
de à cheval avec un timbalier & des trompettes
qui jouent lorfqu’it eft à t a b l e & qui Tonnent la
diane & la retraite. On le traite d'alteffe 8c de
prince ; 8c parmi les grandes prérogatives de la
place, la plus utile à Tétât, c’eft la cenfure dont
■il uTe toujours avec applaudiffement. Le roi gouverne
t-il mal, le primat eft en droit'de lui fai*:
-en particulier des repréfentations convenables ; le
roi s’obftine-t-il, c’eft en plein fénat, ou dans la
.diète qu’il s’arme des lois pour le ramener; 8c on
arrête le mal. Mais à fuppofer qu'un roi eût été
plus Tort que la loi, chofe très-difficile en Pologne,
le fil de l’oppreffion Te romproit à Ta mort, Tans
paffer dans les mains du fucceffeur. L’interrègne
franche. L'abbé Loyer.. ( D. 7. )
PRIOLO, PRÎOLÏ ou PRIULI , (Hift. mod.)
-famille illuftre qui a donné des doges à la république
de Venii'e.
De cette famille étoit Benjamin Priolo, né à
Saint-Jean d’Angely en 16 0 2 ; Tavant, élève des
favans Heinfius & Voffius, qui vint à Paris pour
voir & conTuiter Grotius, qui s’attacha au fameux
duc de Rohan, le Tervit de Ta plume & de Ton
ép é e , & après la mort de ce général, Tut employé
par la cour de France dans plufieurs négociations
importantes. On a de lui une Hiftoire de France
en latin, depuis la mort de Louis X III juTqu’en
1664. G’eft principalement le tableau des trouble!
de la Tronde & du miniftère du cardinal Mazarin.
On a cité de lui lemotTuivant : L'homme nepojfède que
trois chofes , l*ame toujours expofée aux pièges des
théologiens, le corps à ceux des médecins, les biens
à ceux des avocats & des procureurs. Il mourut en
1667 à L y o n , en allant à Vén ile, traiter d’une
affaire Tecrette.
PRIOR ( M a t t h i e u ) Hifl. d'Anglet. ) né à
^Londres., en 1664 , d’un père menuifier, élevé
par un oncle cabaretier, fut dans ia fuite. l’illuf—
ire Prier : Tu Marcellus eris. Le comte de Dorfet
le fit infiruire & le produifit depuis à la cour ;
il fut l’ami de College & , pour toute la v ie , du
.comte de Halifax. En 16 9 0 ,11 entra dans la carrière
des négociations à la fuite du comte de
Berjcley, plénipotentiaire à la Haye, dont il étoit le
fecrétaire de confiance. Il eut le même emploi
auprès des plénipotentiaires anglois aux conférences
de Rifvvick en 1697. Lorfque le comte de
Portiand vint en France l’année fuivante, négocier
le traité de partage de la monarchie d’Ef-
pagne, qui pouvoit prévenir la guerre de la fuc-
ccmon , il étoit accompagné de Prier„ Ce fut dans
ce voyage en France, qu’un courtifan françois
montrant à Prior les victoires de Louis X I V ,
peintes par le Brun à Verfailles, & lui demandant
ou par bravade, ou peut-être fort Amplement, fi
Ton voyoit ainfi les allions du roi Guillaume
peintes dans Cçn palais, Prior lui répondit-: nçn
Monjîeur, les monumens des allions de notre roi f e
•voient par-tout ailleurs que che{ lui.
Prior revint en’ France, en . 1 7 1 1 , traiter de la
paix, & peu de tems après, M. Ménager pour la
France & Prior pour l’Angleterre fuivirent cette
négociation. 1 ous deux agiflfant de bonne fo i,
tous deux étant amis de la paix, & fe voyant
élevés par leur mérite perfonnel à ce noble emploi
de pacificateurs de l’ Europe, ils eurent bientôt
avancé ce difficile ouvrage, & ils fe piquèrent
de le confommer. Il ne fut plus parlé de
ces odieux préliminaires de 1709 , dont la bafe
' étoit l’idée barbare d’obliger un père à faire la
guerre à Ton fijs. Des préliminaires plus humains
& plus juftes Turent fignés à Londres au mois
d’oéfobre 1 7 1 1 , & ils amenèrent la paix d’Utrecht,
conclue en 17 1 3 & qui décida des plus grands
intérêts.
Tout le monde Tait la réponTe que fit Louis
X IV , l’année Tuivante, aux plaintes de l’ambaffa-
deur d’Angleterre, fur les travaux du port de
Mardik, qu’on regardoit comme un moyen d’éluder
les diTpofitions de la paix d’Utrecht Tur la
démolition de Dunkerque : Monjîeur l'ambajfadeurj
j'a i toujours été le maître che% moi, quelquefois che{
les autres', ne m'en faites pas Jouvenir. M. de Voltaire
nie que cette réponfe ait été faite, & Ta
raifon eft que Louis XIV n’étoit plus alors
dans le cas de prendre ce ton ; mais prouver qu’on
n’a pas dû dire ou faire une chofe, n’eft pas prouver
qu’on ne l’ait pas faite ou dite, & on détruiront
par ce raifonnement-là toute l’hiftoire qui
n’eft qu’un tiffu de fautes. D’autres ont écrit que
ce n’eft point à milord Stairs, comme on Ta toujours
dit, que Louis XIV fit cette réponfe; mais
à M. Prior qui étoit venu apporter un mémoire,
au fujet de ces travaux de Dunkerque ; nous les
croyons dans Terreur, & notre raifon pour le
croire, e ft, que des gens qui étoient dès-lors dans le
monde, & même dans de grandes charges, &
qui depuis ont rempli les plus grandes dignités de
l’état, nous ont affuré que milord Stairs difoit à
tout le monde 8c avoit dit devant eux, qu’il avoit
été atterré par ï’air de grandeur & de majefté
qu’avoit en cette occafion le vieux Roi. C’étoient fes
termes. Tout cela n’empêcha pas qu’on ne finît par
fe rendre àla raifon , & par fufpendreles travaux de
Mardik.
Les fervices qu’avoit rendus M. Prior par Tes
négociations, n’empêchèrent pas non plus qu’il
n’éprouvât une persécution au fujet de Tes négociations
mêmes. On lui intenta un procès criminel
à la pourfuite du chevalier Walpole ; il Te
juftifia aifément, fut mis en liberté, & Te livra
tout entier aux lettres qu’il avoit toujours aimées
6c cultivées avec le ph s grand fuccès. Il étoit au
rang des meilleurs poêles de l’Angleterre. M,
l’abbé Yart a traduit fes odes en françois. M. Prior
mourut en 17 2 1 , & fut enterré avec pompe à
l’abbaye
l’ abbaye de Weflminfler, où on lui a érigé urt
monument.
PRÏSCÏEN ( * P r t s c i a n u s ) Hiß. Tut. ) grammairien
de Céfarée au fixième fiècle, dont ilrefte
quelques ouvrages, imprimés à Venife- par Aidé
Manuce en 1476 , & à Paris, en 1 5 1 7 , parce Jo-
docus Badins Afcenfius, imprimeur & favant célébré
, qu’Erafme préférait comme favant à Budée
même.
TRISCÜS ( Hiß. rom. ) C’eft le nom i° . d’un
fameux ingénieur qui vivoit au fécond fiècle de
l’ère chétienne, Tous l’empire de Septime Sevère,
& qui fut Teul épargné dans Ta perfonne, dans fa
liberté, dans Tes biens , à la prife de ByTance par
cet empereur, l’an 196 de J . C. comme les def-
cendans de Pindare Tavoient été par Alexandre
à la prife de Thèbes.
a 0. D’un frère de l’empereur Philippe, qui voulut
luifuccéder Tan 249, & qui fuccomba, comme
Philippe Ton frère, Tous l’afcendant de l’empereur
Déce.
PRISON ( Hiß. mod. ) On appelle ainfi le lieu
deftiné à enfermer les coupables, ou prévenus de
quelque crime.
Ces lieux ont probablement toujours été en
«Tage depuis l’origine des villes , pour maintenir
le bon ordre , 8c renfermer ceux qui Tavoient troublé.
On n’en trouve point de traces dans l’ Ecriture
avant l’endroit de la Genèfe où il eft dit que
Jofeph fut mis en prifon, quoiqu’innocent do crime
dont l’avoit accufé la femme de.Putiphar. Mais il
en eft fréquemment parlé dans les autres livres
de la Bible, & dans les écrits des Grecs 8c des
Romains. IT paraît par les uns & les autres que
les pnfons étoient eompofées de pièces ou d’ap-
partemens plus ou moins affreux, les prifonniers
n’étant quelquefois gardés que dans un fimple
veftibule, où ils avoient la liberté de voir leurs
parens, leurs amis, comme il paroît par Thiftoire
de Socrate. Quelquefois, & félon la qualité des
crimes, ils étoient renfermés dans des fouterrains
obfcurs 8c dans des baffes foffes, humides 8c in-
feétes, témoin celle où l’on fit defeendre Jugur-
th a , au rapport de Sallufte. La plupart des exécutions
Te faifoient dans, la prifon, fur-tout pour
ceux qui étoient condamnés à être étranglés, ou
à boire la ciguë.
Eutrope attribue Tétabliffement des prifons à
Rome, à Tarqqin le fuperbe ; tous les auteurs
le rapportent à Âncus Martius , & difent que Tul-
lus y ajouta un cachot qu’on appella long-temps
Tullianum. Au refte Juvénal témoigne qu’il n’y
eut Tous les rois & les tribuns, qu’une prifon à
Rome. Sous Tib 'jfe on en conftruifit une nour
v e lle , qu’on nomma la prifon de Marner tin. Les
Aélei des apôtres, ceux des § martyrs , 6c toute
Thiftoire ecçléfiaftique des premiers fièeles, font
Hißo'm Tome IV*
foi qu’il n’y avoit prefque point de ville dans
l’empire qui n’tût dans Ton enceinte une prifon;
& les jurifconfultes en parlent fouvent dans leurs
interprétations des lois. On croit pourtant que
par mala manfio , qui Te trouve dans Ulpien, on
ne doit pas entendre la prifon, mais la préparation
à la queftion , ou quelqu’autre fupplice de
ce genre, ufité pour tirer des accufés l’aveu d î
leur crime, ou de leurs complices.
Les lieux connus Tous le nom de lautum'nz,
& de lapidicitiût, que quelques-uns ont pris pour
les mines auxquelles on condamnoit certains criminels
, n’étoient rien moins que des mines , mais
de véritables prifons, ou fouterrains creufés dans
le ro c, ou de va fies carrières dont on bouchoit
exactement toutes les iffues. On met pourtant cette
différence entre ces deux efpècesdep'i/ônr, que ceux
qui étoient renfermés dans les premières n’étoient
point attachés, 6c pouvoient y aller 8c venir ;
au lieu que dans les autres on étoit enchaîné 8c
chargé de fers.
On trouve dans les lois romaines différens o fficiers
commis foit à la garde, Toit à Tinfpeétion
des prifonsLk des prifonniers. Ceux qu’on gppel-
loit commentant avoient foin de tenir regiftre des
dépenfes faites pour la prifon dont on leur cont-
mettoit le fo in ; de l ’âge, du nombre de leurs
prifonniers, de la qualité du crime dont ils étoient
accufés, du rang »qu’ils tenaient dans la prifon.
Il y avoit des prifons 'qu’on appdloit libres, parce
que les prifonniers n’étoient point enfermés , mais
feulement commis à la garde d’un maglftrat, d’un
fénateur, 8cc. ou arrêtés dans une maifon particulière,
ou laiffés à leur propre garde dans leur
maifon, avec défenfe d’en fortir. Quoique par
les lois de Trajan 8c des Antonins, les prifons
dçmeftiques, ou ce que nous appelions Chartres
privées, fuffent défendues, il étoit cependant
permis en certains cas, à un père de tenir
en prifon chez lui un fils incorrigible, à un mari
d’infliger la même peine à Ta femme; à plus forte
raifon un maître avoit-il ce droit fur fes efclaves ;
le lieu ou l’on mettait ceux-ci s’appelloit ergaf-
tulum.
L’ufage d’emprifonner les eçcléfiaftiques coupables
, eft beaucoup plus récent que tout ce
qu’on vient de dire, 8c quand on a commencé
à exercer contr’eux cette févérité., c’a moins été
pour les punir que pour leur donner des moyens
de faire pénitence. On appelloit les lieux où on
les renfermoit à cette intention , decanina, qu’on
a mal-à-propos confondu avec diaconum.. "Voyez
D i a g o n i e , ils font aufli de beaucoup antérieurs
au temps du pape Eugène I I , auquel le jurifeon-
fulte Duaren en attribue Tinvention. Long-temps
avant ce pontife , on ufoit de rigueur contre ceux
du clergé qui avoient violé les canons dans des
points effentiels; mais après tout, çette rigueur
étoit tempérée de charité ; ce a ’ètoit ni la mort,