
peuple qu’il crut ne pouvoir prendre d’affez'
fortes précautions pour ne plus retomber fous
un joug qui lui paroilToit infupportable. Attaché
par goût à la démocratie, il jugea que l’unique
moyen d’affermir 8c de conferver cette efpèce de
gouvernement, étoit de maintenir tous les Citoyens
dans une parfaite égalité ; & c’eft fur cette
égalité qu’il tondoit le bonheur de l’étar.
Ce fut fur de. tels motifs que les Athéniens
établirent Yoflràcifme-, au rapport d’Androtion- cité
par Harpocration : « Hipparchus , d it- il , étoit
» parent du tyran Pififtrate , & il fut le premier
» que l’on condamna au ban de Yoflràcifme ; cette
» loi yenoit d’être établie, à canfe du foupçon
» 8c de la crainte qu’on avoir, qu’il ne fe trouvât
» des gens qui vouluffent imiter Pififtrate, qui
w ayant été à la tête des affaires de la républi-
3> que, 8c général d’armée, s’étoit fait tyran de
» la patrie. »
Les Athéniens prévirent fans doute les incon-
véniens de cette loi ; mais ils aimèrent mieux ,
comme l’a remarqué Cornélius Népos , s’expofer
à punir des. innocens , que de vivre dans des
alarmes continuelles; cependant, comme ilsfen-
lîrent que l’injuftiçe auroit été trop criante, s’ils
avoient condamné le mérite aux mêmes peinés
dont on avoit coutume de punir le crime, ils
adoucirent autant qu’ils purent la rigueur de Yof-
tracifme ; ils en retranchèrent ce que le bannif-
jfement ordinaire avoit d’odieux 8c de déshonorant
par lui-même. On ne eonfifquoit pas les biens
de ceux qui étoient mis au banc de Yoflràcifme ;
ils en jouifloient dans le lieu où ils étoient relégués
; on ne les éloignoit que pour un temps
limité , au lieu que le banniffement .ordinaire
étoit toujours fnivi de la confifcat-ion "des biens
__des exilés, 8c qu’on leur ôtoit toute, efpérance
.de retour.
Malgré les adouciffemens que les Athéniens
apportèrent à la rigueur de. leur loi * il eft aifé
de v o ir , que fi ;d’un côté elle étoit favorable à
3a liberté, de l’autre elle étoit odieafe , en ce
-quelle condamnoit des .citoyens, fans entendre
ieur défenfe, 8c qu’elle abandonnoit le fort des
.grands hommes à- la délation artificieufe ,' 8c au
caprice d’un peuple inconftant 8c capricieux. Il eft
vrai que cette loi. auroit été avantâgeufe à l’état,
fi le même peuple qui; l’avoit établie, eût toujours
eu affez de aifcernement 8c d’équité, pour n’en
faire ufage que dans les occafions où la liberté
auroit été réellement en- dan g e rm a is l’hiftoire
de la république d’Athènes ne juftjfia que par
trop d’exemples l’abus que le peuple fit de
foflracifme.
Cet abus ne fut jamais plus marqué que dans
le banniffement d’Ârifixde. On en peut juger par
l’aventure qui lui arriva dans l’affemblée du peuple
, le jour même de fon banniffement. Un
citoyen qui ne favoit pas écrire,. s’adreffa à lui
(Somme au premier v enu , pour le prier d’écrire
le nom d’Ariftide. Ariftide étonné, lui deriïanéf&
quel mal cet homme lui avoir fait, pour le bannir.-
11 ne m’a point fait de mal, répondit-il ; je ne le
connois même pas, mais je fuis.las de l’entendre
par-tout nommer U jufle. Ariftide écrivit fon nom
lans lui répondre.
Ce fage fut banni par les intrigues de Thémif-
tocle q u i, débarraffé de ce vertueux rival , demeura
maître du gouvernement de la république ,
avec plus d’autorité qu’auparavant ; mais il ne
jouit pas long-temps de l’avantage qu’il avoit remporté
fur fon émule ; il devint à fon tour l’objet
de l’envie publique , 8c malgré fes victoires 8c
les grands fervices qu’il avoit rendus à l’état, il
fut condamné au ban de Yoflràcifme.
Il eft certain que la. liberté n’a voit' pas de plus
dangereux écueil à craindre , que la réunibn de
l’autorité dans la main d’un feul homme ; 8c c’eft
cependant ce que produisit Yoflràcifme , en augmentant
le crédit 8c la puiffance d’un citoyen r
par l’éloignement de fes concurrens. Périclès en
fut tirer avantage contre Cimon 8c Thucydide , les
deux feuls rivaux de gloire qui lui reftoient à éloigner,
pour tenir le timon de l’état.
Sentant qu’il ne poiivoit élever fa puiffance que
fur les débris de celle de Cimon qui étoit en crédit
auprès des grands , il excita l’envie du peuple
contre ce rival1 , & le fit bannir par' la loi de
Yoflràcifme, comme ennemi de la démocratie, &
fauteur de Lacédémone’. Enfin Thucydide forma
un puiffant parti pour l’oppofer à celui de Périclès;
tous fes effortsdîâtèrent fa propre ruine. Le
peuple tint l’affemblée de Yoflràcifme , pour reléguer
Tun dé ces deux chefs. Thucydide fut banni,
8c laiffa Périclès , tyran dé fariné I comme un
ancien écrivain l’appelle, en poftefilon de gouverner
la république avec une autorité abfolue j
qu’il conferva jufqu’à la fin de fa vie. Il trouva lé
moyen , par fon habileté, de fubjuguer ce peuple
énvieux 8c jaloux , ennemi plus redoutable, à celui
qui le g ou v e rn a itq ue les Perfes. 8c les. Lacédé*
moniens.
Il faut pourtant convenir, qu e ce même peuple,’,
très-éclairé fur les inconvéniens de , Yoflràcifme,
fentit plus d’une fois le tort que fon abus avoit
fait à la république; le rappel d’Ariftide 8c de
Cimon., avant que le terme des dix ans fût expiré ,
en eft une preuve éclatante. Mais quelques raifons
que les Athéniens euffent de rejeter une lo i, qui
avoit caufé plufieurs. fois- un grand préjudice à
l’état, ce ne furent pas ces motifs qui les détermir
nèrent à l’abolir; ce fut une raifpn oppofée, 8c
qui eft vraiment fingulière : nous en devons la
connoifiance à Plutarque;
Il s’étoit élevé , dit cet auteur ', un grand différend
entre Alcibiade 8c Nicias ; leur méiîntelli-
gence croiffoit -de jour en jo u r , 8c le peuple eut
recours à Yoflràcifme : il n’étoit pas douteux que
le fort ne dût tomber fur l’un ou l’autre de ces
chefs. On déteftoitles moeurs dlffoltics d’Alcibijule.*
8c l’on craignoit fa hardieffe ; on envioit à Nicias
les grandes richeffes qu’il poffédoit, & on n’aimoit
point fon humeur auftère. Les jeunes gens qui
defiroient la guerre , vouloient faire tomber le
fort de Yoflràcifme fur Nicias; les vieillards qui
aimoient la paix , follicitoient contre Alcibiade.
Le peuple étant ainfi partagé ,■ Hyperbolus,
homme bas 8c méprifable , mais ambitieux 8c
entreprenant , crut que. cette divifion étoit pour
lui une occafion favorable de parvenir aux premiers
honneurs. Get homme avoit acquis parmi
le peuple une efpèce d’autorité ; mais il ne la
devoir qu’à fon impudence. Il n’avoit pas lieu de
croire que Yoflràcifme pût le regarder ; il fentoit
bien que la baffeffe de fon extraâion le rendoit
indigne de cet honneur ; mais il efpéroit que fi
Alcibiade ou Nicias étoient bannis, il pourroit devenir
le concurrent de celui qui refteroit en
place. Flatté de cette efpérance , il témoignoit
publiquement la joie qu’il avoit de les voir en
difeorde , 8c il animoit le peuple contr’eux. Les
partifans d’Alcibiade 8c de Nicias ayant remarqué
,1’infoienee 8c la lâcheté de cet homme, fe donnèrent.
le mot fecrètement, fe réunirent, 8c firent
en forte que le fort de Yoflràcifme tomba fur Hyperbolus.
' . t i
Le peuple ne fit d’abord que rire de cet événement
; mais il en eut bientôt après tant de honte
8 cd e dépit, qn’il abolit la loi de Yoflràcifme , la
regardant comme déshonorée par la condamnation
d’un homme fi méprifable. Par l’abolition de
cette: loi , les Athéniens voulurent marquer le
repentir qu’ils avoient d’avoir confondu un vil
délateur , 8c de condition fervile, avec les Ariftide,
les Cimon 8c les Thucydide : ce qui a
fait dire à Platon le comique, parlant d’Hyper-
bolus, que ce méchant avoit bien mérité d’être
puni à caufe de fes mauvaifes moeurs, mais que
le genre du fupplice étoit trop honorable pour
lu i, 8c trop au-dèffus de fa baflè extradion , 8c que
Yoflràcifme n’avoit point été établi pour les gens de
fa fprte.
Fîniffons par quelques courtes réflexions : je
remarque d’abord que Yoflràcifme ne fut point
particulier à Athènes, mais que toutes le villes ,
où le gouvernement étoit démocratique, l’adoptèrent
; c’eft Ariftote qui le dit ; on fait qu’à l’imitation
des Athéniens, la ville de Syraeufe établit le
pétalifme.
Le bill appellé (Katteinder en Angleterre, fe rapporte
beaucoup à Yoflràcifme ; il viole la liberté
contre un feul, pour la garder à tous. Uoflra-
cifme confervoit la liberté ; mais il eût été à fou-
haiter qu’elle fe fût maintenue par quelque autre
moyen. Quoi qu’il en fo it, fi les Athéniens ont
mal pourvu au foutien de leur liberté, cela ne
peut préjudicier aux droits de toutes les autres
nations du monde. Le pis qu’on puiffe dire, c’eft
que par leur )o l de Yoflràcifme, ils n’ont fait de
» a l qu’à çux-»êmçs > en fe privant pour un temps
des bénéfices qu’ils pouvoient fe promettre des
vertus éclatantes des perfonnes qu’ils - condam-
noient pour dix ans à cette efpèce d’exil. ( Le
chevalier DE J aUCOVRT. )
OSTROGOTHS, ( Hifl. anc.) nation qui faifoit
partie de celle des Göths ; elle defeendoit des
Scandinaves, 8c habitoit la partie orientale de la
Suède bornée par la mer Baltique, qui s’appelle
encore aujourd’hui Oflrogoïkïe ou Gothic orientale.
Ce peuple partit de là pour aller faire des conquêtes
8c s’établit d’abord en Poméranie, de-là
les Oflrogoths allèrent vers l’Orient 8c fe rendirent
maîtres d’une partie de la Sarmatie ou Scythie ,
8c du pays qui eft entre le Danube 8c le Boryf-
thène, connu aujourd’hui fous le nom de Podolie,
où ils furent vaincus par les Huns , qui les forcèrent
de quitter leurs pays 8c d’aller chercher
des établiffemens err Thrace. De-là ils firent des
incurfions fréquentes fur les terres de l’empiré
romain. Enfin , l’an 488 de Jéfus-Chrift , ils marchèrent
fous la conduite de leur roi Théodoric ;
8c après : avoir défait Odoacre qui avoit pris le
titre de roi d’Italie, ils s’emparèrent de ce p ay s ,
dont Théodoric fut reconnu fouverain parles empereurs
de Conftantinople. Ce conquérant adopta
les lois romaines, 8c gouverna fes conquêtes avec
beaucoup de fageffe 8c de gloire. La puiffance
des Oflrogoths fe maintint en Italie jufqu’à l’an
553 , où Totila , leur dernier roi , fut tué dans
une bataille qui décida du fort de fon royaume,
lequel fut de nouveau réuni à l’empire romain
par le fameux Narfès, fous le règne de l’empereur
Juftinien. ( A , R .')
O S Y
O S YM A N D IA S , {Hifl- d'Egypte) roi d’Egypte.
Diodore de Sicile, liv. I , donne une haute idée
de fa magnificence 8c du progrès que les arts
avoient déjà faits de fon temps en Egypte. Des
édifices magnifiques conftruits par ce prince ,
étoient ornés de fculptures 8c de peintures, qui
repréfentoient fes expéditions militaires 8c les principaux
événemens de fon règne.
Nous apprenons du même Diodore, qu'Ofyman*
dias tiroit chaque année des mines d’Egypte une
fomme de feize millions.
Ce prince avoit aufii une riche bibliothèque
la plus ancienne dont il foit parlé dans l’hiftoire ;
8c le titre très-philofophique qu’on avoit donné à
ce monument, prouve qu’on avoit connu le principal
fruit qu’on devoit attendre de la leéhire 5
ce titre étoit : Le trèfor des remèdes de l'ame. C’eft
l’idée qu’Horace n’a fait que développer dans les
vers fuivans r
Fervet avariùS mifcroque eupidine pectus ?
Surit verba & votes , quibus hune lenire doterap
FcJJis.j & merbi magnum depemre parum-f