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les marquis 8c comtes de Mirabeau; de -l'autre
les comtes de Caraman.
1°. Branche de Mirabeau.
Pierre fut le trifayeul de Jean, fèigneur de Mirabeau
, qui époufa en 1564 Mai guéri te de Glandevez*
fille d’une Doria de Gênes. Il fe jetta dans Mar-
ie ilie / quand le fameux Mouvens , (Voyez fon
article) un des chefs proteftans, voulut furprendre
cette place; Mirabeau le battit 8c le repouffa..
Mouvens alla s’en venger à Seine fur le maufolée
de Pierre Riquety , & fur l’hôpital, qu’il détruifit
en partie.
Thomas, petit-fils de Je an , marquis de Mirabeau,
fervitau fiége de la Rochelle & à la reprife
des îles de Sainte-Marguerite. Bruno , fon petit-
fils , comte de Mirabeau, officier aux Gardes, fe
iignala dans dix-fept fiêges de tranchée ouverte.
Jean-Antoine, coufin-germain de Bruno, &
marquis de Mirabeau, fut bleffé à la bataille de
Caflano, & refia eftropié des deux bras. Il époufa
en 1708 Françoife de Caftelane, 8c fut père de
V iâ o r , marquis de Mirabeau, premier baron du
Limoufin.
Celui-ci eft l’auteur de l'Ami des hommes,
11°. Branche de Car aman,
Pierre-Paul de Riquet, feigneur de Bonrepos,
ne l e .............. fut un de ces génies rares, dont les
fpéculations ne fe bornent pas au bonheur de leur
famille, mais qui ont la paffion d’être utiles à
leur patrie ; ainfi la commumcation de la mer médi-
terannée avec l’océan , qu’il conçut avant l’année
1660 & qu’il commença en 16 67 , fut achevée en
l6 $ l par fes foins , & par le courage infatigable
qui lui fit furmonter des obftacles invincibles en
apparence.
Il mourut le premier o&obre 1680, un an avant
que le canal fût navigable dans route fon étendue.
Cet homme extraordinaire, & qui réunifiait les
plus grandes vertus aux talens naturels qui l’avoiènt
fait naître géomètre, a eu le bonheur de quadrupler
les avantages de l’agriculture 8c les richeffes
de la partie méridionale du royaume. En effet le
furplus des denrées de première néceffité, dont
la Guyenne, le Languedoc & la Provence abon-
doient, n’avoit de débouchés que par les ports
qui fe tro.uvoient fur les côtes; mais il nîexiftoit
aucune communication intérieure qui ne coûtât
de grands frais ; l’agriculture languiffoit conféquem-
ment faute de débit, & le propriétaire pauvre ne
pouvoit faire les avances néceffaires au défrichement
des terres incultes, de forte que le terrein le
plus fertile ne produifoit pas le quart des richeffes
dont il étoic fufceptible.
Dès que Riquet eut ouvert la communication
des mers, une aâ ivite , qui a toujours augmenté
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progrefiîvement, a rendu la culture de ces provinces
la plusparfaite de l’Europe. Les pays de fables
& de rochers ont été améliorés ; des travaux dispendieux
8c des engrais abondans ont vivifié les
terreins les plus arides; les hameaux font devenus
des villes , 8c les bourgs ont été changés en villes
commerçantes; Marfeille, Cette & Bordeaux fe
font communiqués intérieurement, 6c la circulation
de leur commerce, a l’abri’ des ©rages &
des guerres de mer, a été auffi continue qu’économique.
On peut juger de l’avantage de cette communication
par les calculs fuivans :
Les barques du.canal de communication des mers
en Languedoc portent aétuellemenr jufqu’à 2,000
quintaux fur 61 lieues de p'ofte.
De Touloufe a 1 étang de Th au , on compte
122,446 toifes, qui font environ 61 lieues de pofie;
1 économie du tranfport de 2000 quintaux de Tou-
- loufe à Agde , par le canal fur la route de terre,
eft de 6400 liv. environ; on fait tirer une barque
de ce poids par deux ou trois cheVaux, tandis
que par terre il faudroit cinquante charrettes.,
attelées chacune de quatre chevaux pour le même
objet.
Ce calcul donne une idée des avantages dus
au génie de M. de Riquet; auffi M. le maréchal
de Yauban ayant été chargé d’examiner cet ouvrage
, M. de Riquet l’accompagna dans fa vifite;
mais étant arrivé au réfervoir de Saint-Ferriol,
il sapperçut que M. de Vauban redoubloit d’attention,
ce qui l’inquiéta beaucoup; il lui demanda
le Jujet de fes réflexions. M. de Vauban répondit
quil manquoit a ce grand ouvrage une chofe
effentielle qui avoit été oubliée; & après avoir
i / Uiun peU- deI,emb^rras de de Riquet, M.de
Vauban ^finit par lui dire avec grâce que l’on
auroit du placer à cet endroit la ftatué de l’homme
îiluftre qui avoit conçu & exécuté un projet auffi
grand que celui du canal de Languedoc. Cette
réponfe tranquillifa beaucoup M. de Riquet, qui
craigooit que fes ennemis n’euffent prévenu M. de
Vauban contre lui.
Depuis la mort de l’auteur du canal, fes fuc-
ceffeurs qui ont toujours fervi le roi avec zèle dans
les premiers grades militaires & dans les premières
charges de Ta magifiraturé, ont porté le canal à
la perfection par plus de deux millions d’améliorations
, 8c par une recherche fuivie dans fon
entretien , qui rend cet ouvrage un des plus beaux
comme un des plus utiles à la France en particulier,
Sc au commerce en général. {A . F .)
( On fait que MM. de Caraman defeendent de
M. de Riquet, entrepreneur & exécuteur de cet
important 6c utile canal, qui lui-même defeendoit
de Reynier , arrière-petit-fils de Pierre de Riquety ,
établi en Provence fous le roi de Naples, Robert.
M. le comte de Caraman, grand-oncle de M» le
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comte de Caraman d’aujourd’hui, a obtenu de i
Louis XIV la diftin&ion la plus honorable pour
une a&ion qui feroit, d’elle-même 6c indépendamment
de la récomperife, la diftinâion la plus
honorable. Nous ne pouvons mieux la faire con-
noître qu’en rapportant en entier les provifions
fuivantes, où le fait eft parfaitement expofé dans
tous fes détails.
P r o v i s io n s de Grand1 Croix de l'ordre de S . Louis,
accordées par S . M, le roi Louis X 1F a M. le
comte de Caraman, Lieutenant--Général de fes
armées, pour une action dijîinguée,
» LO UIS, par la grâce de Dieu, roi de France
i> gc de Nava rre , chef fouverain, grand-maître ;
« & fondateur de l’ordre militaire de S. Louis : j
11 à tous ceux qui ces préfentes lettres verront;
n Salut : bien que par l’édit de création de notre
» ordre militaire de S. Louis , il y ait été ftatué
» que lés grand’eroix ne pourront être tirés que
» d’entre les commandeurs, nous avons eftime
jj devoir pafler par-deffus cette règle en faveur de
s» notre très-cher ôc bien-amé le fieur de Caraman,
»» chevalier dudit ordre, l’un de nos lieutenans-
» généraux en nos armées ; 6c fans attendre même
J» qu’il y eut de grand’eroix vacante, l ’élever à
j> cette dignité , afin de le récbmpenfer, par cette
» marque de diftinftion, du fervice important 6c
v recommandable qu’il vient récemment de nous
» rendre au combat de Wange, o ù , avec onze
*> bataillons, il a foutenu tout l’effort d’une nom-
w breufe armée, 6c affuré, par ce moyen , la.
» retraite de trente-cinq de nos efeadrons : il
» avoit d’abord rangé fes, onze bataillons fur deux
» lignes; fa droite appuyée aux haies voifines
» du village de Wange, que les ennemis -occn-
m poient, 6c par le feu dé cette infanterie 6c de
w cès onze compagnies de grenadiers poftés a la
» tête des haies, a réfifté pendant un temps c©n-
» fidérable, 6c même pouffé vigoureufement celle
» des ennemis. Il fut obligé enfuite de fe dépofter
v & de s’avancer dans la plaine pour couvrir
» notre cavalerie, 6c lui donner le temps de fe
» rallier, comme elle le fit ; mais enfin, voyant
jj qu’elle étoit obligée de céder à l’exceffive fupério-
» ritè du nombre de celle des ennemis, ce fut dans
>> cette ©ccafion qu’il fut glorieufement prendre fon
» parti, puifqu’au lien de fe tourner vers la droite
»> où les haies rendoient la retraite de fon infanterie
» auffi affurée que facile, il ne crut pas devoir
» abandonner notre cavalerie, de forte quil n héla
fita pas à marcher au milieu d’une plaine dé-
» couverte où il n’y a ni ravin ni buiffon , 6c
» ayant fait mettre tous ces bataillons enfemb'e,
» les drapeaux dans le centre, il fe fit jour, par
» le feu de la moufqueterie 6c les baïonnettes au
» bout du fufil, au travers de plus de quatre-
*> vingts efeadrons ennemis, fui vis 6c foutenus de
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» toute l’infanterie de leur armée; 8cmalgré même
» plufieurs décharges de canon qu'il eut à elTuyer ,
» il traverfa la plaine fans que les ennemis aient
» pu l’entamer. Cette retraite, l’une des plus glo-
r> rieufes qui fe foit jamais v u e , ne marque pas
« moins la capacité du premier ordre dans le chef
» qui l’a conduite, qu’une fermeté intrépide 6c
» un véritable zèle, pour le bien général de l’état ; &
» comme un fervice fi fignalé nous rappelle encore
« tous ceux qu’il nous a rendus depuis plus de
» quarante ans qu’il entra en qualité d’en feigne
» dans le régiment de nos Gardes-Françoifes, 8c
» nous fait agréablement fou venir qu’il s’eft acquitté
» de tous les commandes]ens divers qui lui ont
jj été confiés d’une manière qui nous le fait con-
» fidérer depuis long-temps comme' un des meilleurs
» officiers généraux que nous puiffions avoir dans
j>' nos armées dé terre, nous avons été bien aife ,
» à l’occafiôn de fa dernière aélion , dé lui donner
jj un témoignage éclatant de là laiisfaction que
v nous avons des fervices & de l’eftime particu-
jj lière que nous faifons de fa perfonne. À ces
jj caufes , 6c autres à ce nous mouvant, Nous
jj avons, à notredit très-cher 6c bien amé le fieur
jj dé Caraman, accordé 6c accordons, par ces pré-
jj fentes fignèes de notre main, la première place
» vacante de grand’eroix dans l’ordre militaire de
» S. Louis , du nombre des fept, deftinées pour
jj les officiers de nos armées de terre ; voulons
» qu’en attendant ladite vacance, 6c dès à prèfent,
u il prenne le titre 6c qualité de grand’eroix ; que
jj comme tel, il porte la croix arec le cordon large
jj en écharpe, comme auffi une croix en broderie
jj d’or, tant fur le jufte-au-corps, que fur le manteau ;
» qu’il jouiffe de tous les autres honneurs attri-
» bues à ladite dignité, 6c luccèdc à la penfion
jj de fix mille livre s, attachée à la place de
jj grand’eroix qui viendra à vaquer, fans qu’il y
*> ait befoin d’autre permiffion que des préfentes ,
jj par lefquelles nous l’avons fait, conftitué, or -
jj donné 6c établi,.faifons, conftituons, ordonnons ,
» & établiffons grand’eroix dudit ordre militaire
» de S. Louis, ayant, pour cet e ffet, dérogé k
jj l’édit de création dudit ordre, pour ce regard
jj feulement. Fait à Verfailles le dix-huitième jour
jj de juillet mil fept cent cinq, 8c de notre règne
m le foixante-troifième. Signé LOUIS. Et plus bas ,
» par le Roi * Chamillard. *
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R IT E S , ( tribunal d e s ) Hiß. moi.) C’eftu«
tribunal compOfé de mandarins 8c de lettrés Chinois,
dont la deftination eft de veiller fur les
affaires qui regardent hureligion, & d’empêcher
qu’il ne s’introduire dans le royaume de la Chine ,
les fuperftitious 6c innovations que l’on voudroït
y prêcher. Ce tribunal e ft , dit-on, prefque auffi
ancien que la monarchie; les mandarins qui &
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