
trefois fort en ufage, mais aujourd’hui il n’y a
fjuc des affafiins qui s’en, fervent.
Les duéliftcs fe-bartoiènt ci-devant à l’épée &
au poignard ; les Efpagnols s’y battent encore.
L e maniement de l’épée & du poignard lait encore
une partie de l'exercice que l’on apprend
des maîtres en fait d’armes.
Les T u rc s , & fur-iout les ’ Janiffairès, portent
à la ceinture un poignard. ( A . R .)
POINTIS ( L o u is d e | Hift. de Fr. ) chef d é cadré
célèbre par l’expédition de Carthagène ou
il eut un plein fuccès en 1697 , 5c dont il a
donné lui-même la relation. L’amiral Leack lui
fit lever en 17 0 4 , le fiège de Gibraltar. Mort en
17 0 7 . .
POIS , ( LE ') Hiß. litt. ) Antoine , Nicolas &
Charles , les deux premiers frères, le troifième,
fils du fécond, neveu du premier, tous trois médecins
; les deux derniers qu’on "appelloit Pij&nës,
& dont on pouvoit dire :
P a t e r & ju v e n i s p â t r e d ig n u s .
partagèrent entre eux les divers objets de la médecine,
& compofèrent diffère ns traités qui for-
moient comme un corps de médecine complet,
dont l’illuflre Boerhave ne dédaigna pas d’être
l’éditeur. Antoine le Pois et oit principalement
Antiquaire-, & on a de lui un Difcoius fur Iss
médailles & gravures a n tiq u e souvrage recherché.
Antoine le Pois êtoit médecin du duc de Lorraine .
Charles I I I , & fon frère , du duc Henri H. Antoine
mourut à Nancy la patrie en 15 78 , fon
frère & fon neveu lui furvécurent.
POISSON d'avril, (Hifi, m ô d .yO n rapporte
trois origines différentes de ce jeu populaire,
iifité tant à Paris que dans la province , le premier
jour de ce mois. Les uns l’attribuent aux
fréquentes pêches que l’on fait d’ordinaire en avril.
Ils prétendént que comme allez fouvent il arrive
, qu’en ' croyant pêeher du poijfon, on ne
prend rien du tout, c’eff de là qu’eff née la coutume
d’attraper les gens flmples & crédules, ou
ceux qui ne font 'pas fur leurs gardes.
D ’autres croient qu’on difoit autrefois pajfion
d3avril;, & que le mot de poijfon a été fubffitué
par corruption. Ils conje&urent que c’étoit une
mauvaife allufion à la paflion de J. C . , & que,
comme le fauveur fut indignement promené ,
jion cependant par dérilion , de tribunal en tribunal,
de là provient le ridicule ufage de fe renvoyer,
d’un endroit à l’autre, ceux dont on veut s’amuser.
On donne enfin au poijfon J avril une origine
plus récente. Un auteur prétend qu’un prince '
Lorraiq que Louis X I I I , pour quelque mécon- j
t entern en t , faifoit garder à vue dans le château
de Nancy, trouva le moyen de tromper fes gardes,
! & fe fanva le premier jour d’a v r il, en traver-
Tant la Meufe à la nage ; ce qui fit dire aux Lorrains
que c êtoit un'poijfon qu!ôn avoit donné à gardef
aux François»,
I POISSON , ( Hifi. htt. mod. ) C’eff le nom d’une
famiile yonee au théâtre, & qui 3 fervi doublement
; la comedie par les taiens : i° . en compofant dans
ce genre des pièces plaifantes ;j 2.0. en jouant très-
plaifamment & ces mêmes pièces & celles des
autres.
Le premier eff Raimond Poijfon , fils ' d’un
j mathématicien célèbre. Louis X IV l’ayant vu
j jouer la comédie en province , le fit venir à Paris
1 & le choifit pour un de fes comédiens ordinaires :
il a briffé la réputation d’un grand a&cur, quoique
1 ce ne fut pas l’avis de Boileau (v o y e z à l’article
Boileau-Defpreaux , le propos que ce grand f'aty-
riquê tint à Louis X IV , en préfence de madame
de Maintenon au fujet de Poijfon qui venoit de
mourir en 1690 ),. C’eff de ce.'premier Poijfon ,
qu’eft la comédie fi connue.du baron de’ la'Crajfe*
Il y en a encore de lui beaucoup d’autres y mais
moins connues entre autres, la Hollande malade',
monument de l’ancienne ivrelfe nationale , & une
de ces bravades que les nations, auffi bien que -
.les particuliers,Te permettant contre.leurs eh-ne-,
mis dans les momens de profpérité., & dont-elles
ont été fi fouvent. punies : oh fait avec quel éclat
la Hollande fe releva de fa maladie dàns la guerre
de la fecceffion , & combien elle devint à fon tour
in {bien te envers la France aux conférences cia
Moërdick, deVoërden, de Boëdgrave,delà Haye
& de Gertruydenberg.
On dit que le rôle de Crifpin eff de l’invention
de- Raimond Poijfon , qu’il avoir imaginé de le
jouer avec des bottines, ufage qui a été adopté
& confacré par fes fucceffeurs, Mais il y auroit
bien des quèftions à faire fur cet article. Qu’eft-
ce qu’un Crifpin ? qu’eff-ce qui diftingue effen-
tiellement celte efpèce de-valet de tout autre
valet? Eft-ce un domeffique efpagnol ? la forme
de l’habillement, plus que le nom , pourrait le
faire penfer ? Eff-ce une représentation fidèle des
valets , tels qu’ils étoient dans un temps où les
" loix ne leur avoient point interdit l’ufage d e l’épée
& des armes, & dans un temps où la néceffité
de marcher beaucoup pour le fervice de leurs
maîtres dans une ville auffi mal - propre & auffi
boueufe que Paris , avoit fait imaginer très-rai-
fonnablement pour euxl’ufage des bottines, ufage
qui s’eft même confervé pour quelques domefti-
ques , tels que les cochérs ?
Le fils aîné de Raimond 'Poijfon- prit, le parti
des armes, fervit comme volontaire, fe diffingua
- fou^ les yeux du roi au fiége de Cambray, en
16 7 7 , & y fut tué.
Paul Poijfon , frère de celui-ci & fécond fils de
Raimond, fut porte-manteau de Moniteur, frère
de Louis -XIV, mais entraîné par les mêmes in;
\
ëlinâtîons 8c les mêmes taiens que fon père , il
monta fur le théâtre , il en defeendit, il y remonta
plusieurs fo is , & le retira enfin à St. Ger-
main-en-Laye, où il mourut en 1 7 ^ .
Philippe Poijfon , fils aîné de Paul Poijfon ,
joua auffi pëndant cinq ou fix ans la comédie avec
beaucoup de fuccès , & il a , comme fon grand-
père Raimond, un théâtre en deux volumes in-12.
L ’impromptu de campagne & le procureur - arbitre,
qu’on joue fi fouvent. à la comédie françoife, font
de lu i, ainfi que le Réveil d’Epiménide , pièce qui
eff encore affe^ connue.' Philippe Poifon mourut
à Paris en 1743 , le 6 août.
Philippe Poijfon eut un frère cadet, François-Arnould
Poijfon de Roinville , qui fut auffi comédien
François ; il débuta le jeudi 2 1 mai 17 22 , par le rôle
de Sofie dans Ârnphytrion, fut reçu le lundi 5
mars 17 25. Il étoit encore au théâtre en 1756. 11
jouofo, comme fon père & fon a y eu l, les rôles
de Crifpin.
Les Poijfon defeendoient d’une du C ro ify , comédienne
de la troupe de Molière & du théâtre
de Guénégaud, & femme de Paul Poijfon.
P o i s s o n étoit le nom du fameux financier
P Bourvalais. ( Voyez B o u r v a l a i s . )
C ’étoit auffi le nom d’un fameux Cordelier, dé~
fini leur-général de tout l ’ordre de St. François, puis
provincial & premier-pèré de la grande province de
France , puifqu’enfin. tous ces grands titres font
à l’ufage des Cordeliers , & puifque les royaumes
ne font'pour eux que-des provinces. Le P. Poijfon-
à eu de la réputation comme prédicateur; il prêcha
Pavent à la cour en 1 7 1 0 ; on a de lui un panégyrique
de St. François d’Afiife ; l’oraifon funèbre
du Dauphin, mort en 1 7 1 1 ', & celle du maréchal
de Boufflers, mort la même année. Il montroit
une grande connoiffance de l’écriture fainte, 8s
pafibit pour en avoir une très-grande du droit
canon. Quoi qu’il en fo it, il faifoit quelquefois
de fes plus refpe&ables connoiffances un emploi
ridicule & burlefque. I l y a de lui une fameufe
lettre paftorale qu’ilxadreffe comme provincial
aux couvents de -fa province de l’un 8ç de l’autre«
fexe. On croit entendre un fouverain adreffer
' fes ordres à fes coopérateurs dans l’achniniffra-''
tion ; il parle des petites cabales obfcures de-
quelques moines dans l’éleftion d’un provincial,'
comme de ces grands intérêts qui ébranlent le:
monde & qui renverfeiit les trônes. « Vous vôus:
n en fouvenez, dit-il , dans le chapitre de Beau-
n vais, le jour n’étoit pointgaffez' pur, il s’élcvoit
17 du côté de la mer, du coeur de quelques vocaux
» fuperbes 8c orageux , de petits nuages' qui ne -pa-
•» Toiffoient, je l’avoue , que de la grandeur du pied
17 d'un homme. ( 3e liv. des rois, chap. 18 , vers. 44)
17 Mais vous ("ayez comme moi qu’on e f dans Us
» périls entre les faux freres. Le ciel pouvoit être
w tout d’un Coup couvert de ténèbres : les nuées-
77 même parurent quelque tems amoncelées; lèvent
• » fe faifoit f en tir & annonçoit unegrande pluié.-. . . .
» Il eff vrai que l’union regna en fouvçraitie dans
» -notre chapitre de Laon : là le concert de toutes
» les voix fut merveilleux, & la feule qui, par.
» une .aigre diffonance, n’entra point dans l’ac-
17 cord raviffant de 52 ftiffrages, n’empêcha point
17 & ne pouvoit empêcher qu’une élection fi ca-
» nonique & fi pleine ne me plaçât à votre tête ».
Le pfeaume Juper jlumina Babylonïs, vient au
fecours du pète Poijfon peur exprimer le bonheur
qu’il a. :eu d’entrer dans l’ordre de St. François.
17 Chère, province-, s’écrie-t-il, qui m’avez .donné
71 la naiffance dans l’ordre Séraphique, princeffe
11 & reine des provinces,^ je vous oublie , que ma
' 11 main droite me foit cachée & inconnue cour toujours,
» que, ma langue s’attache à mon palais, f i je ne
11 me fbuv.iens pas de vous dans tous mes vaux ; f i
11 vos intérêts & ceux de ce couvent refpeéhble qui
11 à cultivé hia jeuneffedans fon fein, au milieu de
11 cette ville royale , ne font pas les grands objets de
11 mon coeur ! . . . une.occupation incompatible avec
» le gouvernement de notre province, me pof-
?> fédoit alors tout entier : permettez que j’en
11 abandonne le fouvenir, il nourriroit trop déli»
7Y cieufement chez moi la vanité humaine n.
Cette occupation eff qu’il prêchoit alors avec
un fuccès, dont, comme Maffillon le difoit de lui-
même en pareil c a s, -il paroît que le diable lui
avoit parlé avec affèz d’éloquence.
An chapitre de Mantes tout étoit changé. « J ’y
» voyois , félon les expreffions d’Ifaie, de nou-
» veaux cieux & une terre nouvelle. Nouveau
11 ciel fans le,moindre n u a g e t o u s les affres qui
j? y étoient attachés, concoururent à former le
» plus beau jour. Pouvois-je méconnoître la voix
jj de Dieu dans celle de 55 éleâeurs, qui com-,
jj pofoient tout le nombre des organes de l’efprit
jj faint ? Terre n o u v e l le . .... le cri de votre
17 amitié , répété pour la troifième fo is , entra
» jufqn’au fond de mon ame , & l’emjporta fur
jj mon penchant pour la retraite. C’eft. ainfi que
17 j ’ai préfenté mes. épaules fous le fardeau dont
jj j n fuis chargé, .& que vous m’avez arraché du
. jj commercebde ces illuftres morts qui vivent dans
jj nos bibliothèques, ®ù je rentrerai jufqu’au tom-
jj beau , après les années de mon miniftère.
Le P. Poijfon dit formellement que dans fon
élection le Saint-Efprit éft defeendu fur les pères
Cordeliers , Joui, la figure de langues de feu.
I l expofe quelle a été fa conduite à l’égard des
religieufes de fon ordre & foumifes à fon autorité.
a Quelquefois-, dit-il , j’ai payé à leur vertu
jj le tribut de louanges qu’elle mérite. Je les ai.
: jj: encouragées à la vue de l’époux qui. les réveille,
jj qui les rejfufcite fans ce f s fous le pommier ( Can-
jj tiq. des eantiq. chap. 8 , vers. 5.) D’autres fois
, jj pour leur infpirer une vigilance & une crainte
jj falutaires , je leur ai montré autant de vierges
jj folles que de vierges fagê.s, autant de lampes
jj vides que de lampes pleines, dans la parabole
jj de l’évangile. Je leur ai d it, à la vue même