & d’un commun confentement on
lui donna le nom du mort.
Depuis ce tems-là on attribue à la ftatue tomes
les fatyres & les brocards; on les lui met dans
la bouche, ou on les affiche fur lu i, comme fi
tout cela venoit de Pafquin reffufeité. Pafquin
s’adreffe ordinairement à Marforio , autre ftatue
dans R ome , ou Marforio à Pafquin., à qui on
fait faire la réplique.
Lès réponfes font ordinairement courtes, piquantes
& malignes: quand on attaque Marforio,
Pafquin vient à fon fecours ; & quand on l’attaque
, .Marforio le défend à fon tour, c’eft-à-
di%e que les fatyriques font parler ces ftatues
pomme il leur plaît,
Cette licence qui dégénère quelquefois en libelles
diffamatoires , n’épargne pe'rfcnr.e, pas
même les papes, & cependant elle eft tolérée*
On dit qu’Adrien V I indigné de fe voir fouvent
en butte aux fatyres de Pafquin, réfolui de faire
enlever la ftatue pour la précipiter dans le Tibre
ou la réduire en cendres, mais qu’un de fes
courtifans lui remontra ingémeu{'einem que fi on
noyoit Pafquin , il ne deviendroit pas- muet pour
cela, mais qu’il fe feioit entendre plus hautement
que les grenouilles du fond de leurs marais
; & que fi on le brûloir, les Pcëtes, nation
naturellement mordante, s’affembleroient tous
les ans au lieu de fon fupplice , pour y célébrer fes
obfeques, en déchirant la mémoire de celui qui
l’auroit condamné. Le pape goûta cet avis, &
la ftatue ne fut point détruite. Le même motif
peut la conferver long-tems. ( A . R .')
PA SQ U IN AD E S , f. f. ( Hiß. mod. ) C’eft ainfi
que Ton nomme à Rome les épigianimes , les
bons mots & les fatyres que Ton fa it, foit contre
les perfonnes en place, foit contre les particuliers
qui donnent prife par quelque vice ou
par quelques ridicules. Le nom de pafquinade
vient de ce qu’on attache communément des
papiers fatyriques à côté d’une vieille ftatue bri-
fée que les Romains ont appellée Pafquin , dans
la bouche de qui les auteurs mettent les farcafi-
mes qu’ils veulent lancer à ceux qui leur dé-
plaifent. Les fouverains pontifes eux-mêmes on
été très-fouvent les objets des bons mots de
Pafquin. Quelquefois on lui donne lin interlocuteur
, c’eft une autre ftatue que le peuple appelle
Marforio, & qui éft placée vis-à-vis de
celle-de Pafquin. ( A . R . j
PA S SA G E , ( Hiß. mod. ) dans Tordre de Malte,
eft le droit de réception que payent les membres
qui y entrent, & qui tfeft pas le même
pour tous. Le puffage d’un chevalier eft de 250
écus d’or pour le tréfor de l’ordre, & de douze
éeus blancs pour le droit de la langue ; foit qu’il
foit reçu chevalier d’âge ou page du grand-maître.
Le paßage d’uu chevalier reçu de minorité,
eft de mille écus d’or pour le tréfor, & de cinquante
ècus d’or pour la langue. Celui des
feryans d’armes eft de deux cents écus d’or pour
la langue, & le pajfage des diaco eft de cent
écus d’o r , avec douze écus blancs pour le droit
de la langue. Autrefois on rendoit ces femmes
aux préfentés , quand leurs preuves n’étoient pas
admifes à Malte ; mais Tufage aujourd’hui eft
qu’elles demeurent acquifes au tréfor, dès qu’elles
font une fois confignées. ( A . R . j
PA S SE PO R T , ( Hiß. mod. ) c’eft une permif-
fion ou des lettres d’un prince ou d’un gouverneur,
qui accordent un fauf-conduit ou la liberté de
paffer, d’entrer & fortir de leur territoire librement
& fims être inquiété,