
fes lieutenans, compagnons de fes viâoîres , crurent
avoir des droits pour réclamer fon héritage.
Perdiccas, auquel il avoit remis fon anneau royal,
s’en faifoit un titre pour être fon fuccefleur ; 6c le
flattant de régner fous le titre de régent, il fit
aflembler les chefs de l’armée, & leur repréfenta
que Roxane étant enceinte, il falloir confier la
régence à quelqu’un capable d’en foutenir le poids.
Néarque éleva la v o ix , & dit : « Il n’y a que le
» fang d’Alexandre qui foit digne de nous donner
» un maître ; fongeo.ns qu’il a laifle un fils de
>» Barcine, c’eft lui qui doit être fon fuccefleur ».
Cet avis étoit trop contraire aux intérêts de chaque
particulier pour être fuivi ; tous les . chefs
frappant de leur javelot leur bouclier, s’écrièrent
que les fils de Barcine & de Roxane n’avoient
aucun droit de commander à des Macédoniens,
que c’étoit des demi-èfclaves dont le nom feroit
un opprobre en Europe. Les partifans de Perdiccas
foutinrent qu’il avoit été dé'figné par Alexandre
, & il alloit être proclamé ro i, fi Méléagre ,
chef de la phalange macédonienne, n’eût excité
une fédition pour s’oppofer à fon élévation. On
étoit prêt d’en venir aux mains, lorfqu’un particulier
obfcur propofa de reconnoître Aridée.,
frère d’Alexandre, 8c comme lui, fils de Philippe.
Cette propofition fut reçue avec un applaudifle-
ment général. Olympias craignant que ce prince,
fruit d’un amour adultère , ne fût un obftacle à
la grandeur future de fon fils, lui avoit fait prendre
un breuvage qui avoit altéré fa raifon, & ce
fut fon imbécillité qui prépara fon élévation.
Tous les grands fe flattant de régner fous fon
nom , lui donnèrent leur voix. L’empire fut partagé
entre les généraux fous le titre de gouverneurs.
Perdiccas chargé de la tutelle du prince majeur
, fut véritablement roi ; il crut ne pouvoir
mieux s’applanir le chemin au trône qu’en épou-
fant Cléopâtre, foeur d’Alexandre. Fier de cette
alliance, il ne vit plus dans les autres gouverneurs
que les exécuteurs de fes volontés ; mais
ne voulant pas vivre dans fa dépendance , ils fe
liguèrent tous contré lui. Il ufa de la plus grande
célérité pour difiiper cet orage : il marcha contre
Piolomée , fe faifant accompagner d’Aridée 6c du
jeune prince dont Roxane venoit d’accoucher. Il
fe fervit de ce fantôme pour faire croire qu’il
n’étoit armé que pour défendre deux princes trahis
par des gouverneurs ambitieux. Dès qu’il fe fut
approché de Pélufe , il fe vit abandonné des vieux
foldats, qui fervoient à regret contre Ptolomée.
11 y eut plufieurs efcarmouches où le roi d’Egypte
eut toujours l’avantage ; les Macédoniens imputèrent
leurs dèfaflres à l’imprudence de leur chef.
La phalange, plus irritée & plus -indocile, éclata
en menaces : cent des principaux officiers- qui
avoient Python à leur tête , pafîèrem dans le
camp de Ptolomée.- Après cette défedion , Perdiccas
refié fans dèfenfèurs, fut aflafliné dans fa tente
par fes propres foldats, £ T-N, )
P E R D O T T E , f. m. ( Idolâtrie ) nom proprï
d’un faux dieu des anciens habitans de Prude*;
c’étoit leur Neptune , ou leur dieu de la mer ;
d’où vient qu’il étoit honoré finguliérement par
les matelots & les pêcheurs. Ils lui offroient des
poiflons en facrifice ; enfuite leurs prêtres tiroient
les aufpices, examinant les vents, & leur pré-
difoient le jour & le lieu où ils pourroient faire
une heureufe pêche. Hartsnock, Differt. X , de
cultu deorum Pmjfiorum 9 a forgé tous ces contes,
femblables à ceux qu’il a imaginés, fur le dieu Pe-
runnus. (Z). J , )
PÉRÉDÉE. ( Voye^ R o s e m o n d e . )
P É R É F I X E , ( H a r d o u i n d e B e a u m o n t d e ) ( # ; / L
mod.) évêque de Rhodez,puis archevêque de Paris; il
étoit d’une ancienne famille du Poitou, mais fon
père étoit maître-d’hôtel du cardinal de Richelieu t
ce rmniftre prit foin de fon éducation 6c de fa fortune
, mais Péréfixe manqua vraisemblablement ou
d’ambition , ou d’adrefle , ou de bonheur , puif-
qu’ayant été précepteur de Louis X IV , il ne fut
ni miniftre ni cardinal ; nous devons croire qu’il
avoit peu d’ambition , ou du moins peu de cupidité
, puifqu’il quitta l’évêché de Rhodez pour
raifon d’incompatibilité avec les devoirs de fa,
place auprès du roi. Il eut l’archevêché de Paris,
en 16 6 4 , long - temps après l’éducation du roi
achevée. L ’empire que les Jéfuites prirent fur lui y
6c le rôle qu’ils lui firent \jouer dans les affiire&
du janfénifme ,_ont un peu dégradé fon épifcopat.
Il exigea la fignature du formulaire, iLimaginæ
la diftinâion de la foi divine & de la foi humaine £
& l’application qu’il fit de cette doélrine,. aux
queflions du temps, déplut a fiez généralement
il perfécùta les rejigieufes de Port-Royal pour
leur refus de figner le fornfulaire ,. & obligé
de rendre.témoignage à leur vertu,, il s’eCrioifi
avec colère : elles ont la pureté des anges 6* Vobfli—
nation des démons ! il pouvoit n’avoir pris toin-à-
fait tort, mais étôit-il bien néceflaire que ces filles-
atteftaflent par un écrit que cinq propofitions fe
trouyoient dans un livre latin qu’elles étoient
cenfées ne pas-.pouvoir lire ? On a de ce prélat
un livre latin : Inflitutio principis, qui prouve que L
chargé de l’éducàtion d’un grand ro i, il ne négligent
pas la théorie d’un art fi important. Il
compofa auflx, pour l’infiruétion de fon augufle
élève , fon hifoire du roi Henri IV. Il ne pouvoit
lui propofer un meilleur exemple domeftique*
Cette hiftoire eft plutôt un éloge hiftorique & un
recueil de jrraits vertueu-x , qu’une hiftoire proprement
dite, mais elle n’en remplit que mieux l’objet
de l’auteur. On a quelquefois accufê très-in ju fie-
ment, fans doute, les eccléfiafiiques, mente ^ les
plus juftes, d’éviter de s’expliquer fur la Saint-
Barthélemi & de la condamner ; on en trouve
dans cette hiftoire la déteftation la plus fortement
& la plus nettement prononcée, fans équivoque ,
fans reftriélion, fans adouciffement. M. de Péfi•
P E R
fixe avoit été reçu à l’académie françolfe en 16^4.
Il mourut en 1670.
PÉRÉGR IN, ( Hifl. anc. ) fameux philofophe ,
qui vivoit du temps de l’empereur Marc-Antonin,
6c qui mourut moins en philofophe qu’en fou,
ivre &. dupe d’une faijfle gloire ; on lui donnoit
le furnom de Protée , foit parce qu’il étoit fort
changeant, foit parce que par fa fubtilitéil échap-
oit aux argumens de fes adverfaires, comme
rotée aux efforts de ceux qui vouloient le faifir :
JFiet enim fubit'o fus horridus atraque- tigris»
SquamofuJ've draco , aut fulvâ. service leana ,
'Aut acrem fiammee fonitum. dabit, atque ïta vinelis
Excidet, aut in aquas tenues dilapfus abibit•
Il fut changeant comme Protée en matière de
r e lig io n c a r de philofophe cynique , il fe fit
chrétien, puis.il retourna au paganifme ; enfin,
après avoir épuifé tous les moyens qui pouvoient
être à fon ufage pour attirer fur lut les regards
de la multitude, il en imagina un dernier qui
ne pouvoit manquer fon effet. Il publia , dans
toute la Grèce , qu’il fe brûleroit en préfence de
toute la Grèce , au milieu de la folemnité des jeux
Olympiques, & il fe brûla en effet en préfence
de toute la Grèce. Lucien a rapporté cet événement
dont il fut témoin ; le peuple , comme de
raifon , vit une foule de miracles s’opérer à la
mort de Pérégrin ; Lucien, un des incrédules du
paganifme, parle avec, mépris des miracles , &
avec peu d’eftime de l’a&ion de Pérégrin. Nous
nous étonnerons toujours qu’on laiffe confommer
de pareilles folies en public. 11 eft très-vraifem-
blable que leurs auteurs défirent qu’on les en
empêche , 6c qu’ils l’efpèrent.
PÉREIRA-GOMEZ, ( G e o r g e ) ( Hifl. litt.
mod. ) médecin efpagnol. Les envieux de la gloire
de Defcartes ont attaqué fes opinions de deux
manières contradiâoires : i 0.; comme des paradoxes
; i ° . comme des plagiats. Tantôt elles étoient
fans appui, fans autorité, fans modèles dans l’antiquité
; tantôt elles étoient prifes des anciens, 8c
on lui refufôit l’honneur de l’invention. Son in-
foutenable fyftême des bêtes-machines, dont il
ne faut vraisemblablement faire honneur à per-
fonne , avoit, difoit-on , été foutenu en 1554
par ce Pércira-Gomeç , dont on a d’ailleurs divers
ouvrages affez obfcurs fur la médecine, un, en-
tr’autres , où.il combat ladoéfrine de Galien fur
les fièvres. Quant à fa conformité de do&rine
avec Defcartes fur l’ame des bêtes , il y a grande
apparence que Defcartes qui penfoit beaucoup &
qui lifoit peu, n’avoit pas lu P éreira-Gomeç.
P É R E Z , nom connu dans l’hiftoire 6c la littérature
d’Efpagne.
i ° . Antoine Pèreç , fecrétaire d’état fous Phif-
Jipoe I I , fut difgracié, non pour avoir déplu à
P E R ai?
une maîtrefle régnante , mais pour lui avoir plu >
il fe retira en France, où il vécut des bienfaits
de Henri IV ; il mourut en 1 6 1 1 . On a de lui
des lettres où il dit les raifons de fa difgrace.
2 °. Bernard Pére^ de Vargas, eft auteur d’un
traité très-rare : De re metallicâ, &c . en efpagnol,
publié à Madrid en 15 19 .
3?. Dom Antoine Péreç, bénédiélin efpagnol
qui vivoit au commencement du dix-feptièine fiècle,
eft auteur d’un ouvrage aufli fort rare, qui a
pour titre : Pentateuchoh fidei.
4P. Un troifième Antoine P è r e archevêque
deTarragone, mort à Madrid en 1^ 37 , eft auteur
d’un ouvrage de jurifprudence , imprimé chez les
Elzévirs en trois volumes in-49. , fous ce titre :
Annotationes in Codîcem & Digtßu/n. On a encore
de lui d’autres traités & des fermons.
50. Jofeph Pérei, bénédi&in efpagnol, a écrit
contre le Bollandifte Papebroch fur divers points
d’érudition eccléfiaftique/Mort vers la fin du dix-
feptième fiècle.
P E R F E T T I, ( B e r n a r d i n ) ( Hifl. litt. mod. )
poète italien, déclaré poète Laureat en 172.5, &
couronné au Capitole comme l’avoit été Pétrarque,
& comme le Tafle alloit l’être lorfqu’il mourut.
Perfetti étoit de Sienne.
PERGUBRIOS , f. m. ( Idolâtrie ) nom propre
d’un faux-dieu des anciens Lithuaniens & Prufliens,
félon Hartfnock, dans fa deuxième diflertation
de feflis vet. Pmjflorum. Cet auteur fertile en fictions,
dit que ce dieu préfidoit aux fruits de la
terre ; que ces anciens peuples célébroient fa fête
le 22- mars , en paflant la journée en réjoniflan-
c e s , en feftins, 8c particulièrement à boire une
grande quantité de bière. ( D. J . )
P É R I , ( D o m i n i q u e ) ( Hifl. lut. mod. )
berger de Tofcane , devenu poète en lifant l’A-
riofte. On a de lui un poème, intitulé : Fieçole
deflrutta.. Florence 16 19 .
PÉRI, f. m. ( Terme de roman aflatique ) Les
péris font dans les romans des Perfans, ce que
font dans les nôtres les fées ; les pays qu’ils habitent
font le Genuifian, comme la Féerie eft le
pays où nos fées rèfident. Ce n’eft pas tou t, ils
ont des péris femelles, qui font les plus belles 8c
les meilleures créatures du monde ; mais leurs
péris mâles ( qu’ils nomment dives 6c les Arabes
, gium ) font des efprits également laids & mé-
chans , des génies odieux qui ne fe plaifent qu’au
mal 6c à la guerre. Voyeç , fi vous ne m’en croyez
pas , la bibliothèque orientale de d’Herbelot. (Z>. / .)
PÉRIANDRE. ( Hifl. anc. ) Il eft mis au nombre
des fept fages , quoiqu’il fût tyran à Corinthe.
I Plutarque rapporte que lorfqu’il s’en fut rendu maître , il confulta Thrafybule, tyran de M ilet,
fur la conduite la plus propre à maintenir, à
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