
mit au montre deux gémeaux qui par l’ordre d’A-
jnuiius., furent jettes dans le Tibre , où après avoir
long-temps flotté , ils furent retirés par des bergers.
Le nom de Lupa., qui eft celui de la femme.
qui prit foin de les élever , donna naiffance à la
fable , qu’ils avoient été allaités par une louve.
La belle éducation qu’ iis reçurent à Gabie, où
l’on élevoit la jeune nebleffe , fait (oupçonner que
leur origine droit' connue de leur grand-père
qui fournit à cette dépenfe. Dès que le fecret de
leur naiffance leur eut été révélé ils en juftifièrent
la noblelTe par la fierté de leurs fentimens. Leurs
inclination^ belliqueufes éclatèrent contre Amu-
lius qu’ils firent d-efcenclre du trône pour y placer
Numitor. Ils auroient pu y monter eux-mêmes ;
mais, . pleins de refpeâ pour leur aïeul, ils aimèrent
mieux être l'es fondateurs d’un nouvel
empire. Ils bâtirent, fur les bords du Tibre,
une ville qui fut appellée Rente, du nom de
Romulus. On n’eft pas d’accord s’ils furent les
fondateurs eu les conquérans de cette v ille ,
dont les uns attribuent l’origine à des Troyens
fugitifs que la tempête jetta furies côtes d’Etru-
rie : d’autres en font bosseur à Romanus, fils
d’Uliffe 8c de Circé. Cette ville fut peuplée
d’avanturiers & de bannis qui la rendirent bientôt
redoutable^ fes voifins. Ce -qu’il y a de certain
, c’eft que le mot Rom a en langue tofcane
fignifie force ou puiffance. Les deux frères , revêtus
d’un pouvoir égal, ne furent pas long-temps amis.
Leur haine ne fut éteinte que dans le fang de
Rénuis qui expira par un fratricide. Une multitude
de Tofcans, attirés par l’efpoir du brigandage,
s’établirent dans la ville nouvelle où ils
mtroduifirent leurs fuperftitions & les cérémonies
religieuses dont ils ètoient les inventeurs. Ces
nouveaux habitans furent partagés en différentes
claffes, 8c la fupériorité fut affignée aux richeffes
& aux talens militaires. Romulus, pour affermir
fon établiffement, choifit les jeunes gens les plus
vigoureux & les mieux faits dont il forma des
régimens de trois mille hommes de pied & de
trois cents chevaliers. Il les appella légions , parce
qu’ils étaient çompofés d’hommes d’élite dont
le courage n’étoit pas équivoque. Il forma énfuite
un fénat de cent des plus vertueux citoyens, à
qui il donna le nom de patriciens , pour marquer
que leurs enfans étoient légitimes ; ce qui étoit
fort rare dans ce fàécle barbare & licencieux.
D ’autres prétendent, avec plus de vraifemblance,
que ce nom marqnoit le refpeél dont on devait
être pénétré pour eux. Cette v ille , devenue la
retraite de tous lés hommes fans patrie, man-
quoit de femmes pour en perpétuer les habitans.
Il enleva fix cents quatre-vingt-trois filles Sabines
qu’ils avoient attirées à Rome, fous prétexte d’y
affifter à des jeux & des fpeélacles. Il ne réferva
pour lui que Hercilie, & il en eut deux enfans.
Les Safeins , fenfibles à cet affront, envoyèrent
fies am.baffadeurs pour le fpouuec ie fcedre le£
filles enlevées, promettant qu’on les renyer*
roit s’ils les demandait en mariage, comme les
régies de la pudeur l’exigeoient. Romulus répandit
qu’il ne pourvoit confentir à cette reftitution;
leur proteftant que bien loin d’avoir eu l’intention
de leur faire un outrage, il ne s’étoit propofé
que de mériter leur amitié , en formant une alliance
avec eux. Le pays des Sabins étoit alors
divifé en plufieurs petits états qui avoient chacun
leur chef ou leur ro i, 8c qui tous étoient indé-
pendans les uns des autres. Acron, un de ces
petits rois , fut le premier à déclarer la guerre
aux Romains. Romulus , qu’il défia à tin com-
•bat particulier, le coucha fur la poufiîère. Les
Fidenates , les Cruftuméviens & les Aniemnates,
armèrent ponr venger fa mort, & furent entièrement
défaits. Les autres Sabins fous la conduite
de Tatius , fe préf?nièrent-, devant Rome , & fe
rendirent maîtres du capitole, par la trahifon
de Tarpéia, fille du gouverneur de cette fortereffe.
le s deux armées étoient en préfence, lorfquc
•les Sabines enlevées fe jettèrent au milieu des
rangs, & conjurèrent d’un côté leurs parens &
de l’autre leurs, époux , de ne point verfer un
fang qui leur étoit également précieux. Elles
ménagèrent un accommodement qui ne fit plus
qu’un feul corps des deux nations. Il y eut alors,
deux chefs de l’état ,, fans que la jaloufie du
commandement en troublât la tranquillité. Quoiqu’ils
euffent chacun leur palais, ils n’avoient
qu’une aine 8c les mêmes affeâions. Romulus
conquérant eut l’ambition d’être légiflateur, &
fit plufieurs réglemens utiles : il décerna des peines
c.ontre les homicides qu’il nomma parricides. Il
n’en établit aucunes contre ceux qui tuoient leur
père pu leur mère ; & lorfqu’on lui demanda
le motif de cette omiffion, il répondit qu’il n’avoit
pas préfumé que le coeur humain fût capable
d’une pareille atrocité. Rome , affligée de la pefte,
fut menacée d’être le tombeau de fes habitans.
Les campagnes 6c les animaux furent frappés de
ftérilité. Romulus , pour ra Curer. les efprits effrayés
y employa- le fecours de la religion. Toutes
les villes furent purifiées, & l’on fit-par-tout dés
facrîfices. Les Camerens , enhardis p a r le s calamités
, portèrent la défolation dans le territoire
des Romains. Leur confiance préfomptueufe fût
punie par une fanglante défaite. Ceux qui fur-
vécurent à ce défaftre furent tranfplantés à Rome.'
Cette continuité de fûccès allarma les peuples
de l’Italie qui tous étoient embrâfés dû fanatifme
républicain. Les Véiens Jui redemandèrent Fidene
qu’il avoit ufurpé fur eux ; mais il leur répondit
qu’il étoit injefte & honteux de revendiquer
l’héritage de ceux qu’on n’avoit point affiliés dans
l'infortune. Cette querelle fut décidée par les armes,
dont les fuites devinrent funeftes aux Véiens qui,
après plufieurs défaites , furent contraints de f©
i ranger fous l’obéiffance des Romains. Ce fut la
. çlçroière guerre que Romulus eut à foutenir. Ses
p.rofgérkéi
R O M
profpêrités avoient corrompu fon coeur. Tl s e-
toit concilié l’amour public au commencement def
fon regne par fon affabilité ; mais il devint altier
6c fuperbe : le fénat fut fans autorité & les
Romains eurent un tyran. Il renvoya, de fon
propre mouvement, les otages des Véiens, &
il ne confulta que fa volonté dans la diftribution
qu’il fit aux foldats des ' terres conquifes fur les
ennemis. Les fénateurs, offenfés .de fes*mépris,
s’affranchirent de fa tyrannie. Ils s’élancèrent fur
lut dans le temple de Vulcain , 8c mirent ion
corps en pièces. Chacun en emporta un morceau
dans le pli de fa robe, afin qu’étant tous également
coupables , ils fiffent caufe commune contre
ceux qui voudraient venger fa mort. Le peuple
inquiet fit d’exaétes recherches , fans pouvoir découvrir
la moindre partie de fon corps. Julius
Procul u s , qui tenoit un rang diftingué parmi les
patriciens, jura que Romulus lui étoit apparu fur
la route d’Albe , vêtu de blanc, & avec des armes
éblouiffantes , pour lui annoncer que les dieux
i’avoient appelle dans le féjour de l’immortalité.
»> Dites aux Romains que je vais être leur protec-
» teur dans le ciel, & qu’ils doivent m’invoquer
» fous le nom de Quirinus ». Ce fut fous ce nom
que les Romains lui rendirent les honneurs di- ;
■Vins. T—N. )
R O N
RO ND E L, ( J acques de ) Hiß. litt. mod. ) écrivain
proteftant, ami de B a y le , auteur d’une vie
d’Epicure , 8c d’undifcoiîrs fur ie chapitre deThéo-
phrafte, qui traite de la fuperflition.
RONDELET , ( Guillaume ) Hiß. litt. mod. )
médecin de Montpellier, au feizième fiécle. Ce
fut à fa follicitation que le roi fit conftmire le théâtre
anatomique de cette ville; il fit lui-même la
diffeéfion du corps d’un de fes enfans , preuve
d’une grande indifférence pour cet enfant, ou d’un
grand amour pour fon art. Un anatomifte com-
mençoitainfi un mémoire fur fon art : u Monfieur..
» étoit mon ami; il tomba malade, je lui donnai
» mes foins : il mourut, je le difîéquai ».
On a de Guillaume Rondelet un traité des poif-
fons & d’autres ouvrages de médecine : c’eft lui
que Rabelais a joué fous le nom de Rondïbilis. Né à
Montpellier en 15 0 7 ; mort à Rcalmont , dans
l ’Albigeois, en 1566. Laurent Joubert, fon élève,
a écrit fa vie.
RO NSA RD , ( P ierre de ) Hiß. litt. mod. )
R o n f a r d . . . . par une autre méthode,
Réglant tout , brouilla tout, fit un art à fa mode,
Et toute ois long-temps eut un heureux deftin ;
Mais fa mufe en françois parlant grec & latin ,
Vit dans l’âge fuivant , par un retour grotefque ,
Tomber de fes grands mots le fafte pédantefque.
Jfoilà l’hiftoire entière de Ronfâid & de fes fuc;
cès , démentis par lapoftérité , mais qui furent bien
éclatans & bien univerfels dans fon fiècle ; il ne lui
refte de fa gloire paffée que le proverbe : donner
un- fo u fflei à Ronfard , pour dire : faire une faute
de françois. Ce proverbe même peut étonner d’après
la vérité exprimée dans ce vers de Boileau
:
Mais fa mufe en françois parlant grec & Jatin*
Ce n’étoit pas rendre un bon fervice à la langue
ni s’eii montier un amateur bien zélé , ou
du moins bien éclairé, que de la défigurer ainfi par
un jargon favant & pédantefque ; mais on trou-
voit alors que cet homme introduifoit dans la langue
, les richeffes de la Grèce 6c la majefté de
Rome. On l’appelloît le prince des pcëtes de fon
temps. Il remporta le premier prix des jeux floraux, v
mais le prix ordinaire parut trop au deffous du
mérite de l’ouvrage 8c de la réputation de l’auteur.
La ville de Touloufe fit faire une Minerve
d’argent maflif, 8c la lui envoya. ; elle accompagna
même ce. préfent d’un décret qui déclarait
Ronfard le poète françois par excellence ; decret
qu’il faut laifler rendre à la poftéritè. La reine
d’Ecofle , Marie Stuart, aü père de laquelle Ronfa
rd avoit été attaché , lui donna auffi un buffet
fort riche avec une repréfentation du Parnaffe &
une infeription qui difoit que Ronfard en etoit
l’Apollon. On peut croire que Ronfard prenoit
toutes ces exagérations à la lettre. Tl étoit né en
15 2 5 , l’année de la bataillé de P avie , 8c il di-
foit lui-même naïvement qu’il femblolt que le ciel
eût voulu par-là dédommager la France de fes
pertes ; il avoit d’ailleurs toutes les vanités , celle
de la naiffance, celle des bonnes fortunes, parmi
lefquelles il en eu t, dit-on , de fort mauvaifes.
Il mourut à Saint-Cofme-lez-Toprs, un de fes.
bénéfices, en I5S5.
R O Q
ROQUE , ( de la ) Hiß. litt. maß. ) On con»
noit plufieurs hommes de lettres de ce nom.
i ° . Gilles-André delà R o q u e , fieur de la L o n -
t iè r e , gentilhomme normand des environs de Caen,
eft connu par fon traité delà nobleffe, par fa généalogie
de la maifon d’H arcourt, 8c fes autres
ouvrages fur les généalogies 8c le blafon. Né en
15 9 7 , mort en 1687.
"2.0, Antoine de la R o q u e eft connu fur-tout,'
, pour avoir été chargé pendant vingt-trois ans de
la rédr&ion du Mercure : ce fut lui que Desforges
Maillard trompa fous le nom de mademoi-
felle Malcrais de la Vigne, 8c qui n’aimant pas
Desforges Maillard, fit une déclaration d’amour en
forme luivant l’ufage antique , à mademoifelle Malcrais
de la Vigne. « fe vous aime, ma charmante Br «
n tonne, le mot eß lache , S’c. Il eft auteur de deux
opéras, Méàée & Jafon, Théonoé., Né à Marfcille
en 1672 ;' 7 mort à Paris en 174V4 1r 1- t