
9t d it-il, fi une perfonne comme moi ne petit rien
” obtenir de vous , qui pourra prétendre à votre
» faveur ? Les pauvres, répondit l’Ariftide fran-
» çois ».
Nous ignorons fi M. Turpin a eu fur ce fait
■d’autres mémoires que ceux que fournit M.Boivin;
mais cet auteur ne parle point d’un grand , & de
la manière dont il s’exprime, on pourroit croire
q.ue c’étoit lui-meme qui étoit cet ami. Aufîi ne
s’agit-il ni de gratification demandée & refufée, ni
d’amour propre offenfé , ni de reproches ni
£ homme tomme moi; feulement cet ami demande
au miniftre s’il lui permettroit de lui recommander
quelques perfonnes, Si quelles fortes de -perfon-
nés il lui permettroit de recommander. La réponse (
fut là' même-: les 'pauvres feuls ‘ folos pauperes,
M. le Peletier n é fe borna point à conferver
i’adminift ration de Colbert, il la perfectionna ,
il diminua les tailles , il éclaira de plus près
la perception des impôts; il adoucit la misère
du peuple : ce fut Colbert b i e n f a i f a n t . M. le
Peletier de Souzy, fonfrère, partageoit fps travaux,
e n qualité d’intendant des finances , place alors
unique. Digne coopérateur d’un tel miniftre , il
refte aufli de lui des m o n u m e n s utiles ; c h a r g é de la
d i r e c t i o n générale des fortifications & d e s places
de terre Si de mer , q u i , , après-la mortdeM, Lou-
vois , fut détachée en fa faveur., du miniftère de
la guerre avec la prérogative du travail avec le roi,
ce fut lui qui fit cooftruire le pont-royal.
M. le Peletier , en quittant le miniâère put
dire à Louis X IV : Sire, je me retire du contrôle
général, riche de huit mille livres de rente , c’efi ce que
P ai reçu de mon père. Les biens de MM. le Peletier
l'ont le fruit de leurs mariages avec de riches héritières.
Le roi lu i donna la furintendance des
poftes, à laquelle étoient attachés des émolumens
confidérables ; M. le Peletièr voulut en faire les
fonâions gratuitement, & le produit en fut verfé
dans le tréfor public.
Le roi lui a voit promis une charge d.e préfi-
dent à Mortier , & c’étoit le feul objet des voeux
de M. le Peletier ; une de ces charges vint a vaquer,
le roi la lui offrit, M. le Peletier la demanda Si
l’obtint pour le fils de celui dont la retraite faifoit
vaquer cetre place, & non pour le fils du défunt,
comme le dit M. Turpin, qui n’a pas fiiivi aftez
exactement M. Boivin dans cet endroit ni dans
quelques autres. M. le Pehtier eut quelques années
après la charge du préfident le Cqigneux.
Il refta encore plufièurs années dans leconfçil,
après avoir quitté le contrôlé général ; mais en
j6 o7 il quitta entièrement la cpur Si tous fes
emplois , fans pouvoir être retenu par la promeffe
même de là dignité de chancelier.
Il ne conferva que fon crédit auprès du Roi Si
fa faveur dans le public, qui le fuivirent jufqu’au
tomboeu : utrïque ( & patria b princifi ) ad exitum
w r ç a r u s , dit M Bojvip,
Obfervons un dernier trait qui achève de fairé
Connokre le caractère de M. le Peletier. Né dans
la magiftrature, comme la plupart des miniftres
de Louis X IV , il auroit pu, comme eux, établir
fa famille a la cou r; il voulut la fixer dans la
magiftrature , & il eft îe feul qui ait donné cet
exemple. Cette conduite renoir en lui à deux principes
: fa moçieftie qui Téloignoit de toute ambition
; fon r-.fpeCt Si fon attachement pour l’état
de f s pères , pour un état qui , par la nature
même Si la continuité des devoirs qu’il impofe |
femble exiger plus d’application Si de vertu. Ces
fentimens , félon fes voeux, fe font perpétués dans
fa famille. ~ '
Les lettres que M. le Peletier a voit toujours
aimées, les vertus qu’il a voit toujours pratiquées,
embellirent fa retraite1 Si fuffirent au bonheur de
fes dernières années. Ami des favans, favantlui-
même , nourri des anciens , jufte appréciateur des
modernes , il avoit vécu dans /’intimité -des Corneille
, des Racine , des Boileau , des Santeui.l,
des Tourreil , des Pompone , des B c fluet, des
Fénelon des Rollin, On a de lui deux morceaux
écrits en latin Si ad refte s à ce dernier. L ’un eft la
defeription de Villeneuve, l’autre celle de F leu ry ,
qui appartient à M. d’Argoug« s. On trouve dans
ces deux ouvrages, outre le mérite d’une excellente
latinité , cet .amour profond de la retraite
& de la campagne, qui a di-ftingué dans tous les
temps les âmes douces & fenfibles, Si les véritables
amis des lettres.
Scriptorum chcrus omnis amat nemus , & fuglt urbes.
Une troifièttie pièce latine deM. le Peletier, eft
adreffée à fes tu fans, auxquels il envoie le cornes
theologus de Pierre Pithou. Elle finit par cette
phrafe, également pigjife Si bien tournée ;
lllud verb mentibus vefiris infixum altihs volo ,
omnia û.igitiorum & calamitatum généra, aut ex
contempla 9 aut ex mtnùtâ pietate inter • hommes
nafei.
Les mouvemens que M. le Peletier fe donna
pour découvrir & publier les ouvrages de P. Pithou
, le foin qu’il prit de faire écrire la vie de
ce jurifconfulte par M. Boivin le cadet, fi s bienfaits
envers ces deux frères Boivin Si d’autres
favans, font autant de monumens de fon amoiy
pour les lettres,
C’étoit encore un trait de conformité, c’étoit
un lien de plus entre lui & M. de Souzy fon
frère , véritable favant , par qui de véritables
favans avouent avoir été inftruits , homme
de goût d’ailleurs Si d’un efprit éclairé , que Tourreil
appeloit homo limatijfimi judicii , expreflion
empruntée de C icéron ; ii lui oppliquoit aufli ce
que Velieïus Patexçulus ayoit djt du îecond Sci*
pion i’Africain,
’Neque enirti quifiquam-hoc Scipione elegantiiis intervalla ■ ^
negotiorum otio difpunxit.
Semblable en tout à fon frè re , il quitta comme
lui , ma:s beaucoup plus tard , la cour &
les affaires. On peut voir fon éloge dans le fep-
tième volume des mémoires de lhicaciémic ôes
inferiptions Si belles-lettrés, dont il étoit an des
honoraires, & dont il n’avoit point négligé les
travaux. Il avoit fait de favantes recherches fur.
la ville des Ctirîofolites , ancien peuple de l’Armorique,
dont il eft parlé dans quelques endroits
des commentaires de Céfar.
Voici l’épitaphe de M, le Peletier le miniftre ,
que nous avons promife Si qui nous parok un jj
excellent abrégé de fa vie :
Hic jacet
C I AU D I V S I E P n m i t
R e g n i adminifier.
V i r cla ru sg e jlis honoribus ,
Clarior fpre tis ac r e lïdit.
In quart A Inquijitïon. Clajfe
Sénat or primiim , deindl F rtefes ,
Complures annos ju s fa n d e d ix it,
Preefedus Urbi ,
P r a c la n t Operïb. L u te tium a u x it
E t ornavit,
Fadus Inde Conffiorïan. Cornes,
A d refiituenda Jurifpr. fiu d ia
Opérant & authorit. fé lic ite r contulit•
M a x ad Æ ra r ii regniq. adminijlration,
Voeatus ,
E t titu lo 1 Preefidis inficl. a u 3 u t,
In te r fum m a t dignitates
Veterem modefiiam ;
In te r liicri contagia
TSobilem pecunitt abftinentiam
R e tin u it.
jidhue ïnteger anima floienfque g ra tiâ , .
Sed meliora médita ns »
Æra rii curam libentiils abjecit
Quàm fu j ’ceperat.
Tandem A u lâ fpontè ù cupide eejjit t
U t Dep ac Jibi liberi à s vaearet.
Otium dulce hec inglorium
Ip te r fcleclcs amicos ,
I n ftterar. Litterar. méditation«
A c pie ta tis officiis
Confumpfit.
Patrice tamen & Principis femper
Memor,
Utrique ad ex itum perça ru s t
Virïbus paulatim iefieientibxt ]
Odcgenario major obiit an. I p l l ,
Menf. Auguft. die io •
lu d . le Peletier. S. Pr.
Coetcriquc. fupeiflites liberi
Optimo Varenti
Mcerentes ac me mores
Pofûere. f
PELHESTRE , ( P ie r r e ) {B iß * litt, moi. )
favant précoce, moins connu par une fécondé
édition du traité de la leélure des pères , Si par
fes notes fur ce livre que par une réponfe qu’il
fit dans fa jeuneffe à l’archevêque de Paris Péréfixe*
Pelheßre avoit dix-huit a n s & on parloitbeaucoup
de fes le&ures Si de fes connoiffances en hiftoire
eceléfiaftique, fupérieures à fon âge. L ’archevêque
lui demanda s’il fe croyoit aflez inllruit pour
pouvoir lire fans danger les livres hérétiques.
Monfeigneur, répondit le jeune hemme, votre
queflion 01 embarraffe ; f i je dis que je fuis affer
infiruit, vous me taxerez d’orgueil ; f i j'avoue mon
ignorance, vous me défendre£ ces leElures. Sur cette
feule réponfe, l’archevêque eut le bon efprit de
lui tout permettre. Il s’agiflbit apparemment de
permiflions ou de défenfes relatives à la conf-
cience. S’il eût. été queftion de police, ç’aurôit
été pouffer jn.fqu’à i’inquifition la follicitude paf-
torale. Mort en 17 10 .
PÉLICIER ou PÉLISSIER , ( G uillaume >
{H iß , litt, mod. ) fe diftingua par fon érudition
fous le règne de François I ; évêque de Mague-
lone après fon oncle, nommé aufli Guillaume
Péliflier, il fit transférer le fiége épifcopal à
Montpellier; il étoit abbé de Lérins. François I
l’employa en 1529 aux négociations de la paix-
de Cambray , fous la dùchefte d Angoulême • il
l’envoya en 15-40 à Venife , d’où Pcliffcr rapport»
beaucoup de manufçrits Grecs Hébreux Sc
Syriaques, qui orrent aujourd’hui la bibliothèque
du roi. Il travailla fur Pline & fur d’autres auteurs
anciens. On a recueilli comme des objets-
de curiofité, des lettres qu’il écriyoit de Venife.
Mort à Montpellier en 15.68-
PELISSON-FONTANIER , ( Faul) (Hifi. litt.,
mod.) né à Beziers en 16 2 4 , d’une famille de'
robe , originaire de Catires , fut élevé dans 1»
religion proteftan te.. Il fa voit très-bien le latin S i
le grec, & plufièurs langues modernes. Il avoit
compofé à dix-neuf ans, une paraphrafe «du premier
livre des Inftitutes de Juftinien, qui parut
imprimée deux ans après , en 1645 > ( fauteur
ayanT alors vmgt & un an s ,) & qui fut regardée-
comme l’ouvrage d’un jurifconfulte profond. H
fiiivit d’abord le barreau à Caftres , & il y brilla ;
mais la petite vérole le défigura fi étrangemènt
qu’elle le fit renoncer à paroître en public y
devint le modèle de U difformité, ' *