
fans fe biffer appercevoir ; infini dans les expédie
ns , auffi habile à fe tirer du péril-qu’à y jet-
ter les autres ; du refte fans foi , fans religion ,
fans humanité , & cependant ayant fu fe donner
tous les dehors de oes vertus autant qu’il conye-
noit à fes intérêts.
Telétoit le fameux Annibal,lorfqu’i' forma le plus
hardi projet que jamais aucun capitaine eût ofé concevoir
, & que l’événement juftifia. Du fond de
l’Efpagne il réfolut de porter la guerre en Italie
& d’attaquer les Romains jufques dans le centre
de leur domination, fans y avoir ni places, ni
magafins, ni fecours affinés , ni efpérance de retraite
; il traverfc l’Efpngne 5t les Gaules, paffe
les Alp es, & vient camper fièrement jufques fur
les bords du Téfm , . où fe donna la première
bataille l’an de Rome 5 3 5 , & où les Romains
furent défaits. On fait qu’ils le furent une fécondé
fois près de la rivière de TrébieVLa perte qu’effuya
Flaoiinius près du lac de Trafymène fut encore
plus grande, & la déroute de Canoës, l’an 5 3 7 ,
mit -Rome à deux doigts de fa ruine. Elle fut un
prodige de confiance - dans cette occafion ; car
abandonnée de pi d ’que tous les peuples d’Italie,
elle ne dt manda point la paix. Il ne fut pas même
permis aux femmes de verfer des larmes après
cette funefte journée ; enfin, le fèmat refufa de
racheter les prifonniers, St envoya les miferables
refies de l’armée faire la guerre en Sicile, fans
récompenfe ni aucun honneur militaire, jufqu à
ce qu’Annibal fut chafie d’Italie.
Les conquêtes memes d’Annifeal commencèrent
à changer la fortune de Cette guerre. Il n’avoit
pas été envoyé en Italie par les ' magiftrats de
Carthage ;i l rece voit-très- peude fecouts, foit par
la jaloufie d’un parti , foit parla trop grande confiance
de, l’autre. Pendant qu’il refta avec fon armée
réunie,il battit les Romains; mais lorfqu’il fallut qu’il .
mît des garnifons dans les villes , qu’il défendit fes
alliés, qu’il afîiégeât les places, ou qu’il k s empêchât
d’être afiiégées, fes forces fe trouvèrent trop petites,
fit il perdit en détail une grande partie de
fon armée. Les conquêtes font ai fées à faire, parce
qu’on les fait avec toutes fes forces; elles font
difficiles à conferver, parce qu’on ne les défend
qu’avec une partie de fes forces.
Comme .les- Carthaginois en Efpagne , eu Sicile
en Sardaigne, n’oppofoient aucune armée qui
ne fut malheureufe ; Annibal, dont les ennemis
f e fortifioiem fans celle, fe vit réduit à une guerre
défenfive. Cela donna aux Romains la penîêe de
porter la guerre en Afrique; Scipion y defeendit.
Les fuccès qu’il y eut obligèrent les Carthaginois
à rappeller d’Italie Annibal, qui pleura de douleur
en cédant aux Romains cette terre où il les avoit
tant de fois vaincus. Tout ce que peut faire un
grand homme d?état & un grand capitaine, Annibal
le fit pour fauver fa patrie ; n’ayant pu
porter Scipion à la paix, il donna une bataille où
la fi mine, femb'.a prendre plaifir .à confondre foît
habileté, fon expérience & fon bon fens.
Carthage reçut la paix, non pas d’un ennemi,
mais d’un maître; elle s’obligea de payer dix mille
taie ns en cinquante années, à donner des ôtages,
à livrer fes va idéaux & fes éléphans; & pour la
tenir'toujours humiliée, on augmenta la puiffancc
de Mafiniiïa, fon éternel ennemi.
Enfin les Romains fe rappellant encore le fou-
venir des batailles de Trafymène 2c de Cannes,
réfolurent de détruire Carthage, ce fut le fujet
de la troifième guerre'punique. Le jeune Scipion ,
fils de Paul-ErrIle , & qui âvoit été adopté par
Scipion, fils de l’Africain, démolit cette ville
fuperbe, qui avoit ofé difputer avec Rome de
l’c-mpire du mande. On en difperfa les habitans ,
St Carthage ne fut plus qu’un vain nom.
Cette ville ruinée éleva le coeur des Romains ,
qui n’eurent plus que de petites guerres & de
grandes viétoires, au Heu qu’auparavant.ils avoient
eu de petites viétoires St de grandes guerres.
Bientôt ils fournirent l’orient & l'occident, portant
jufques chez les peuples les plus barbares la crainte
de leurs armes & le refpeét de leur puifi'ance.
Leurs moeurs changèrent avec la fortune ; le luxe
de l’orient pafla à Rome avec les dépouilles des
provinces. La douceur de vaincre .St de dominer
corrompit cette exaéte probité | auparavant e{limée
par leurs ennemis mêmes. L ’ambition prit
la place de la juftice dans leurs emreprifes ; une
fordide avarice St la rapine foccéilèrent à l’intérêt
du bien public ; les guerres civiles s’allumèrent,
& l’état devint la proie du citoyen le plus -ambitieux
fie le plus hardi. ( D. ƒ .)
P U -P
PUPIEN ( Ma s eus Clau biu s Max im u s
Pupifnus ) Hifi. rom. ) créé empereur aveC-
Balbin , après la mort des Gordiens en 2.37 , pour
délivrer Rome de la tyrannie des Maximins, &
mafiacré avec le même Balbin , le 15 juillet 2.3§ ,
par les -foldats du 'prétoire.
P U R
PU R A N , POURAN, ou POURANUM , fublt.
m. ( ffifl. mod. fuperflit.) Ce mot dans la langue
des idolâtres de l’Indoftan , figpîfie, les poèmes ; ce
font des livres qui contiennent l’explication du
livre appelié shajler, qui n’eft lui-même qu’un
commentaire du , c’cfi-à-dire du livre ia-
cré qui contient les dogmes de la religion des
Brais ines. Le puran comprend dix-huit livres qui
renferment l’hiftoirè facrée fie profane dès anciens
Indiens ou habitans de l’Indonan fie du Malabar.
C ’eft dans cêr ouvrage que l’on trouve les légendes
des rois , d‘es héros , des prophètes fit des
pènitens , ainfi que celles des divinités inférieures#
Î1 renferme le fÿftème de religion que les
inities ont bien voulu communiquer au vulgaire,
6c cft rempli de fi étions abfurdes & d’une mythologie
romanefque ; cependant les prêtres prétendent
S voir reçu le puran, ainfi que le shafier
fie le vedam , de la divinité même. Il n’eft perrpis'
au peuple de lire que le puran, que l’on nomme
par excellence H arma-pouranum• Les Indiens ÔÇ
les Malabares donnent encore le nom de puran ou
de poefie , à un grand nombre de poéfies qui
célèbrent les exploits des dieux V iftnou, Stlftùrcn
ou Ruddiren ; on y donne l’hiftoire de la guerre
des géans avec les dieux, les miracles opères par
ces derniers , la manière de leur rendre un culte
qui leur foit agréable. Il y a de ces poëmes qui
ne parlent que des dieux particuliers à certains
cantons des Indes & de la côte de Màlabar.
PURBACH, ( G eorges ) Hiß. litt. moi. )
P uRB a c h iu s ) habile aftronome , ainfi nomme
du village de Purbach , entre la Bavière fie l’Autriche
, où il étoit né en 14 2 3 . Aidé par les bienfaits
de Frédéric I I I , il reétifia les anciens inftru-
mens d’aftronomie; il en imagina de nouveaux;
il drefla des tables aftrenomiques, perfectionna
la trigonométrie fie la gnomoiflque. On a de lu i:
Theo ri a nova, planetarum. Objervationcs hajjiaca
tabula eclipfium. Mort le 8 avril 1462., à 39 ans.
PURE. (M ic h e l , abbé d e ) Hiß. litt. m o i.)
On rampe dans la fange avec l’abbé de Pure.....
Plus importuns pour moi durant la nuit obfcùre
Que jamais ea plein jour ne fut l’ abbé de Pure.
On a de lui des pièces de théâtre, des traductions
, Stc. Tout cela eft inconnu ; quelques per-
fonrtes favent, & c’eft être favant, qu’il eft l’auteur
d’une vie du maréchal de Gaftion, publiée
en 1673.
Ö Catinat 1 quelle v o i x enrhumée, &c*
Pu r g a t io n c a n o n iq u e , {H iß . mod.)
cérémonie très-ufitée depuis lé huitième jufqu’au
douzième fiécle, pour fe juftifier par ferment de
quelque aétion en préfence d’un nombre de personnes
dignes de roi, qui affinmoient de leur côté
qu’ils croyoient le'ferment véritable.
On l’appelloit purgation canonique , parce qu’elle
fe faifoit fuivant le droit canonique , & pour la
diftinguer de la purgation qui:- fe faifoit par le
combat ou par les épreuves de l’eau & du feu.
« Le ferment, dit M. Duclos, dans une dif-
fertation fur ce fùjet, fe faifoit de plufieurs
» manières. L’accufé, qu’on appelloit jurator ou
» /acramentalis, prenant une poigKéa d'épis, les
» jettoit en l’a ir, en atteftant le ciel de fon inno-
» cence. Quelquefois, une lance à la main, il
* déclarait qu’il étoit prêt à foutenir par le f e r ,
» ce qu’il affirmoit par ferment; triais*l’ufage le
» plus ordinaire, & celui qui feul fubfifta dans la
» fuite, étoit celui de jurer fur un tombeau ,
» fur des reliques , fur l’autel ou fur les évangiles.
»» Quand il s’agifloit d’une accufation g ra v e ,
» formée par plufieurs témoins, mais dont le
» nombre étoit moindre que celui que la loi exi-
»> geoit, ils ne pouvoient former qu’une préfomp-
» tien plus ou moius grande, fuivant le nombre
>» des accufateurs. Ce cas étoit d’autant plus fré-
»> qlient, que la loi, pour convaincre un accufé,
» exigeoit beaucoup de témoins. Il en falloir 7 1
»> contre un évêque, 40 contre un prêtre, plus
»» ou moins contre un laïque, fuivant la qualité
» de l’accufé , eu la gravité de l’accufation. Lorf-
» que ce nombre n’étoit pas complet, l’accufé ne
» pouvoit être condamné, mais il étoit obligé de
» préfemer plufieurs personnes , où le juge les
»> nommoit d’office, & en-fixoit le nombre fui-
» vant celui des accufateurs, mais ordinairement
>» à douze. Cum duodecim juret, dit une loi des
” anciens Bourguignons, cap. V I I I ; ces témoins
>» atteftoient l’innocence de l’accufé, ou, ce qu’il
»» eft plus raifonnable de penfer , certifioient qu’ils
» le croyoient incapable du crime dont on l’ac-
» eufoit, & par-là formoient en fa faveur une
n préfomption d’innocence, capable de détruir®
» ou de balancer l’accufation intentée contre lui#
» On trouve dans l’iiiftoire un exemple bien fin-
>» gulier d’un pareil ferment.
” Goritran , roi de Bourgogne, faifant difficulté
» de reconnoître Clotaire II pour fils de Chilpéric
» fon frère, Frédégonde, mère de Clotaire, non
>» feulement jura que fon fils étoit légitime, mais
v fit jurer la même chofe par trois évêques fie
m trois cents autres témoins ; Gontran n’héfita
» plus à reconnoître Clotaire pour fon neveu#
»> Quelques lois exigeoient que dans une accu-
» fation d’adulrère, l’acçufée fît jurer avec elle des
» témoins de fon fexe. On trouve aufîi plufieurs oc-
” cafions ùù l’accufateur pouvoit préfemer une par-
»> tie des témoins qui dévoient jurer.avec l’accufé, de
» façon cependant que celui-ci pût:en réeufer deux
» 'de trois. Il paroit d’abord conrradiétoire qu’un
» accufé puiffe fournir à fon aceufateur les témoins
» de fon innocence. Pour réfoudre cette difficulté ,
» il fuffit d’obferver que les témoins qui s’unif-
»» foient au ferment de l’accufé, juroient fimple-
» ment qu’ils le croyoient innocent, & fortifioient
” leur affirmation de motifs plus ou moins forts,
»> fuivant la confiance qu’ils avoient en fa pro-
»» bité. Ainfi l’accufateur exigeoit que, tels fie tels
» qui étoient à portée de connoître les moeurs fie
» le caractère de l’accu fé , fmTent interrogés ; oa
»» bien l’acculé étant sûr de fon innocence & de
” fa réputation, St dans des cas où fon accufa-
» teur n’avoit point de témoins, il le déficit;d’en
» trouver, en fe réfervant toujours le droit ck
» réeufation.
n II eft certain que la religion du ferment itoif