
SAMOR IN, ou Zamorin , f. m. ( Hiß. mod. )
c’eft le nom que l’on donne à un fouyerain de PIh-
doftan , dont les états font placés lur la côte de
Malabar, & qui étoit autrefois le prince le, plus
puiffant de cette côte. Sa réftdence ordinaire eft à
Calecut ou Kalicut. Autrefois 1 famorin ne pou-
voit occuper le trône au-delà de douze ans; s’il
mouroit avant que ce temps fut accompli, il étoit
difpenfé d’une cérémonie aufli fin gu li ère que cruelle ;
elle confiftoit à fe couper la gorge en public ; on
dreffoit un échafaud pour eet eftet, le famorin y
.montoit, après avoir donné un grand feftin à l’a
nobleffe & à fes courtifans : immédiatement après
fa mort ces derniers élifoient un nouveau famorin.
Les fouverainsfe font actuellement délivrés^en grande
partie d’une coutume fi incommode : lorfque les
douze années font révolues, les famorins le contentent
de donner, fous une tente dreffée dans une
plaine, un repas fomptueux pendant douze jours de
fuite , aux grands du royaume ; au bout de ce temps
de. réjouiffances, fi quelqu’un des convives a allez
de courage pour aller tuer le famorin dans fa tepte,
«h il eft entouré de plufieurs milliers de gardes,
Ja couronne eft à lui, & il eft reconnu famorin. en .
la place de celui à qui il a ôté la vie.
Lorfque 1 e. famorin fe marie, il ne lui eft point ,
permis d’habiter avec fa femme jufqu’à ce que le
nambouri ou le grand-prêtre en ait eu les prémices;
ce dernier peut même, s’il veut, la garder trois jours,
l e s prineipaux de la noblefle ont la ccmplaifance
d’accorder au clergé le même droit fur leurs époufes:
quant au peuple, il eft obligé de fe paffer des fer- |
vices des prêtres, & de remplir lui-même fes devoirs.
( A . R . )
SAMOUR , f. m. ( terme de relation. ) On nomme
ainfi à Conftantir.ople, & dans les autres échelles
du Levant, l’animai dont la fourrure s’appelle en
France martre-gibeline. (D . J . )
SAMPIETRO ou SAN-PIETRO ( Hiß. de
CorfeS). Voye^ Ornano. .
SAM P IT , f. m. {Hiß. mod. ) arme dont fe fervent
les habitans de l’ile de Bornéo; il leur.fert tantôt
comme d’un arc pour tirer des flèches empoifomiées, ;
tantôt comme d’un javelot, & quelquefois comme
d’une baïonnette qu’ils mettent au bout de leurs ;
fufik. ( A . R . )
SAMSON , petit fo le il, ( Hiß Sacrée. ) étoit fils
de Manué, de la tribu de Dan , & naquk d’une ‘
manière miraculeufe, d’une mère qui d’abord étoit
ftérile. L ’Ange du Seigneur apparut à cette femme*
lui promit qu’elle deviendront enceintè , & qu’elle
auroit un fils. Il lui défendit de rien boire de ce
qui pourroit enivrer , parce que l’enfanf dont elle .
fèroit mère feroit nazaréen , c’eft-à-dire confacré à
Dieu , & obligé à la vie des nazaréens. C’eft lui,
ajouta l’Ange , qui commencera à délivrer Ifraël de
l’opprelîion des philiftins. Jug . xiij. y. Un an api es
cette apparition, la femme de Manué mit au monde
un fils qu’elle nomma Samfon , & l’efprit de Dieu
parut bientôt en lui par la force extraordinaise
dont il fut doué. 11 n’avoit que dix-huit ans, lorfi-
qu’étant allé à Thamnata, il vit une fille qui lui
plut, & il pria fon père de lui permettre de l’ë-
poufer. Manué & fa femme s’y opposèrent d’abord,
& lui demandèrent s’il n’y avoit point de femmes
parmi fes frères les ifraélites , pour prendre une
femme étrangère d’entre les philiftins-, qui éteient
incirconcis. Mais S am fon , qui agiffoit par le mouvement
de l’efprit de Dieu , en demandant une
femme infidelle contre la défenfe d e là lo i , perfifta
à la vouloir ‘fans s’expliquer davantage , & fes pa-
rens allèrent avec lui en faire Ja demande. Dans la
route Samfon qui étoit un peu éloigné d'eux , vit
venir un lion furieux qu’il faifit, quoiqu'il fût fans
armes, & le mit eti pièces. Il .obtint la fille qu’il fou-
haiteit ; & , quelque temps après , retournant à
Thamnata pour célébrer fon mariage, il voulut
voir le corps duTion qu’il avoit tué , & il y trouva,
un effaim d’abeilles & lin rayon de miel. 11 tira de
cette .découverte une énigme qu’il propofa aux
trente jeunes. Hommes que les habitans de Thamr
nata donnèrent au nouvel époux pour lui faire
honneur, a condition que s’ils pouvoient venir à
bout de l’expliquer, pendant les fept jours du feftin,
il leur donneroit trente . robes & trente tuniques ;
mais que s’ils ne, pouvoient l’expliquer, ils feroient
tenus de lui' en donner autant. Or , voici quelle
étoit l’énigme : L a nourriture ejl fortie de c elui'qui
mangeoit, & la dpüceur ejl fo r tie du fo r t. Ils fe
tourmentèrent en vain jufqu’a.ü feptième jour , à
chercher le fens de ce problème ; & défefpérant
d’y parvenir, ils s’adrefsèrent à la femme de Samfon
, qu’ ils prefsèrent par prières & par menaces
de tirer de lui le mot de l’énigme. Samfon fe défendit
d’abord des importunités de fa femme ; mais
enfin, vaincu par fes larmes , il lui apprit le fens
de l’énigme , que cette femme infidelie alla fur-ie-
champ découvrir aux jeunes gens. Alors ceux-ci,
vers la fin du feptième jour , vinrent lui dire
qu’il n’y avoit rien de plus doux que le miel &
de plus fort que le lion. Samfon leur répondit que
s’ils n’euffent pas labouré avec fa géniffe , ils n’au-
roient jamais trouvé le fens de cette énigme ; leur
faifapt entendre, par cette façoti de parler figurée,
qu’ils avoient agi de mauvaife foi avec lui, en engageant
fa femme à le trahir & à leur révéler fon
fecret ; & il vint à 'Afcalon, ville : des philiftins,
ch il tua trente hommes , dont il dopna les habits
à ceux qui avoient expliqué l’énigme. Enfuite, il
fe retira chez fon père, biffant fa femme dont il
étoit mécontent, & qui fut donnée à l’un des jeunes
gens qui l’avoient accompagné dans la cérémonie
de fes noces. Quand il eut apprisVce nouvel outrage
de la part des p h ilif tin s il réfolut de les
1 punir. Il trouva trois cents renards., il les lia pajj
la queue, deux à deux, y attacha des flambeaux,
&. les lâcha aux milieu des terres des philiftins .,
dont les blés , les oliviers & les vignes furent réduits
en cendres. Ceux- ci , défefpérés de ce dégât,
&. en ayant appris la caufe, prirent la femme
de Samfon &. fon beau-père, & les brûlèrent tous
.deux; ils affemblèrent enfuite une armée, fondirent
>fur la tribu de Judas, & demandèrent qu’on leur
livrât Samfon. Trois mille hommes de cette tribu
furent envoyés dans.la caverne d’Etham, oh Samfon
s’étoit retiré, & lui dirent l’ordre qu’ils avoient
de l’arrêter. Samfon , après leur avoir fait promettre
qu’ils ne le tueroient point, fe laifîa prendre.
Ils le lièrent avec deux groffes cordes & remmenèrent
hors de la caverne. Les philiftins l’apercevant
, poufsèrent des cris de joie ; mais Samfon
rompant fes liens, tomba fut fes ennemis avec la
mâchoire d’un âne qu’il trouva par terre , il tua
mille philiftins- & mit les autres en fuite. Après
cette viéboire il jeta la mâchoire , & donna à ce
.lieu le nom de Ramat-Lechi ou l’élévation de la
mâchoire ; enfuite preffé de fo if , il cria vers le
Seigneur qui fit fortir une fource- d’eau d’une des
greffes dents de la mâchoire. Quelques-uns prétendent
que le mot ' hébreu machtès 9 rendu par
dentem molarem en latin, eft le nom cl’ün rocher
qui fe trouvoit au lieu nommé Lechi. Après cela
Samfon cherchant encore quelqu’occafion de faire
du mal aux philiftins, alla à Gaza & fe logea chez
une courtifane, chez laquelle il dormoit tranquillement,
lorfqu’il fut que fes ennemis avoient fait
fermer lès portes , & veilloieht pour le- tuer je
lendemain ; mais s’étant levé vers le milieu de la nuit,
il arracha les portés dé la ville avec les ferrures
& les poteaux, les chargea fur fes épaules & les
porta jufques fur la montagne voiûne. Les Philiftins
ne lâchant comment fe délivrer de ce terrible
ennemi qui féul leur feifoit plus de maux que tous
les ifraélites enfeir.ble , gagnèrent Dalila, que Sam-
' fo n avoit époufée , félon quelques-uns : ils promirent
une grande fomme a argent à cette femme
avide, fi elle pouvoit découvrir la caufe de cette
force extraordinaire de Samfon. Dalila mit tout
en oeuvre pour tirer ce fecret ; elle employa les
reproches , les larmes & les careffes : elle fatigua,
elfe - importuna tant Samfon, que celui-ci , après
l’avoir trompée trois fois & avoir foutenu trois attaques
, fuçcomba enfin à la quatrième. Son ame
tomba dans uril angoijft mortelle , dit l’Ecriture ; &
il avoua à Dalila que le principe de fa force; confiftoit
dans fes cheveux , parce qu’il; étoit nazaréen
dès le ventre de fa mère, & que fi ou lui coupoit
* la. chevelure, il deviendroit foible comme un autre
homme. Daiil'a tenant le fecret de Samfon , l’endormit
fur fes genoux , & lui ayant fait couper
les cheveux , fit avertir les philiftins. Quand ils
furent venus , elle éveilla Samfon en criant que
les philiftins alloient tomber fur lui. Samfon crut
d’abord fe débarraffer de fes ennemis comme à l’ordinaire,
mais il né fayoit pas que le Seigneur s’.étoit
retiré cîe lui. Les philiftins le prirent donc , & lui
ayant arraché les yeux, ils le chargèrent de chaînes
& l’enfermèrent dans une prifon où ils lui firent
tourner la meule. Quelques temps après , les princes
des philiftins firent une grande fête en l’honneur
de leur Dieu Dagon,.& il y eut un feftin de ré-
jouiflance dans une grande falle, où le peuple s’af-
fembla jufques au nombre de trois mille. On y fit
venir Samfon pour divertir l’affemblée. Ses cheveux
avoient eu le temps de croître, & fa force com-
mençoit à revenir. Il fe fit donc conduire contre
les deux colonnes qui foutenoient tout l’édifice , fous
rétexte de s’y repofer, & invoquant le nom du
eigneur, il le pria de fe fouvenir de lui , de lui
rendre fa première force, afin qu’il pût fe venger
des philiftins pour la perte de fes yeux, alors, lai—
fiflant les colonnes , il s’ écria : que je meurt a vec les
ph ilifiin s , & les fecouant de toutes fes forces ,
il fit tomber la maifon & mourut eh faifant périr
plus d’ennemis qu’il n’en avoit» tué pendant fa
vie. C’ eft ainfi que ce grand-homme, après avoir
cherché pendant toute fa vie les occafiqns d’affoiblir
les ennemis des juifs , en fit encore le facrifice
volontaire, ‘non par un defir aveugle de vengeance,
mais pour concourir au deffein de Dieu fur fon
peuple & fur ceux qui l’opprimoient. L ’Ecriture
nous offre dans, l’hiftoire de cet homme extraordinaire
, non - feulement des aâions d’une force
furnatürelle & divine , - mais encore un mélange
apparent de bien &. de mal qui pourroit bleffer ,
fi Ton s'arrêtait à la fur face. Il y a certains traits dans
la vie de Samfon qui paroiffent ne pouvoir fe concilier
avec la préfence de l’efprit de Dieu, que l’E*
criture nous dit avoir toujours été en lui. Il faut
donc, pour fixer le jugement que Bon doit en
porter f favoir, i ° . que plufieurs faints de l’ancien
{eftament & du nouveau, ont fait , par un mouvement
de l’efprit de Dieu , plufieurs aérions qu’on
ne pourroit juftifier par les règles communes, mais
que l’on ne peut blâmer fans témérité ; z°-. que
Samfon a été un des faints de l’ancien teftament,
puifque Dieu le prévint de fes bénédiérions dès fa
plus tendre jeuneffe, & que S. Paul le met au nombre
de ces grands faints qui doivent recevoir -avec nous
la récompenfe dans l’éternité ; que tout4ce que nous
voyons ( d’extraordinaire dans fa vie de Samfon eft
un fecret & un myftère , fuivant les paroles même
de l’Ecriture,, & qu’ il n’a marché dans une route
nouvelle & fingulière, que par les ordres de Dieu
qui eft fouverainement libre dans fes voies. C’eft
ainfi qu’en fuivant le fens hiftorique & immédiat,
on peut juftifier tout ce qui paraît d’irrégulier
dans la vie de ce faint homme.
^Cependant les incrédules font fort révoltés de
de ce qpe Samfon tua trente philiftins, pour en
'donner fès" robes à ceux qui avoient expliqué fes
énigmès. Mais il ne font pas attention qu’il eft dit
dans l’Ecriture, qifil fut faifi d’une impulfion fur-
naturelle qui le pouffoit À faire des chofes extraordinaires.
S amfon , confidéré comme un particulier,