
” chement des longues barbes, trouvaient une op- ■
» pofuion opiniâtre, & fuffifoient quelquefois pour j
» cailler des fédirions. »
En partant pour fes voyages, le czar envoya
auili les principaux feigneurs mofeovites voyager j
en differens pays de l’Europe. Quelques-uns
obéirent de mauvaife grâce à un ordre fi nou- -
veau , & il y en eut un qui demeura quatre ans
enfermé chez lui à Ve ni le , pour en fortir, dit
M. de Fontenelle, avec la fatisfaéfion de n’avoir j
rien vu ni rien appris; mais le czar avoit préci-
fément cette fermeté confiante & inébranlable", !
faite pour triompher des ôbftacles que les préjugés j
apportent au bien.
S’il peut être permis de conquérir , c’eft au fou-
ver a in qui veut faire le bonheur du monde. Dans
l^s troubles où la Perfe fut en proie. vers le même
temps où la Ruffie devenoit fiarillanre, il y avoit
eu quelques raéteurs rudes égorgés en Perfe ; le
czar en avoit inutilement demandé fatisfaélion ,
au milieu de la eonfufion qui régnoit dans le
pays ; il réfolut de profiter de cette eonfufion, en
fe faifant juftice lui-meme; il defeendir par le
Volga dans la mer cafpienne, afïiégea & prit |
^Derbent fur cetrç mer en 17 2 2 . L’année fui vante, I
il prit Bachu, encore fur la partie occidentale de
cette mer, & il finit fa carrière militaire par
ajouter trois provinces à ion empire du côté de là
Perfe , comme il en avoit ajouté trois autres vers i
les frontières de la Suède.
Le czar Pierre I , mourut à cinquante-deux j
ans, le 28 janvier 1725 , d’une rétention d’urine,
caufée par un abfcès dans le col de la veffie ; il
mourut entre les bras de l’impératrice Catherine,
& comme elle lui fuccéda, comme il y avoir eu
entre eux quelques légers nuages au fujet d’une
dame d’atours de Catherine, laquelle étoit tombée
dans la difgrace du czar, & que Catherine reprit
un peu promptement après la mort de fon mari •
comme enfin il faut toujours que l’accufation de
poifon foit hafârdée à la mort d’un prince & d’un
grand prince, quand cette mort eft prématurée
Catherine a eu le malheur d’être foupçonnée d’avoir
avancé les jours de fon mari, qui lui inf-
piroit, dit-on , plus de crainte par fa colère, que
de reconnoiffance par fes bienfaits. M. de Voltaire
réfute cette accufation par des raifons dignes d être
pefées.
Il eft trop vrai au refte que le grand caraélère
du czar ii’ctoit pas fans tache , qu’il avoit ce défaut
fi grand dans un légiflateur & dans un roi,
d’être fujet à la colère ; ce défaut dans un roi
dit M. de Voltaire, n’eft pas de ceux qu’on répare
en les avouant, mais enfin il en convenoit.
Il fe livroit trop aifément aufli aux excès du vin •
ce fut dans un tranfport de colère, né de ces
excès, qu’il tira l’épée contre fon favori , le Fort
ce Genevois, premier auteur des réformes de la
Ruflie (V o y e z fon article au mot Fort.) { l e ) ; il
en fut honjeux, il en demanda pardon à le Fo rt:
| J f l reforme ma nation , dit-il, & j e n a i p u me j réformer moi-même.
Dans, fa conteftation avec Catherine au fujet de
fa clame cl atours , il entra dans une violente colère,
cafla une glace de Vcnife, 6c dit à la femme ï
- “ Tu vois qu’il ne faut qu’un coup de ma main
“ Pour faire rentrer cette glace dans la pouffière
; ” dont elle eft foaie ». La menace ne pouvoit
être plus précife. Catherine le regardant avec line
douleur touchante : « eh bien ! lui dit-elle, vous
” aVez cafTé ce qui faifoir l’ornement de votre
” palais, trouvez-vous qu’il en foit devenu plus
” beau » ? Ces feuls mots appaifèrent l’empereur,
car il paroit quil ctoit, comme Horace le dit de
lui - même,
I r a i c i c e l e r e m , tam e n u t p la e a b i l i s e f lem .
On a cru qu’il avoit nommé; par fon teftament,
Catherine, Héritière de l’empire; c’eft une erreur
que M. de Voltaire détruit : la vérité eft qu’il n’a-
voit point fait de teftament ou qu’il n’en a point
paru ; ce fut le prince MenzikofF, qui par des ar-
I rangemens concertés avec Catherine, la fit recon-
t noître pour fouveraine, à la mort du czar , apurant
| que telle avoit été l’intention de Pierre, en la fai-
1 far-it couronner folemnellement peu de temps avant
1 ntort. Le czar ans fa maladie fouffroit des dou-
I leurs trop violentes pour être en état de faire même
j un reftiment; il eflaya une fois d’écrire dans un
| moment d’intervalle, mais il ne* put tracer que des
! caractères informes, où on ne put lire que ces mots
en ruffe, rendeç tout à . . . . Dans Timpuiflànce d’achever
, il cria qu’on fît venir la princefTe Anne
Petrowna, fa fille aînée, duchefle de Holftein, à
laquelle il vouloit diéter quelque chofe ; mais lorf-
qu’eîle parut devant fon lit, il avoit déjà perdu la
parole, 8c il tomba dans une agonie qui dura feize
heures.
Pierre I I , petit-fils de Pierre I , & fils de l’infortuné
Alexis & de la princefTe de Brunfwick-
Volfembutel, foeur de l’impératrice d’Allemagne ,
femme de Charles V I , naquit en 17 15 . Il avoit dix
ans à la mort de ce Pierre I ; il en avoit douze,
quand il fuccéda en 17 2 7 , à l’impératrice Catherine
, veuve de Pierre I & belle-mère d’Alé x is; ce
fut elle qui le rapprocha du trône & le déclara
grand duc , comme pour expier la rigueur de
Pierre I envers Alexis père de Pierre I I , 8c comme
pour rendre ait petit-fils de Pierre I , la couronne
dont elle avoir été redevable aux bontés de l’ayeul.
Il mourut en 1730 de la/petite vérole dans fa quinzième
année, fans avoir été marié. MenzikofF 8c
les Dolgoroukis avoient tour-à-tour régné fous fon
rrom. Le plus grand événement de fon régné pendant
les trois années qu’il avoit été fur le trône, fut
la difgrace ne MenzikofF. (Voyez l’article Menft.kojf)a
Pierre I I I , aiiffi empereur de ruflie. Il fuüt de jet-
,ter les yeux fur les révolutions arrivées-dans l’ordre
fucceflif en ruffie, depuis la mort du czar Pierre I ,
pour juger que ce grand réformateur, parmi tant
/
d’innovations utiles, auroit bien du s attacher a fixer
invariablement l’ordre de la fuccéflion dans fon pays,
en adoptant notre loi falique , la plus fage des loix
fur cet article. A Pierre I avoit fuccédè, félon fes
Voeux peut-être, Catherine fa femme, quoique
étrangère à la maifon régnante. Elle avoit fait rentrer
la couronne dans cette maifon 6c avoit eu pour
fuccefleur Pierre I I , petit-fils de Pierre I 6c fils
d’Aléxis.
Mais à la mort de Pierre I I , que devoit-il arriver
? les czars Jean & Pierre avoient^ régné en-
femble ; le czar Jean , l’aîné des deux freres, avoit
laiffé des filles, le czar Pierre en laiflâ. Etoient-cè
les filles de Jean ou celles de Pierre qui dévoient
fuccéder .au petit-fils de Pierre I ? La queftion fut
décidée par le fait en faveur des filles de Jean.
Il en avoit laifle deux : l’aînée avoit époufé le duc
de Mecklembourg, la eadeite le duc de Courlande ;
ce fut celle-ci, nommée Anne Iwanowna, quon
alla chercher à Mittaw, pour la mettre fur le trône
de Ruflie ; elle mourut le 28 Oftobre 174°* (Voyez
l’article Anne Iwanowna ),
Du tramage de fa foeur aînée avec le duc de
Mecklembourg, étoit née la princefTe Anne , que
l’Impératrice fa tante avoit mariée au prince de
Brunfwîck Antoine Ulric ; de ce mariage, étoit né le
24 A oût'1740, le prince Iwan ; ce fut cet enfant âge
de deux mois, qui fut nommé grand duc de Ruflie
& fuccefleur : le duc de Courlande Biron slétoit fait
donner la régence, mais il fut renverfé, 6c la prin-
cefle Anne fe déclara grande duchefle de Ruffie, 6c
régente pendant la minorité de fon fils; elle fut
renverfée à fon tour, la nuit du 5 au 6 Décembre
1 7 4 1 , par Eiifabeth Petrowna, fécondé fille du czar
Pierre I ; celle-ci n’eut pas d’enfans; mais fa foeur
aînée Anne Petrowna, avoit époufé le duc de
Holftein , & de ce mariage étoit né Charles-Pierre
Ulric , duc de Holftein, qui defcendîi à la fois 6c de
Pierre I 8c d'une foeur de Charles X I I , étoit naturellement
deftiné à réunir ces deux empires rivaux
de Ruflie 6c de Suède * qui fous ces deux héros ennemis
s’étoient fait une guerre f f longue 6c fi acharnée.
Il étoit petit-fil- d’Hedwige, foeur de Charles
X I I , & il avoit même été nommé roi par les états de
Suède ; mais la différence de religion , confideration
qui auroit dû être abfolument étrangère aux droits
de ce prince, parut un obftacleinfurmontable à la
réunion des deux trônes. Eiifabeth avoit fait venir
en ruffie, ce prince Ton neveu. Il fit abjuration de
la religion proteftante dam la cathédrale de Mofcou,
embraffa la religion grecque , Sc fut déclaré grand
duc de Ruflie ; il refufa la couronne de Suède, 6c
s’en tint à celle de Ruflie. Il ^poufa en 17 4 5 , la
princefTe d’Anhalt-Zer ift ; c ’eft Catherine II qui
étrangère à la maifon des czars comme Catherine I ,
régné comme elle avec gloire fur la Ruffie, ayant
fùccedé comme elle à fon mari.
Ce mari , ce duc de Holftein,, Charles Pierre
U ’ ! ic , eft le Pierr I I I , fujet de cet article ; déclaré
grand duc de Ruflie par Eiifabeth „Petrowna fa
tâflté jle 18 Novembre 17 4 2 , il avoit été pro^
clamé empereur de Ruffie après la mort de cette
princelfe, le 5 Janvier 1762. Il fut détrôné le 6
Juillet de la même année 6c mourut fept jours après.
Quant au prince Iwande Brunfwick, après une
captivité de plus de feize ans, il fut tué le 16 Juillet
1664. ( Corrigez à ce fujet ce qu’on lit dans le premier
volume , première partie, page 34 1 , colonne
première de ce dictionnaire hiftorique de l’encyclopédie
, qu’il fut tué la nuit du 4 au 5 Juin 1762 ).
PIÉ S, le baifement des, ( Hijl. mod. ) marque extérieure
de déférence qu’on rend au feul pontife
de Rome ; les panchemens de tête 6c de corps, les
profternemens, les génuflexions, enfin tous les témoignages
frivoles de refpeâ devinrent fi communs
en Europe dans les v i j& viij fiecles, qu ils ne furent
plus regardés que comme le font aujourdhui nos
révérences; alors les pontifes de Rome s attribuèrent
la nouvelle marque de refpeét qui leur tft reftée ,
celle du baifement des piés, Il eft vrai que Charles ,
fils de Pépin , embraffa les piés du pape E ienne à
S. Maurice en Valais; mais ce même pape Etienne
venant en France, s’étoit profterné de fon côté aux
piés de Pépin, père de Charles. On croit généralement
que le pape Adrien I qui préreridoit être au
rang des priqces , quoiqu’il reconnût toujours l’empereur
grec pour fon fouverain, établit le premier
fur la fin du huitième fiècle, que tout le monde
lui > baisât les piés en paroiffant devant lui. Le
clergé y acquiefça fans peine, par retour fur lui-
même; enfin Us potentats'6c les rois fe fournirent
depuis, comme les autres, à cette étiquette, qui
rendoit la religion romaine plus vénérable aux
peuples. ( P . J . )
P I G
PIGANIOL DE LA FojRCEXJEAN'Aym a r de)
(Hift. litt. mod.) né en Auvergne d’une famille
noble, mort à Paris en K g , âgé de quatre-
vingts ans ; auteur d’une defeription hiftorique 6*
géographique de la France, d’une defeription de
P a ris, d’une defeription du château & parc de Ver-
fa ille s , de M arly, 6cc. d'un voyage de la France , 6cc.
PIGEON. ( Hift. des inventions.), Dans l’orient,
fur-tout en Sy rie , en Arabie 8c en Egypte, on
dreffe des pigeons à porter des billets Tous leurs
ailes, 6c à rapporter la réponfe à ceux qui les
ont envoyés. Le mogel fait nourrir des pigeons
qui fervent à porter les lettres dans les occafions
où Ton a befoin: d’une extrême diligence* Le con-
ful d’Alexandrette s’en fert pour envoyer promptement
des nouvelles à Alep. Les caravanes qui
voyagent en Arabie font fa voir leur marche aux
fouverainsarabes, avec qui elles font alliées, par
le même moyen. Ces oiféaux volent avec une
I rapidité extraordinaire, 6c reviennent avec une
j nouvelle diligence, pour fe rendre dans le lieu
1 où ils ont été nourris, 6c où ils ont leurs nids,
■ P p z