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pour toujours, fi Marie , par des rigueurs imprudentes
, n’eût arrêté les effets de la douceur dé
Po lus.
Marie eut un grand fcrupule , elle avoit pofTèdé
dès biens enlevés^ aux eccléfiaftiques , la reftitu-
îlon réparoit tout. Auflî ce n’étoit pas fur l’in—
juftice de fa pofïeffiorr que Marie avoit des- remords
; mais le pape avoit lancé une bulle d’ex---
communication contre les poffefîèurs de ces biens,
Marie avoit été dans le cas, & l'excommunication*
n’a voit point été le v é e , Polus la leva. Mais
quand on lui parloit de brûler les non-conformité
s , il parloit de réformer' les moeurs du
clergé. «Commençons, difoit-il', parftenter cette
» voie & vous verrez que l’autre deviendra inu-
** tile. « Marie les crut toutes deux néceffaires ,
elle confia au cardinal Polus*- le foin de réformer
le clergé, à Gardîner celuijd’extlrper l’héréfie , 8e il
n’y eut d’hêrêfie extirpée que par Polus. On écouta
le miniftre d’un Dieu clément , on détefta l’agent
d’une reine barbare. Jamais lé facré collège n’eut
deux membres plus refpeétables que Sadolèt &
Polus. Lumières fupérieures 8c grands talens pour
lè temps , piété fincère', charité fervente, fi l’on
demande pourquoi Rome ne les a pas mis au rang
des faims, un proteftant répondra : c’efi qu'il fu rent
tolérons ; mais que peut répondre un Catholique
h
Le primat Crammer ayant été; brûlé comme
hérétique, fon archevêché dé Camorbéri fut donné’
au;cardinal* Polus, comme Gardiner l’avoit prévû
& l’avoir craint, mais du moins Polus n’eut jamais
à fe reprocher d’avoir approuvé les cruautés auxquelles
il devoit cet archevêché. Il fut aufli pré-
fi dent du confeil royal. Il mourut le 25 novem-
ble 155^8, de faififfement 8e de douleur, en apprenant
la mort de la reine Marie 8e en prévoyant
la- chû e prochaine de la religion catholique en
Angleterre. Depuis ce moment il embraflbit fans
ceffe fon crucifix , en s ’écriant r Sauveç-nous 9- fe i-
gneur, nous périmons r- fauveur du monde , fauve£
votre églife. Beccatelli,- archevêque de Ragufe , a
écrit fa vie en italien 8c elle a été traduite en latin
par André Dudith » tous deux-avoient été fes.
fecrétaires.
PO L Y A N D R IE , f. ? .(H ijl. morale Apolitique)
Ce mot indique l’état d’une femme qui a plufieurs
maris.
L'hiftoire, tant ancienne que moderne , nous
fournit des exemples de peuples chez qui il étoit'
permis aux femmes de prendre plufieurs époux.
Quelques auteurs qui ont écrit fur le droit naturel
, ont cru que la polyandrie n’avoit rien de
contraire aux lois de la nature \ mais- pour peu
que l’on y fa fie attention, on s’appercevra aifé*
ment que rien n’ell plus oppofé aux vues du mariage.
En effet r pour la- propagation de l’efpèce,
une femme n’a befoiiv que 'd’un mari , puifque .
gsmzmmémen 1 elle- ne met au monde qu-’umenfant i
p o Eà
la fols*, d’ailleurs la multiplicité dés maris dôîé-
> anéantir ou diminuer leur amour pour-les enfans,.
dont les pères feront toujours incertains. Concluons-
de-là que \z polyandrie eft une coutume encore-
plus impardonnable que la polygamie ; qu’elle ne
peut avoir d’autre motif qu’une- lubricité très--
indéccnte dé la part des femmes, à laquelle les
^législateurs n’ont point dû avoir égard ; ; que rien«
s> n’eft plus propre à rompre ou du irioins à relâcher
les liens qui doivent unir les époux; enfin que:
cette coutume eft propre à détruire l’amour mu»-
tuel des parens 8c des-enfàns;
Chez les Malabares, les femmes font autorifées-
par les loix à-- prendre- autant de maris qu’il leurv
- plaît, fans que l’on puiffe les en empêcher. Cependant
quelques voyageurs prétendent que le nombre
de maris qu’une femme peut prendre y,eft- fixé*
à douze; ils conviennenrentr’eux du temps pendant;
lequel chacun vivra' avec l’époufe commune: O ®
affure que ces-arrangemens ne donnent lie» à au--
cnne méfintelligence entre les époux,*, d’arlleurs-
dans ce pays les mariages ne font point dès en-
gagemens'éternels, ils ne durent qu’autam qu’iL
plaît aux parties cou traçantes. Ces- mariages ne
; font pas fort- ruineux^ le. mari en eft quitre pour;
donner une pièce de toile de coton à la femmes
qu’il veut époufér ; de fon côté, ;elle~af rempli fes
devoirs en préparant-les-alimens-dé fôn mari; 8fi
en tenant fes habits propres 8c fes^ armes bien
nettes. Lorfqu’elle- dévient groffe, elle déclare;
de qui eft l’enfant c’eft le père qu’elle a noromé-
qui en demeure chargé. D après des coutumes fi*
étranges 8c fi oppofées aux nôtres, on voit qu’il!
a fallu des loix pour affurer. l’état des enfans ; ils*
fuivent toujours la condition de la mère qui’ eft
certaine. Les neveux par les femmes font appellés;
aux fucceffions comme étant les pins proches par*
rens, 8c ceux dont*la naiffance.eft la moinsdeu»-
teufe. ( A . R . )
PÖLYBE ( Hiß. litt. am. ) Hiftorien , Homme
de guerre 8c homme d’état. Son hiftoire univer-
feile étoit en quarante livres ; il ne nous en refte;
en entier que les cinq premiers; nous avan&der
fragmens a fiez- confidéràbles dés douze livres fui-
vans-; nous avons- aiîffi dans le recueil de Henrii
de Valois , ce que- Conftantin Porphyrogénète;
avoit fa i f -extraire dé f hiftoire de Polybe, concernant
les ambaflades & lès exemples des vertus
8c des vices. C’eft par Polybe- qu’on connoît le
mieux la manière de faire la guerre en ufage:
chez les anciens. Il faut joindre au texte- l’excellent
commentaire du chevalier Folard voyezr.
l’article Folard. 'j Polybe étoit par lui-même y 8c
indépendamment de fon ouvrage, un perfonnage
fortiméreftanr. L ’illnftreEHilopoemen avoit été fow
maître, dans l’art de la. guerre.,Lycortas, père de-
Polybe-r avoit été comme- Philopoemen, un des*
chefs & des défenfsurs les- plus-zélés de la ligue
des Achéens». Polybe 9, jeune; encore ,. mais déjàé
pèlèbxG’
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télibre par fa v a leu r , fut du nombre des mille
Achéens, que les romains tranfportèrent a Rome
pour les punir du « l e qu’ils avoient montre pour
la dèfenfe de la liberté , car il n appartenu,! qu aux
romains d'être libres. Sa réputation de valeur &
d’efprit l’avoit annonce avantageufement a Home.
Les leunes romains les plus diftingués par la naif-
fance, par les talens, par le« vertus , fe piqueront
d’être fes amis. De ce nombre , furent le
fécond Scipion l’africain & Fabius, tous deux (ils
de Paul Emile. Polybe fuivit Scipion dans les expéditions
de Carthage la neuve & de Numance.
Cette amitié dont les principaux citoyens de
Rome l’honprèrent , lui fournit des moyens de
rendre des fervices importans a la O-rece la patrie
, alors réduite en province romaine ; il lut
lui procurer au défaut de la liberté une fervitude
douce & paifible. Polybe étoit né a Megalopolis,
Ville du Péloponnèfe dans l’Arcadie. La mort de
Scipion fon ami lui ayant rendu le lejour de
Rome infupportable, il fit ce que fait en pareil
cas tome ame honnête & fenfible, il retourna
dans fa patrie ; elle n’avoit pas oublie fes bien tans,
il y jouit de la tendreffe & de la reconnoiffance
de fes concitoyens. Il mourut à quatre - vingt-
deux ans, d’une blsffure qu’il fe fit en tombant
de cheval. C ’étoit la cent vingt-umeme annee
avant Jéfus-Chriil. Brutus croyoit pouvoir apprendre
dans Polybe l’ art de la guerre ; il l etu-
dioit au milieu de fes campagnes les plus labo-
Tietifes , & en fit un abrégé pour fon ufage dans
le temps où il faifoit la guerre à Marc-Antoine
POLYCARPE ( S a in t ) Hiß. eccléf. ) évêque
de Smyrne , difciple de faint Jean lèvangéhlte >
& dont les deux premiers évêques de Lyon ,
faint Photin & faint Irénée, furent les difciples. Il
fit vers l’an 160 un voyage à Rome pour conférer
avec le pape Anicet fu rie jour de la célébration
de la pâque, queftion qui fut dans la fuite le iujet
d’une grande conteftation. On loue beaucoup dans
l’hiftoire ecclèfiaftique fon zèle contre les héré-
fiàrques Marcion & Cérinthe. L’hiftoire de fou
martyre (qui paroît être de l’an i6pou environ)
eft rapportée dans une lettre de l’églife de Smyrne
aux églifes de Pont. Il refte de faint Polycarpe
une épître adreffee aux Philippiens,
. POL.YCLETE ( H'ift. me. ) fameux fculpteur
de Sicyone, ville du Péloponnèfe ; il vivoit environ
230 ans avant Jéfus-Chrift; Miron fut un
de fes difciples. Phidias étoit le premier qui eût
mis la fculpture en honneur ; c’eft Polyclete qui
l’a portée chez les anciens au dernier degré de la
perféélion. Une de fes ftatues rçpréfemant un
jeune homme couronné , fut vendue cent talens.
Dans fa ftatue d’un Dotyphore ou garde du roi
de Perfe , qui paffe peur fon chef-d’oeuvre , il
rencontra fi heureufement 'toutes les proportions
Hijloire. Tome IP .
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du corps humain , qu’elle fut appellee la règle, &
que les fculpteurs venoient l’étudier comme un
modèle parfait. Ml
Ælien rapporte que Polyclète , travaillant un
jour à une ftatue par ordre du peuple, le nt une
loi d’écouter tous les avis & de faire toutes les
corrections qu’on lui indiquoit ; en même-temps
il fit fur le même fujet une,antre ftatue, ou il
ne fuivit que fon génie & lesrègles de 1 art. Quan
elles furent toutes deux expoféesen public, tout
le monde condamna la première & admira la le-
concie; la première, leur dit-il , mejfieurs, cjlvo re
ouvrage , la fécondé ejl le mien. Après la mort de
Polyclète, & long-temps après celle de Phidias,
il y eut une espèce de concours pour les ftatues
qui dévoient être placées dans le temple de Diane
d’Ephèfe où l’on ne vouloir rien mettre que de
parfait ; on prit pour juges les meilleurs fculpteurs
du temps fans les exclure du concours ; chacun
d’eux nomma au premier rang fes propres ou-
’ PO L YCR A T E ou PO L IC R A X E , ( Htjl.mc. )
tyran de Samos, eft un exemple mémorable des
caprices de la fortune, q u i, après lavoir comb.e
de fes faveurs , lui fit éprouver le plus cruel
revers. Le crédit dont il jouiffoit dans fa patrie ,
lui fervit à s’en rendre le tyran ; 8c pour regner
fans rivaux , il facrifia fon frère à fon ambition.
Quoique fa domination ne détendît que dans fon
île , il couvrit la mer de fes vaiffeaux , & nt
trembler les plus formidables puiffances^ de 1 Europe
8c de l’Afie. Il fe rendit aufti terrible à fes
fujets qu’à fes ennemis. Les Saniiens , accables
de fon joug, implorèrent la prote&ion des Lacédémoniens
, défenfeurs de la liberté puolique.
Sparte , ennemie de la tyrannie , mit une flotte
en mer, 8c forma le fiège de Samos ; mais
entreprife, foutenue avec courage, fut terminée
avec honte. Les Spartiates, après plufieurs affauts
! inutiles, furent obligés defe rembarquer. Am^fis ,
j roi d’ Egypte St ami de Polfcrate , craignit que
; tant de profpérités , fans mélange de difgraces ,
ne fuffent le préfage de quelque grande infortune
, 8c lui confeilla de fe préparer qu Jqu e
malheur pour faire l’effai de fa Confiance. Fo/y-
i crate profita de cet avis; il jetta dans la raer une
bague .de grand prix , qu’il retrouva, quelques
jours après , dans le corps d un poiffon qu en fervit
fur fa table : mais la fortune lui prépara un
malheur plus grand qu’il ne put éviter. Le gou-
; verneur de’ Sardes , fous prétexte de 1 affooer a
j la révolte qu’il méditoit contre Camoyfe , 1 éblouit
par la promeffe de lui confier t; us fes trefor?.
Le tyran , féduit par fon avidité , fe rendit au-
près, du fatrape , qui ne l’eut pas plutôt en fa
j puiffance , qu’il le fit mettre en croix. ( > - A . )
FO LYD AM A S {H iß . anc. fameux
Y y