
Apres avoir eu quelques fuccës , 51 effuya pîit-
fieurs défaites , & fe Trouvant clans un pays éloigné
où il ne pouvoit "réparer fes pertes , il fut
dans la néceflité de faire une honteufe retraite.
Phfahate dans l’ivreffe de fes profpérités , s’abandonna
fans freina fes penchans fanguinaires. Les
Paithes fatigués de fes excès fe révoltèrent, &
‘ placèrent fur fon trône T i r id a t e q u i fit pendant
quelque temps les délices de la nation.'Le Monarque
dégradé , devint aufli humble & aufli
rampant dans la d’tfgrace , qu’il avoit été infolent
& cruel dans la profpérné. Il affe&a d’être hu-
jhain & populaire pour exciter la compaflion ;
mais le fouvenir de fes forfaits n’infpira que Je
mépris & la haine. Les Scythes qui lui donnèrent
un a fy îe , le rétablirent à main armée dans fes
états. Tiridate fe réfugia'auprès d’Augufte, emmenant
avec lui le plus jeune des enfans de fon
compétiteur. Phrahate informé de fon évafion &
du lieu de fa retraite, envoya des ambaffadeurs
à Augufle , fous prétexte qu’il étoit un fujet re-
b lle. Augufte, en refufant de le livrer aux ambaffadeurs
, promit de ne fournir aucun fecours
pour le rétablir ; mais pour tempérer la rigueur
de fon refus, il renvoya le fils de Phrahatc fans
rançon; & en même temps il afligna à Tiridate
les fonds néceffaires pour vivre au milieu de
Rome , avec la magnificence d’un roi afiatique.
Lorfque la guerre d’Efpagne eut été terminée ,
Augufte fe rendit en Syrie pour y régler les affaires
des provinces de l’Orient. Phfahate allarnié
de fon voifinage, craignit “que ce ne. fût fin prétexte
pour envahir fes états. Ce fut pour détourner
l’orage qu’il raflembla les prifonniers Romains
qui 3 depuis les défaites de Craffus & d’Antoine,
erroient malheureux dans fes provinces.
Tous furent renvoyés fans rançon. 11 joignit à
ce préfent les aigles enlevées à ces deux généraux
; & pour gage de fa fidélité, il donna à Augufle
fes fils & fes petits-fils en otage. L e refie
de fon régné fut paifibie. 11 n’eut d’autres enne-
•mis que fes fujets qui gémirent en filence fur
fes cruautés , tandis qu’il vivoit abruti dans la
moliefle & la volupté. Il mourut deux ans avant
notre ère. ( T — N ).
PH R YN E , ( Hijî. anc. ) nom eèlebre parmi les
anciennes courtifannes Grecques. Elle avoit amaDt
d’efprit que de beauté, elle avoit même de l’élévation
dans rame. Deux traits vont prouver tout
ce que nous difons ici.
Le fameux fculpteur Praxitèle étoit amoureux
d’e lle , & lui avoit promis de lui faire préfent de
celui de tous fes ouvrages qu’il eflîmoit le plus,
tomme à celle qu’il aimoit uniquement; mais il
fembloit avoir peina à fe déterminer fur la préférence.
Phryné réfolut, ou de lui arracher fon fe-
« re t, ou peut-être de le lui révéler à lui-même.
■ Un jour qu’il étoit avec elle, vmdomeflique accourt
aoat hors d’hafoiae : « le feu, lui dit-il* eft à votre 1
» atteiîer, & a déjà gâtèplufietirsde vos ouvrages;
« Qui font ceux que vous voulez qu’on fauve par
” préférence? « An ! s’écria P-ratixèle tout effrayé &
courant lui-même pour le s. fa u v e r , mon fatyre
” & mon cupidon; je fuis perdu fi le feu lésa en-
» dommagés. » « RaAurez-vous, lui die Phryné en
le retenant, rien n’eft gâté , il n’y a point de feû,
” niais jo fais ce que je vouîois l’avoir»; elle de*-
manda le cupidon, elle le plaça , dans la fuite, à
Thefpies, fa patrie, vüle de Béotie , ©ù on alla
long-temps le voir comme une des merveilles de
1 art. Praxitèle fit aufiï la fiatue de Phryné, qui
fut placée depuis à Delphes, entre celle d’Archi-
damus, roi de Sparte, & celle de Philippe, roi
de Macédoine.
1 ^ On fait que Phryné offrit de faire rebâtir à fes
dépens la ville de i hèbes, pourvu qu’on y mît
cette infeription : Alexandre a détruit Thèbes, &
Phryné L'a rétablie. Cette infciiption paroit offrir
deux idées: 1 une noble & utile, eft que même une
courtifanne à pu faire autant de bien qu’un conquérant
avoit fait de mal ; l’autre d’une facheufe confé-
quence pour lès moeurs, eft que fes profdiutions
ont pû lui fournir de quoi rebâtir une ville célèbre.
' Il y a eu d’autres courtifannes du nom de Phryné;
une entre autres, dont Quintilien rapporte, qu’ac-
eufée d’impiété & prête d’être condamnée, elle
obtint fon abfolution en découvrant fon fein aux
juges. Voilà une grande éloquence de la beauté,
ou voilà des juges bien fufceptibles.
Praxitèle & Phryné vivoient vers le temps de la
104e olympiade.
PHRYNIQUE ( Phrynicus ) (Hifl.anc.) eft le
nomi
° . D ’un poëte tragique , difciple de Thefpis, &
qui introduifit le premier des femmes fur la fcèrie^
il vivoit plus de cinq fiée]es avant J . C.
2°, D ’un poète comique, moins connu encore*
qui vivoit plys de quatre fiécles avant J . C.
3°. D’un général Athénien, ennemi d’Alcibiade*
& qui lui fut facrifié ; il vivoit aufli plus de quatre
fiécles avant J . C.
4°* D ’ua orateur G re c , natif de Bithynîe, qui
vivoit fous l’empereur Commode, au fécond fiécle'
de l’ère chrétienne. On a de lui un traité des Dictions
Attiques & un Apparat fophiflique.
•PHRYNIS, ( Hifl.anc. ) muficien de Mitylène *
dans l*île de Lesbôs, difciple , pour l’inftrmuent
nommé cithare , d’Ariftoclite ; qui l’étoit de Te r-
pandre. Il fut, dit-on, le premier qui remporta le
le prix de cet infirument aux jeux des Panathénées ,
célébrés à-Athènes, la quatrième année de la 8oe
olympiade. Il ajouta deux nouvelles cordes aux
fept qui cOmpofoient avant lui la cithare ; mais .
s’étant préfemé pour difputer.un prix à Sparte,
l’Ephore Ecprepès coupa les deux cordes , parce
qu’elles donnoient'trop de moliefle aux airs qu’exé-
eutoir ce muficien. Ariftophane lui reproche cette
moliefle dans la comédie des Nuées,
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H A C H E S , f. m. ( J f iß . mod. culte) nom fous
lequel les Indiens de la côte de Cumana en Amérique
déûgnoient leurs prêtres. Ils étoient non-
feulement les miniftres de la religion , mais encore
ils exerçoient la médecine, & ils aidoient les Caciques
de leurs confeiL dans routes leurs entreprifes.
Pour être admis dans l’ordre des piaches, il falloir .
paffer par une efpêce de noviciat, qui confiftoit
à errer pendant deux ans dans les forêts , où ils
perfuadoient an peuple qu’fis receyoient des inf-
tru&ions de certains efprits qui prenoient une
ferme humaine pour leur enfeigner leurs devoirs
& les dogmes de leur religion. Leurs principales
divinités étoient le foleil & la lune qu’ils afîù-
roient être, le mari & la femme. Ils regardoient
les éclairs & le tonnerre comme des fignes fén-
Âbles de la, colère du foleil. Pendant les écllpfes,
on fe privoit de toute nourriture; les femmes fe
tiroient du fang & s’égratignoient les bras, parce
qu’elles croyoient. que'la lune étoit en querelle
avec fon mm. Les prêtres montroient au peuple
une c roix,s fembiable à celle de S. André, que
Ton regarJoit comme un préfervatif contre les fantômes.
La médecine qu’exerçoienr les Piaches,
•onfiftoit à donner aux malades quelques herbes
Sc racines, a les frotter avec le fang & la graifle
des animaux, & pour les douleurs, ils fcarinôient
3a partie affligée,,& la fuçoient long-temps pour
en tirer les humeurs. Ces prêtres fe mêloient aufli
de prédire, Sc il s’eft trouvé des Efpagnols allez
ignora ns pour ajouter foi à leurs prédirions. Les
Piaches, ainfi que bien d’autres prêtres, la voient
mettre à profit les erreurs des peuples, 8c fe
faifoient payer chèrement leurs fervices. Ils te-
noient le premier rang dans les feftins où ils
s’enivroient fans difficulté. Ils n’avoient aucune
idée d’une vie à venir. On hsûloit les corps des
grands un an après leur mort, 8c les échos paf-
foient pour lés réponfes des ombres. ( A . R . )
P IA ÏE , f. m. ( Hiß. mod. ) c’eft le nom que
les fauvages qui habitent l’île de Cayenne donnent
à un mauvais génie, qu’ilp regardent comme
l ’auteur de tous les maux. Ces mêmes fauvages
donnent encore le nom de Plaies ou de Piayaies
à leurs prêtres, qui font en même temps leurs
foreiers & leurs médecins. Avant que d’être ôg-
grégés à eé corps, celui qui s’y deftine paffe par
des épreuves il rudes , que peu de gens pourvoient
devenir médecins à ce prix. Lorfque le
récipiendaire a reçu pendant dix années, les inf-
truélions d’un ancien Plaie , dont il eft en même
temps le valet, on Lui fait obferver un jeune fi
rigoureux , qu’il en eft totalement exténué ; alors
les anciens Finies s'affemblent dans une cabane:,
& apprennent au novice Le principal m y Itère de |
four a rt, qui 'epn.fifte x évoquer les puiflances :
de l’enfer ; après quoi on le fait danfer jufqu’à |
ce qu’il perde cbnuoiïTance ;. on le fait revenir en I
lui mettant des colliers & des ceintures remplis
de fourmis noires , qui le piquent très-vivement;
après eela , pour l’accoiitumer aux remèdes , on
lui fait avaler un grand verre de jus de tabac ,
ce qui lui caufe des évacuations très-violentes ,
qui durent quelquefois pendant plrifieurs jours.
Lorfque toutes ces cérémonies cruelles & ridicules
font finies , le récipiendaire eft déclaré Plaie ,
& on lui confie le pouvoir de guérir toutes les
maladies , cependant il n’eft en droit d’exercer
qu’après avoir paffé encore trois ans d’abftinence.
Leur méthode curative confifte en grande partie
dans l’évocation des efprits infernaux ; cependant
on affure qu’ils font ufage de quelques plantes
très-efficaces contre les plaies les plus envenimées
, à l’aide defquelles ils opèrent quelquefois
des cures merveilleufes. (A . R .)
j PI ARA , f, f. terme de relation, nom que donnent
les Efpagnols dans. l’Amérique méridionale
à une troupe de dix mules conduite par deux hommes.
Au Pérou, on divife les troupeaux ou re-
quats des mules, en plufieurs Piaras ; & comm«
il y a quelquefois des journée* de hautes &
rudes montagnes à traverfer, Tes mules de rechange
montent ordinairement au double des piaras.
{ A . R . )
PIASECKI (P aul) PIASECIÜS ( Hiß. litt.mod. )
Evêque de Primiili en Pologne , auteur d’une histoire
decequi s’eft paffé en Pologne, depuis Etienne
Battori jufqu’à l’année 1646.
PI ASTE ou P IA S T , f. m. ( Hiß. mod. ) en
Pologne, eft le nom que les peuples de ce
royaume donnent aux candidats qu’on prôpofe
pour remplir le trône , lorfqfi’ils font originaires
ou naturels du pays. On tient communément
que ce nom vient d’un payfan de Grufvies, ap-
pellé Piafle , à qui les Polonois déférèrent' la couronne
après la mort de Popiel en 8 30 , & qui
rendit heureux les peuples fournis à fon gouvernement.
Le trône de Pologne refta dans fa famille,
pendant plus de 400 ans. (A . R.')
P I B
P IB RA C iG ui DU F a u s , feignent de) Hiß. de F.y
grand magiftrat, auquel ;n a de grandes fautes à
reprocher; né, en , à Touloufe, d’une famille
illuftre; après des études & . des voyages qui lui
avoient égal ment profité , il fe fit connoître principalement
aux états d OTéâns, en 1 ƒ60, où il étoit
député de la ville de To.ùjoufë, dont il étoit juge-
mage; il dreffa & préfenta au Roi le cahier des
doléances , & l’opinion qu’il donna de lui, dans
cette, occafu n , le fit choifir pour être un des am-
baffadeurs de France au concile de Trente ; il s’y
ciiftingua par la manière dont il ÿ défendit les intérêts
qui lui étoient roiifiés & les'liberté s de i’é-
glifé Gallicane. Le cliaacelier: de l’Hôpital lui fitt