
tendant fss talens inutiles, il fe transporta dans
la Crète pour fe perfectionner dans l’art militaire
; à fon retour dans fa patrie , il fut nommé
général de la cavalerie ; ce nouveau grade le
mit dans l’exercice de fes talens. La difcipline
militaire fut mife en vigueur , tous les citoyens
.devinrent foldats ; les infra&euts furent punis
avec Sévérité, 8c l’obfervation des devoirs fut
.récompenfée par les mêmes diftin&ions dont on
lionore la valeur. Le changement qu’il fit dans
l’armure du Soldat, le nouvel ordre de bataille
.qu’il établit, les rangs devenus plus Serrés 8c .
plus difficiles à rompre , affurèrent la Supériorité
aux Athéniens Sur tous les peuples de
la Grèce. Général Sc légiflateur , il fit des
loix Somptuaires pour réprimer le luxe qui arno-
liffoit les courages : Sa Simplicité 8c Son définté- |
reffement donnèrent de la force à Ses loix ; 8c j
il établit dans la Société civile une difcipline auffi j
.auftère que celle du camp ; mais il laifia fub-
fifter dans l'armée un certain luxe militaire qui
lui parut nèceflaire ; il voulut que tous les équipages
fufTent riches & magnifiques : chacun fe
livra à l’ambition d’avoir les plus beaux chevaux
les plus belles armes : il crut, comme Céfar
& Plutarque, que cette pompe militaire éioit
propre à élever le courage du foldat, & à lui
donner une plus haute idée de lui-même ; on
eonServ-e avec Soin ce qu’on chérit. Il fut le
Seul qui ne participa point à ce luxe ; toujours
Simple ôc négligé, il dédaigna les ornemens qui
pouvoient déguifer l’irrégularité de fes traits ; Sa
phyfionomie étoit baffe 8c ignoble : la nature
avoit tout épuifé pour former fon ame : il en
fit l’expérience un jour qu’il fut invité à un
Seftin, chez un de Ses amis , dont la femme jugeant
à Ça figure qu’il ne pouvoit être que d'uné
yile condition, lui dit : Garçon, foyez bon à
quelque chofe. aidez-moi à faire la cuifine ; le
philoSophe guerrier, Sans fe Sentir humilié., fè
itnit à fendre du bois : Son ami ‘étant Survenu,
Récria avec étonnement : Seigneur Philopemen,
que faites-vous-là ? je paie , repondit-il, l’intérêt
de ma mauvaife mine.
Les A cilée^ s Fayant élu pour leur générai,
SI Se montra bientôt digne d’occuper ce premier
grade de la milice , par la défaite des Lacédémoniens
dans les plaines de Mantinée. Les fuyards
qui a voient cru trouver un afyle dans Tègée ,
furent ou mafta.crés , ou faits efclaves, lorfque
çette ville eut été prîfe d’affaut. Le tyran Ma-
«çanidas fut tué dans la chaleur du combat : cette
yiftoire rendit la Supériorité aux Achéens qui,
pour immortafiSer leur reconnoiffance, érigèrent
jine ftatue de bronze à leur général, qui reçut
encore un hommage plus flatteur dans la célébration
des jeux' JNéméens : il parut Sur le
(théâtre accompagné de la jeuneffe belliqueufe qui
iCompofôk Sa phalange , dans le temps que le
Pilacte ^.hanteit ces vers ; C’efi moi yui
couronne vos têtes des fleurons de la liberté. Tous les
Spectateurs fixèrent leurs regards fur Philopemen ;
& un grand battement de mains fut le témoignage
non fufpeét de l’amour public pour ce
héros.
Nabis, fuccefleur de Machanidas , le furpaf-
foit encore en cruauté ; fléau de l’bumaniié , il
en étoit devenu l’exécration. Les Achéens,.pour
délivrer la Grèce de ce monfire, lui déclarèrent
la guerre, & Philopemen fut nommé général ; la
valeur trahit fa pr. dence dans une bataille nav
a le ; mais prompt à réparer Ses pertes , il fe
préfenta devant Sparte, & remporta une grande
vi&oire Sur le tyran , qui Sut contraint de Se
tenir enfermé dans la ville Le defor.'re ou l’àvoient
jette les différentes fa ions donna à Philopemen
la facilit- d’y ent er avec un Corps de troupes;
auffitôril convoque l’affemblée , & perfuade les
Spartiates qu’il eft de leur intérêt d’embraffer la
querelle des Ac éens : cette a dion qui le coti-
vroit de gloire , ferait encore à faire éclater font
définrèreffement ; les Spartiates lui firent préfent
de vingt talen> qu’il eut la générofité dé refufer.
Cette alliance fut bientôt rompue par lés intrigués
de lafadion turbulente dé Nabis. Les Achéens
offenfés de cetté perfidie , fe préparèrent à la
guerre ; Philopemen à la tète d’une armée fe prér-
fenta devant Sparte , étonnée de fa célérité"; il
exigea qu’ôn lui livrât les artifans des troubles;
étant enfuite entré dans la ville , il en fit fortir
les foldats étrangers qui en troubloient la tranr
quillité. Les murs furent démolis, 8c les loix de
Lycurgue furent pour jamais abrogées.
Ce fut dans ce tems-là que les Mefféniens Se
détachèrent de la ligue des Achéens : Philopemen.
fe mit à la tête d’une armée pour les punir de
cette infidélité ; il étoit alors âgé de Soixante ans,
& il avoit encore tout le feu de la jeuneffe : le
combat s’engagea Sons les murs de Meffène,
l’adion fut vivement djfputée : Philopemen s’y
furpaffa lui-même ; il auroit fixé la fortune du
combat, s’il ne fut .tombé de cheval couvert de
bleffures. Les Mefféniens le chargèrent de fiers,
& le jettèrent dans un fombre cachot. Quelques
jours après ils le condamnèrent à terminer fa vie
par le poîfon ; il fe fournit fans murmurer à fon
arrêt, il prit la coupe empoifonnée avec la même
tranquillité qu’il aufoit bu une liq.ueur délicieufe ,
6c il mourut quelques moinens après.
Les Achéens ne laiffèrent point cette atrocité
impunie, ils entrèrent dans la Meffénie, déterminés
à en faire le tombeau de fes habitans. Tous
les auteurs de la mort du héros expirèrent dans
'les fupplices auprès de fon tombeau : on lui fit
des obfèques magnifiques; fes cendres furent transportées
à Mégap.olis où il avoit pris naiffance. La
pompe funéraire reffembloit à la marche d’un
triomphateur ; toute l’armée fuivoit le convoi,
8c les habitans des villes 8c des villages s’em-
pieffoient Sur le paffage pour y jetter des fleurs.
L ’année de fa mort fut encore remarquable par
la mort de Scipion 8c d’Annibal. ( T — n I )
PH ILO STO RGE , (Hïft. lin. & eccléf. anc. )
Iliftonen eccléfiaftique Arien ; on a de lui un
Abrégé de l'Hiftoire Eccléfiaftique , où Saint Athaiiafe
& les Orthodoxes Sont maltraités. Henri de Valois
-8c Godefroy en ont donné des éditions, 8c celle
de ce dernier contient de Savantes differtations de
l’éditeur. On attribue auffi à Philoflorge un livre
contre Porphyre. Philofiorge vivoit"vers l’an 588.
PH ILO ST R A T E , ( Hifi, litt. anc. ) fophiffe 8c
rhéteur, enfeigna d’abord à Athènes , puis il vint
à Rome Sous l’empire de Septime Sévère ; il eft
célèbre par fa vie d’Apollonius de Thyane , dont
on parle fi diversement, mais qu’on lit. Ses quatre
livres de tableaux ont été traduits en françois. On
a plufteurs éditions in-fol. des OEuvres de Philoftrate.
Un neveu de P kilo ftrate, du même nom , 8c
qui vivoit du temps de Macrin 8c d Heliogabale ,
a écrit les Vies des Sophifles..
PH ILO T A S , (voyez Parménion. )
PHILOXÈNE , ( voyez Denys. )
PH1N Ê E S , ( Hift. fàcr. j fils d’Eléazar 8c petit-
fils d’Aaron , qui tua le juif Zarpbri 8c la madianite
Cozbi..Son hiftoire eft rapportée , au livre des
nombres , chap. 25 8c il <rft encore parlé^ de
Plimées, chap. 3 1 du même livre. Voyez d’ailleurs
l’article Zambri. (Voyez auffi l’artide : Petit
(Je an. )
P H L
PHLÉGON , ( Hifi. litt. anc.y furnommé Tral-
lien , parce qu’il étoit de Tralies en L yd ;e , affranchi
d’Adrien-, vécut.jufquau temps d’Anronin
g long-tems; des armées mutinées étoient en pofi*
| fefliorr de porter un Soldat Sur le trône ; ce qui
: diftingue Phocas de la foule des tyrans, c’eft la
barbarie infoienre 8c abomin .ble dont il ufa envers
Pie. On n’a qu’un fragment de Son Hiftoire des
Olympiades , qui étoit divifée en Seize livres; on
prétend que dans le 13e. 8c le 14 e ., il parloit
des ténèbres miraculeufes qui fe répandirent Sur
la terre à la mort de J . C. On a encore ce lui
un traité des chofes merveilleujes, 8c un fu r ceux
qui ont long-temps vécu.
P H O
PHO C A S, (Hift. du bas-Empire. ) Soldat Séditieux
, empereur barbare^ né en Gappadoee d’une
famille obfcure , d’abord écuyer de Prifqiie, général
del’empereur Maurice, il-parvintau grade
de Centurion , 8c c’étoit beaucoup pour lu i,
Un chétif centenier des troupes de Myfie
Qu’un gros de mutinés élut par faataifie",
dit Pulchérie dans Héraclius. Ces révolutions n’é-
toient que trop ordinaires dans l’empire depuis
Maurice , Son empereur , 8c envers toute
la famille de ce malheureux prince. Maurice avoit
été un grand capitaine avant de régner , il Sut
un médiocre empereur Sur le trône, il fut un
héros à Sa mort, il n’avoit Su, ni Ce faire obéir,
ni Se faire aimer ; il y avoit eu pluficùrs fois
contre lui des foulèvemens à Confiai.tinople, &.
des féditions à l’armée;celles-ci avoient été prefque
toujours excitées ou entretenues par Phocas ,
il en recueillit le fruit ; les foldats Relèvent fut
un bouclier, le proclament général, il les mene à-
Conftantinople. Maurice abandonné tombe entre
fes mains avec fes cinq fils Tibère , Pierre , Paul r
Juftin 8c Juftinien. Ce malheureux père avant
de mourir par la main du bourreau, leur vit tran-
. cher la têts à tous , 8c tout couvert de leur Sang,,
8c frémiffânt à chaque coup de bâche, il s’écrioit',.
dans fa réfignation chrétienne 8c Su b lime : Fcrts*
êtes jufie , Seigneur , & vos jugerntns font équitables.
Il tendit enfuite la tête aux bourreaux , 8c reçut
le coup mortel avec intrépidité, le 27, novembre
602. Leurs têtes plantées fur des pieux furent
expofées aux infu.ltes des foldats & aux regards-
du peuple. Baronius rapporte que la nourrice cur
dernier des fils de Maurice , encore au berceau,
ayant livré fon propre.fils pour, fauver le-jeune
prince , Maurice avertit les bourreaux • de Cet
échange , difant qu''il fe rendroit complice d ’homicide,,
s'il acceptoit ce facrifice & lui fiait périr un enfant
étranger pour fou ficaire le fiien à U exécution de l ’arrêt'
prononcé par la providence contre fa famille : c’eft
fur ce fait que Corneille a conftruit toute la machine
de fa pièce ; c’eft cette nonrrice qui eft*
devenue fa Léontine. Au refte, il avertit lui-même-
qu’il n’y a de conforme à l’hiftoire dans fa tragédie,
que l’ordre de la fucceffion des empereurs'
Tibère, Maurice , Phocas 8c Héraclius. Il reftoit en--
core un fils de Maurice,8c c’étoit l’aîné, Théodofeyil
s’étoit retiré dans une églife,oùil efpéroit être en fureté
fous la garde de L-ien, il fut arrarché de l’autel &
traîné au fupplice.L’impératriceConftantine fa mère-
8c fes trois filles , eurent auffi la. tête tranchée en:
607 à Calcédoine. Phocas s’abreuva de fang,.
fon règne fut une fuite de maffacres 8c de cruautés
; des conjurations naiffoient de toutes parts ,
elles étoient étouffées dans le fan g 8c renaiffoient-
fans cefle. Tout ce que Burrhus prédit à Néron,,
arriva pour lors à Phocas.
Il vous1 faudra, feig-neur , courir de crime en crime j-
Soutenir vos rigueurs par d’autres cruautés
Et Iaver'dans le fang vos bras enfanglantés;
Hritannicus mourant excitera le zèle'
De fes amis tout prêts-à prendre fa querelle;
Ges vengeurs trouveront de nouveaux défenfeurs ,
Qui même 'apres leur mort auront-des fcc«fleurs».