
«î avertit qu’il falloit obéir ap rôi. Tobéis donc,
‘dit S. Vallier, il fe tut , & fe larffa attacher &
»détacher le collier. Il demanda la permifiion de
«faire quelques legs à Tes domeftiquesfous le bon
rplaifir du -roi-s ’elle lui fut accordée. On le con-
duifit à la G rè v e , tout malade qu’il étoit toujours :
-»il monta fur l’échafaut, •:& dans -Finftant où il
'fe baiffoit pour recevoir le coup de rhache, '-fe
,-grace arriva, mais quelle'grâce'! Lès lettres portent
qu’il fera -enfermé pour toute fa vie entre
•quatre murailles, où il ne recevra le jour &
lia nourriture que par -une petite fenêtre. On
<îe laiffa quelques jours à la conciergerie, on1 le
«transféra enfuite dans une • autre prifon.
lLes auteurs de Phiftoire -généalogique aflùrent
* ou il s échappa, qu’il fe retira en Allemagne avec
la permiffion dq roi.; ils prouvent par diveffes
'pièces qu’il /vivoit en -15 2 8 , •I-53JL, 1^324 ils
fdHentr qu’il fit fon'teftament dans-fon château de
■ •Pifençon le rzô août 153-9. Ils ne marquent point
1 année de fa mort. Le traité de Madrid prouve
^certainement qu’il étoit encore prifonnier.au mois
«de janvier 15 26 ; car ce traité importe qu’il fera
«promptement délivré-; le 'roi 'déclare par des
^lettres du mois de juillet de la même année 1526 ,
• que'Saint-Valfier eft f&rti .de prifon, qu’il eft
»abfent du royaume, qu’il peut y revenir quand
»il voudra & que fes siens lui feront rendus.
'Æ.a maladie de Saint-Vallier & Hefpêce de grâce
*qui lui fut accordée 'àut' donné’ lieu à beaucoup
•de febles. On a dit qu’en entendant la ledure
'de fon arrêt, il fut faifi d’une frayeur f i violente
, *que fes *cheveux blanchirent en une nuit,
que fes'.gardes ne le reconnoiffoient pas le
Uendemain ; il a voit alors environ 48 ans.
M. de Thou dit que /lcrfqu’on le menoit au
Supplice, -la frayeur lui donna une . fièvre, qui
^depuis eftrpâïfée en proverbe, -fous’le nom de
fifièvre de Saint- Voilier.
91- eft vrai .que la' fièvre de'Saint*Voilier eft pâffée
proverbe, mais les aéles du procès & le rap-
Kport de-Braillon,.médecin du parlement, prouvent
‘•que c’étoi tu ne fièvre invétérée, qui même avoit
«fait retarder long-temps fon fiipplice, & qui lui
-avoit épargné les tourmens de la queftion^
‘Pafquier dit que l’horreur de la mort qu’il avoit
w u ed e fi près, lui donna une fièvre que la nouv
e l le de fe-.grâce-ne put g u é r ir , & dont il mou-
»rut .peu de temps après. Ge fait eft contredit, par
tous les aéles qu’on «vient de citer.
O n conçoit -aifément que la ‘ fièvre de Saint-
'Vallier n’ait pas été guérie par la nouvelle d’une
Sgrace ;tqni ne faifoit que prolonger fon malheur.
! mv c a t «cependant Tjue la célèbre Diane de
>Poitiers, fa fille, ait acheté cette grâce ail prix
t-de fon-iionneur & même de fa virginité , dont
«‘«lîe*'fit,'dit-on7 le facrifice à François I er pour
i fait ver fon père; mais ce n’eft v r ai fe mblabl em en t
ccacore igu une . fable ; -c’en eft une certainement.
quant à l a virginité, puifque Diane de Poitiers
étoit mariée depuis près de dix ans.
Voici les motifs dèeette grâce, tels qu’ils font
exprimés dans les lettres de rémiffion :
•«'Gomme puis nagu^res, notre cher & féâl
»•coilfin, confeilîer '& chambellan, le comte de
» Maulevrier Brézé, grand fénéchal- de Nornaan-
” 'die, & les paiens’& amis ■ •charnels de Jean'de
» Postiers , fîeur de 'S a rm -V a llie rn o u s ayent
» en très-grande humilité fupplié & requis avoir
» pitié & compaffion dudit de Poitiers..... Nous
» ayant confidération auxdits fervices, & princi-
» paiement à celui que ledit grand fénéchal nous
» a fait en1 découvrant les machinations &.con£-
» pirations , &c.
Le grand fénéchal-de Normandie étoit le mari
de Diane de Poitiers; il avoit donné les premiers
avis delà c-onfpiration , ii étoit allez naturel qu’on
lui accordât la grâce de fon beau-père ^quelques
hiftoriens -ont mieux aimé imaginer que Diane
de Poitiers, qui fut depuis maîtreffe de Henri II-,
avoit commencé par être-maîtreffe de François I ,
père de -Henri II. Les auteurs p.roteftans^ont fur-
tout accrédité ce 'bruit, pour ^charger * du crime
d’incefte la duchelTe de Valentinois ^Diane), qui
perfécutoit leur feéie.
Le Laboureur-, qui'«rôit cette imputation ca-
lomnieufe, raconte pourtant que, lorfque Henri
II fe fu t attaché à Diane , ‘on jetta dans fe
chambre la malédiôion,prononcée contre Ruben
dans la génèfe :
« Ruben, mon fils aîiîé , rvous étiez toute ma
n force , & vous êtes-devenu la principale caille
» de ma douleur-.... Mais vous vous êtes répandw
» comme Feau. Puilfiez-vous<ne point croître-,
» parce que vous avez monté fu r le lit de votre
» père & que vous avez fouillé fa «couche » ,
(Gen. chap. 49, vers.:3 & 4. )
Sous le règne de- François I , .Diane «devint la
maitrelTe de Henri alors dauphin, & ‘elle^divife
la cour. L e dauphin .commencer!t à ' s ’élever, à
‘devenir en quelque?forte -le rival du ro i, qui kri
oppofoit le duc d’Orléans,'fon fécond fils;-il-svok
♦ à part fes amis, fes favoris4& prefque fon parte;
«c’étoit 1-ouvrage. de «Diane, dont le crédit n-ailTanî
ne tarda pas à faire ombrage a Fautorité toujours
-eroiffante de la duchelTe cPEtampes ,-maîtreffe de
.François I. -Diane-avoit alors plus de-quarante
-ans , & le dauphin -étoit «plus jeune -qu’elle de
-dix-huit ans; la ducheffe d’Etampes-pour le faire
-rougir de fa-paffion, exagéroit.cette difproportion
■ d’â g e, &difoit-qu’elle.étoitnée le jour où Diane
de Poitiers s’étoit mariée. Elle f e donçort xuta
•double avantage par ce difeours, celui .de f e ra«.
I jeunir • &...ce>lûfede .vieillir Lan .-ennemie.
Son '-bien premièrement,, » €* pu is î le mal - 'd’autrui.
Dans la vérité , ' il n ’y avoit‘ gtrères que feaak
aa$ de »diftérence entre elles..Il paroîî ^ue-Diaae
fe Poitiers étoit née em 1500 ; elle avoit été mariée
M 10 14 . Anne de Eiffeleu, depuis ducheffe dE -
tampes, étoit née vers l’an 1508. Diane de Poi-
tiers devint veuve en 5 5 3 1 de-Louis, de o r e z e ,.
eomte de Maulevrier.
Elle fut toute^puiftante-en France Vous le régné
de Henri IL Catherine de Médicis ,- depuis fi
terrible & fi. ©dieufe, alors complaifante & fou-
mife, refpeéloit, flattoit même les goûts de Ion
mari , & pour obtenir l’ombre d’ un crédit tn,u-
tile,. rampoit fous une rivale qu’elle déteftqit.
Diane.de Poitiers régnoit feule,, on appcrcevoit
à. peine Catherine. - ' .
La ducheffe d’Etampes ayant perdu^ a- la- fois
tous fes appuis, François I & le-duc d’Orléans,
reftoit en proie aux rigueurs & aux violences de
fa rivale triomphante; on pouvoir lui faire fon
procès fur des intelligence s.- qu’elle avoit eues avec
F èm p e reu rp ou r procurer le Milanès au duc
d’Orléans-, & fe ménager à elle-même une retraite
ftire hors du royaume ; on eût pu la dépouiller
de fes biens, mais la ducheffe de Yalentinois,
d’ailleurs altière injufte & abufent en toutes
manières de fa faveurr ne- fttt point affez aveuglée
par ime haine que fe chute de fe rivale affoi-
Blifloit déjà-, pour ofer donner un tel exemple
qu’on eût pu fuivre un jour contre elle ; mais cette
politique modérée ne lui fer vit de rierii, parce
que quand- la mort foudaine de Henri II vint la
plonger à fon tour dans la d i fg r a c e c e n étoit
point une maîtreffe- qui régnoit,c.étoit une reine,
®’étoit Catherine de Médicis.. Cette princeffe haif-
fbic également les Montmorcncis & les Guifes
qui l’àvoient également négligée pour la ducheffe
de Valentin ois,, avec, laquelle ils avoient même
lies uns & les- autres contracté des alliances. Le
duc d’Aumale avoit époufé Louife de Brézé, fille
de la ducheffe de Valentin ois. Henri de Montmo-
renci,, fécond fils- du. connétable, & dans la fuite
connétable lui-même, avoit- époufé Antoinette
de la Marck, petite-fille de Diane;- les Guifes
facrifièrent Diane fans ménagement, & aidèrent
à la dépouiller en faveur de C a th e r in o n - lui
©ta fa- mai fon de Chenonceaux, qui fut donnée
à la reine-mère. Anne de Montmorenci, plus
fidèle à l’amitié, plus délicat fur l-honneur, plus
Me par,fes engagement que les Guifes, reftoit
attaché à Diane dans la difgrace, parce qu’il l’avoit
ètc pendant la faveur de’ cette femme. Elle fe
retira en *559 dans fa belle maifon d’An-et.
Les chiffres de Diane y font encor tracés
Elle y mourut en- 15*66. « Je la v is , d t Bran-
» tome , fix mois avant fe mort, fi balle, encore
» que je ne fâche coeur de rocher qui ne s en
» fût ému , quoique quelque temps auparavant-
m elle fe fut rompu une jambe fur le pavé d’Orléans,
m allant & fe tenant achevai aufli dextrement &
d difpafteniejat comme elle avoit jamais fait; mais
» le cheval tomba & gliffa fous elle. Il auroi*
' n femblé que telle rupture & les maux qu’elle
» endura a-uroient dû- changer fa belle face ; point
j» du tout „ f a beauté, fe grâce & fe belle appa-
■j n rence étoisnt ■ toutes pareilles qu’elles, avoient-
» toujours été. C’eft dommage que la terre couvre
' n un fi,beau corps; elle étoir fort débonnaire,.
» charitable & aumônière. Il faut que le peuple-
: n de France prie Dieu qu’il ne vienne jamais
n favorite, de roi plus mauvaife que. celle-là. n i
, »> plus malfaifente. »..
! Brantôme a> donné tant dé louanges à Came-
rine de Médicis ; il dit toujours tant de bien des.
perfonnes mêmes»dont il veut dire.du mal, qu oit
ne peut pas trop fevoir quelle eft ici la valeur
de fon témoignage en faveur de Diane. Plufieurs:
ont parlé comme lui de la beauté de Diane *
. confervée jufque dans la. vieilleffe fort, peu ont
.. parlé, de fa. bonté*.
, Il y eut des médailles frappées en- fon- honneur,
une entr’àutres où elle eft reprefentee foulant
aux pieds l’amour, avec ces mots : j ai^ vainew.
[ le vainaueur de tous ; omnium viElarem vici. j. mais
n’étoit-ce pas plutôt en ne foulant point aux piedfe
l’amour , ou en. ne paroiffant pas l’y fouler^ qu elle-
, ayoit vaincu le. vainqueur, de tous:? ce n eft pas.
qu’on n’ait voulu prétendre qu’elle avoit d autant
. plus- fûrement enchaîné ce vainqueur, quelle-
n’en avoit jamais été vaincue & ne lui avoit
, jamais été foumife. Il eft certain du moins qu elle^-
^ n’en a pas eu d’enfens. <
Les grands bie»s de la maifon de R y e qut
* paffèrent en. 16 5 7 dans la maifon. de Poitiers , eiît
, relevèrent encore l’éclat.
Ferdinand-J-oieph, comte de Poitiers, dernier-
mâle de cette maifon, n’a laiffé qu une f ille ,
madame la ducheffe de Randan, femme de Gui-
Michel de Durfort de Lorges, duc de Randan >
mort maréchal de France il y a quelques annêeSa.
P O Lt
POL. (le connétable de St ;) voyez Luxembourg
Le nom de S.. Pol a aufli été porté avec éclat
par un prince de 1a maifon de Bourbon». François
de B'ourbon,. comte de S. P o l*frere du duc de.
Vendôme Charles, & grand onde.de Henri !¥ ,,
étoit fils de »François, duc de Bourbon, fils de;
Jean duc de Bourbon , & dlfabelle de Beauvau*.
François I l’aimoit tendrement, & l’admettoit &
tous fes plaifirs :. le comte de S. Pol étoit plus
foldat que général; il eût brigué avec plus d?em-
preffement l’honneur d’un coup de. main-, d’une
commilfion périlleuse . que le commandement le
plus glorieux» I l aimoit le péril pour le périt
même , & le rcgardoiî prefque corn me le feuf
moyen d’acquérir de U gloire. *
î l fe diflingua parmi les plus braves, à la Bataille
de Marignan. Voici le témoignage que lut
rend un des guerriers, qui s’étoit. le plus diftingu^,
X î a