
j ußino ~am elli, ouvrage rare & curieux , enrichi
de figures.
RAMESSÈS. ( Hiß. d'Egypte.) C ’eft b nom de
plufieurs rois d’Egypte ; on croit que c’eft un des
princes de ce nom qui fit élever à Thèbes en Egypte,
( qui eft la fanreufe Thèbes aux cent portes ) cans
le temple du foleil, un magnifiqueobéïifque de cent
trente-deux pieds. L’empereur Conftamin en 3 3 4 '
le fit tranfporter à Alexandrie ; dix-huit ans après,
l’empereur Confiance, fon fils, le fit tranfporter
à Rome. Les conquérans barbares fe plaifent dans
la deftruélion ; quand les Goths prirent & facca-
gèrent Rome en 409, ils renversèrent cet obélifque
, il fut rompu en trois morceaux, & refta
enfoncé fous terre. Le pape Sixte Quint, cruel,
mais ami des arts , déterra ce beau monument,
& le fit élever dans la place de Saint-Jean de
Latran, 0Î1 il eft exppfé à l’admiration publique.
RAM 1RE ï , roi d’Aragon , ( Hiß., d’Efpagne. )
I l faut fans doute avoir des talens fupèrieurs,
des grandes qualités pour conferver & illuftrer
tin trône récemment érigé: car, il eft aufli difficile
de régner avec gloire” fur une monarchie
qui vient d’être fondée , 6c qui par cela même,
3 pour ennemis toutes les pùiffances voifines,
que de tenir avec fuccès les rênes d’un état tombé
en décadence, 6c menacé de toutes parts d’un
bouleverfement prochain. Ramire, cependant, alla
plus loin encore que fit nation ne l’efpéfoit de fa
valeur & de fon habileté : non*fèülemènt il rendit
chère à fes peuples l’autorité royale , à laquelle
iis n’étoient point accoutumés ; mais il eut
encore le bonheur d’ajourer plufieurs provinces
à fon nouveau gouvernement, & de. former de
TAragon , l’un des plus étendus & des plus beaux-
royaumes de l’Efpagne entière.Don Sanche le grand,
roi de Navarre, dans le partage qu’il fit à fes
en fans, des différens étars qu’il pofledoit, foit
-à titre de royaume, lolt à titre de fouveraineté,
lai fia à Ramire, fon fils , que-, fuivant plufieurs
hiftoriens, il avoit eu d’une maîtreffe , TAragon
qui n’étoit alors qu’une principauté affez peu étendue
, qui ne confiftoit que dans cette petite
contrée qui porte encore , de nos jours , le titre
de comté d’Aragon, & qui ne formoit tout au
plus , que la huitième partie de ce pays, que
l’on appelle^ aujourd’hui l'Aragon. Don Sanche
donna en même tems, à don Gonçale , l’un de
fes autres fils , les comtés de Sobrarve & de
Rebagorce, avec le titre de ro i, dont il venoit
également de décorer Ramire, qui prit poffefiàon
de fon petit état & de fon trône en 10 35 . Environ
une année après, le nouveau fouverain
époufa la jeune Ermifinde, fille de Bernard ,
comte de Bigorre , qui pafloit pour la plus
te lle perfonne de fon fiècle. La puiflance de
Ramire s’accrut par ce mariage ; elle s’accrut bien I
plus encore par un événement imprévu, qui |
recula de beaucoup les frontières de fa fouvç^
raioefé. Don Gonçale, fon frère, fut tué d’un
coup d’épée à la chafle, par. l’un de fes domefti-
ques ; on ignore à quel fujetuGcnçale ne laiflbit
point d’enfans, & les peirple$s de Sobrarve & de
Ribagorce, reconnurent pour leur prince, Ramire
q u i, au moyen de cette proclamation, ajouta
aux pofle fiions qu’il tenoit de fon père, toute
cette partie du royaume d’Aragon qui eft au nord
de l’Ebre. La fucceftion de Gonçale le rendit fi
puiffant, & d’ailleurs fa valeur l’avoit rendu fi
redoutable, que les rois Maures de Sarragofle,
d’Huefca & de Tud ele, craignant de l’avoir pour
ennemi, fe hâtèrent de lui demander fon amitié,
de s’engagèrent à lui payer un tribut annuel. La
fotimifiîon de ces princes & l’aggrandiffement de
fon royaume enflammèrent l’ambition de Ramire;
il s’oublia , & le defir de conquérir l’emportant"
fur le refpeft qu’il devoir à la mémoire de fon
père , & fur les fentimens qu’il eut dû conferver
pour fon frère don Garde , rei de Navarre , il
fe ligua avec les trois rois mahométans , & fuivi
d’une armée nombreufe , il alla faire une irruption
fur les terres de Navarre, & mit le liège
devant Tafalla. Les habitans de cette place fe
défendirent avec tant de valeur , que leur réfif-
tance donna le temps à don Garde de raflem-
bler fes troupes, à \ la tête defquelles il vint
inopinément fondre, pendant la nuit, fur l’armée
de fon frère , qui fut mife en déroute , &
en partie maflacrée. Don Garcie, juftemefit^ir-
rité, ne fut point fatisfait de cette éclatante vïéioire,
& profitant de la terreur qu’il avoit infpirée à
fes ennemis, il fit lui-même une irruption dans
les états de fon frère , qu’il contraignit d’aller
chercher un afylè dans les montagnes dé Sobrarve ,
6c s’empara d’une partie de TAragon ; ce royaume
entier eût vraifemblablement palTé fous la domination
du vainqueur, fi Ramire ne fe fût hâté
de reeonnônre fev torts, & d’employer la clémence
de fon frère, qui, par la médiation de quelques
évêques, voulut bien pardonner au roi d’Aragon,
6c lui reflit.uer même toutes les places dont il
s’étôit rendu maître, & le pays qu’il avoit conquis.
Depuis cette époque, les deux rois vécurent en
bonne intelligence, & celui d’Aragon, . c rrigé
de fon ambition, ne parut plus tenté de faire d’in-
juftes conquêtes. Mais la puiflance Sc le cara&ère
guerrier de don Ferdinand, roi de Léon, lui inf-
pirant des craintes ainfi qu’à don Sanche, roi de
Navarre, fils & fuccefleur de don Garcie, l’oncle
& le neveu firent, contre le fouverain dont ils
redoutoi- nt les projets, une ligue défenfive. Ramire
étoit âgé ; il fit fon teftament, & croyant
que le plus sûr moyen de fe rendre le ciel favorable,
étoit de tuer tout autant d’infidèles qu’il le pour-
roit, il fit par dévotion la guerre aux Maures,
& prit fur eux Lohavre , place importante, fituée
à trois ou quatre lieues d’Huefca, 6c l’annexa
à fon royaujne. Il fufpendit potgr quelque temps
fes hoftilités, & alla tenir un concile à Jacca \
dans lequel il fut fait beaucoup de réglemens cqn-
cernant la difcipline eccléfiaftique , 6c quelques
loix utiles fur Tadminiftration c ivile, & le roi veilla
avec beaucoup de foin pendant trois ans de calme
à Tobfervatîon. de ces le ix , ainfi qu’à tout ce qu’il
penfoir devoir concourir à aflurer la tranquillité
publique. Don Ferdinand, roi de Léon, enflammé
aufli d’un beau zèle „faifoit une guerre cruelle aux
Mahométans ; la fituation gênée de ceux-ci réveillant
les anciens fenûmens de dévotion dans
l’ame de Ramire, il fe mit, quoique- affoibli par
l’âge, à la tête de fes troupes, & alla former le
fiège de Grao qui appartenoit au roi de SarragolTe.
Ce prince Maure, vaflàl & tributaire.du roi de
Léon, implora le fecours de fon fuzerain, mais-
en l’abfence de Ferdinand, qui parcouroit alors
les provinces méridionales de lès états , don Sanche
fon fils, accompagné du célèbre Cid, vola au fecours
du roi de Sarragofle, livra bataille aux afliégeans
4e Grao, les mit en déroute, 6c remporta fur
eux uue illuftre viéïoire , malgré les efforts héroïques
de Ramire / , qui, accablé par le nombre,
mourut les armes à la main en 10 6 3 , après un
régné d’envifon 28. ans. Ce roi fe fignala beau*
coup plus par la fa «elfe de fes loix 6c par fon.
hdO.ieté dans l’art de gouverner les peuples, que
par l’éclat de fa valeur qui lui avoir pourtant acquis
beaucoup de célébrité. Il iè diitingua aufli
par fa piété , par fon zèle pour la religion , 6c
fur«-tout par fa déférence au S.,Siège qui, fuivant
plufieurs hiftoriens, lui valut de la part du pape J
Grégoire V I I , de titre de roi très chrètien.(£. C. )
Ramire I I , roi d’Aragon, ( Hijîoire d’Efpagne.). )
Une couronne eft ,aufli pour ia tête d’un vi ux
moine un fardeau trop pelant, 6c ce fut en Ramire
I I une inexcufable folie d’accepter un feeptre
que fes débiles mains n’étoient point en état de
tenir; cr.oifieme fils de Sanche j, roi d’Aragon 8c
de Félic-ie ,.ji avoit été dans fon . enfance offert >
par le roi fon père, qui peut-être avoit démêlé
l’incapacité de fon f i s , à l’abbaye de Sainc-Pons
de Tomières pour y être moine, & il étoic bien
/ait pour ce genre de vie qu’ il n’eût pas dû quitter.
Il fut élevé ,fous les yeux & par les foins de
l’abbé Frotrard , on .le. crut affez pieux pour être
promu,au facerdo.ee, -& aptès avoir reçu l’ordre
de prêtrife, & avoir fait fa profelïion de moine
dans l’abbaye de Tomières, il fut, diferi-t quelques
hiftoriens, nommé fucceflivemen< abbé de Saha-
gun , évêque de Burgos, puis évêque de Pam-
peluné, &. enfuite de Balbaftro. Ces faits, ne fon t
rien moins que prouvés ; mais il eft afltiré qu’il
végètoit pieufement en qualité de fimple-moine,
dans le monaftère de Saint-Pons, de Tomières,
quand don Alphonfe le Batailleur, fon frère, rpi,
d’Aragon 8c de Navarre jj venant ;à .mourir fans
enfans, 6c ayant fort ftupidement Ir.ilTé ^our héritiers
de tous les états les Templiers ,.lei chevaliers
de Saint-Jean de Jérufalem & les gardiens du faint
fépulcre, les Navarrois & les Aragonois, fans
égard pour ces difpofirions, s’affemblèrent à Borja ,
fur les frontières des deux royaumes, pour procéder
à l’éledion d’un roi. Il y eut tant de cabale,
de divifion & de méfintelltgence dans cette
affemblée, que les Aragonois s’étant féparés des
Navarrois, allèrent à Jacca & y élurent dom.
Ramire , moine depuis environ 4 1 ans, tandis que
les Navarrois élifoient de leur côté à Pampelimex,
dom Garcie Ramirez, qu’ils proclamaient roi de
Navarre. Çe n’étoit pourtant point affez d ’avoir
fait paffer Ramire du fond du cloître fur le trône,
les Aragonois le preffèrent encore de fe donner,
le plutôc qu’il pourroit, un héritier. Ramire étoit
p: ftre depuis beaucoup d’années; mais il obtint
une difpenfe d’Anaçlet,.qui fe donnoit .à Avignon,1e
titre de pape, & il époufaAgnès, foeur de Gui liai; .me,
duc d’Aquitaine. A peine il commençoit à régner,
qu’Alphonfe entra dans fes états fuivi d’une nom-
breule armée ; R am ire qui n’étoit point du tout fait
au tumulte des armes, courut fe.xa.her derrière
les forêts les montagnes de la Sobrarve. .Sa
i-erreur éioit,néanmoins fort mal fondée , 6c le
généreux Alphonfe, qui n’étoit point venu en
ufurpatqur, mais en ami, lui fit dire .qu'il n’étçxit
pafle fur les terres d’Aragon que pour défendre
çe royaume contre les infidèles q u i, enhardis
par la viéloire qu’ils venoient de rempor er à Fra-
g a , avoient formé vraifemblablement le projet
d’envanir TAragon. .Rafluré par la générofité de
ce procédé , Ramire forrit de fon a fy le , remercia
fon défenfeur qui, après avoir laide une .forte
garnifon à Sarragofle pour défendre fon voifin ,
fe retira dans fes é'ars. Ce n’éroît cependant pas
les Maures que .le roi d’Aragon a voit le plus à
craipdre, mais la haine des Navarrois, dont le
mécontentement alio.it dégénérer en guerre déclarée,
lorfque, par la médiation de quelques
prélats, les deux nations en vinrent à un traité
d’alliance, par lequel il fut convenu que les-deux
rois demeureroient, paifibles pofleffeurs, chacun
de fpn royaume, condition qui plut beaucoup à
Ramire, tort ennemi de la guerre , 6c qui ne déplut
point à / dom Garcie, qui efpéroit lui fuccé-
der , ne fuppofant point que.vieux comme il étoit,
il eut Jamais des enfans; Garcie fe trompa , 8c
malgré la vieiüefle d u . roi d’Aragon, la reine
Agnès' fa femme accoucha de Tinfante dona P é -
troniile. Ce n’avv/it été que par un effet de leur
attachement 6c de leur refpeâ pour Alphonfe le
Batailleur que les Aragonois avoient élu fon frère ,
dont iis ne connoiffoient d’ailieurs les talens ni
les qualités; ils ne tardèrent point à les connoître,
& furent très-méconrens du choix qu’ils avoient
fait. Les grands, qui ne voyoient qu’un moine
! dans,leur fouverain , furent très-honteux de l’avoir
placé fur le trône; ils ne cachèrent point leur
manière de penfer, & .Ramire, fort irrité de la
Uçence de ces grands, imagina un moyen.iufaillible