
1' mourut Tan 2,3 3 avant J.C. à quatre vingt-quatre
a» après qiiaranie am de règne, à compter depuis la
mon d’Alexandre, ou après vingt ans feulement,
à compter de fa proclamation folennelle ; car il
a voit été vingt ans un grand & puiflant prince,
fans avoir pris ce.titre de roi. Il fut, dit un fage
écrivain, le plus habile & le plus honnête homme
de fa race. Sous lu i, F Egypte fut le plusheureux
ék. le plus floriflant des ro) aumes formés des débris
du vafte empire d’Alexandre. Ptolémée con-
ferva fur le trône l’amour de lafimplicité, le fafte
royal ue fut jamais à fon ufage. Acceflible à fes
lu jets jufqu’à la familiarité la plus aimable , il alloit
fouven-t manger; chez eux ; quand il donnoit lui-
■ 21#me à manger, comme il avoit fort peu de vaif-
■ .felleq il e 1 empruntoit à les lu jets les .plus opulens:
c ’eft aux fu jets à être riches* dif-it-il, c’eft aux rois
ià faire qu’ils le fuient.
Ptolémée-Soter aimoit les belles-lettres & les
ayoi- cultivées ; il avoit'compofé une vie d’A -
léxandie , forreftimée des anciens, maisqui ne nous
•eft point parvenue j il eft le fondateur du Mu/oeum
& de la. bibliothèque d’Alexandrie qui fut fi confidé-
rab-émem augmentée par, fes fucceftèurs.
Ptolémée-Soter laiflbjt des enfans de plufieurs
femmes- \ il avoit'époufé E un dice, fille d’A itipater,
comme lu i, lieutenant d’Aléxandre. Bérénice qui
accompagnoit Eurydice en Egypte, charma Piolèmùe
qui l’épcsdfa & qui fit un grand ufage de l’efprit
è i des lumières de cette femme fupérieure dans le
gouvernement de fes états,* elle prit fur lui le
plus-! grand amendant. Pto'émée avoit eu d’Eurydice
un fils nommé comme \w\P tolémée,& furnom-
mé Ccmunuf 9,le foudre. 11 é dit F aîné de tous les
enfans de Ptolémée-Soter; mais comme il ne lui
fuccéda. point en Eg ypte , nous n’en parlerons
point en cerer droit, pour ne pas interrompre la
à . naftie des rois d’Egypte:, connus fous le nom
«1erPcoïcmécs & de Lagides. Voyez fon article au
JN:>. 1.3 des Ptolémées..
Au fils d’Eurydice , Ptolèmce- Soter préféra un
fils 'de Bérénice. Ce fut:
~i°. PtdU nêe, dit philadelphe , c’efi - à - dire amateur
de fes frères, beau nom , s’il n’eut pas été -donné
pat* antip-hraiV, & s’il ne perpétuôit pas le fou-
ve'riir dè fa cruauté enveri deux de fes frères qu’il
fit mourir feus le prétexte vrai ou faux qu’ils lui
avbferit drefie des embûches.
'Bérénice pour aflurer le ; trône de l’Egypte à
fon fils, avoit- engagé P tolémée- Soter à le faire
couronner de fon vivant, 1 an .283 avant J .C . Soter
avoit alors quatre-vingt-deux ans, & il vécut encore
deux ans après cette cérémonie*
Dé in étrius de Phalère, ce célèbre orateur athénien
, qui retiré alors dans A éxandrie, avoir l’intendance
de la* Bibliothèque fondée par Ptolèméc-
Soter, crut devoir lui repréfenter le danger de-fedé-
pouill-. r ainfi de l’autorité.A mon âge,* épondit Soter,
on n a plus d ’autorité, on n’eft plus r o i , & il ne
peut refier que le mérite d’en faire un. Béraé-
trius de Phalère oMerva du moins que le choix
devo:t tomber fur l’aîné des f i l s , fur le fils d’Eurydice,
Ptolèmce-Ceraunus. Ici Soter n’avoit point
de réplique; il fentit que Demétrius avoit railon ,
mais il obéir à Bérénice.
Athénée s’eft plu à décrire la pompe du couronnement
de P tolémée - PhiladJphe. L ’efi un mélange
afiez fcandaleux de fafte & de diflolution.
P tolémée- Soter s’écarta bien en cette cccafionde
la fimplicité qu’il avoit toujours aimée.
P/o/<;We-Philadelphe fut le confeil que Démé-
trius de Phalère avoit donné à fon père ; il diffimu-
la fon reflentiment tant que Soter v é cu t, mais
après fa mort & quand il. fe vit feul maî.re » il
fit arrêter Démétr us & le fit garder étroitement
dans un fort écarté, Démétrius y mourut,comme
depuis Cléopâtre , piqu.é par un afpic.
La fameufe tour de l’ifle de Pharos prèi d’Aléxan-
drie , à fept cent toifes du continent, .& qui dans
la fuite y fut jointe par une chauffée, fut achevée la
première année du règne de Psolèmée - Phil a de 1 plie.
Piufieurs auteurs l’onc mife au nombre des fept
merveilles du monde; le nom de Phare ou Fare
a été donné depuis à tous les fanaux allumés pendant
la nuit, comme celui de Fille de Pharos,
pour guider les vaifieaux & les garantir du naufrage.
Fro/mcVPbilad'-'lphe avoit hérité du goût de fon
père pour les lettres, il porta la bibliothèque d’Alexandrie
jufqu’à cent mille volumes,elle futportée depuis
jufqu’a fept cent mille. C’eft à l’amour de Pto-
ZcWe-Philadelphe pour les lettres & pour les livres
qu’on attribue la fameufe verfion grecque de
la bible, connue fous le nom de verfion des Septante
, parce qu’elle eft l’ouvrage de foixante & dix
ou plutôt de foixante & .douze interprètes, fix
de chaque tribu, & qu’elle fut, dk-on, achevée en
foixante & douze jours, ce qui n’eft pas tout-à-
fait fi certain ; car on s’eft plu à charger de circonf-
tances merveilleufesl’hiftoirede cette fameufe verfion
; on a voulu que les interprètes participaient
à l’infpirationqui avoit diâé l’original; ce qui eft
certain .& ce que perfonne ne contefte, c’eft que
du temps des Ptolémées, il s’eft fait en Egypte une
traduction grecque des livres facrés , que cette traduction
fubfifte & eft encore en ufage dans les
églifes d’or-ient ; que c’eft la traduction canonique'
dont l’églife des premiers fiècles s’eft fervie.
Après que k-s romains eurent forcé Pyrçhus à
quitter l’Italie à la fuite d’une guerre de fix ans,
leur réputation répandue chez les nations étrangères
,-donna plus d’étendue 8c de nouveaux objets
à leur politique. Ptolémée-Philadelphe en voy a ,
Fan 274 avant J . C . , des ambafladears demander
leur amitié ; &. Fon put dire alors à Rome :
P T O
Accoutumons .les rois la fierté despotique
A t r a i t e r en é g a l e a v e c l a r é p u b l i q u e ,
A t t e n d a n t q >e d u c i e l r em p l ii r a n t l e s d é c r e t s , -
Q u e lq u e jo u r a s e c e l l e i l s t r a i t e n t e n fu j e t s . '
Les romains flattés de s’être vus recherchés
par un fi grand roi, en voyèrent auffi l’année fiiivan-
te line anjbaftade en Egypte. Ces premiers ambaf-
fadeurs fiirent, Quintus Fabiüs G.urges, Cnetis Fabius
PiCtcr , Numérius fon frère, & Quintus Ogul-
nius. Le défintéreffement qui a tant diftingué les
romains dans les beauxjours de la république , étoit
alors dans to^u fon éclat & toute fa pureré;crétoit le
temps des Fabr-cius. Ptolémée ayant fait, pré font
d’une couronne d’or à chacun des ambaffadeurs
romains ; ceux-ci les reçurent pour ne le pas défo-
bliger, mais ils allèrent à l’inftant en couronner
les ftatues du ro i, dont les places publiques étçient
ornées. A leur départ, le mêmè roi leur ayant
fait encore de nouveaux préfens, ils les reçurent
encore & les portèrent à Rome; mais avant d’aller
au fénat rendre compte de leur ambaflade, ils
les dépoferent dans le tréfor public, jugeant, dit
Valè-re Maxime, qii’onne de voit tirer des foin étions
publiques d’autre avantage que, l’honneur de les
avoir bien remplies ; de publico fcilicet miniflerio nihil
euiquam prêter laitdem benè a'dminiflrati ojjîcii accedère
debere judicantes.. Le fénat & le peuple voulurent
quils reçuftent la valeur des préfens qu’ils avoient
remis dans le tréfor.
( Voyez a l’article Sotade , la vengeance cruelle
que tira Ptolémée- Philadelphe de ce 'poète fàty-
rique. ) ■
Ptolémée► Philadelphe avoit un frère utérin
nommé Magas , fils de Bérénice & -d’un Macédonien,
nommé Philippe,qu’elle avoit eu pour mari
avant Ptolémée Soter. Celui-ci à la prière de Bérénice,
avoit donné à Magas le gouvernement de la
Cyrenaque & de la Lybie ; Magas, appuyé de
1 alliance d’Antiochus-, roi de S y r ie , nommé auffi
Soter, dont il avoit époufé la fille, nommée
Apamé, fe fit déclarer roi des provinces dont il
n’avoir que le gouvernement, fe foulevi contre
/'m/emée-Philadeiphe fon frère, & non content de
, f f nï re ‘ " ‘téptm'Unt de lu i, chercha encore à
ledetroner. Anriochus Soter, beau-père de Magas,
emradanscecomplovquin’en, point defnccès, &
qmfinnpatnnaccommoderaent entre Philadelphe
, r .i:S3S- Philadelphe aimoit peu la guerre &
” *aif01t pen, Ju moins par lui-même ; il aimoit
le commerce, les arts, les lettres, tout ce qui
rend un état floriflànt ; c’étoit un prince magnifique,,
mais de cette magnificence utile qui enrichit
plus un royaume par le commerce qu’elle
ne appauvrit par la dépenfe. Il avoit attiré dans
Aiéxandne ce vafie commerce qui avoit fait au-
tretois la grandeur & la puiflancé de T y r nui
umffoit l’orient & l’occident, & faifoit la communication
des diverfes parties du monde, Le ;
grand problème k réfoudre pour donner à ce corn- j
P T O 4 r ?
merce toute FaCfivité dont il étoit fufceptible, étoic
de joindre l’océan & la méditerranée fans être
obligé de pafler le détroit de Gibraltar, & de
faire le tour de l’Afrique pour naviger dans les-
niers de la Perfe & de l’Inde, & trafiquer avec
les provinces méridionales & maritimes de ces
empires. T y r n’avoit point cet avantage; les Ty-,
riens ne pouvoient aller par mer dans leurs propres
eaux que jufqu’à Rhinocorura, port de la métfi-
terranée entre l’Egypte & la Paleftine, afiez près
de quelques bouches du Nil. Pour pafler de - là
dans 1 océan, il falloir faire par terre, à travers
des déferts & des montagnes, le trajet depuis
Rhinocorura jufqu’à Elath , port de l’océan fur
la cote orientale de la met rouge.
L’Egypte n’avoit pas non plus l’avantage der
joindre les deux mers fans trajet d e 'terre, mais-
elle avoit pour cel^ des ’facilités dont T y r êtoic
privée. Les marchsndifes de l’Arabie, de l’Inde ,,
de la Perfe, de l'Ethiopie, venoient aborder au
port de Myos-Hormos fur la côté occidentale de
la m e r rougt ; de-là ii falloir d’abord qu’elles
allaient p a r t erre jufqu’à C o p t e s ou Gop.tûs dans-
le voifinage du Nil , qu’elles- defeendoienk juftjii’à
la • ville d’Alexandrie ,- magnifique entrepôt qui
les fonrnifibit à tout l’occident, dont il renvoÿoit
'en échange toutes les marchandifes à l’orient. Le.
paffage de Myos-Hermos à Coptos avoit à-peu-
pres tous les incônvéniehs de celui d’Elath à
Rhinocoriiraj mais un canal que Ptolémée^Philadelphe
fit tirer du Nil à la mer .-ronge fit difra"
■ B P fo r ®» 1» jonr’ ion q „ ê
le n chercher. En mime temps deux flottes for-
mrdables. compàfées d’un afféz .grand nombre
de vaifieaux, dont on a beaucoup vanté la grandeur
extraordinaire,, fans parler de la multitude'
des moindres navires, occupoient, l’un«3 la mer
rouge l’autre la méditerranée, & protègeoient
des deux cotes le commerce, tandis qu’elles te-
noient en refpeâ d’un côté toutes les provinces
maritimes de 1ƒ fie mineure jufqu’à la mer Egée
& aux Cyclades, de 1 autre les provinces qui
bordent la mer rouge, le golphe perfique, & c ?
Diverfes guerres entre l’Egypte & la Syrie
entre les generaux de f t 0/<We.Philadelphe & An--
ttochuS, furnommé le Dieu , finirent, l’an , 49.
avant Jefus-Chnft, par un mariage entre ce même
Ant.ocht« &_Berenice fille de Philadelphe, & .
fa fille cherre ; il voulut la remettre lui-même
entre les mams d’Antiochus ; ils s’embarquèrent
au port de Pélufe & vinrent à S-. leucie près de
lembotchure de ’Oronte, où Antiochus vint les.
recevotr. Philadelphe donna ordre qu’on portât
reguberement a fa fille de l’èau du Nil ^ qu’il
croyott meilleure pour fa fanté, tant à caufe de
la falubmé qu on leur attribue , qu’à caufe de l’ha-
située quelle en avoit.
Pendant fon féjour en S y rie , r tolémée - Phila-
de phe trouva dans le temple de Diane une Pa-
tite de cette déeife,, qui lui plut beaucoup. Nous»