
On l ’âccufa d’être entré dans diverfes confpi- c
rations réelles ou chimériques en faveur de Marie> \
il fut arrêté de nouveau ; il avoua , dit-on, qu’il t
avoit eu counoiffance de quelques projets fem- 1
blables, mais il foutint qu'il ne les avoit ni fe- j
condés, ni approuvés. On vouloir ôter cet appui |
à Marie , oit afFefîa de regarder la conduite d.u 1
duc de Nonfolck dans .Cette affaire , comme une
récidive ; il fut condamné à perdre la tête ,
quoiqu’âucun des chefs de haute trahifon, allégués
contre lui dans fon jugement, n’eut été
prouvé. Toute l’Angleterre le. pleura j le. comte
de Shrewshury, Talbot , fon doit en larmes en
prononçant la fentence ; EUfabeth , qui, toujours
inexorable , affectoit toujours de la clémence,
fut quatre mois fans vouloir figner le warrant
de mort, & fe fit prier fous main, par le parlement,
de confentir à l’exécution du duc ; elle parut
céder malgré elle au vceu public, & elle reprocha
dans la fuite au lord Burleigh, Guillaume Cécil,
de lui avoir arraché un contentement qui n’a voit .
été que trop volontaire. Le duc de Nortfolçk , jugé
le 12 janvier 15 7 2 , fut exécuté le 8 mai fuivant.
• Le comte d’Arondel, fon fis , ne fut guère
plus heureux; il mourut en prifon le 10 novembre
1595*. Dans l’injufte procès qu'on fit à la reine.
cî’Ecoffe, Marie Stuard Tfotis prétexte de confpiration
contre la reine EUfabeth , on lut une
lettre , dans laquelle il étoit fait mention de ce
comte d’Ârcndei & de fes frères;à ce nom, qui rap-
pelîoit à Marie les malheurs du di'ic de Nonfolck,
leur père, elle fondit en larmes, & s’écria: Hélas l
combien cette n'ûble mai fon dès Hovards a fouffert
pour m o i! Les Nortjbkk-Hovâïdte partagèrent
entre la religion catholique & la religion protef-
tante. Henri Hovard , duc de Norifolck , arrière-
petit-fils du comte d’Arondel, étoit catholique;
fon fils, nommé Henri comme loi, étoit proteftant.
L e roi Jacques II , ayant voulu, dès le premier
dimanche qui fuivit fon avènement, aller à la méfié
publiquement ,& dans tout l’appareil de la royauté,
le duc de Nonfolck, qui 'avoir perdu fon père
l’année précédente ( 16 .8 4 ) , portoic en qualité de
lord-maréchal l’épée d’état devant le-roi ; il s’arrêta
comme proteftant à la porte de la chapelle :
« Milord , lui dit le roi, votre père auroit. été
s, plus loin.— - S i r e , répondit Nonfolck, le père
s> de V . M. n’auroit pas été fi loin. »
De la branche des Hovard-Effingham , étoit
çe fameux lord Effingham , (Charles) grand amiral
d’Angleterre , qui , fécondé par fe vice-amiral
Drake , dèrruifit, dans plu fleurs combats en 1588,
la partie de lafameufe fiotte invincible de Philippe II,
qui n’avoit pas été difiipée par la tempête. Il
fut fait comte de Nottingham en 1597* ( Voye{
à l’article Essex-, ) comment il fut caufe de la
perte de cet infortuné feigneur , fon ennemi capital,.'
■ . .
Guillaume Hovard» père de Charles, & tige de
la branche d’Effingham , étoit suffi, grand-amiral
d’Angleterre. .. , . ■ .
Édouard Hovard, frère de Guillaume, l’avoit
an fil été ; il fut tué, en 1 5 1 3 , dans un combat naval
contre les François.
Georges-Charles, un autre de leurs frères, fut
tué.en France dans un combat.
Le duc de Nonfolck , ( Jean Hovard ) leur aïeul,
fut tué en Angleterre à la bataille de Bofwort,
le 22 août 1485. C’eft cette bataille qui décida
la querelle de Richard III & de Henri VII.
Richard y périt.
Voye^ à l’article du do&eur Arnauld , comment
Guillaume Hovard, fils du duc de Nonfolck
Thomas I V , & tige de la branche des vicomtes
de Stafford, eut la tête tranchée à foixante-dix ans,
le 8 janvier 16 8 1 , fur la dépofition de quelques
fauffaires dans l’affaire connue fous le nom de
confpiration p api f ie , confpiration qui n’eut jamais
lieu.
Les malheurs des Hovards égalent prefque ceui
des Stuarts.
NORICIENS, ( Hifl. anc. ) peuple de l’ancienne
Germanie, qui occupoit les bords du Danube,
& faifoit partie des Vindéliciens. Leur pays com-
prenoit l’Autriche,la Stÿrie, la Carinthie , le Tyrol,
la Bavière, & une partie de la Franconie ; les
Romains nommoient cette partie Noricum ripenfe,
la Pannonie & la Hongrie s'appelaient Noricum
mediterraneum. ( A . R. )
NOR1S, (Henri) {Hift. ecclfi) cardinal janfénifte,
comme le prouvent & les reproches de fes ennemis,
& les éloges dé fes amis. Il eft vrai qu’il eft
difficile de ne pas l’être ou le paroître* quand on
écrit Yhifioire pélagienne ; mais aufii on n’écrit guère
Rhiftoire pélagienne, que parce qu’on eft janfénifte.
Norïs, d’ailleurs, étoit de l’ordre de faint Auguftin,
& fon livre étoit un hommage qu’il croyoit devoir
à la doclrine de ce père fur la grâce. Ce livre
fut déféré à l’inquifition romaine, & non-feulement
il n’y fut point condamné, mais même le pape*
Clément X , pour venger Noris, le nomma qua-v
lificateur du faint-office. Innocent X II le vengea
bien mieux encore, en le faifant cardinal en 1695.
C’eft ainfi que les papes , quoiqu’en général contraires
au jariféniime qu’ils croyoient leur être
contraire , partageoient, félon les circonflances,
leurs faveurs & leurs rigueurs entre les janféniftes
& les moiniftes. C’étoit leur indifférence- qu’il
falloir partager entre ces différentes fe&es, & c’eft
ce que fit le pape Benoît X IV . Les jéfuites &
les moliniftes s’étoiem vengés à leur tour de là
promotion de Noris au cardinalat. Ils avoient
d’abord fait, fur cette promotion même , une épi-,
gramme, où ils difoient que, fi Noris avoit mérité
d’être cardinal, Janfénius avoit mérité d'être
Pape- y.
Romano f i dignus erat Njrfius ofiro ,
J)(huit ypreafi-trina corona 4in .
Ce
Ce ne fut pas tout. L e père Colonîa ne manqua
pas de mettre l’hiftoire pélagienne dans fa bïblio^
thèque janfénifte, & le grand inquifiteur d’Efpagne,
en '17 4 7 , mit à l’index ce livre que les inquifi-
teurs de Rome avoient refpeété dans le fiècle
précédent. Le pape Benoît X IV écrivit à ce fujet
au grand - inquifiteur d’Efpagne, en 17 4 8 , une
lettre pleine de modération & de fageffe, qui fit
beaucoup de bruit dans le temps , dans laquelle
il condamne cette cenfure, & déclare que, pourvu
qu’on refpeéte ces deux articles de fo i, d’un côté
la toute-puiffance de D ieu, de l’autre, la liberté de
l’homme, toutes les diverfes manières de concilier
ces deux dogmes, font abandonnées aux difputes
de l’école; que comme théologien, il peut choifir
entre ces diverfes manières, & en préférer une '
aux autres; que comme fouverain pontife, il n’en
condamne aucune, & qu’il blâme ce zèle intolé- I
rant qui s’emprefle toujours d’ériger en dogmes
exclusifs des opinions indifférentes. Le grand-inquifiteur
d’Efpagne' n’eut aucun égard à la lettre
du pape ; & , dans des temps que nous"entendons
regretter tous les jours , & qui peuvent mériter
des regrets à d’autres égards, il n’en auroit pas
fallu davantage pour faire un fchifme. Le fuccef-
feur de ce grand inquifiteur rebelle , entra dans
les vues fages & pacifiques de Benoît XIV qui
n’étoit plu?, & annulla en 17 58 , par un décret
folemnel, le décret de fon prédéceffeur contre
le livre du cardinal Noris. Ce cardinal continua
toujours d’avoir,la confiance des papes; il fut fait,
en 17 0 0 , bibliothécaire du Vatican. Il mourut en
17 0 4 ; il étoit né à Vérone en 16 3 1 . Sa famille
étoit originaire d’Irlande.
Ses oeuvres ont été recueillies en cinq volumes
in-fol. Elles ne roulent pas toutes fur la théologie ;
plufieurs appartiennent à l’érudition profane ; le
cardinal Noris étoit en effet un littérateur efti-
mable & eftimé, & Benoît XIV aimoit & ref-
peéfoit fa mémoire.
NORIMON ; ( Hift. moi. ) c’eft le nom qu’on
donne au Japon à une efpèce de chaife à porteur,
dont les habitans du pays fe fervent dans leurs
voyages. Ceft une caiffe carrée , oblongue, affez
grande pour qu’une perfonne puiffe y être affife ,
& même couchée ; elle eft fermée par un treillis
de cannes entrelacées, & quelquefois vernies. Il
y a de chaque côté une petite porte brifée, &
communément une fenêtre par devant & par
derrière. Cette chaife eft portée fur des brancards
par deux, quatre ou huit hommes, fuivant la
qualité des perfonnes. { A . R .)
NORMANDS, ( Hift. mod. ) peuples de la Scandinavie
& des bords de la mer Baltique, qui
ravagèrent la France & l’Angleterre pendant le
neuvième fiècle. Ôn les appelloit Normands ,
hommes du Nord, fans diftinâion, comme nous
difons encore, en général, les corfaires de Barbarie.
vVoici le récit de leurs incurfions, d’après l’illuftre
tiiftoire, Tome IV f
auteur moderne de l’hiftoire générale:.il me procure
fans ceffe des tableaux intéreffans pour em-i
bellir l’Encyclopédie.
•Les Normands, trop nombreux pour leur p ays,
n’ayant à cultiver que des terres ingrates, manquant
de manufa&ures, & privés des arts, ne cher-
choient qu’à fe répandre loin de leur patrie. Le
brigandage & la piraterie leur étoient néceffaires ,
comme le carnage aux bêtes féroces. Dès le quatrième
fiècle , ils fe mêlèrent aux flots des autres
barbares qui portèrent la défolation jufqu’à Rome
& en Afrique.
Charlemagne prévit avec douleur les defeentes
que ces peuples feroient un jour, & les ravages qu’ils
exerceroient; il fongea àlesprévenir.Il fit conftruire
des vaiffeaux qui refteroient toujours armés
^équipés; il forma à Boulogne un des principaux
établiffemens de fa marine, & il y releva l’ancien
phare qui avoit été détruit par le temps: mais il
mourut, & laiftà dans la- perfonne de Louis-le-
Débonnaire un fucceffeur qui n’hérita pas de fon
génie: il s’occupa trop de la réforme de l’Eglife ,
; peu du gouvernement de fon état ; s’attira la haine
| des.eccléfiaftiques , & perdit l’eftime de fes fujets.
A peine fut-il monté fur le trône en 8 14 , que
les Normands commencèrent leurs courfes. Les
forêts, dont leur pays étoit hériffé , leur four-
nifîoient a fiez de bois pour conftruire leurs barques
à deux voiles & à rames. Environ cent hommes
tenoient dans ces bâtimens , avec leurs provifions
de bière, de bifeuit de mer, de fromage & de
viande falée. Ils côtoyoient les terres , defcèn-
doient où ils ne trouvoient point de réfiftance ,
& retournoient chez eux avec leur butin, qu’ils
partagoient enfuite félon les lois du brigandage ,
ainfi qu’il fe pratique en Barbarie.
Dès l’an 8 4 3 , ils entrèrent en France par
l'embouchure de la rivière de Seine, & mirent la
ville de Rouen au pillage. Une autre flotte entra
par la Loire, & dévàfta tout jufqu’en Touraine ;
ils emmenoient en efclavage les hommef, ils
partageoient entr’eux les femmes & les fille s,
prenant jufqu’aux enfans pour les élever dans
leur métier de pirates. Les beftiaux, les meubles,
tout étoit emporté. Ils vendoient quelquefois fur
une côte ce qu’ils avoient pillé fur l’autre. Leurs
premiers gains excitèrent la cupidité de leurs
compatriotes indigens. Les habitans des côtes
germaniques & gauloifes fe joignirent à eux , ainff
qu& tant de renégats de Provence & de Sicile ont
fervi fur les] vaiffeaux d’Alger.
En 844, ils couvrirent la mer de navires; o«
les vit defeendre prefqu’à la fois en Angleterre
en France & en Efpagne. Il falloit que le gouvernement
des François & des Anglois fût moins
bon que celui des Mahométans qui régnoient en
Efpagne; car il n’y eut nulle mefure prife par
les François, ni par les Anglois , pour empêcher
ces irruptions; mais en Efpagne, les Arabes gsr