
0.78 P I B
donner, en i 763*, une charge d’avocat-général au .
parlement de Paris. En 13 7 0 , il fut fait confeiller j
îfétat ; particulièrement attaché à Catherine de
Médicis , malgré la différence de leurs cara&ères ,
il fuivit en Pologne fon fils chéri, le duc d’Anjou,
depuis Henri III ; refté à Cracovie, après l’évafion
de ce prince , il parut d’abord avoir quelque chofe
à craindre du reffentiment des Polonois y il fut
chargé enfuite d’une négociation inutile, pour con-
ferver à Henri I I I , devenu roi de France , la couronne
de Pologne ; les Polonois vouloient un roi
pour eux & réfidant chez eux. Revenu en France,
il eut l’adreffe & le bonheur de ménager un traité
de paix entre les catholiques & les proteftans.
Henri III lui donna une charge dé préfident à
mortier au parlement de Paris. Il fut chancelier de
la reine de Navarre & du duc d’Alençon.
Nous avons annoncé de fa part de grandes fautes,
les voici : il étoit confident de Catherine de- Médicis
, & malgré un caraâère doux & ami de la
p a ix , il fe permit de publier une apologie de la
Saint-Barthélemy. On conçoit quelle dût être l’influence
de Catherine de Médicis pour le déterminer
à une pareille aftion , mais enfin elle l’y détermina
; c’eft aux hommes modérés & indulgensà juger
jufqu’à quel point cette influénce peut l’excnfer.
Autre faute .allez grave encore. Il étoit chancelier
de la reine de Navârre , femme d’Henri IV .
Cette princtffie , qui n’avoit pas de plus grande
affaire que d'infpirer de l’amour & d’en fentir,
trouva plaifant de rendre amoureux fon chancelier
, un magirtrat vénérable par fes vertus &
la gravité de son cara&ère, elle y réuffit, elle |
le rendit favorable au parti huguenot , auquel
elle^devint favorable elle - même , fous prétexte ;
de fervir fon mari, mais véritablement en hai- ;
ne du roi , Henri I I I , fon frère , qui la haif-
ioit & la perfècutoit jufqu*à donner avis de fes •
infidélités à Henri I V , lequel fe contentoit de
l’avertir elle-même d’être un peu plus circonf-
pe&e. Pibrac mourut en 1584 ; il a laiffé plu- ;
fieurs ouvrages, dont le plus connu eft le livre des ;
quatrains. Rien de plus vanté pendant long-temps
que les quatrains de Pibrac,
Lifez-moi comme il faat au lieu de ces for net ter, {les romans.)
•Les quatrains de Pibrac & 4es do&cs tablettes
Du confeiller Mathieu ; l'ouvrage eft de valeur ,
- ï t plein de beaux di&ons à réciter par coeur.
Quoique ce foit un perfonnage ridicule, le
bourgeois Gorgibus, qui parle ainfi , & que fon
éloge répande quelque ridicule fur ce qu’il loue,
il n’en eft pas moins vrai que les quatrains de
Pibrac eurent dans le temps une telle réputation,
qu’ils furent traduits en grec par Florent Chrétien
& par Pierre du Moulin ; qu’ils furent auffi
traduits en latin , en turc, en arabe , en perfan ;
aujourd’hui même encore on en fait par coeur quelques
- uns , & on les eftime pour leur grand ,
ftns & pour un certain goût d’antiquité qu’on y
P I C
trouve ; car Pibrac s’étoit formé fur les anciens
qu’il avoit bien étudiés.
P I C
PIC ( J ea n ) ( Hifl. litt. mod. ) Prince de la
Mirandole & de Concordia en Italie , né en 1463
d’une maifon illuftre & fouveraine, mort à Florence
en 14 9 4 , à 32 ans, le jourmême oïl Charles
V III fit fon entrée dans cette ville. C’eft ce prodige
de l’Italie, ce phénix d’érudition précoce,
qui fa voit, dit-on , vingt-deux langues à 18 ans ;
comment fait-on vingt-deux langues, & comment
les fait-on à 18 ans ? Scaliger l’àppelloit monjlrum
fine vitio , & on lui appliquoit ce mot de Clau-
dierï.
P r im o r d ia t a n t a
V i x p a u c i m e ru e r e f e n e s .
On connoit fa fameufe thèfe de omni fcibili,
Malheureufement la magie & la cabale faifoient
partie de cet omnefcibile. Cette grande fcience en
magie & en cabale eft au-deffôus de l’ ignorance
de ce doéteur , qui en déclamant contre la thèfe
de Pic de la Mirandole , difoit que Cabale étoit
un.vilain hérétique, qui avoit médit de J . C . ,
& dont les fe&ateurs s’appelloient Cabalifles. La
thèfe de Pic de la Mirandole avoit fait trop de
bruit pour ne pas" exciter l’envie & la pèrfécu-
tion. On l’accufa , comme de raifon, d’héréfie. ;
le pape Innocent V III condamna treize propofitions
de cette thèfe. On a de Pic de la Mirandole des
oeuvres morales & chrétiennes ; il n’y a de littéraire
dans fes ouvrages que trois livres fur le
banquet de Platon ; il a écrit contre l’aftrologie
judiciaire , telle qu’on la pratiquoit de fon temps ;
car il croyoit qu’on avoit abandonné la méthode ancienne
, véritable & infaillible , de lire les deftinées
humaines dans les aftres ; il croyoit à la vertu
des paroles par la grande raifon que Dieu s’efl:
fervi de la parole pour arranger le monde.
Jean-François Pic , prince de la Mirandole
fon neveu, fut un. mauvais prince ; il altéra la
monnoie,*& pour appaiferles murmures de la
multitude , il facrifia par un machiavélifme affez
ordinaire aux princes foiblef & méchans , le directeur
de la monnoie, qui n’avoit rien fait que
par fes ordres ; il fut chaffé deux fois de fes
états, & finit par être affaffiné avec Albert, f<jn
fils , en 15 33 , par Ga léo ti, fon neveu. Il fut
auffi homme de lettres ; on a de lui des poéfie»
latines , des lettres ; la vie de Sardanapale , la
vie & fapologie de Savonarole.
P IC A RD , P IC A R T , l e P ICA R T. Quelques
perfonnages de ce nom fe font fait connoître à
différens titres :
i ° . Un Picard, fanatique des Pays-Bas, rencu-
vella au quinzième ftécle je ne fais quelles vieilles
erreurs, & eut des feftateurs nommes de fon noai
les Picards.
p 1 c
a0. Jean P ica rd, de l’académie des fciences, où il
étoit entré dès le temps de la fondation. En 16 66 ,
le roi l’envoya en Danemarck faire des obfer varions
au château d’Uranibourg, que le célèbre Ticho Bra-
hé avoit bâti.pour cet ufa^e.On aies fruits de ce voyage
dans un ouvrage de Picard, intitulé : Voyage d’U-
ranibourg, ou obfervallons aflrono/niques faites en Danemarck;
il en rapporta les manuferits originaux des
©bfervations de Ticho Brahé, augmentées d’un livre
; il a donné auflï un recueil d’obfervations altro-
nomiques faites en divers endroits du royaume. Il
obferva le premier , le phofphore mercuriel ; il me-
fura le premier les degrés du méridien terreftre,
& traça la méridienne de France avec M. Càflîni,
fon ami & fon émule. La mort de M. Picard arrivée
en 1683 , laiffa cette entreprife imparfaite. On
a de lui, outre les ouvrages que nous venons d’annoncer,
un traité de nivellement , publié & augmenté
par xM. de la Hire ; une pratique de grands
cadrans par le calcul ; un traité de menfuris , un
autre de menfurâ liquidorum & aridorum.. Un autre
intitulé : expérimenta circà aquas effluentes. Des
fragments de diop trique ; un abrégé delà mefure
de la terre. La connoiffiance des temps pour les
années 1679 & fui vantes, jufqu’en 1083 in-
clùfivement. Ses ouvrages fe trouvent dans les
tomes 6 & 7 du recueil de l’académie des fciences.
Jean Picard étoit prêtre & prieur de Rillé , en
Anjou.
30. Benoît Picard, capucin, auteur d’une Ai/-
toire de la maifon de Lorraine, d’une hifioïre ecclé-
fiàfiique de Toul, & d’un - Pouillé de Toul; mort
en 1720.
4 °. Michel Picart, favant allemand, ami de
Cafaubon , auteur d’une tradtiâion latine d’Op-
pien .& de commentaires fur quelques ouvrages
d’Ariftote ; mort en 1620.
<j°. Franç is le Picart, docteur de Sorbonne,
doyen de S. Germain l’Auxerrois , mort en 1356.
Le père Hilarion de Cofte a écrit fa vie , qui ne
méritoit nullement d’être écrite , ou qui ne méri-
toit de l’être que par le minime Hilarion de Cofte.
PICCOLOMINIqu PICOLOMINI, {Hifl. mod. )
C ’eft le nom d’un pape & d’un général, tous deux
célèbres. Le pape eft Pie I I , ( voyez Pie I I ) ;
nous ajouterons ici à ce qui en eft dit à fon article,
qu’il fut le pro eéteur d’un homme de lettres,
nommé Jacques Ammanati ,' qui, pour lui màrquer
fon dévouement & fa reconnoiffiance , prit le nom
de Picolomini. Il eft connu auffi fous le nom de
cardinal de Pavie , ayant été fait cardinal par ce
même Pie II en 14 6 1. Il lui devoit encore les évêchés
de Maffia & de Frefcati : mort en 1479. On a
de lui des lettres & une hiftoire de fon temps.
Le général fe nommoit O&ave Picolomini
d’Aragon : il étoit duc d’Amalfi , prince de 1 Empire
, chevalier de la to'ifpn d’or, général des armées
des empereurs Ferdinand II & Ferdinand III.
Ü fe fignala en 1634 à la bataille de Nortlingue,
p i c
où il perdit un de fes neveux , Silvio Picolo-
minï\ en 1633 , le 15 juillet, il fit lever lefiege de
Saint - Orner au maréchal de Ghatillon ; en »639,
il gagna la bataille de Thionville contre le marquis
de Feuquiéres ; en 1 6 5 1 , il perdit la bataille
de Wolfembutel, fans rien perdre de fa gloire. Il
mourut vers l’an 16 5 7 , il étoit né en 1399.
Il y a auffi du nom de Picolomini & d’une
illuftre & ancienne maifon de Sienne , quelques
gens de lettres connus, tels que, 1° . Alexandre
Picolomini, archevêque de Patras , coadjuteur de
Sienne , fa patrie , auteur de pièces de théâtre »
principal fondement de fa réputation , du traité
de la fphère, d'une théorie des planètes, de quelques
ouvrages de morale , Sic. Il a auffi traduit
la rhétorique & la poétique d’Ariftote. Mort à
Sienne en 1378.
a °. François Picolomini de la même maifon ;
auteur dé commentaires fur Ariftote , Si d’un traité
intitulé t Univerfa Philojophia de moribus 3 mort
auffi à Sienne en 16 0 4 , à quatre-vingt-quatre ans.
La ville lui rendit l’hommage de prendre le deuil
à fa mort.
Pour éclaircir ce qui concerne ‘ la maifon PU
colomini, il faut obferver que cette maifon ; originaire
de Rome , & qui s’établit dans le huitième
fiècle à Sienne , où elle a eu part au gouvernement
de la république, paroit avoir fini dan, la
perfonne du pape Pie II ( Æneas Sylvius ) , mort
le 16 août 1464 : du moins la branche ou tout
au moins la génération finifloit à lu i; mais il
avoir d.ux feeurs .Laudomie & Catherine Pico-
lomini.
Laudomie epoufa Nanne Todefchini quelepapfc
Pie i l adopta dans la famille des Picolomini. Un
dès fils de Laudomie Picolomini & de Nanne
Todefchini, nommé François Todefchini -Pico lomini
-, né le 9 mai 1449 ’ ^ut archevêque de
Sienne, fa patrie, puis cardinal, & enfin pape,
fous le nom de Pie ÜI ; il ne le fut qu’un moment,
& mourut l’année même de fon exaltation
en 1303. Il eft placé dans la lifte des papes ,
entre Alexandre V i & Jules 11.
Antoine Todefchini-Picolomini, frère de Pie III
fut fait duc d’Amalfi par Ferdinand I du nom l
roi de Naples, dont il avoit époufé la fille naturelle,
Marie d Arragon. En faveur de ce mariage,
le roi Ferdinand accorda a fon 'gendre , à fous
fes defeendans, & généralement à toute la maie
fon de Picolomini, le droit de porter le nom &
les armes d’Arragon. Les branches de cette maifon
fe multiplièi ent & toutes portèrent ce nom d’Arragon
, joint a celui de Picolomini. D’une de ces
branches étoit Fiançois Picolomini d’Arragon, tué
au fiége de Bade, le 13 juillet jCSs.
La fécondé foeur du pape Pie II , Catherine
Picolomini, époufa Barthélemi Gugllelmi dont elle
eut une fille unique, Antoinette , qui époufa Barthélemi
Pie ri, feigneur de Stixiano ; celu i-ci .fut
auffi adopté dans la maifon des Picolomini d’Ar-r